Douze.

CHAOS


 

Chapitre Douze :

La menace Kiji

 

«Alors ?

  • Tu n'apprends pas assez de tes échecs. Ce sont eux qui te bâtissent, qui

feront de toi ce que tu sera. Tes victoires n'auront jamais de saveur

si tu n'as vécu aucun échec. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Bon alors, elle vient la ptite bite ? Grincha Kiji à la recherche de Jinhwan.

  • J'arrive, j'arrive !

Kim Kiji semblait de très bonne humeur ce matin, trop au goût de Jinhwan qui commençait à en avoir marre des insultes. Il avait dû se réveiller aux aurores pour enfiler sa tenue de sport et déjeuner en quatrième vitesse avant que Kiji ne commence à s'énerver. Il l'entendait tourner comme un lion en cage alors que lui déjeunait pendant que Yongguk souriait derrière un journal, l'air moqueur.

Quand, la veille, il lui avait dit qu'il devrait s'entraîner avec Kiji, jamais Jinhwan n'aurait imaginé une telle chose. Ils avaient traversé le pont qui menait à la forêt pour se retrouver dans un hangar spécialement utilisé pour les entraînements. Il n'y avait aucun fenêtre, la porte semblait peser une tonne et il n'y avait qu'une seule autre sortie, fermée à clé avec plusieurs cadenas. La pièce était grande avec une hauteur sous plafond assez importante. Pour soutenir le toit plusieurs piliers en béton reliés par un rail qui soutenait plusieurs sacs de frappe. Mais les sacs furent très rapidement rangés par Kiji qui jeta une paire de mitaines en cuir à Jinhwan ainsi qu'une casque.

  • Qu'est-ce que j'dois faire avec ça ?

  • Un foot ! Répliqua Kiji en levant les yeux au ciel. T'es stupide ou aujourd'hui est une journée spéciale ? Enfiles ça qu'on commence.

  • Je n'ai pas besoin de protection je sais me battre !

  • Ce n'est pas parce que tu as mis une baigne à Yongguk une fois que tu sais te battre et cela me ferait presque mal au cœur de blesser ton visage. Allé ma mignonne, on y va !

  • Arrêtes avec ça !

Jinhwan fulminait alors que Kiji sautillait sur place en souriant. Après qu'il ait enfilé ses protections il n'eut pas le temps de réfléchir que Kiji lui sautait dessus forçant Jinhwan à se mettre en position de défense. Seulement, sa défense se brisa rapidement face à Kiji qui le prit sur ses épaules et le balança sur les tatamis sans aucune délicatesse. Ca faisait mal.

  • Allé relève toi ! Je croyais que tu savais te battre ?

  • Tu m'emmerdes …

  • Pas assez visiblement puisque tu continue d'agir comme une grosse pucelle. Allé lèves-toi et frappes moi ! Montres moi que tu sais te battre comme un homme et pas comme une vieille !

Cela ne servait à rien de s'énerver puisque dans tous les cas Jinhwan finissait mis au tapis par Kiji ou bien stoppé dans ses moindres actions. Il était épuisé, physiquement et moralement. Il transpirait à grosses gouttes et avait une folle envie d'étrangler Kiji qui lui, n'avait aucun trace de transpiration et semblait au sommet de sa forme. Peut-être même un peu trop joyeux à l'idée de battre Jinhwan de cette façon. Il l'aida à se relever une dernière fois et lui plaqua une bouteille d'eau contre le torse qu'il avait en feu.

  • Bon, maintenant que t'as fini de te battre comme une petite tapette à la fierté démesurée tu vas fermer ton bec de poupoule et apprendre à te battre comme un homme.

Les heures passèrent sans que Kiji ne cesse de le pousser à bout. Dans les mitaines, les mains de Jinhwan étaient douloureuses, probablement même en sang mais il ne pouvait pas arrêter, Kiji ne le laissait pas tranquille. Il devait apprendre à frapper, vite et fort. À éviter les coups avec habilité, une habilité qu'il n'avait pas encore. Quand il s'effondra pour la dernière fois au sol, la respiration saccadée et le visage perlant de transpiration, Kiji lui offrit une bouteille d'eau avant d'aérer la salle laissant ainsi entrer une grande bourrasque glacée.

  • Je ne vais pas te mentir il y a du travail mais ce n'est pas impossible. Il faut que tu te concentres sur ton adversaire mais sur toi-même également. Tu ne te connais pas Jinhwan ou alors tu te cache derrière un masque qui ne te conviens pas. Cela se voit. Maintenant vas te doucher et couche toi, je te fais apporter de la crème pour tes blessures.

La salle de bain qu'il partageait avec le reste des habitants du hanok droit était extrêmement propre et luxueuse. Il y avait deux douches italiennes en verre, un bain à remous en pierre noire et au fond de la pièce, un sauna. La pièce était bien évidemment beaucoup plus grande que la chambre de Jinhwan. Après s'être déshabillé il se laissa alors glisser dans l'eau chaude et mousseuse du bain, un air de piano dans les enceintes de la salle de bain. Il avait du mal à croire qu'il vivait dans un tel confort. Il soupira face à son aise et ferma les yeux.

Tu ne te connais pas ou alors tu te cache derrière un masque qui ne te conviens pas.

Il grimaça, ne sachant si Kiji avait raison ou tord. Peut-être bien les deux à la fois.

Le hanok était silencieux. Il ne pouvait qu'entendre le bruit de ses mouvements dans l'eau ainsi que le piano qu'il avait mis en fond sonore. Dehors, les oiseaux sonnaient l'arrivée du printemps.

La dernière fois qu'il s'était retrouvé suffisamment seul pour une introspection il se trouvait en pleine chute libre dont l’atterrissage brutal fut le décès de Seiyeon. Mis à terre il n'avait plus réussi à se relever.

Il retenu sa respiration et plongea entièrement dans l'eau.

Alors maintenant qu'il se trouvait là, nu et étendu dans ce bain de luxe, il se demandait où est-ce qu'il en était. Il repensait sans cesse aux mots de Bang Yongnam disant qu'il n'avait pas sa place à Honeysuckle. Mais où était sa place ? Il n'avait plus de famille. Il n'avait pas été là lorsque ses amis avaient eu besoin de lui. À l'heure qu'il est ils l'avaient probablement déjà remplacé. Jinhwan n'était pas irremplaçable, il le savait. Alors maintenant qu'il n'était plus personne pour ses amis, il se dit qu'il méritait finalement d'être seul. Qu'il devait l'être puisque tout ce qu'il touchait tombé en morceaux. Peut-être ne méritait-il même pas la chance que lui offrait Yongguk.

Aussi douloureux que cela puisse paraître Jinhwan dû se rendre à l'évidence : Kiji avait raison, il se cachait derrière un masque. Ledit masque était devenu si imposant qu'il trompait même son porteur. Cela faisait maintenant des années que Jinhwan se mentait à lui-même. Il n'avait aucune confiance en lui, au fond il était complètement détruit et il se détestait. Sa haine envers lui-même était si puissante qu'il y avait des nuits où il ne faisait que penser à la mort. Sans vouloir se suicider il se questionnait sur elle. Si elle était confortable. Si une fois dans ses bras toutes ses pensées se tairaient. Et lorsqu'il ne se posait pas ces questions, il se demandait comment réagirait ses proches à l'annonce de sa mort. Seraient-ils tristes ? Le pleureraient-ils ? Se rendraient-ils compte de toute la souffrance qu'il avait accumulé au fil des années sans que personne ne le remarque ? Comprendraient-ils finalement à quel point il était fragile et qu'il n'avait besoin que d'une chose : qu'on l'aime véritablement ?

Jamais il n'avait ressenti cette petite étincelle de confiance lorsqu'il s'était retrouvé dans les bras de Mark ou bien-même Chanwoo, ni même des autres. Aucun de ses compagnons ne lui avaient donné assez pour qu'il se sente véritablement aimé. Utilisé à des fins uelles oui. Mais certainement pas aimé. Quant à sa famille, il ne voulait même pas y penser. Pendant des années ils avaient favorisé Seiyeon et ce n'était pas une impression de second enfant, c'était la vérité. La Merveilleuse été toujours mise en avant quand Jinhwan devait s'occuper des tâches ménagères et « laisser les grands discuter entre eux ». Il s'était souvent comparé à Harry Potter chez les Dursley, sauf que lui n'avait pas d’échappatoire magique. La seule évasion qu'il avait été la musique, mais là encore il n'arrivait pas à être pleinement heureux, il y avait toujours quelqu'un pour lui rappeler à quel point il était mauvais. Alors qu'au fond, il ne l'était pas du tout.

Il avait beau cherché au fond de lui-même, il ne comprenait pas d'où venait cette blessure si profonde qu'il était impossible de la cicatriser. Il ne savait pas d'où venait son mal. Il ne savait plus. Il avait vécu tellement de choses depuis son enfance qu'il ne pouvait plus compter celles qui l'avaient mis à terre. Le plus simple serait de compter celles qui l'ont aidé à se relever et il n'y en avait pas beaucoup.

  • Hey …

Jinhwan plongea à nouveau sous l'eau dans l'espoir de pouvoir bloquer la voix de l'homme, en vain. Cela devait faire suffisamment longtemps qu'il se trouvait dans ce bain et le calme de la tanière avait disparu, remplacé par des voix bruyantes et des rires, des chaises tirées et choses frappées sur la table. Dans les couloirs, les bruits de pas étaient plus bavards que le piano mis en fond sonore. Mais indépendamment de tout cela, Jinhwan ne voulait pas quitter l'eau devenue froide. Le bain était confortable et il s'était habitué à la température de l'eau. Il avait les jambes repliées dans une position fœtale et il y était bien. Il serait heureux de rester encore quelques instants ici s'il le pouvait.

  • Hey moucheron, réveilles-toi.

Il marmonna une quelconque insulte à la seule personne capable de l'appeler ainsi et essayer de se cacher sous le restant de mousse, les yeux toujours fermés. Mais son épaule fut légèrement poussée à plusieurs reprises et cela suffit à lui faire ouvrir les yeux. Il papillonna quelques secondes avant de voir Kiji assit sur le rebord de la baignoire, habillé comme s'il partait travailler au Bistrot. Il bougea légèrement et réussi à attraper une serviette pour cacher sa nudité en se relevant. Quelques galaxies sous ses paupières il observa Kiji qui vidait le bain en le rinçant. Il observait surtout ses tatouages qu'il pouvait apercevoir dans sa nuque et sur la totalité de ses bras visible sous sa chemise blanche. Deux personnages de dessins animés étaient encrés dans sa peau : Tigrou et Winnie l'Ourson. Jinhwan trouvait ça mignon même si, quelque part, c'était totalement ridicule pour un gangster d'avoir un tel tatouage.

  • Ta Rocket est au portail, il faut que tu y ailles t'as un travail à faire.

  • Je dois conduire Junhong ?

  • Ouais, il est en train de t'attendre en bas, il note les indications de Yongguk qui m'a dit de venir te chercher avant de partir, alors me voilà. Bouges-toi et écoutes Junhong, Gukkie veut que vous partiez tout de suite.

  • Donnes-moi vingt minutes et je serai prêt, pas de problèmes.

  • Tu as cinq minutes. Pas une de plus.

Jinhwan fit les gros yeux et parti à la hâte s'habiller dans sa chambre sans se soucier de ses cheveux mouillés. Après une lutte momentanée pour enfiler ses chaussures il dévala les escaliers deux à deux pour rejoindre le salon où se trouvait Junhong. Autour de lui tous les autres membres étaient en train de boire, parler et faire des affaires au téléphone. Personne ne se souciait vraiment de lui. Il vit cependant Yongguk concentré sur une tablette lui faire un simple signe lui donnant la direction de la cuisine, direction qu'il prit aussitôt. Il commençait à avoir faim.

  • Mettez une veste bon sang, y'a du vent ! Gronda le patron en posant ses pieds sur une table.

Il retrouva rapidement Junhong en train d'enfoncer des paquets de différentes tailles dans un sac à dos en toile. Le plus simple des sacs à dos. Jinhwan eut un moment d'arrêt en constatant qu'il s'agissait de drogues. Il s'y était attendu mais cela restait tout de même assez surprenant. Puis il prit volontiers le bol de nouilles instantanées que lui tendait Junhong, à côté du bol une carte du quartier de Yongsang-Gu avec plusieurs points rouges. Là où ils devraient livrer la marchandise. Alors tout en observant la carte Jinhwan dévora ses nouilles instantanées.

  • Est-ce que je dois m'inquiéter ? Demanda-t-il à Junhong qui haussa les épaules.

  • Il n'y a pas de quoi, les clients d'aujourd'hui sont plutôt cool. Il faut juste espérer qu'ils ne soient pas en retards autrement on est mal.

  • Et … Qu'est-ce qu'il y a dans ce cas ?

  • Seulement de la , je suis trop jeune pour transporter des drogues plus … puissantes.

Quelques secondes plus tard ils chevauchaient la Rocket, Junhong bien accroché à Jinhwan.

Son premier travail pour Yongsang-Gu offrit à Jinhwan quelques frissons et des oublies du code de la route qui ne semblèrent pas effrayé Junhong qui en ria dans son casque. Il essayait de contrôler ses tremblements alors qu'il pensait à cette drogue qu'il était en train de transporter. Il essayait de se convaincre qu'il en faisait rien de mal, ce n'était que du transport il n'y touchait pas. Il déposait Junhong à l'endroit convenu avec le client et il patientait. Pendant que Junhong faisait son travail, lui pouvait observer les oiseaux et les passants. Il n'avait rien à craindre. Absolument rien.

Seulement, Yongsang-Gu était le plus grand gang de Séoul et le plus célèbre du pays. Ils avaient des accords avec les forces de l'ordre nationale. De ce qu'il avait vu sur la carte, leur territoire couvrait plusieurs quartier de la région de Séoul mais le syndicat était Honeysuckle. Aussi, ils étaient en affaires avec des centres commerciaux, des bureaucrates et autres personnes influentes. Jinhwan n'était pas fou, il avait vu et reconnu le noms de plusieurs célébrités sur la liste qu'avait tenu Junhong avant leur départ. Cela ne l'étonnait pas beaucoup que des idoles ou producteurs aient certains besoin en drogue. Dans ce milieu, les dépendances n'étaient pas rares.

Jinhwan était épaté par le travail que fournissait Junhong. Si lui-même n'arrêtait pas de trembler sur sa moto, paniqué à l'idée qu'un policier ne vienne le voir (comme le sergent Dong par exemple), Junhong semblait avoir fait ça toute sa vie. Lorsque la moto s'arrêtait, il descendait de l'engin et les mains dans les poches partait en direction du client qu'il attendait assit sur un banc ou qu'il rejoignait dans un angle caché. En trois livraisons il n'avait pas vu Junhong trembler une seule fois et il revenait à chaque fois avec la somme exacte.

Ils plantèrent la Rocket dans un coin de rue et cette fois Junhong força Jinhwan à le suivre. Sous la brise glacée de cette fin d'hiver ils traversèrent une rue d'Itaewon passant devant quelques boutiques d'où s'échappait des musiques d'idoles. Les petits restaurants sentaient la viande grillée ce qui serra l'estomac de Jinhwan qui commençait à avoir faim. Il fut stoppé par Junhong qui lui demanda de l'attendre de l'autre côté de la rue, face d'un café à la devanture mignonne. Junhong venait de disparaître alors, les mains moins tremblantes, il rejoignit l'autre côté et patienta. Cette fois-ci Junhong mis plus de temps à revenir, alors Jinhwan commença à s'inquiéter. Jusqu'à ce qu'il le voit revenir avec deux sachets plastiques dans les mains et un sourire scotché au visage. Le plus jeune mais le plus grand des deux invita Jinhwan à faire une pause pour déjeuner. Leur prochaine livraison n'était que dans une heure alors ils avaient largement le temps de manger et discuter. Jinhwan voulait en savoir plus sur son partenaire et ainsi, essayer d'en savoir plus sur les membres en général. Peut-être aurait-il des indices sur sa sœur ou autre chose encore.

  • Dis-moi, comment tu en es arrivé là ? Demanda-t-il en buvant son soda à la paille.

  • À être coureur pour Yongguk ? Jinhwan hocha la tête. Ma mère m'a toujours battu, je ne me souviens pas d'un jour où elle n'a pas levé son martinet ou sa matraque contre moi. Très colérique, les humeurs changeantes en un quart de secondes. Elle pouvait passer deux heures à me crier dessus pour une paire de baguettes mal rangée. Elle était vraiment, vraiment folle. Du genre, elle me regardait en brandissant son martinet et hurlait : « tu n'es qu'un con Junhong ! Un emmerdeur ! Je te déteste ! Toi et tout ce que je dois payer pour ta sale gueule de batard ! Baaaaaaaaaaah ! » et je n'exagère même pas, ni pour ses mots ni pour ses … cris d'animaux étranges. Elle allait si loin qu'un jour elle m'a même menacé de me frapper devant les autorités, elle s'en foutait elle était arrivée à un stade supérieur dans sa folie. Tout le quartier pouvait l'entendre me gueuler dessus et me frapper, mais personne ne faisait rien. Personne ne fait plus rien de toute façon. Mais un jour quelqu'un a sonné à la porte de notre appartement, elle est allée ouvrir avec la matraque dans les mains et la police l'a embarqué à ce moment-là. C'est le sergent Dong qui s'est occupé de moi, j'ai passé deux jours à l'hôpital puis Natacha est venu me voir avec les jumeaux. Ils se sont présentés et m'ont tout expliqué concernant le gang, j'ai tout de suite accepté. Ca ne pouvait pas être pire que ce que j'avais vécu avec ma mère.

  • Mais, tu n'as jamais eu peur de mourir ?

  • Mourir ? Non ! Les coureurs on ne risque rien si la marchandise est là et si on nous rend bien l'argent, les goons ne sont jamais très loin de toute façon. Je croisais souvent Seiyeon d'ailleurs, je la couvrais et elle me couvrait en retour.

  • Vous vous couvriez de quoi ?

  • Et bien, quand mes courses finissaient tard je ne rentrais pas tout de suite au repère, j'essayais de faire un détour par le club mais comme je suis mineur et donc interdit d'entrer dans ces endroits, Seiyeon me faisait passer par derrière et je pouvais profiter du spectacle. Si j'allais dans les antichambres je ne faisais rien avec les filles, je leur apportais juste un petit cadeau et c'est tout. Mais maintenant qu'elle n'est plus là … terminé les soirées au club.

  • Et elle, quand tu devais la couvrir, qu'est-ce qu'elle faisait ?

  • Et bien, je devais rester dans une antichambre et elle s'en allait pendant un ou deux heures. J'en profitais donc pour me reposer et quand elle revenait, on rentrait ensembles au repère.

  • Mais elle ne te disait pas ce qu'elle faisait ?

  • Elle allait voir quelqu'un.

  • Kiji ?

  • Non, quelqu'un d'autres.

Est-ce qu'il venait tout juste de découvrir le mobile du meurtre ?


 

*

Honeysuckle était presque vide lorsqu'il rentra à 18h24 et il n'en fut pas surpris. Le weekend commençait et si Jinhwan avait bonne mémoire il se souvenait que la plupart des membres partaient à la conquête des clubs et notamment du Boys To Men. Certains causeraient probablement le chaos quelque part. Il ne trouva Kiji nulle part, néanmoins il croisa le chemin de Yongguk qui était en train de se détendre devant un dessin animé, les pieds posés sur une table basse et une tasse de thé à ses côtés.

  • Est-ce que Kiji est ici ?

  • Il s'est tiré y'a une demi-heure, il bosse chez Gianni ce soir, répondit le patron. Je vais probablement prendre deux ou trois gars et aller y manger, si jamais ça te tente.

  • À vrai dire, ce qui me tente là serait de discuter seul à seul avec toi.

Libre de son pull et de son t-shirt, Yongguk se retourna vers Jinhwan, son tatouage pectoral exposé aux yeux du plus jeune. Il avait l'air surprit par les propos de Jinhwan.

  • C'est à quel propos ?

  • Ma sœur.

  • Tu as découvert quelque chose ?

  • Le mobile du meurtre.

  • Viens.

Yongguk traversa la pièce et monta les escaliers pour passer la porte avec l’écriteau « Bangsters » qui fit légèrement sourire Jinhwan. La porte se referma derrière lui et aussitôt Yongguk l'invita à s'asseoir sur un des fauteuils qui se trouvaient là. Lui-même s'affala sur un fauteuil après avoir enfilé un t-shirt et observa Jinhwan avec ses yeux grands ouverts.

  • Qu'est-ce que tu as découvert Jinny ?

  • Ma sœur avait un accord avec Junhong, il devait la couvrir pendant une ou deux heures en allant dans une antichambre au club et là elle partait.

  • Où ça ?

  • Aucune idée, mais elle allait rejoindre quelqu'un.

  • Donc elle aurait eu une liaison ?

  • C'est ce qu'il y a de plus probable, n'est-ce pas ?

  • Cela m'étonnerait de la part de Seiyeon, elle aimait vraiment Kiji. L'autre hypothèse serait qu'elle ait été une sorte d'agent double, qu'elle ait été autant avec nous qu'avec Sindaebang. Mais ça aussi, ça m'étonnerait beaucoup d'elle. Tu as dit que Junhong la rejoignait au club puis qu'elle partait ? C'est bien ça ?

  • Oui. Pendant une ou deux heures.

Il se leva pour regarder une géante carte de la ville accrochée au mur, quelques punaises y étaient accrochées ainsi que des post-it. Les mains sur les hanches il se questionnait à voix haute, cherchant à comprendre où Seiyeon pouvait aller et qui elle allait retrouver.

  • Une ou deux heures … elle ne pouvait pas partir bien loin, dit-il les mains sur les hanches.

  • Et si au fond elle n'avait pas eu de liaison et n'était pas un agent double ou je ne sais pas quoi ?

  • Qu'est-ce que tu veux dire ?

  • Elle aurait pu tout simplement aller voir des amis ou profiter de ce temps pour être seule ?

  • Elle n'avait quasiment personne à part nous, il n'y avait que Lee Thoru qu'elle allait rejoindre de temps en temps.

  • C'est qui cette Lee Thoru ?

  • Une vieille amie apparemment, aux dernières nouvelles elle étudie dans l'audiovisuelle. Elles se retrouvaient souvent pour aller faire du shopping ou boire un verre. Je ne pense pas que Seiyeon lui ai dit qui elle était vraiment.

  • Son affiliation au gang tu veux dire ?

  • Oui, enfin je ne sais pas. Peut-être qu'elle lui faisait assez confiance pour le lui dire.

Alors que Yongguk continuait d'observer la carte de Séoul en réfléchissant, les mains sur les hanches. Jinhwan notait sur son téléphone le nom de Lee Thoru qu'il essayerait de retrouver sur les réseaux sociaux afin de la contacter. Peut-être qu'il arriverait à en savoir plus sur le mystère qu'était devenu sa sœur. Un instant plus tard Yongguk était à nouveau vautré sur le fauteuil.

  • J'ai des nouvelles concernant ton pote, dit-il à Jinhwan. Maître Moon s'est débrouillé pour le transférer dans un autre bâtiment où il sera bien plus tranquille. Ses blessures seront soignées mais malheureusement il aura toujours la cicatrice à la hanche, alors s'il veut je lui offrirai un tatouage pour cacher ce … Cette chose. Parce qu'après tout c'est de ma faute s'il a ça.

  • C'est gentil de ta part, répondit Jinhwan.

  • J'ai aussi appris que tu avais discuté avec le sergent Dong à ce propos.

  • Oui, nous nous sommes vu peu après ma visite à la prison. Nous avons fait quelques hypothèses mais rien de bien concluant.

  • Concernant un dénommé Song GeonHee etc, non ?

  • C'est ça, pourquoi, tu connais ?

  • C'est pas de chez nous, et s'il est de Sindaebang il ne doit pas avoir une place très importante. J'ai tendance à connaître mes ennemis autant que mes amis et je peux te dire que je n'ai jamais entendu parler d'un Song GeonHee chez eux. Après peut-être que c'est un coureur qui a prit la grosse tête, ça arrive aussi.

  • Mais je suis certain qu'il s'agissait de légitime défense, j'ai entièrement confiance en Hanbin là-dessus alors, qu'est-ce qu'il risque vraiment ?

  • Déjà il faut que tu saches que nous sommes chanceux puisque Hanbin n'est pas majeur, donc il ne peut avoir la peine de mort. En revanche, en ce qui concerne son agression la peine serait d'environ deux ans.

  • Mais c'était de la légitime défense !

  • Même si Maître Moon arrive à prouver qu'il s'agissait de légitime défense ça ne change rien au fait qu'il a pratiquement tué un gars donc il sera obligé de faire ces deux ans. Est-ce qu'il a un casier judiciaire ?

  • Non, absolument pas !

  • Alors avec un peu de chance Maïtre Moon arrivera à changer ces deux ans en quelques mois ou d'autres peines plus légères.

  • Comme quoi ? Demanda Jinhwan, soucieux.

  • Je ne sais pas, il faudra voir ça avec lui.

Soudain ils entendirent un énorme vacarme dans le salon. Sans attendre une seconde Yongguk prit le chemin du rez-de-chaussée en descendant les escaliers deux à deux, suivit de près par Jinhwan qui se tenait derrière lui. La scène qu'ils découvrirent alors faisait froid dans le dos : Junhong était étendu au sol, le nez en sang. Au-dessus de lui Kiji pointait une arme sur le plus jeune et son regard était si noir que Jinhwan en recula d'un pas.

  • Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Demanda Yongguk.

Mais personne ne répondit. Junhong n'arrivait pas à parler quant à Kiji le silence éternel de sa voix était effrayant. Tout ce qu'il fit fut de charger l'arme toujours pointée sur Junhong dans un souffle dédaigneux. Le chef s'avança alors vers les deux hommes, obligeant les autres à s'écarter. Les jambes tremblantes Jinhwan se tenait à la rambarde d'escalier en essayant de garder le regard sur ce qu'il était en train de se passer. Plus Yongguk avançait, plus Kiji rapprochait son pied de Junhong dont il fini par écraser la gorge.

  • Encore un pas et je le bute, dit-il à Yongguk qui se stoppa aussitôt.

  • Poses ton arme, ça ne sert à rien de le tuer.

  • Ca me ferait un bien fou.

  • Non je n'pense pas, tu le regretterai et tu ne pourrai pas savoir la vérité.

  • Arrête de faire ton psychologue à deux balles Yongguk, ça ne sert à rien. Ce petit con a trahi ma confiance, je lui avais demandé de la surveiller pour qu'il ne lui arrive rien, résultat elle est morte à cause de lui.

  • Rien n'est de sa faute Kiji, il a tenue la promesse faite à Seiyeon c'est tout. On ne peut pas lui en vouloir pour ça. Poses ton arme Kiji et je te promet que l'on retrouvera qui a fait ça.

  • Tu m'avais promis que jamais rien ne lui arriverai lorsque tu l'a transformé en goons, tu n'as pas su tenir ta promesse. Là non plus tu ne tiendras ta promesse, alors à quoi bon ?

Et il tira.

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Comments

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tt_9800 #1
Chapter 4: Chapter 4: Très intriguant!! Merci beaucoup!! ?