Chapitre Sept :

Sympathy for the devil

« Les meilleurs d'entre nous trouve du bonheur dans la misère. »

Le mercredi 27 février 2013, Jinhwan eut la visite surprise de Yunhyeong à la boutique. Il était aux alentours de dix-huit heures, quelques minutes avant la fin du service de Jinhwan. Comme à son habitude Yunhyeong commanda deux américano chauds avec deux parts de pizzas aux fromages. En le servant, avant de quitter son tablier, Jinhwan observait Yunhyeong dont l'expression était grave : « J'ai des choses à te dire, libères toi pour ce soir. » Sa voix avait été frigide, sans émotion, Jinhwan n'avait pas le choix. Ca ne sentait pas bon, pas bon du tout. Alors il se pressa de finir pour défaire son tablier et rejoindre Yunhyeong qui le fit marcher jusqu'au parc où ils avaient l'habitude de s'installer. Ils prirent place sur le banc en face de la fontaine et prirent chacun une gorgée de leur café. Le début de soirée était doux, le vent froid de l'hiver se dissipait annonçant un doux printemps.

• Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Jinhwan à son ami.

• C'est la merde hyung, la bonne grosse merde, répondit Yunhyeong en posant son café sur l'assise du banc.

• A ce point là ?

• A ce point là, répéta-t-il avant de faire une pause pour prendre une bouchée de pizza et poursuivre : Depuis quelques temps on a du mal à croire qu'il s'agit de la vérité et non d'un rêve. Mes parents ont même dit que nous étions maudits. Il fit une pause avant de continuer. Quand j'y pense, on était persuadés d'être prêts à conquérir le monde tous les sept. Une bien jolie blague. Mais t'sais ce qui est drôle ? Je pensais sérieusement que si l'un d'entre nous avait un jour un accident, à vivre une telle chose, ce serait moi. Définitivement pas Jiwon, ni même toi. Vous n'avez jamais rien fait à moitié, vous vous êtes toujours battu pour trouver la perfection, vous vous dépassez toujours et quand les choses ne vont pas dans votre sens vous poussez juste plus fort. Quand tu as commencé à être absent, on pensais juste que tu étais en colère à cause du décès de Seiyeon, que tu avais du mal à l'accepter. Tu as toujours était très sensible, certainement le plus sensible d'entre nous et puis il y a eu l'histoire avec Chanwoo. Mais j'ai commencé à comprendre. Tu ne réponds plus aux messages et tu passe beaucoup de temps avec ce garçon, Yongguk. Vue tes cernes j'imagine que tu ne dors pas beaucoup et tu dois louper pas mal de repas aussi. Sérieux, depuis quand tu n'as pas mangé ? Demande-t-il en observant Jinhwan. Tu sais, avec Hanbin on s'inquiétait beaucoup pour toi, pour ta santé. Tout a changé tu sais. Quand on a trouvé Jiwon … tout a changé. On avais aucune idée de ce que l'on devais faire ensuite. Puis le décès de Seiyeon s'est rajouté. Et après Hanbin. C'est toi qui t'es éloigné de nous. Pendant cet éloignement je suis devenu vraiment proche de Chanwoo, probablement parce qu'on passe toutes nos nuits à parler. Mais il y a eu cette soirée, il y a quelques jours. On a fait une soirée à la maison, Donghyuk est arrivé le premier. Mais même pas cinq minutes après nous avons eu la plus grosse dispute de notre vie. Il voulait que l'on continue de s'entraîner pour les auditions malgré ton absence et celle de Jiwon. Je me souviens juste être entré dans une colère noire et je me suis rué sur lui, je lui ai lancé un vase tout en lui hurlant d'horribles choses. Je ne pensais rien de tout ce que j'ai dit, j'étais vraiment énervé et lui aussi, explique-t-il rapidement avec ses mains. Il est parti aussitôt et on a pas réussi à le trouver, quand on a pas eu de nouvelles de lui depuis quelques heures on a appelé Amy pour savoir, mais elle n'en avait pas non plus. Min Yoongi nous a proposé de l'aide pour le chercher, pendant qu'Amy essayait de le joindre depuis son appartement. On a ratiboisé tout le quartier et les alentours jusqu'à ce qu'on le voit dans un parc en train de se battre avec Shin Hoseok. J'ai récupéré Donghyuk que j'ai chargé à l'arrière de la voiture de mes parents et je me suis excusé auprès de Hoseok, il n'avait pas grand chose et il n'en voulait pas à Donghyuk mais tout de même. Quand nous sommes retournés à l'appartement le repas était froid, Donghyuk était ivre mort et couvert de sang. Je n'arrivais pas à me pardonner pour ce que j'avais fait alors je me suis chargé de le soigner pendant que les garçons discutaient dans le salon. Sous l'influence de l'alcool Donghyuk parle beaucoup tu sais. J'ai donc appris qu'il était sous médication depuis quelques temps, des antidépresseurs majoritairement. Apparemment il est incapable de regarder un couteau de cuisine sans essayer de se taillader. Je n'y croyais pas trop, jusqu'à ce que je relève ses manches pour voir ses cicatrices qui couvrent son bras. Il m'disait qu'il trouvait plus rien à aimer chez lui, que tout était superficialité. Après ça, je ne l'ai plus revu. Une fois de plus je pense que si ça avait été moi, les choses ne seraient pas ce qu'elles sont. Peut-être que Hanbin ne serait pas tombé dans une terrible spirale. Il reprend après une pause : Après l'accident de Jiwon, je pense que quelque chose l'a frappé. Il est devenu vraiment très agressif et ça ne s'est pas arrangé après Seiyeon ou encore ma dispute avec Donghyuk. Il jurait sans cesse qu'il allait retrouver celui qui a tabassé Jiwon et qu'il le tuerait. Quand il n'était pas à l'hôpital il trouvait tous les problèmes possibles, on lui disais tous de laisser faire, que la police allait faire son boulot mais Hanbin avait décidé qu'il voulait la justice et qu'il le ferait lui-même. Je pense que Junhoe n'a jamais été aussi effrayé de sa vie : quand il a comprit que Hanbin était impossible à arrêter. Il lui a répété qu'il l'aiderait peut importe ce qu'il fallait faire, ce qui arrivait. Mais c'était déjà trop tard. Tu ne l'sais pas parce que tu n'es plus là mais Hanbin a été arrêté et tout ce qu'on a pu faire c'est regarder la police l'emmener pour avoir battu un type jusqu'à ce qu'il soit défiguré. Tout ce qu'il a dit à la police, c'est que le mec le méritait. Il est en prévisionnel et son procès devrait avoir lieu d'ici trois semaines.

Jinhwan eut un haut-le-cœur, incapable d'imaginer la scène de ce que lui racontait Yunhyeong qui ne s'arrêta pas pour autant.

• Sans surprise, celui qui a le mieux vécu cette histoire c'est Chanwoo. Je pense qu'il croyait vraiment que même après tout ce qui est arrivé, il arriverait à nous aider pour passer ce nuage noir. Comme s'il pouvait réparer les choses. Alors pendant que je buvais du soju en regardant mon entourage s'écrouler, lui continuait de parler avec tout le monde, se débrouiller pour prendre des nouvelles de chacun. Il était là pour chacun de nous et je crois que malgré tout ça nous a tous rapprocher un peu. Pendant ce temps j'imagine que Hanbin se rend compte de la gravité de son acte et que finalement, Chanwoo est le plus stable d'entre nous. Il lui a demandé une faveur depuis sa cellule : prendre soin du groupe au complet. Alors Chanwoo le fait. Il prend soin de nous tous et nous pousse à nous retrouver pour que l'on aille mieux, chacun de notre côté. Il s'inquiète aussi beaucoup pour toi et n'ose pas venir vers te voir. Je crois qu'on est tous perdus là. Je ne sais pas ce que font les autres, mais j'alterne entre dormir, manger et vomir. Toute cette merde, toute cette foutue histoire me retourne l'estomac et je ne sais plus quoi faire. Chanwoo m'a engueulé tu sais. Il comprend pas que les rôles ne soient pas échangés. Je devrais être celui qui essaie de maintenir tout le monde ensemble, c'est ce que j'ai toujours fait après tout. Je devrais pas être là à me traîner chez moi, plongeant avec une extrême lenteur dans une tombe alcoolisée. Je lui ai dit que je faisais ce que je voulais, il n'avait rien à me dire car ce n'est qu'un gamin. Ce n'est pas comme si ça allait changer quelque chose. La merde est déjà bien trop noire. Et puis j'ai songé au fait que l'herbe est toujours plus verte ailleurs, je me suis dis que ton absence parmi nous n'était que la preuve du fait que tu vas bien, que les choses font en sorte que tu avance dans la vie malgré ce que tu as vécu et pourtant je me trompe. Je sais qui sont ces mecs et je sais ce que tu fais avec eux, ce que tu fais de ton côté. L'incendie est passé à la radio de proximité et j'ai entendu parler de Bang Yongguk dans le restaurant de mes parents. Tu ne devrais pas chercher à comprendre Jinhwan, tu devrais laisser les autorités faire autrement tu finiras avec Hanbin. Tu imagine ? Quand Jiwon va se réveiller il va apprendre que son compagnon est en prison pour avoir battu quelqu'un. C'est incroyable, je, je n'arrive pas à comprendre comment est-ce qu'on en est arrivés là.

Jinhwan était blême, incapable de parler, incapable de penser. Son regard était fixé dans le vide, complètement déconnecté. Il revoyait son ami pour la première fois depuis l'enterrement de sa sœur et voici ce qu'il apprenait. Comment les choses avaient-elles ainsi pu tourner en si peu de temps ? Il se demandait si l'absence de ses amis le troisième jour de deuil n'avait pas un rapport avec tout ce que venait de dire Yunhyeong, mais il n'arrivait pas à parler pour poser la question. Il n'en revenait pas. Ces choses-là, elles n'arrivaient qu'aux grands, qu'aux autres. Pas à des gamins de dix-sept ans. Pas à des meilleurs amis. Pas à eux.

• Que risque Hanbin ? Demanda-t-il entre ses dents.

• Trois ans de prison et environ 58 millions de won d'amende, répondit aussitôt Yunhyeong. Le type a porté plainte, bien entendu.

• Mon Dieu … mais qu'est-ce qu'il lui a fait pour avoir une si lourde accusation ?

• Il est en invalidité de travail pour plus de huit jours. Je te l'ai dit Jinhwan, les choses ont bien changé.

Jinhwan était hors de lui.

*

Sans demander la permission à Jihyo, Jinhwan quitta son travail avec une demie-heure d'avance pour prendre la route du centre de détention de Séoul. Il avait passé une terrible nuit et une terrible journée alors lorsqu'il se retrouva face à Hanbin qui portait un uniforme beige il ne put se retenir de s'écrier :

• Non mais t'es complètement con ?!

• Oui, répondit simplement Hanbin en baissant la tête.

• Tu te rends compte dans quelle merde tu t'es foutu ?! En prison ! T'es en prison putain ! Explosa Jinhwan. T'es au courant de ce que tu risque ? T'es au courant que si la peine tombe, et elle tombera, ta vie est fichue ? A quel moment tu compte te réveiller Hanbin ?!

• Je t'assure que je ne voulais pas ! Bon sang je ne suis pas un type comme ça Jinhwan ! On m'a piégé ! Éclata Hanbin.

• On t'a piégé, bien sûr, soupira Jinhwan en regardant ailleurs. Et comment il a fait le type pour te piéger ? Il s'est battu tout seul à s'en péter les membres et après il a répandu ton ADN sur son corps ? Regardes dans l'état que tu es Hanbin, tu n'as pas été piégé, tu as pété un câble.

• Si tu avais le tueur de Seiyeon en face de toi, tu aurai certainement réagi de la même façon.

• Mais Jiwon n'est pas mort ! Cracha Jinhwan. Il est confortablement installé dans un lit d'hôpital et soigné tous les jours. Il n'est pas mort. Seiyeon a été battu à mort. Elle a était tuée de sang froid par un psychopathe qui a ensuite fait exploser la ligne de métro. Mais jamais, jamais je ne la vengerai de cette façon !

• Ah ouais ? Et tu ferai quoi s'il était en face de toi ? S'il souriait en t'expliquant à quel point il avait aimé voir le sang couler de son nez, qu'il bandait en entendant ses os se briser sous ses coups. Comment tu réagirai hein ?! Tu vas appeler tes petits copains pour qu'ils t'aident ? Bon sang Jinhwan réveilles-toi, toi aussi. T'es tout seul dans cette histoire, autant que je le suis dans la mienne. Nos amis, ils sont pas là pour nous. Ils se donnent l'impression, ils te donnent l'illusion d'être là pour toi, de t'aider, mais personne ne t'aide, t'es tout seul dans ta merde et rien ne changera.

Hanbin eut une mine dépitée. Il se tourne de trois-quart pour observer par la fenêtre.

• Je ne regrette pas ce que j'ai fait, ajoute-t-il plus doucement. J'éprouvais une telle rage face à ce type. C'est lui qui est venu à moi, c'est lui qui a commencé à me provoquer en me parlant de ma ualité. Il m'a traité de tarlouze, avaleur de sperme et pédale. Je m'en foutais, j'en entends tellement tous les jours que ça ne m'atteint plus. Mais il a commencé à parler de Jiwon, de ce qu'il lui avait fait, qu'il ne méritait que ça. Il a posé ses mains sur moi ensuite, me bloquant pour ne pas que je puisse partir. Il avait bien plus de forces que moi. Il m'a tout raconté dans les détails, absolument tout et tu sais ce qu'il m'a dit ? Qu'il espérait que Jiwon ait prié assez fort, et que je devrais prier tout aussi fort pour rester en vie. Il m'a demandé de prier Jinhwan ! Il m'a demandé de prier pour ma vie pendant qu'il se déshabillait ! Il allait me violer Jinhwan, siffla Hanbin les poings serrés. C'est là que je l'ai frappé et je n'ai pas su m'arrêter. Jinhwan, ajoute-t-il après une pause, tu dois me croire.

• Je te crois, fit Jinhwan. Mais tout ceci c'est quand même troublant. J'veux dire, pourquoi tu es ici alors que tu es la victime dans l'histoire ?

• J'ai failli le tuer. À ce stade ils ne considèrent plus ça comme de la légitime défense et puis, qui pourrait croire qu'un homophobe a tenté de violer un gay ? Franchement.

Il essuya une lourde larme avant de croiser les bras sur sa poitrine.

• Hanbin, fit Jinhwan, est-ce que tu connaissais ce type ?

• Non.

• Tu n'as même pas une vague image de lui ? Tu aurai pu le rencontrer par hasard quelque part. Il est probable que tu l'ai un jour rencontré, ou bien même Jiwon.

Il y eut un silence pesant. Hanbin avait un air triste et brisé à en déchirer le cœur.

• Je ne sais pas du tout Jinhwan, renifla-t-il.

• Les visites sont terminées ! Siffla un garde.

• Sors moi de là ! Fit Hanbin en se relevant, un regard suppliant vers Jinhwan. J't'en supplie Jinny sors moi de là !

• En ligne ! Gronda un nouveau garde qui tapa dans ses mains.

Jinhwan observa son ami s'aligner à la file indienne avec d'autres garçons mineurs, des criminels, des dealers. Il eut un pincement au cœur et une lourde larme en voyant son ami dans cet état. C'était affreux de le voir de cette façon, de s'imaginer tout ce qu'il devait subir ici. Mais comment pouvait-il l'aider ?

*

Il lui fallut longtemps pour réaliser ce qui était en train de se passer : plusieurs heures sans doute. Quand, à vingt-et-une heures il rentra chez lui, il était toujours persuadé qu'il s'agissait d'un mauvais rêve. Il reçut un appel de sa mère quelques minutes plus tard :

• Tout le quartier parle du petit Hanbin, jamais je n'aurai pensé que c'était un criminel ! Dit-elle au bout du combiné.

• Hanbin n'est pas un criminel Maman, c'est mon ami.

• Ton ami qui se trouve en prison pour avoir battu quelqu'un Jinny.

• Il est innocent, enfin, comment peux-tu croire qu'il ne le soit pas ?! On parle de Hanbin Maman.

• Tu sais, on ne connais jamais vraiment les personnes dont nous sommes proches. Regarde Madame Lee, la voisine du dessus, et bien elle a fait dix ans de prison pour vol à main armée pourtant quand on la vois comme ça elle paraît toute mignonne.

• Maman, je sais qu'il est innocent, ou du moins il s'agit de légitime défense.

• De la légitime défense ? Contre qui ?

• Son agresseur tien ! L'homme voulait le violer ! S'énerva Jinhwan en massant son front.

• Je croyais que l'homme avait eu des propos homophobes envers Hanbin ? Pourquoi vouloir le violer ensuite ? Et tu sais, j'avais complètement oublié que ton ami aussi avait la maladie.

• La maladie ? Réfléchit Jinhwan avant de soupirer. Bon Maman, le fait de ne pas être hétérouel mais homouel ou biuel n'est pas une maladie Maman, c'est une ualité aussi naturelle que la tienne.

• Non, non, non Jinny. Ce n'est pas du tout naturel ! Ce qui est naturel c'est l'accouplement d'un homme avec une femme pour la reproduction. Pas les échanges bestiaux et sans sentiments d'hommes ou femmes entre eux.

• Mais tu t'entends Maman ? Pour toi aimer une personne peut ne pas être naturel ? Tu sais ce qui n'est pas naturel ? Tout ton confort n'est pas naturel : ton canapé, ton lit, ton frigo, ton chauffage. L'électricité n'est pas naturelle. Internet n'est pas naturel. Ta voiture ne l'est pas. Ta ville ne l'est pas non plus. Pourtant ça ne te dérange pas ça, parce que t'appelles ça l'évolution de l'Homme et sache qu'avant d'en arriver à ça, il y avait déjà des entre bites à l'époque romaine !

Il raccrocha, sur les nerfs. À chaque fois qu'il entrait en contact avec ses parents la conversation tournait sur l'homoualité et leur refus de comprendre. Il se laissa tomber sur son canapé-lit, ne comprenant pas pourquoi elle lui avait appelé. Il glissa alors son regard sur ses armoires et vit la lettre que Seiyeon lui avait fait passer par Yongguk. Il l'observa un moment puis grogna, il n'avait pas la force ce soir. Il se servit un verre d'Indian Tonic et observa par sa fenêtre en soupirant. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas profité de la vue de son appartement. Ce n'était pas grand chose, sa petite fenêtre de liberté. Il souffla un coup et se retourna avant de pousser un grand cri, balançant sa boisson dans un grand fracas. Kiji se rapprochait de lui pour l'aider à ramasser le verre brisé.

• Je ne voulais pas te faire peur, dit-il en s'excusant.

• C'est raté, répondit aussitôt Jinhwan le cœur battant la chamade. Comment t'es entré ?

• Un monsieur est arrivé en même temps que moi, alors j'en ai profité pour entrer dans la résidence, puis tu n'as pas fermé la porte de ton appartement alors je suis juste entré. Tu devrais fermer à clé, tu le sais ça ?

• Je le ferai maintenant, ricana Jinhwan en se redressant. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

• Yongguk veut te voir, dit-il de but en blanc.

• Ok, quand ça ?

• Là.

• Maintenant ?! Pourquoi ?

• J'ai une tête à l'savoir ? Il veut te voir c'est tout. T'avais un truc de prévus ?

• Dormir oui !

• Pas intéressant. Prends une veste je t'emmène.

• Il pouvait pas se déplacer ?! Gronda Jinhwan en attrapant ses papiers ainsi que son manteau.

• Non.

• C'est pas possible, il ne va jamais me laisser tranquille ! Il sait que j'ai un téléphone ? Qu'au lieu de t'envoyer me terrifier pour me faire venir jusque à lui il pourrait juste téléphoner ? Franchement il pourrait juste envoyer un texto et on se retrouverai quelque part.

• Il est à l'hôpital.

• Quoi ?! S'écria soudainement Jinhwan.

• Ca y est t'as fini de grincher parce que ton prince est à l'hôpital ? Se moqua Kiji.

• Mon prince ? De quoi tu parles ? Il ne se passe rien du tout entre Yongguk et moi, une fois que toute cette histoire sera terminée vous ne me verrez plus jamais.

• Crois-le.

Ils arrivèrent dans l'hôpital Soon Chun Hyang quelques minutes plus tard. Sans un mot Kiji traîna Jinhwan dans les couloirs qui avait un mauvais souvenir de cet hôpital. Les heures de visites étaient terminées Jinhwan ne comprenait pas pourquoi personne ne leur disait rien. Ils rejoignirent le fond du quatrième étage. Si Kiji avait un pas pressé Jinhwan marchait plus lentement, incertain. Pourquoi Yongguk était à l'hôpital ? Il fronça les sourcils dans une grimace. Il n'avait pas à s'inquiéter pour Yongguk, il avait autre chose à faire en ce moment. Il vit alors un homme en noir à l'extérieur d'une chambre. Quand Kiji arriva à sa hauteur il lui fit un signe puis ouvrit la porte, les laissant passer.

La chambre, bien que presque vide, était bruyante. Yongguk était en train de discuter avec un homme qui lui ressemblait étrangement. Jinhwan comprit aussitôt qu'il s'agissait de Yongnam. Celui-ci avait les pieds sur le lit, jambes tendues depuis sa chaise en plastique. Cette position semblait déplaire à Yongguk qui essayait de le virer de son lit, mais Yongnam ne bougea pas, sucette en bouche avec rictus. Il lança un regard amusé à Jinhwan et Kiji avant de donner un coup de coude à son frère qui poussa un grognement de douleur dans le lit.

• Non mais t'es dingue j'ai mal ! Gronda Yongguk en envoyant la télécommande sur son frère.

• C'est pas bientôt fini ce bordel ? Siffla Kiji. Mission terminée, moucheron arrivé.

• Moucheron ? Répéta Jinhwan en haussant un sourcil.

• Oh ça lui va bien ! Les moucherons ça gravitent toujours autour de la merde, fit Yongnam.

• Nam ! Gronda Yongguk. Mais t'as pas tord. Ca va Jinny ?

• Si je savais ce que je foutais là et qu'on respectais mon cycle du sommeil ça irait mieux.

Yongguk fit une moue avant de s'étirer dans une grimace pour attraper un ordinateur portable qui se trouvait sur la table à sa droite. Sans un mot et sous l'oeil intrigué de Jinhwan il ouvrit l'ordinateur, tapa ce qui devait être le code de protection puis il tourna l'écran vers Jinhwan. Plusieurs articles s'affichaient, tous sur l'arrestation de Hanbin et son procès approchant.

• Il y a un détail qu'ils n'ont pas mentionné, fit Yongguk après un moment, le type a un crucifix sur le dos de sa main. Ce n'est pas n'importe quel crucifix, il est propre aux membres de Sindaebang.

• Hanbin aurait battu un tueur ? Demanda Jinhwan.

• Pas un tueur, rectifia Yongnam en prenant la parole, un sous-fifre.

• Donc le problème maintenant, c'est que ton pote a un avocat commis d'office, donc autant te dire qu'il va perdre son procès et que Sindaebang va encore s'en sortir.

• Encore ? Répéta Jinhwan.

• Ce n'est pas la première fois qu'ils font ça, expliqua Yongnam, ils savent toujours comment se sortir de leur merde.

• Et là, en grand Seigneur tu vas me dire que comme par hasard tu peux aider Hanbin parce que tu as un avocat sous la main ? Ironisa Jinhwan.

• Oui, répondit Yongguk faisant lever les yeux au ciel à Jinhwan. Comprends qu'avec ce procès on peut apprendre qui a mis ton ami dans le coma et peut-être trouver le tueur de Seiyeon. Il va falloir que l'on parle à ton ami, je dois avoir quelques détails de cette histoire.

• Ca ne pouvait pas attendre demain ? Grogna Jinhwan, épuisé. Tu ne pouvais pas me dire ça demain ? Non il fallait absolument que tu me vois maintenant.

• Oui, parce que j'aimerai que tu t'installe chez nous, répondit Yongguk.

Jinhwan eut une expression de surprise. S'installer chez Yongsang-Gu. Cela signifiait faire parti du groupe, non ? Il se frotta le visage en jurant que Yongguk le faisait chier.

• Pourquoi je ferai ça ?

• Être en sécurité, ne plus avoir à payer ton loyer, pouvoir comprendre plus facilement la vie que menait ta sœur, recevoir de l'aide, fit Yongguk.

• Pourquoi je voudrai recevoir de l'aide ?

• Parce que tu n'y arrivera pas tout seul. Tu as besoin d'aide Jinhwan.

• Je ne veux pas faire parti de votre groupe, dit-il.

• Pour ça, j'peux te comprendre, intervint Kiji sous le regard menaçant de Yongguk.

• Tu n'en fera pas parti, mais pour l'instant il serait préférable que tu vive chez nous, au moins jusqu'à ce que l'on trouve le meurtrier de ta sœur et qu'il n'y ait plus de zone d'ombre dans cette histoire.

• Et mon boulot, j'en fais quoi ?

• Jihyo n'est pas obligée de savoir. Tu peux continuer chez elle, autrement on peut te trouver un poste ailleurs. On détient plusieurs boutiques dans le quartier. Tu aurai un appartement un peu plus grand que celui-là, ajouta Yongguk en essayant de séduire Jinhwan.

• Je dois répondre quand ?

• Maintenant, fit Yongnam qui était sur son téléphone. Ouais, j'sais, la patience ça n'a jamais été son truc pis il a décidé de te protéger alors t'as pas fini de le trouver insupportable.

Jinhwan avait envie de sang sur les murs, accident de voiture ou bien même de serrer ses mains autour de la gorge de Yongguk. Une envie de fin torride comme au cinéma. Il le poussait à bout. Avec une envie de se faire sauter les plombs il hocha la tête à Yongguk. Il allait aménager chez Yongsang-Gu.