TROIS.

CHAOS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre Trois :

Peut-on tomber amoureuse

d'un gangster ?

 

« Même les personnes les plus dangereuses

du monde peuvent faire le bien  »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous ceux qui se souviennent de Seiyeon disent qu'elle était une fille merveilleuse : douce et attentionnée, douée pour tout, un véritable soleil. Certains parlent de sa joie de vivre sans pareille qui pouvait illuminer les jours les plus sombres. Ses amis adoraient la voir voler lorsqu'elle marchait, légère, et ses longs cheveux noirs danser dans les airs. On ne voyait qu'elle. Il n'y avait qu'elle. Elle était la fille rêvée de chaque parent. Et pourtant.

Elle était cette fille trop sensible qui sombra dans le vice peu après sa fuite de chez ses parents. Cette fille, si belle et promise à un si grand avenir, qui termina dans les petites rues sombres de Séoul, les yeux injectés de sang et la bouche trop baladeuse. Elle avait été embauchée par le Boys To Men, un club réservé aux hommes d'Itaewon dans lequel elle utilisait ses talents de gymnastes pour le mais aussi les petits plus demandés par certains clients qu'elle acceptait ou non. Elle avait apprit le e aux côtés d'escortes à qui elle apprenait la musique ou encore les langues étrangères. Ainsi ces filles ne se faisaient plus déranger par des abrutis d'américains un peu trop collants. Mais un jour Seiyeon rencontra Kiji qui lui fera quitter le club pour améliorer sa vie, mettre fin à sa dépendance à l'héroïne pour la ramener sur le droit chemin : son droit chemin. Il lui apprit à se battre et à se servir d'une arme. Elle n'habitait plus son petit appartement au-dessus du club mais dans les appartements détenus par Yongsang-Gu, un appartement qu'elle partageait avec Kiji qui s'était mis en tête de la prendre en main. Ils passèrent de nombreux moments difficiles avant que les choses ne s'arrangent et que Seiyeon ne soit soignée et prête à prendre son nouvel emploi : membre à part entière du gang. Elle ne faisait pas parti des nombreuses prostituées qu'ils employés pour des clients richissimes ou même eux-mêmes. Non. Elle partait en mission avec Kiji pour mettre de l'ordre dans leurs affaires et souvent elle le rejoignait à son véritable travail de serveur chez Gianni. Ses shows y étaient finis, sauf pour Kiji qui en tomba rapidement très amoureux jusque à la demander en mariage un an et demi plus tard.

C'est avec ces descriptions que Jinhwan s'était amèrement réveillé, une terrible odeur de café et gâteau au yaourt chatouillant ses narines. Il eut une envie de vomir qu'il ravala avant d'essayer de se redresser. Seigneur qu'il était endoloris. Il grogna des mots incompréhensible avant de réussir à se dresser sur ses petites jambes. Là il ouvrit les yeux constatant le foutoir dans lequel il se trouva et l'état dans lequel il était : cravate imbibée d'alcool, chemise grandement tachée et veste introuvable. Il grogna à nouveau et parti à tâtons vers la cuisine.

  • Bien dormi princesse ?

Sans réfléchir Jinhwan usa du peu de force qu'il avait pour balancer son poing au visage de la personne qui venait de parler. Il ne savait pas encore de qui il s'agissait, ses yeux n'étaient pas bien en face des trous et il était encore dans les vapeurs de l'éveil. Il comprit néanmoins son erreur quand il vit le visage de Yongguk, la main sur sa lèvre ouverte par la bague de Jinhwan. Ce dernier était d'ailleurs prit entre deux émotions : la peur d'un retour à l'envoyeur et la colère après tout ce qu'il avait découvert.

Comme il fallait s'y attendre c'est la colère qui domina Jinhwan qui envoya à nouveau son poing en direction de Yongguk. Mais cette fois-ci il fut contré par le garçon qui le plaqua sans aucune difficulté contre le plan de travail, un bras derrière le dos.

  • Écoutes-moi bien petit con, je suis pas ici pour faire mumuse avec toi, ok ? Si tu veux exprimer ta virilité en cognant sur quelqu'un trouve celui qui a tué ta sœur, mais ne t'avise plus jamais de lever la main sur moi ou j'te crève les yeux.

Sa voix, menaçante et dominatrice, obligea Jinhwan a rester quelques instants dans la même position après que Yongguk l'ai relâché. Complètement réveillé et dessoûlé il observa Yongguk en se massant le poignet, le gangster préparant un café qu''il lui donna dans la minute avec une part de gâteau au yaourt. Il évita à tout prix son regard alors que Yongguk partait ouvrir les rideaux pour faire entrer la lumière du jour, Jinhwan grimaça mais n'osa pas faire le moindre bruit, encore effrayé.

Yongguk semblait d'ailleurs prêt pour le second jour de deuil : ses cheveux étaient tirés en arrière, sa chemise blanche était enfoncée dans un pantalon noir assorti à la cravate qu'il portait. Il était aussi élégant que flippant. Jinhwan chercha du regard la veste qu'il devait porter et la trouva posée à quelques mètres de lui. Il observa encore un instant Yongguk, juste le temps de le voir retrousser ses manches pour ranger tout ce qui traînait au salon. Il découvrit alors à quel point il devait être lamentable.

Yongguk revint alors vers lui, l'air légèrement triste.

  • Jamais nous n'aurions pu lui faire du mal Jinhwan, jamais.

  • Je crois que je vais avoir du mal à gober ça, dit-il.

  • Pourquoi ?

  • Elle été use, enfin prostituée. C'était une pute Yongguk. Une pute que vous avez transformé en tueuse et maintenant elle est morte. Je ne peux pas croire que vous n'y êtes pour rien là-dedans.

  • Je pense que c'est plus compliqué que ça, fit Yongguk.

  • Et moi je pense qu'après la cérémonie tu ne devrais plus t'approcher de ma famille. Tu devrais retourner à tes affaires de truand et rester loin de moi.

Il prit une nouvelle part de gâteau au yaourt et termina son café. Un exemplaire tâché d'un cercle de café du Jeju Weekly traînait à côté de la tasse de Yongguk. En première page, il y avait une grande image d'un quartier de Séoul vue du ciel. Au centre de l'image : un bâtiment en feu. Juste en dessous, une image de la rue où se trouvait l'explosion avec des cadavres armés. Et ce titre : Guerre des gangs : sommes nous encore en sécurité ?


 

Ils arrivèrent presque en état à la maison funéraire. Yongguk avait sa lèvre rougie et légèrement enflée, Jinhwan avait réussi à arranger sa tenue avec l'aide du gangster. Lorsqu'ils arrivèrent, Jinhwan quitta aussitôt le G Wagon pour rejoindre ses amis qui se trouvaient devant la porte, en costume. Il les vit grimacer en le voyant sortir du Mercedes, Yongguk sur ses talons. Mais il ne prit aucune remarque et les salua doucement.

  • Quand tu t'es tiré hier et que tu n'es pas revenu de la nuit, lui expliqua Donghyuk, on a un peu flippé. Tes parents sont allés voir tout le monde pour savoir si quelqu'un savait où tu te trouvais. Je veux dire, ils sont même allés voir ces types. C'est celui avec l'aigle et la rose dans le cou qui leur a dit que tu étais dans votre ancienne maison. Il ne les a pas laissé te rejoindre, alors que c'est chez eux... Dis-nous, hyung, est-ce que tout va bien ?

  • C'est la grosse merde, Donggie.

Il ne voulait pas répondre davantage, alors il haussa les épaules et tourna son regard vers les personnes déjà présentes et les nouveaux arrivants. Il y avait une armée de Mercedes G Wagon devant la maison funéraire, peut-être huit ou neuf. Et entre toutes ces voitures liées à Yongguk : trois voitures de classe moyenne blanche, rouge et verte. C'est d'ailleurs la première fois que Jinhwan étira un sourire en voyant ses parents sortir de leur voiture. Ils étaient un peu ridicule avec leur Hyundai rouge à côté de tous ces tanks. Jinhwan laissa alors ses amis pour suivre ses parents et enclencher la deuxième journée de deuil.

Ce second jour était celui que Jinhwan redoutait le plus. Mise en bière, Seiyeon serait exposée lavée, habillée de blanc, coiffée puis maquillée dans son cercueil. Il s'agit également de la dernière fois où la famille pourra se recueillir devant la défunte, le dernier au revoir avant l'enterrement.

En attendant d'être prêt à voir sa sœur dans son linceul, Jinhwan s'était assis sur une chaise à l'entrée de la chambre funéraire. Les poings devant le visage il secouait la jambe dans une grimace de colère. Il était encore sous l'emprise de ses émotions qu'il n'arrivait pas à contrôler et une fois encore la colère l'emportait. Il ne comprenait pas comment toutes ces choses pouvaient arriver sans que personne ne soit au courant. Ou peut-être que ses parents l'étaient et qu'il n'en savait rien ? Pour une fois il espérait les savoir ignorants : apprendre que sa fille avait été une prostituée puis une tueuse avant sa mort n'était pas forcément la chose que l'on voulait à tout prix savoir. Alors il grimaça en jetant un œil dehors. Kim Kiji tournait en rond, comme un fauve face à sa proie. Sauf que dans ce cas là, le fauve semblait au bord du gouffre.

Bien qu'il ne l'aimait pas beaucoup, Jinhwan quitta la chambre funéraire pour rejoindre le petit-ami de sa sœur qui se trouvait en compagnie de Yongguk et d'une armoire à glace.

  • Tu veux un moment pour aller la voir ? Lui demanda-t-il en les coupant dans leur conversation.

Kiji se retourna vers Jinhwan, un sourcil haussé, les yeux aussi rouge que possible. L'alcool ou la tristesse ? Peut-être bien les deux. Jinhwan l'observa un instant, surprit de voir autant de douleur sur le visage habituellement si glacé et insupportable du garçon. Jinhwan comprit alors ce qu'avait pu lui trouver Seiyeon.

  • Les amis ne sont pas autorisés dans la chambre, renifla-t-il.

  • Tu n'étais pas son ami, rétorqua Yongguk de sa voix de baryton.

  • Je n'ai pas été présenté comme son petit-ami à ses parents ! C'est contre les traditions.

  • Fiancé, rectifia Jinhwan.

De longues minutes plus tard Jinhwan pénétra dans la chambre funéraire en compagnie de Kiji. Bien entendu cette entrée surprit tous ceux qui ne savaient pas pour la relation entre Kiji et Seiyeon, mais personne ne dit rien. Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour faire des remarques.

La chambre était vide. Il n'y avait que Jinhwan, Kiji et Seiyeon. Si Kiji se rapprocha de son aimée Jinhwan lui resta en retrait, non pas par respect pour le criminel, mais plutôt parce qu'il venait de faire un grand pas en venant ici et il n'était pas encore prêt à voir sa sœur dans le cercueil. Il préférait attendre un peu. Alors il observa.

Il observa Kiji prendre une main de Seiyeon entre les siennes et embrasser chacun de ses doigts. Il l'observa la regarder avec un amour aussi transperçant que sa peine, sa bouche murmurant des mots incompréhensibles pour Jinhwan. Il l'observa ensuite fouiller dans la veste de son costume et en sortir un écrin dont il extirpa une bague qui brilla jusqu'aux yeux de Jinhwan. Celle-ci termina d'ailleurs à l'annulaire de Seiyeon que Kiji embrassa une nouvelle fois.

Il ne saurait dire combien de temps le serveur de chez Gianni était resté ainsi posté. Peut-être vingt minutes, peut-être plus. Difficile à dire. Au bout d'un certain temps Jinhwan avait décidé de le laisser seul avec elle et quitta la chambre. Quand il fut dehors il vit que la météo avait tourné, la pluie tombait drue. Deux voitures avaient disparu : la blanche et la verte. Sous la pluie Jinhwan essaya de voir ses parents qu'il trouva sous le parapluie de l'armoire à glace avec qui Yongguk discutait précédemment. Celui-ci avait d'ailleurs disparu. Jinhwan n'en fut pas déçue. En revanche il ne voyait aucun de ses amis, où étaient-ils passés ?

  • Ils sont pas dingues tes potes, fit Yongguk en le couvrant d'un parapluie. Ils t'ont pas trop cherché hier et là ils se tirent comme ça, sans te prévenir.

  • Qu'est-ce que tu me veux, souffla Jinhwan.

  • Je fais juste en sorte que tu ne tombe pas malade.

Jinhwan leva les yeux sur Yongguk qui était plus grand que lui, bien plus grand que lui. Il l'observa un instant avant de hausser les épaules et retourner à sa contemplation de l'assemblée autour de la maison funéraire. Bientôt ils iraient déguster le repas servi en l'honneur de Seiyeon, repas qui serait répété durant deux ans à cette date.

  • Je suis désolé, lui dit Yongguk sans lui lancer le moindre coup d’œil.

  • De quoi ?

  • De cette histoire qui t'explose en pleine figure. Je sais que tes parents et toi avaient perdu tous vos liens récemment et que tu as pas mal de problèmes sur Séoul. Ca ne doit pas être facile.

Jinhwan ouvrit un peu plus grand ses yeux. C'était la première fois que Yongguk semblait vraiment soucieux, et aussi c'était le premier à s'intéresser à ce qu'il pouvait ressentir. Toutes ces choses accumulées, Jinhwan allait exploser. Il hocha la tête et lui demanda :

  • Pourquoi est-ce que Seiyeon ne m'a jamais rien dit ?

  • Parce qu'en ne te disant rien elle te protégeait. Et puis, c'est pas le genre de choses dont t'as envie de parler autour d'un bol de nouilles.

  • Oui, mais, je suis son frère.

  • Raison de plus. J'aimerai pas que ma sœur vienne me voir en m'annonçant qu'elle a été use avant de faire parti d'un groupe de gangsters ultra méchants.

  • Tu ironise sur ton statu là ? Fit Jinhwan en penchant la tête.

  • Un peu, sourit-t-il.

  • Yongguk, que s'est-il passé à Séoul ? Est-ce que c'est en rapport avec Seiyeon ?

  • D'une certaine façon, tout est lié. Mais quoi qu'il en soit, c'est une sale affaire. Tu vois, le problème avec les gangsters c'est qu'on est assez orgueilleux, territorial et carrément pas ouvert à la conversation. Alors les quiproquos se font et ça devient n'importe quoi. Après ça, s'est surtout chez les goons que c'est comme ça.

  • Les goons ? Demanda Jinhwan.

  • Ceux qui s'occupent de faire le sale boulot, dit-il tout en s'allumant une cigarette. Toute l'entreprise est divisée en quatre. En bas tu as les coureurs, ceux qui vont s'occuper de la livraison de contrebande. J'ai pas besoin de te faire un dessin tu sais de quoi je veux parler. Ensuite tu as les goons. Eux sont là pour briser des os et c'est tout. Tu les remarque facilement c'est ceux qui sont le plus musclé et souvent les plus idiots. Kiji est un goons par exemple, mais un goons intelligent. C'est rare, c'est pour ça que je le garde précieusement. Après tu as moi, le petit patron qui essaie de gérer tout ce monde sans faire trop de bruit. Je reçois des ordres d'au-dessus et j'essaie de les réaliser sans poser trop de problèmes.

  • Qui est au-dessus ?

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, Yongguk se mit à rire. Un rire chaud qui contrastait avec ses yeux glacés. Son rire fut bref et franc, assez pour faire arquer un sourcil à Jinhwan.

  • Tu veux que je te livre le nom de l'une des personnes les plus recherchées du pays, tu es si innocent Jinny, sourit-il à nouveau. Les petits patrons comme moi l'appellent par son prénom, mais ceux qui ne le connaissent pas l'appelle Nugudeunji, ou Nugu ça va plus vite.

  • Ceux qui ne le connaissent pas ?

  • Oui, il y en a qui ne le connaissent pas, qui ne l'ont jamais vu et qui n'ont jamais reçu aucun message de sa part. Rien d'anormal.

  • Rien d'anormal ? Répéta Jinhwan, indigné. Ces types là, ils tabassent et tuent des mecs pour quelqu'un qu'ils ne connaissent même pas et tu ne trouve rien d'anormal là-dedans ?

  • Que penses-tu de la religion ?

Jinhwan eut un recul, surprit par cette question. Il tomba dans le regard curieux de Yongguk qui attendait sa réponse.

  • La religion ? Quoi la religion ?

  • Et bien, qu'en penses-tu ?

  • Je sais pas trop, je ne suis pas croyant mais je comprends que certaines personnes aient besoin de croire en quelque chose de suprême à eux. J'imagine que ça leur apporte une certaine stabilité et une impression de sécurité. Je me trompe peut-être après.

  • Non tu as raison. À travers le monde des millions de gens croient en un pouvoir divin et sont prêts à tout pour lui. T'as juste à regarder l'histoire de l'humanité, la religion était souvent la base des guerres. Combien de personnes sont mortes au nom de Allah, la Trinité ou encore Elohim ? Tu as certainement dû entendre parler du Massacre de la Saint-Barthélémy en France, au XVI° siècle. Le massacre des protestants par les catholiques. Bien sûr il n'y avait pas qu'un seul facteur à ce génocide mais le fait est que ce fut un massacre religieux. Et encore, ce n'est que pour citer un seul exemple, mais tu as aussi en 1982, les réfugiés palestiniens tués par des miliciens chrétiens avec l'aide de l'armée israélienne ou alors prends le massacre de Jos, au Nigeria, en 2010, 500 villageois chrétiens sont massacrés à la machette par des musulmans. C'est choquant, pourtant personne ne fait rien parce que le monde est dirigé par cette idée de pouvoir divin. Que tu y crois ou non, ta vie est quand même en parti dirigée par la religion : les fêtes nationales, les jours fériés, la culture du pays, son évolution, son histoire. Tout se rapporte toujours à la religion parce que les gens y croient et ne veulent pas en sortir. Alors bien sûr, je comprends que tu trouves ça choquant ce qu'il se passe dans une entreprise comme la notre, mais imagine la comme une religion et tu verras que ta vision sera différente. Tous ici ont un jour été complètement perdu, tous. Il n'y en a pas un seul qui été le génie de la classe et qui un jour, en plein contrôle de math s'est dit : « tiens, et si je plantais tout pour devenir un gangster ? » non, s'est jamais arrivé. Tous ont été battu par leurs parents ou beaux-parents, tous ont eu des problèmes de familles parfois graves, très graves et on fini d'une façon ou d'une autre à la rue. Il y avait les drogués, les alcooliques, les agresseurs Tous les profils que tu puisses imaginer. Mais ils ont croisé le chemin de Nugu qui les a guidé, qui leur a donné une seconde chance. S'ils travaillaient pour lui ils évolueraient et connaîtraient une vie meilleure. La vente de rêve. Alors tous ont accepté et voilà qui ils sont maintenant. Leur vie n'est peut-être pas la meilleure du monde, c'est loin d'être comme dans les films ou les clips des idoles. On ne roule pas en Lamborghini, on ne tue pas à tour de bras. Par contre, on a tous énormément de considération pour les autres, même si on ne le montre pas forcément. Alors oui, on écoute et croit en quelqu'un que l'on a jamais vu comme les religieux le font. Mais comme eux, on se demande ce que serait notre vie sans Nugudeunji.

  • Tu ne serais pas un tueur, rétorqua aussitôt Jinhwan.

  • Je ne suis pas un tueur. Mais tu as raison, si je n'avais pas suivi Nugu je ne serais pas un criminel, je serais tout simplement mort.

Choqué de cette révélation Jinhwan tourna des yeux ronds sur Yongguk. Que voulait-il dire par « tout simplement mort » ? À ces mots, il lança un dernier sourire à Jinhwan et s'en alla vers ses hommes qui discutaient un peu plus loin. Jinhwan observa alors les alentours avant de sortir son téléphone tout en retournant dans la maison funéraire.

« Vous êtes où putain ?! » Envoyé à Koo Junhoe.

*

La chambre funéraire était l'endroit que Jinhwan tentait d'éviter le plus. Un endroit froid, sans vie, et où il aurait aimé voir sa sœur le plus tard possible. Quand il passa la porte d'entrée vitrée de la maison funéraire, Kiji était assit sur un des fauteuils bon marché qui longeaient le mur à côté de la porte menant à la chambre de Seiyeon. Ses yeux étaient encore gonflés et rouge, ses jambes continuaient de trembler. Lorsqu'il lança une œillade à Jinhwan celui-ci ne put s'empêcher de le prendre par les épaules pour l'enlacer comme s'ils étaient de vieux amis. Ils restèrent un moment silencieux, puis, Jinhwan lâcha le petit-ami de sa sœur pour entrer dans la pièce.

Dans quelques minutes Seiyeon serait placée dans son cercueil, entourée de ses nombreux rubans et fleurs. Ne voulant pas infliger cela à ses parents, Jinhwan avait choisi ses amis pour transporter Seiyeon de ce lit jusque son cercueil. Il avala sa salive, s'installa sur une chaise peu confortable à côté du lit où reposait sa sœur puis il lui prit la main.

  • Pardonnes-moi, dit-il en embrassant les doigts froids de sa sœur. Pardonnes-moi de t'avoir laissé seule au bord de la catastrophe. J'aurai dû être là quand t'avais d'la coke dans les yeux et des tocards tout autour de toi. J'aurai dû être là quand t'as plongé dans la catastrophe. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Demanda-t-il en reniflant. J'me suis enfuis. Je voulais pas t'abandonner mais je suis le plus lâche des lâches. Je donnerai tout pour t'entendre crier avec ta voix immense et ton sourire qui explose.

Il observa un instant le visage de sa sœur, les larmes roulant sur ses joues et espérant la voir se réveiller en se foutant de lui, criant qu'il gobait toutes les blagues. Mais malheureusement aucun de ses cils ne bougea. Il n'y avait aucune blague.

  • Alors comme ça, t'es tombée amoureuse d'un gangster. Tu aurai pu me le dire le soir de mon anniversaire au lieu de baver sur lui comme s'il s'agissait d'un dieu. J'espère que Yongguk a raison et que jamais il ne t'aurai fait du mal, je ne fais sans doute pas le poids face à Kiji, mais je me débrouillerai pour le détruire si jamais j'entends qu'il t'a un jour blessé. Mais j'aimerai quand même savoir ce que tu lui as trouvé, comment tu as fait pour en tomber amoureuse. Toi, la Merveilleuse. Qu'est-ce qu'il s'est passé Seiyeon ? Pourquoi tout s'est écroulé tout à coup ? Tu aurai pu devenir si grande. Pourquoi diable as-tu fini dans ce club pour homme, avec ces gangsters ?

Malheureusement ces questions restèrent sans réponses. Il observa sa sœur, le dos contre la chaise, sa main toujours dans la sienne. Il ne savait plus ce qu'il était censé lui dire. Lui rappeler à quel point il l'aimait ? Il n'en était étrangement plus capable. Lui poser de nouvelles questions ? A quoi bon, il n'aurait aucune réponse. Essayer de comprendre ? Idem, aucune réponse possible de la part de sa sœur. Il décida alors de garder le silence, juste être avec elle jusqu'à ce qu'il doive la placer dans le cercueil qui se trouvait à quelques centimètres d'eux.

Quelques minutes plus tard Jinhwan vit la porte s'ouvrir. Il tourna alors son regard vers celle-ci et vit ses cinq amis se tenir dans son encadrement, tous avec un faible sourire et leurs costumes. Sans bouger il les observa entrer dans la pièce, Yongguk et Kiji à quelques centimètres de ses parents dont les larmes continuaient de rouler. Il observa chaque visage qu'il pouvait voir, encra leurs expressions dans sa mémoire avant de se redresser lentement pour se courber et embrasser le front de sa sœur pour la dernière fois. Là, il quitta le bracelet en argent qui se trouvait à son poignet pour l'accrocher à celui de sa sœur et reculer de deux pas. Il était temps de la préparer pour son dernier lit.

La cérémonie lors de l'enveloppement final de Seiyeon fut d'une exécution parfaite, respectant les règles strictes du pliage, de l'ornement et du nouage d'une centaine de rubans. Lorsque Seiyeon fut enfin prête, Jinhwan se plaça à sa droite, à côté de Chanwoo qui lui glissa une main dans le dos pour l'encourager. Accompagnés par Hanbin, Junhoe, Donghyuk et Yunhyeong, ils soulevèrent délicatement Seiyeon pour la placer avec cette même délicatesse dans son cercueil qui fit mené dans la salle à côté. Les membres de la famille ainsi que les invités s'installèrent alors sur des chaises mises à disposition pour la cérémonie. Comme il fut le dernier à lui dire au revoir, Jinhwan fut le dernier à lâcher Seiyeon pour rejoindre sa chaise. La cérémonie pu alors débuter. Une cérémonie qui dura aux alentours d'une heure, présidée par un employé de la maison funéraire qui rendit hommage à Seiyeon. Le cercueil fut ensuite fermé.

  • Adieu, murmura Jinhwan.

A la suite de cette cérémonie, tous les invités et la famille quittèrent la maison funéraire pour rejoindre le foyer familial où serait célébré le premier Jesa, le banquet en l'honneur des morts. En silence Jinhwan décida de monter dans la voiture louée par Yunhyeong qui lui caressa la nuque avant de suivre la route en direction de la maison Kim. Juste derrière la voiture de ses parents, il se trouvait en tête de cortège avec une flottée de Mercedes Wagon derrière eux. La voiture était silencieuse, les garçons ne disaient rien. Respectueux de la souffrance de leur ami.

Quand ils arrivèrent à la maison, Jinhwan eut la responsabilité d'ouvrir les portes afin que les esprits des morts puissent s'y introduire puis les invités suivirent. Tous entrèrent en s'inclinant avant de se diriger vers la salle à manger où avait été installés tous les plats du repas en l'honneur de Seiyeon. Certains invités remplir des verres d'offrandes d'alcool de riz puis s'inclinèrent.

Jinhwan observait toute cette mise en scène, incompréhensif. Comment toute la maison avait-elle pu être nettoyée et ainsi préparée après la nuit qu'il avait passé ici ? Il chercha un instant Yongguk du regard pour le trouver dans un coin, droit et serein. Il le vit alors doucement lui sourire avant de retourner son regard sur ses amis qui, silencieux, prenaient part au repas.

N'ayant pas faim, Jinhwan avait quitté la maison pour s'installer de l'autre côté de la route, face à la mer qui se jetait sur les roches un peu plus bas. Les mains dans les poches il essayait de ne pas entendre le silence qui englobait sa maison en pensant à tout ce qu'il pouvait. Plus loin, le ciel bleu se chargeait. Il sentit alors une main dans son deux, puis une seconde. Détournant son regard de l'étendue bleue il trouva le visage de ses amis qui l'entourèrent en lui souriant tendrement. Chanwoo, avec qui il était pourtant en froid, glissa une main dans sa nuque pour la lui caresser. Hanbin restait silencieux, le regard sur l'horizon, mais bien là. Il pensait probablement à Jiwon resté inconscient à Séoul. Donghyuk lui prit la main pour caresser chacun de ses doigts. Yunhyeong terminait son bol de riz en en proposant à Jinhwan qui refusa, acceptant néanmoins la petite bouteille de Soju offerte par Junhoe.

  • Je ne sais pas ce que je vais devenir, dit-il à ses amis.

  • Ca va aller, t'es pas tout seul, répondit aussitôt Donghyuk en caressant un peu plus sa main.

  • Je crois que je suis en train de tomber les gars.

  • Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda Yunhyeong.

  • Il ne faut jamais avoir peur de tomber car tu arriveras toujours à te relever, répondit Junhoe en terminant son soju.

Jinhwan esquissa un sourire triste.

  • Merci d'être venus.

  • C'est ce que les amis font, murmura Hanbin, tu étais là pour Jiwon, nous sommes tous là pour Seiyeon. C'est normal.

  • J'aurai compris que vous ne veniez pas, vous avez d'autres choses à faire.

  • Nous n'avons rien d'autres à faire, continua Hanbin. Il y a beaucoup de drôles d'oiseaux ici et cette histoire n'est pas claire. Nous allons rester à tes côtés et t'aider. Nous ferons ce qu'il faut pour découvrir la vérité.

  • Et les auditions ? Elles sont dans quelques semaines, non ?

  • Il n'y a plus d'auditions, fit cette fois Donghyuk. Nous ne ferons pas les auditions tant que Jiwon et toi n'êtes pas avec nous. Nous les passerons ensembles ou nous ne les passerons jamais.

Jinhwan ne répondit pas, préférant éviter le sujet de Jiwon. Ils restèrent alors silencieux quelques instants, bercés par les vagues qui mourraient plus bas. Hanbin allait dire quelque chose lorsqu'une silhouette filiforme fit son apparition dans le groupe. Une odeur de cigarette se mélangea à celle du Soju, Jinhwan cru d'abord à Yongguk jusqu'à ce qu'il ne voit le visage tatoué de Kiji.

  • Vous pouvez nous laisser ? Demanda-t-il avec autorité.

Les garçons n'osèrent rien dire et après une tape dans le dos ils laissèrent Jinhwan en compagnie de Kiji qui se plaça à côté de lui, cigarette entre les lèvres. Enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon, Jinhwan tourna à nouveau son visage sur la mer et les bateaux alentours.

  • Qu'est-ce qu'il s'est passé entre Seiyeon et toi ?

  • Une histoire d'amour, Jinhwan. Une histoire d'amour bête et con. Je suis tombé fou amoureux d'elle et je crois que c'est cet amour qui l'a perdu.

  • Pourquoi je n'ai pas de mal à te croire ?

  • Parce que c'est la vérité. Seiyeon et moi nous nous aimions. Nous avons vécu une histoire comme on n'en vit qu'une seule dans notre vie. Pour quelqu'un comme moi, l'amour c'est pas vraiment la priorité dans ma vie, au contraire. Mais je ne sais pas, peut-être le coup de foudre j'en sais rien. J'en suis tombé amoureux dès que je l'ai vu et je n'ai jamais pu me l'enlever de la tête depuis. Je passais mon temps à essayer de la séduire mais j'étais maladroit et elle arrêtait pas de me repousser. Sauf qu'un jour elle est entrée dans ma chambre sans en avoir ma permission, j'étais parti bosser et quand je suis rentré elle était là, allongée sur mon lit à lire le manuscrit de mon livre. Je ne l'avais pas terminé mais il était déjà bien avancé et elle avait tout lu en une journée et à partir de ce moment elle ne m'a plus lâcher. Volant mes chapitres sans mon autorisation pour les lire et me donner son avis, les pieds sur mon bureau pendant que j'écrivais sur ma machine. Elle était adorablement insupportable et moi j'avais le cœur qui pendait aux lèvres. Nous nous sommes rapprochés et un jour elle m'a volé le manuscrit complet du livre pour aller le lire dans sa chambre, je n'étais pas d'accord, évidemment, alors pour me convaincre de la laisser partir avec elle m'a embrassé. Un simple baiser qui m'a bloqué pendant de longues secondes et quand je suis revenu à la réalité elle était déjà parti avec le manuscrit. Quand elle est revenu nous étions ensembles puisqu'elle m'a sauté dessus pour m'embrasser de toutes ses forces. Elle était amoureuse de mes écrits et de moi. Malheureusement je n'étais pas la bonne personne pour elle.

  • Si tu l'aime alors tu l'étais.

  • Il ne suffit pas d'aimer une personne pour être une bonne personne pour elle. J'aimais Seiyeon plus que tout au monde et je continuerai de l'aimer jusqu'à ma mort aussi lointaine soit-elle. Mais quand tu tombes en amour avec quelqu'un comme moi, tu ne peux pas t'attendre à une bonne vie de couple paisible avec des plateaux télé. Tu ne peux pas espérer avoir une vie tranquille. C'est tout bonnement impossible. C'est pour cette raison que peu d'entre nous sont en couples, personne ne l'est d'ailleurs. Notre vie uelle se résume aux prostituées que nous employons et avec qui nous sommes devenus amis. Notre vie sentimentale est inexistante. J'imagine que c'est pour ces raisons que nous ne voulons pas de vie sentimentale, la perte de l'être aimé est tellement douloureuse que cela nous affaibli, mais nous ne pouvons pas nous permettre d'être faible.

  • Tu penses qu'aimer ma sœur t'as rendu faible ?

  • Non, sourit-il, l'amour a sans doute été la chose la plus forte que je n'ai jamais réalisé. Ma plus belle conquête. Parce que, quand tous les hommes se seront tués, il y aura de nouveaux hommes. Après les musiques, livres et tableaux, il y aura de nouvelles façons de faire l'art. Après la gloire des acteurs, il y aura la gloire de nouveaux acteurs. Quand il n'y a plus d'argent, on peut toujours en refaire. Mais quand l'amour meurt, il n'y a plus que les larmes. Alors aimer ta sœur ne m'a pas rendu faible, je n'ai jamais été aussi fort qu'en l'aimant. Mais j'étais fort envers elle, pour elle. Je baissais mes défenses pour les lui céder et la protéger envers et contre tout. Elle était cette pierre précieuse que l'on chérit à l'infini de peur de la briser.

  • De toute évidence tu n'étais pas assez fort pour la protéger.

  • Je suis désolé, sans cet amour, elle serait peut-être encore en vie...

Lorsque le ciel fut aussi noir que possible, Jinhwan quitta sa chambre d'hôtel pour rejoindre l'extérieur. Il tenait un vieux carnet à la couverture en cuir usée, sur la tranche l'année 2012 inscrite en lettres d'or. Seul sur la terrasse de l'hôtel, il enclencha le feu dans le brasero pour se réchauffer et s'offrir une légère lumière. Il avait également emporté avec lui une tasse d'Earl Grey qu'il sirotait en observant la couverture, incertain de vouloir lire la fin de ce journal. Il se sentait mal de lire ainsi la vie privée de sa sœur défunte, mais c'était le seul moyen pour lui de la connaître un peu plus et savoir ce qu'il s'était réellement passé. Même si jusqu'à présent, il n'avait rien apprit si ce n'est ses déboires et sa relation avec Kim Kiji. Jinhwan ne perdait pas espoir, il refusait. Il passa alors plusieurs dizaines de minutes à lire des éloges sur Kiji, son talent d'écrivain et la peur que ressentait Seiyeon à chaque fois qu'il partait avec les autres goons. Puis, un mot à son attention attira sa curiosité. Seiyeon avait écrit :


 

Jinhwan, je suis probablement morte si tu lis ceci, mais il faut que tu

fasses quelque chose pour moi. S'il te plaît, il faut que tu te rendes

dans ma chambre, ma véritable chambre au sein de Yongsang-Gu.

Sur le bureau il y a un Maneki-Neko, à l'intérieur il y a une clé.

C'est la clé du garage 99 non loin du port. Vas-y et brûles tout. Demande

l'aide de Kiji ou Yongguk, car je pense que tu seras plus proche

de Yongguk que Kiji, enfin bref. Allez-y ensembles et brûlez tout.

Vous êtes en danger.

 

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Comments

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tt_9800 #1
Chapter 4: Chapter 4: Très intriguant!! Merci beaucoup!! ?