Chapitre Onze :

Renaissances.

 

«Tu ne devrais jamais baisser les bras. Tu devrais toujours te battre

car ce monde est cruel.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il courait à s'en brûler la poitrine. Bousculant des passants, traversant au feu rouge. Il n'avait que faire du code de la route et des gens qu'il croisait. Il courait à en perdre haleine, les larmes roulant sur ses joues et ses pieds lui faisant aussi mal que s'il marchait sur du verre.

Il courait ainsi depuis dix minutes, ne s'arrêtant que lorsque son souffle lui manquait. Le ciel était gris mais aucun risque de pluie, en revanche le vent était violent et ne l'aidait pas à conserver son équilibre. Quelques fois balayé par de dures bourrasques il se rattrapait comme il le pouvait et continuait sa course. Il avait quitté Paris Baguette comme une furie, prévenant à peine Jihyo de son départ. Heureuse elle l'avait regardé galoper quelques instants avant de reprendre le travail.

Quand il arriva devant sa situation, il ne se laissa aucun répit et continua de courir, traversant le hall d'entrée et grimpant les escaliers quatre à quatre. Lorsqu'il arriva au quatrième étage il était à bout de souffle mais incapable de s'arrêter, il prendrait une pause quand il serait arrivé. Alors il s'attira les foudres des infirmières et médecins qui lui demandaient de ralentir. Mais il n'en avait que faire. Il courait. Encore. Lorsqu'il arriva devant sa destination la porte était déjà ouverte alors il entra et se rua au niveau du lit, devant lequel il tomba à genoux.

Kim Jiwon était réveillé.

Après la mort de Seiyeon plus aucune nouvelle n'avait eu cette saveur. Plus rien ne lui avait donné envie de vivre et rire que de savoir que Jiwon était à nouveau conscient. Alors Jinhwan ne put se retenir et fondit en larmes à côté du lit de son ami, le souffle saccadé par sa course et toutes les émotions qui le traversaient. À ce moment présent il était heureux de retrouver Jiwon mais aussi apeuré à l'idée de lui dire dans quelle situation est-ce qu'ils étaient maintenant, de lui dire tout ce qu'il avait manqué, lui dire que Hanbin était en prison. Il s'était passé plus de choses en deux mois et demi qu'en toute une vie.

Il sentit alors de longs doigts glisser sur son avant-bras et doucement le hisser. Alors, les jambes tremblantes, Jinhwan se redressa pour se glisser ensuite sur le lit et se lover contre Jiwon qu'il serra de toutes ses forces. Aucun bruit ne venait perturber ce moment. Dans la chambre seuls les machines auxquelles étaient reliées Jiwon ainsi que leurs respirations se faisaient entendre. De temps à autres les reniflements de Jinhwan venaient troubler la mélodie, jusqu'à ce qu'il ne se redresse un peu pour observer son ami dans les yeux et voir son sourire de lapin.

• Tu n'as toujours pas grandi, constata Jiwon en souriant. Mais tu as maigri.

• Je n'peux pas tout faire en même temps, répondit Jinhwan dans un sourire.

• J'ai appris la nouvelle, je suis désolé de ne pas avoir été à tes côtés à ce moment-là, dit-il dans un sourire peiné.

• Le plus important c'est que tu sois là maintenant, et en bonne santé.

• Bonne santé je n'sais pas, fit Jiwon en se redressant un peu sous le corps de Jinhwan, mes jambes ne fonctionnent plus comme avant alors je vais devoir faire de la rééducation, mais pendant que tu marcheras, moi j'aurai un magnifique fauteuil, un truc de compét, sourit-il.

Le sourire de Jiwon était si sincère qu'il brisa le cœur de Jinhwan. Comment pouvait-il supporter autant de nouvelles ? Il glissa alors une mèche de cheveux derrière l'oreille de Jiwon et soupira :

• Il va falloir les couper, lui dit Jinhwan dans une moue. Aussi, il faut que je te dise quelque chose.

• Je sais, je suis au courant, répondit aussitôt Jiwon. Ses parents sont venu me voir, ils m'ont tout raconté. J'ai demandé à le voir mais je dois attendre l'autorisation de mon médecin et de la prison. Je n'y crois pas Jinhwan, ajoute-t-il des sanglots dans la gorge. Je n'y crois pas. Ce n'est pas Hanbin qui a fait ça, jamais il ne ferait une chose pareille, pas mon Hanbin. Tu te souviens bien quand il y a eu l'histoire avec le cousin de Minho, comment il était, alors jamais Hanbin n'aurait pu faire une chose pareille.

• Je suis d'accord avec toi, mais tu ne dois pas t'inquiéter, l'enquête est en cours et je suis certain que Hanbin sera innocenté.

Jinhwan se sentait mal, mais il ne voulait rien dire à propos de la tentative de viole et du reste à Jiwon. Il était préférable qu'il ne sache rien de tout ça pour le moment. Alors il lui intima qu'il se débrouillait également de son côté pour régler tout ce chaos, même si les choses commençaient à devenir de plus en plus complexes.

Et tandis qu'ils étaient installés l'un contre l'autre sur le lit d'hôpital, la télévision en marche sur une chaîne d'animés, Jinhwan raconta ces deux derniers mois à Jiwon. Il évita de parler de Yongsang-Gu et de tout ce qui s'en rapprochait. Ils passèrent quelques instants à rire sur la mésaventure liant Yunhyeong et Donghyuk avant que Jiwon ne soit choqué d'apprendre que Jinhwan avait eu une relation avec Chanwoo. Ils passèrent très peu de temps sur le sujet de Seiyeon, Jinhwan ne voulait pas trop en parler et Jiwon le comprenait bien. Ils revinrent rapidement au sujet de Jiwon qui en grimaça.

• Je ne me souviens pas très bien, je suis seulement sorti en avance des examens, j'ai voulu faire une surprise à Hanbin en lui achetant un petit quelque chose avant qu'il ne me rejoigne et deux types me sont tombés dessus.

 

*

 

Vendredi 21 décembre 2012

 

C'était la dernière fois qu'il utilisait son stylo à encre avant de nombreux jours. Jiwon observa sa copie qu'il relu pour vérifier ses fautes puis il se leva pour rendre son examen, récupérer ses affaires et quitter l'école. Il enfila son long manteau noir et parcouru les couloirs en souriant, son casque sur les oreilles. Il était ravi que les cours soient enfin terminés, à présent il pourrait se concentrer sur Hanbin et seulement Hanbin. Il voulait lui préparer un réveillon des plus mémorables, qu'ils soient tous les deux chez eux avec Honey et une jolie décoration.

Jiwon avait très rapidement comprit que son petit-ami était fanatique du continent sur américain, alors il avait parcouru la ville pour lui trouver le parfait cadeau de noël en rapport avec le continent. Il l'avait soigneusement emballé et caché dans l'appartement. Maintenant Jiwon voulait offrir une nouvelle chose à son amant, mais qu'est-ce qui pourrait lui faire plaisir, maintenant ? Il quitta alors l'enceinte de l'école pour rejoindre un café qui se trouvait dans une rue adjacente, un petit coin qui serait prit d'assaut par les étudiants à la fin des examens.

C'était un café où Hanbin adorait se rendre. Il répété sans cesse que le meilleur thé à la citrouille se trouvait ici. Alors pour lui faire plaisir Jiwon décida de lui acheter un thé à la citrouille ainsi qu'une part de gâteau aux carottes.

• Kim Jiwon ? Entendit-il derrière lui.

Il allait entrer dans le café lorsque cette voix l'interpella. Il se retourna alors pour voir se rapprocher, tous les deux vêtus d'une veste de cuir cloutée et peinturlurée. Jiwon était certain de ne pas les connaître. Méfiant, il recula d'un pas.

• Tu es bien Kim Jiwon ? Demanda celui avec une fossette.

• Oui, pourquoi ?

• Tu es croyant n'est-ce pas ?

• Qu'est-ce que ça peut faire ?

• Tu vas venir avec nous, c'est l'heure de la prière.

Jiwon n'eut pas le temps de comprendre qu'ils le prirent par les épaules pour le tirer dans une autre rue et le pousser contre un mur. Sous le choc il toussa avant de se redresser, essayant de comprendre.

• Les gars, j'vous connais pas, j'sais pas ce que vous me voulez mais j'ai rien fait de mal j'vous assure !

• À genoux, ordonna celui qui avait une chaîne autour du cou tout en sortant une batte de son dos.

• Qu'est-ce que … qu'est-ce que vous allez me faire ?

• À genoux et commence ta prière, tu vas avoir besoin de Dieu.

Terrifié Jiwon obéit sur le champ, le mains liées, les yeux clos et sa voix murmurant la seule prière qu'il connaissait. Il entendit les hommes rire, se battre pour savoir lequel des deux puis une douleur extrême vint frapper la hanche de Jiwon qui s'appuya sur sa main droite pour ne pas tomber. Il continua sa prière alors que les coups le frappaient avec violence. Chacune de ses respirations était douloureuse, chacun de ses mouvements un calvaire et pourtant il continuait à se tenir droit. Il resta ainsi jusqu'à ce qu'un grand coup lui soit donné dans le dos et qu'il entende ses os se briser comme du verre. Il tomba alors au sol dans un ultime coup donné au visage. Il sentit alors le sang s'échapper de ses vaisseaux puis il sombra, un hurlement familier arrivant à ses tympans. Hanbin venait de le trouver.

 

*

 

• Tu n'as aucun autre souvenir de ces types ? Seulement la fossette et la batte ?

• Je devrais retrouver la mémoire d'ici quelques jours, j'ai besoin de repos pour le moment mais dès que j'en saurai plus, je te le dirai.

• C'est déjà très bien que tu te souviennes de cela.

Jinhwan ne s'était pas éternisé à l'hôpital. Après une longue étreinte avec Jiwon il avait quitté la chambre, croisant le chemin de Junhoe qui ne lui adressa pas même un regard. Ce manque d'attention fit mal au cœur à Jinhwan qui ne savait plus quoi faire pour récupérer son ami.

Lorsqu'il se retrouva dans le hall d'entrée de l'hôpital, il eu la surprise de voir Kim Kiji dans la salle d'attente : les jambes étalées devant lui, une sucette à la bouche et les yeux rivés sur son téléphone. Curieux, Jinhwan se dirigea vers lui et prit place sur le fauteuil à la droite du garçon.

• Qu'est-ce que tu fous ici ? Lui demanda Kiji sans même lever les yeux sur Jinhwan.

• Mon ami est sorti du coma, et toi ?

• Ce con de Yongguk doit se faire recoudre la gueule. Il ne devrait plus tarder si tu veux le voir, ajoute-t-il avec un sourire en coin.

• Non ça ira. Mais dis-moi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

• Rien qui te regarde pour le moment.

• Pour le moment ?

• Tu verras en temps et en heure si jamais tu rentres à la maison. D'ailleurs sois chez toi à 20h30, maintenant casse toi j'ai pas envie de te voir roucouler devant Yongguk.

• Je ne roucoule pas devant lui !

Jinhwan était fatigué des allusions de Kiji, elles étaient toutes fausses ! Il pesta à nouveau contre lui et quitta l'hôpital.

 

À 20h30 précise l'interphone de Jinhwan se mit à hurler dans son appartement. Dans un cris de surprise il jura contre l'idiot qui appuyait sans arrêt sur la sonnerie puis observa l'idiot en question par le petit-écran montrant l'entrée de la résidence.

• C'est pour quoi ? Demanda-t-il.

• Salut ! J'm'appelle Choi Junhong, c'est Yongguk hyung qui m'envoie ! Est-ce que je peux entrer ?

Cinq minutes plus tard il se retrouvait en face d'un gamin de dix-sept ans déjà bien plus grand que lui. Son visage était rectangulaire, ses cheveux décolorés et bouclés. Il semblait innocent, trop innocent. Que faisait-il dans les rangs de Yongguk ? Et pourquoi Yongguk n'est pas venu de lui-même ?

• Je suis venu voir si tu rentrais avec moi ou si tu restais ici, dit-il en souriant. Yongguk hyung aurait dû te prévenir avant de mon arrivée mais il n'a pas voulu alors je suis désolé si je te dérange, c'est de sa faute.

• Où est-il ?

• Il se repose, répondit aussitôt Junhong. Il a passé quelques jours avec … non je ne devrais pas le dire, se rectifia-t-il aussitôt. Enfin bref. Est-ce que tu as besoin que je t'aide à porter quelque chose ou tu reste ici ?

Jinhwan l'observa. Il était si innocent. Quel était son rôle chez Yongsang-Gu ? Pourquoi y était-il ? Il parti alors subitement dans sans chambre et en revint, traînant deux sacs de voyage avec lui.

• Je ne sais pas ce que je suis censée faire avec mon appartement et ce qu'il me reste à l'intérieur, confia-t-il en observant les quelques pièces de décoration qu'il restait.

• On reviendra les chercher plus tard, sourit Junhong en attrapant un sac. Je ne pense pas que Yongguk hyung y voit un inconvénient. Est-ce que tu savais que tu étais du coup l'un des premiers à emménager à Honeysuckle ? La plupart n'ont pas encore eu le temps de ranger leurs affaires à cause du travail. D'ailleurs je me demande quel poste tu vas avoir, peut-être que l'on sera ensemble, ce serait cool je n'aime pas trop être seul et au moins on pourra faire connaissance. Peut-être aussi que ça t'aidera à t'intégrer plus facilement, il y a quelques sauvages parmi nous. Oh j'avais pas vu l'heure, il faut qu'on y aille.

Il ne servait à rien de réfléchir, seulement suivre Junhong qui partait avec les deux sacs de voyage, laissant les mains libres à Jinhwan qui put prendre son sac à main masculin en cuir noir. Il enfila rapidement un épais sweat noir et quitta son appartement, fermant à clé derrière lui. Ainsi sa nouvelle vie commençait.

Jinhwan n'avait pas mis longtemps à prendre sa décision. Très rapidement il avait su qu'il partirait avec Yongsang-Gu au moment venu, pour la simple et bonne raison qu'il en avait assez de chuter. Après trois mois au fond du gouffre il était temps pour lui de se redresser et faire face au monde et ses injustices. Il ne voulait pas devenir un super-héros, si même un justicier. Il voulait seulement trouver des réponses à ses questions mais surtout venger sa sœur.

Il s'était longuement installé sur son canapé, réfléchissant à cette motivation. Est-ce que la vendetta était suffisante pour rejoindre un gang ? Tard dans la nuit, après s'être rappelé les mots de Yongguk et tout le reste, il s'était finalement dit que oui. La police allait faire son travail, mais est-ce que cela suffirait à Jinhwan ? Il était bien évident que non. Il lui fallait plus, bien plus.

Alors il avait prit cette décision qu'il était certain de regretter un jour ou l'autre mais pour le moment, c'est ce qu'il voulait. Alors il suivit Junhong jusqu'une berline noire et s'installa à ses côtés.

Ce que voulait Jinhwan c'était avant tout découvrir qui était le responsable de la mort de Seiyeon. Il voulait savoir qui était le tueur, mais il se doutait bien que le tueur n'était pas l'unique responsable. Il ne devrait alors faire confiance à personne, rester méfiant envers ceux qu'il connaissait déjà. Il devrait faire attention à lui plus que jamais et comprendre où est-ce qu'il avait mis les pieds. Il ferma alors un instant les yeux, se concentrant sur le bruit de la voiture qui le relaxait. Il ne savait pas encore dans quelle merde est-ce qu'il s'était mis mais un retour en arrière était inconcevable.

 

Il n'y avait qu'un seul chemin pour se rendre à Honeysuckle et en l'espace d'une semaine celui-ci avait été sécurisé et entouré d'une rempart de trois mètres de hauteurs avec caméras et barbelés. Ce mur d'enceinte avait été camouflé par de nombreux arbres et buissons qui cachaient parfaitement la nouvelle propriété du gang. Pour utiliser le chemin il fallait passer un poste de sécurité, poste qu'ils passèrent facilement, puis il fallait longer le long chemin rocailleux.

Au bout du chemin un deuxième mur recouvert de verre, Jinhwan savait que derrière se trouvait les deux hanoks. Il étira un léger sourire, voyant d'ici la lumière dans les appartements de Yongguk. Mais il perdit son sourire lorsque la voiture se stoppa, bien avant le portail qu'ils avaient passé il y a tout juste une semaine. Junhong sorti du véhicule le premier, empoignant les sacs de Jinhwan, puis il commença à marcher en direction de l'entrée alors que la voiture faisait demi-tour dans la boue, plantant ainsi Jinhwan au milieu de celle-ci. Il ne pouvait pas rêver mieux.

Ses Doc Marten's pleines de boue il entra dans la cour et observa à nouveau l'endroit. Il semblerait qu'en une semaine de nombreux travaux aient été fait : la cour s'était transformait en parfait jardin japonais avec quelques bassins s'écoulant les uns dans les autres, de petits passages étroits entre les bosquets de fleurs et un pont qui menait de l'autre côté de la propriété, directement dans la forêt. Jinhwan se demanda alors ce que Yongguk avait bien pu faire installer dans cette partie de la propriété, il savait qu'il y avait la statue de Ganesh, mais peut-être y avait-il autre chose. Le terrain de basket qui se trouvait sur le toit de l'ancien repère probablement.

• J'espère que ça te plaît.

Il se tourna vers le hanok de droite d'où sortait Yongguk avec une épaisse robe de chambre blanche aux écritures noires. Jinhwan ne mis pas longtemps à remarquer son bras en écharpe et son hématome sous l’œil.

• Ce n'est rien, dit-il en voyant le regard de Jinhwan sur sa blessure. Junhong, tu peux installer ses affaires dans la chambre qui était réservée à sa sœur ? Nous allons dîner.

De sa main valide Yongguk empoigna l'épaule de Jinhwan et lui sourit, visiblement satisfait de le voir ici. Même s'il était difficile de se l'avouer, Yongguk était sans le dernier être libre qui lui restait. Avec Hanbin en prison et Jiwon coincé sur son lit, il ne restait plus grand monde à Jinhwan.

Ils entrèrent dans un salon et aussitôt Jinhwan fût surprit par le bruit. Il y avait une dizaine d'hommes, tous occupés au téléphone ou concentrés dans une conversation qui semblait des plus importantes. Quand il traversa le salon, toujours sous la main de Yongguk, quelques regards se tournèrent rapidement vers lui avant de l'ignorer à nouveau. Il n'y en a qu'un qui resta collé à lui. C'était celui d'un homme approchant la trentaine. Il avait un regard triste et des cheveux orange. Il resta un moment à lui rendre son regard puis Yongguk le mena dans une salle à manger où il le fit s'installer à côté de lui. Plusieurs barbecues avaient été installés sous des hottes, beaucoup de plats prenaient déjà place au milieu des bouteilles de soju, whiskey, soda et une seule d'eau.

• Ils sont en train de préparer pour mon anniversaire, confia Yongguk en souriant. Cette année nous allons accueillir les dirigeants des autres secteurs de l'entreprise.

• Des autres secteurs ?

• Busan, Daegu, Jeju, tout ça. On s'étend sur tout le pays.

Ils restèrent un moment en silence avant que Yongguk ne reprenne :

• Il va falloir que l'on te trouve une place d'ailleurs. Tu te souviens des postes qu'il y a ici ?

• Coureur, goons et puis toi ?

• Bonne mémoire, sourit Yongguk. Je vais probablement atteindre à ta fierté, mais tu n'as pas ce qu'il faut pour être un goons et je ne vais pas te donner ma place alors …

• Non s'il te plaît, pas coureur, le coupa Jinhwan. Je n'veux pas avoir de la drogue ou je n'sais quoi sur moi. Je ne suis absolument pas doué pour cacher les choses, je ne sais pas mentir non plus. Ce serait trop risqué pour toi et pour moi.

• J'ai tout ce qu'il me faut en coureur donc tu n'as pas de soucis à te faire là-dessus. Par contre, il serait bien que tu aides un des gars dans sa course.

• Qu'est-ce que tu veux dire ?

• Tu seras le pilote pendant les courses. Tu ne seras pas le livreur, juste le taxi qui accompagne le livreur aux différents rendez-vous. Je ne vais pas te mettre avec n'importe qui et tu ne connais personne à part Junhong en coureur, est-ce que cela te convient ?

• On va dire ça oui, murmura Jinhwan inquiet.

• Il n'y a aucune livraison prévue avant deux jours alors demain matin tu iras t'entraîner avec Kiji, il viendra te chercher et vous irez à la salle ensembles. Je ne peux pas te faire venir à nos entraînements collectifs pour le moment, je doute que tu sois quelqu'un qui ai passé beaucoup de temps à se battre alors il vaudrait mieux que tu apprennes avec Kiji avant de venir avec nous.

• Tu m'prends pour un tocard ?

• Non, un petit être fragile qui n'a jamais eu à lever la main sur quelqu'un puisqu'il a toujours eu quelqu'un pour le défendre.

• Dois-je te rappeler le coup que je t'ai mis ?

• Bah tiens, juste pour ça t'es corvée de vaisselle ce soir.

• Quoi ?!

• Et ouais mon chou, fallait pas cogner ton patron.

Jinhwan n'osa pas discuter les ordres de Yongguk, s'il le faisait il aurait probablement de nouvelles corvées. Alors il garda le silence tout au long du dîner, observant les différents hommes qui entouraient la table et discutaient de leurs affaires. Kiji était assis à la droite de Yongguk, mais au lieu de parler il restait sur son téléphone avec une mine sérieuse. Cela étonna Jinhwan, d'autant plus que Yongguk ne lui disait rien.

À la fin du repas Jinhwan regrettait le coup qu'il avait mis à Yongguk lorsqu'ils étaient sur Jeju. Il y avait tellement de choses à nettoyer qu'il était certain de ne pas pouvoir dormir de la nuit. Heureusement Junhong et sa bonne humeur était venu l'aider.

• Je suis content de le revoir sourire comme ça, ces derniers jours ont été un peu compliqués pour lui, confia Junhong en nettoyant un des barbecues. Il n'est pas du genre à sourire énormément non plus, à mon avis ses anti-douleurs aident pas mal, mais ça fait du bien, il est moins tendu.

• Qu'est-ce qu'il s'est passé ces derniers jours ?

• Il a été convoqué par Nugudeunji, ce n'est pas la première fois qu'il y va, mais jamais il n'est revenu comme ça.

• Avec des hématomes et un bras en écharpe ?

• Ouais, son épaule a été cassée et il refuse de nous dire pourquoi mais on s'en doute bien. Les derniers résultats n'ont pas été géniaux et on a perdu quand même pas mal de gars. J'imagine que Nugudeunji n'a pas été très ravi.

• Tu pense qu'il l'a battu ?

• C'est possible, je pense que Nugudeunji est la seule personne que Yongguk crains et devant qui il n'a aucun pouvoir.

Le regard de Jinhwan se tourna vers Yongguk qui était installé sur un fauteuil en face de la cuisine, il avait les yeux rivés sur l'homme aux cheveux orange qui était en train d'observer son visage pour en soigner l'hématome. Jinhwan resta un moment à l'observer, même lorsque l'homme aux cheveux orange aida Yongguk à retirer son t-shirt pour s'occuper des autres blessures et de l'épaule. Yongguk souffrait, il n'y avait aucun doute là-dessus et cela inquiéta Jinhwan. Est-ce que tout ça valait vraiment le coup ?

Il rejoignit sa chambre, précédé par Junhong qui lui expliqua que pour le moment il ne pouvait pas la décorer à sa guise. Il y avait un mois de délais, si dans un mois Yongguk avait assez confiance en lui, alors Jinhwan pourrait faire ce qu'il voulait de sa chambre, mais pour le moment elle devait rester telle quelle.

La chambre n'était pas très grande et ne disposait que d'un lit et un support à vêtements. Pas de miroir, pas de bureau, pas même de chaise. Rien du tout. C'était froid au possible. Quand il se retrouva seul à l'intérieur Jinhwan ne put s'empêcher de soupirer, regrettant aussitôt son appartement soigneusement décoré. Il vida ses sacs pour ranger ses vêtements comme il le pouvait et le plus proprement possible. La fenêtre dont il disposait se trouvait face au lit et lui offrait une vue sur le jardin et la forêt. Il entendit alors des pas dans le couloir et deux voix s'élever : Yongguk et quelqu'un qu'il ne connaissait pas, l'homme aux cheveux orange ?

• Je ne sais pas si tu as bien fait Guk. On ne le connaît pas si bien que ça.

• J'ai confiance en lui, Kiji aussi, cela me suffit. Et puis, on n'était proches d'aucun des gars avant leur arrivée ici, on a appris à les connaître et à leur faire confiance.

• Mais regardes le ! Il n'a pas sa place ici.

• Parce qu'il n'a pas la tête d'un tueur ? Au contraire, je trouve qu'il a toute sa place ici et que justement, ce côté mignon ne peut que nous aider à nous remettre d'aplomb. Nos gars ressemblent trop à des tueurs en série, ils ne passent pas inaperçu. Jinhwan oui. Et même sans cela, il a toutes les raisons d'être ici. Il faut juste lui laisser une chance 'Nam.

• Nugu t'as déjà laissé une chance, si tu te trompes sur ce gamin tu n'en auras pas une deuxième.

• Ai confiance en moi Yongnam, tout va bien se passer.

Jinhwan fut alors frappé d'une violente angoisse.