Cinq.

CHAOS


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre Cinq :

Concernant Kiji

 

« Au fond, pourquoi tu n'es pas devenu écrivain ?

  • Parce que j'ai renoncé, et je n'aurai jamais dû. Tu sais Jinhwan, la liberté c'est une guerre en soi. Nous vivons dans une économie où les employés de bureau son résignés, et j'aurai aimé pouvoir sortir de ce mauvais pas, me battre à la fois contre moi-même et contre le monde entier. La liberté, c'est un combat de chaque instant dont nous n'avons pas conscience. Alors j'écris pour moi, pour avoir cette petite liberté que Yongsang-Gu me permet aussi d'avoir, mais que je n'aurai jamais totalement. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Le soir du 20 février 2013, alors qu'il voyait les flammes s'échapper du garage 99 et se propager aux garages mitoyens, il s'écoula un certain laps de temps entre le moment où Jinhwan appela Yongguk et Kiji ainsi que leur arrivée.

Tandis que les pompiers s'activaient sur l'incendie, le gangster en chef se rapprocha de Jinhwan, les mains sur les hanches et la mine inquiète.

  • Tu n'es pas blessé ? Lui demanda-t-il en l'observant.

  • Non, je vais bien, c'est juste tous les garages qui ont failli brûler.

  • Tu sais ce qu'il s'est passé ?

  • J'arrivais avec ma Rocket, dit-il en pointant sa 125 un peu plus loin, et je voyais déjà des flammes au loin. Je pensais que vous étiez arrivés mais quand je me suis engagé je n'ai vu qu'une silhouette qui s'enfuyait à travers les conteneurs, par-là, ajoute-t-il en pointant la direction. Le garage était déjà en flamme.

  • Tu n'as pas eu le temps d'identifier cette personne ?

  • Je sais juste qu'il devait être plus grand que moi, mais ça, ça ne va pas beaucoup aider.

  • Non, en effet. La police va sûrement te poser des questions, sur ce que tu as vu et ce que tu faisais là, dis leur simplement que tu voulais récupérer des souvenirs de ta soeur quand tu as vu le feu. Ne leur parle pas de la silhouette. Ils voudraient en savoir plus et il ne faut pas, il ne faut rien dire.

Un policier arrivé en même temps que les pompiers et qui fouillait les alentours du garage les héla soudain. Il venait de trouver un graffiti dans le garage :


 

Tu seras le prochain, Bang !


 

  • Pourquoi je ne suis même pas étonné que toute cette histoire ai un rapport avec toi ? Fit l'officier en pointant son ventre bedonnant sur Yongguk.

  • Parce que sans moi vous vous ennuieriez Officier Dong, sourit Yongguk en observant la marque.

  • Tu as déjà reçu une menace ? Ajouta l'officier.

  • J'en reçois tous les jours monsieur. Je n'y prêtais pas attention jusque là.

  • Jusque là ? Tu devrais peut-être commencer. Cet incendie ressemble furieusement à un avertissement Yongguk, il semblerait que quelqu'un t'en veuilles.

Le regard que lança Yongguk à l'officier fit froid dans le dos à Jinhwan : il était clair que l'officier ne lui apprenait rien.

  • Ce garage, c'était celui de la petite, n'est-ce pas ? Demanda l'officier Dong.

  • Ouais, voici son frère, ajouta Yongguk en montrant Jinhwan qui était resté à l'extérieur du garage.

  • Toutes mes condoléances mon garçon, fit l'officier en s'inclinant devant Jinhwan. Mais pour en revenir à l'incendie, je pense que quelqu'un n'apprécie pas que tu fouilles les affaires de Seiyeon. Toute cette affaire sent la poudre Yongguk.

  • Et alors quoi ? Quelqu'un veut ma peau parce qu'il craint que je ne découvre des choses désobligeante à propos de cette histoire ? Un peu de bon sens officier, il est évident que cette histoire sent mauvais, il faut seulement savoir jusqu'à quel point.

  • Il faut tout de même que vous soyez tous très prudents. Si, comme je le pense, cet incendie est un avertissement, il y aura d'autres actions à venir.

  • Et nous sommes peut-être en danger, on sait, elle nous a prévenu.

  • Tu n'as aucune idée de qui aurait pu faire ça ?

  • Des tonnes d'idées mais peu concluantes, donc autant dire aucune, conclu Yongguk en quittant le garage. Mais si vous avez des informations, vous savez où me trouver pour me les transmettre.


 

À la première heure le lendemain, Jinhwan se rendit pour la première fois depuis la mort de sa sœur à la boulangerie Paris Baguette et fût aussitôt enlacé par Lee Jihyo, sa patronne, qui ne le lâcha pas deux minutes durant.

  • Est-ce que tout va bien bouchon ? Tu as maigri ! Tu dois manger pour être en forme, tu es tout maigre ! S'empressa-t-elle de lui en dire en l'observant sous toutes les coutures.

  • Noona, je vais bien, grogna-t-il. Ces derniers jours ont été un peu compliqués, c'est tout.

  • Tu dois manger davantage ! Tiens, occupes-toi des clients je vais te cuisiner une tarte, tu aime les tartes ?

  • Oui j'aime les tartes mais …

  • Une bonne tarte aux pommes, tu vas voir, ça va te faire du bien !

Elle disparut aussitôt derrière les portes menant à l'arrière boutique, les bras levés d'empressement. Jinhwan ne put s'empêcher de sourire, Jihyo était quelque chose. Il resserra alors son tablier et patienta, rangeant des choses déjà rangées, observant les passants observer la vitrine sans jamais entrer. Durant l'absence de Jihyo il n'eut que trois americano et quelques viennoiseries vendues à des étudiantes gloussantes face à lui. Cette fois il n'y fit pas attention, les remercia, et continua son travail. Quelques minutes plus tard deux ombres passèrent devant la vitrine, le pas lent. L'une d'entre elles avait la cigarette au bec et semblait soucieuse. Quand ils entrèrent dans la boutique Jinhwan lança un soupire.

  • Vous comptez me suivre partout ? Demanda-t-il aux garçons en préparant deux longs americano.

  • On a des nouvelles, fit Yongguk en longeant le présentoir pour observer ce qui pourrait accompagner son americano. Ca sent la tarte aux pommes.

  • Oui, ma patronne me trouve trop maigre du coup elle m'en fait une, répondit Jinhwan en fronçant un sourcil. Qu'est-ce que vous comptez faire au juste ?

  • T'expliquer, répondit Kiji en zieutant sur les éclairs à la vanille. Je peux en avoir deux s'il te plaît ?

  • La police pense que l'auteur de l'incendie est aussi celui qui aurait tué ta sœur, ajouta Yongguk en sortant son porte monnaie.

  • Qui veut de la tarte aux pommes ? Demanda Jihyo en apparaissant derrière Jinhwan. Oh Yongguk, je me disais bien que c'était toi. J'espère que tu n'es pas venu déranger mon tout petit !

  • Non Noona, ne t'en fais pas. Mais je veux bien goûter de ta tarte, si elle est aussi bonne que ton kimchi bien entendu.

  • Évidemment qu'elle l'est, ne doute pas de mes talents de cuisinière. Oh, mon petit Kiki, ajoute-t-elle en allant prendre le visage de Kiji dans ses mains pour l'observer, tu as trop maigri toi aussi. Je me fais du souci pour vous, vous seriez tout maigre et tout pas beau si je n'étais pas là pour vous nourrir !

  • Nous ne serions rien sans toi Noona, ajouta Yongguk en lui faisant un clin d’œil.

  • Cesses donc de faire ton charme à une vieille comme moi et dis-moi plutôt ce que vous faites ici, cela fait des mois que vous ne venez plus !

Jinhwan observa sa patronne puis les garçons. Ils prenaient leurs aises en s'installant à une table, sur les tabourets et acceptant une belle part de tarte chacun, Kiji ayant déjà deux éclairs à la vanille. Jinhwan, toujours confus, mis un moment à comprendre qu'il était censé les rejoindre. Il n'y avait pas grand monde ce matin, il faisait trop froid pour que les gens sortent et puis, Jihyo l'avait autorisé à quitter son poste.

  • Vous avez dit que l'auteur de l'incendie serait aussi le meurtrier ? Demanda-t-il en s'installant en face de Yongguk qui présidait la table.

  • C'est en tout cas ce que pense la police, et je pense aussi la même chose.

  • Pourquoi ?

  • La destruction de preuves ou d'indices, voilà tout. Je pense que Seiyeon avait découvert quelque chose, à propos d'on ne sait quoi, mais que ses découvertes étaient assez dérangeantes pour qu'on souhaite la tuer et détruire toutes traces de possibles preuves.

  • On va découvrir la vérité, fit Jihyo en posant sa main sur l'épaule de Jinhwan, Yongguk est un très bon garçon, il faut garder confiance et croire en lui, il trouvera qui a fait ça.

Jihyo voyait bien que Jinhwan dépérissait, elle le voyait tout autant que les garçons. Il y avait à peine quinze jours que Seiyeon était partie et il était évident que plus le temps passait, moins les choses allaient en s'arrangeant. Il quitta la table quand un groupe d'étudiante passa la porte de la boutique, sous le regard de Yongguk qui le surveillait autant que Jihyo il les servit en souriant. Pensant bien plus à la conversation qui se passait sur une table plus loin que sur les filles qui complimentaient son apparence.

  • À quelle heure tu termine ? Lui demanda Kiji alors qu'il rangeait la monnaie dans la caisse.

  • Six heures trente, pourquoi ?

  • Quand tu as terminé, rejoins moi chez Gianni. Je n'ai pas terminé mon récit.


 

Jinhwan passa la porte du Bistrot de Gianni à six heures quarante-et-une. Il vit le patron discuter avec des gens de la Haute qui riaient avec ces rires à huit cent dollars. Jinhwan n'y fit pas plus attention et timidement avança un peu plus dans le restaurant, à la recherche de Kiji. Il le trouva dans un coin de la salle, son jean noir troué aux genoux et un épais pull en laine au col roulé. Il était mignon dans cette tenue. Sans rien ajouter il le rejoignit et lui sourit timidement en prenant place en face de lui.

  • Donnes-moi ton téléphone, fit Kiji sans plus tarder.

  • Pourquoi ?

  • Fais ce que je te dis.

Sans comprendre plus que ça, Jinhwan donna son téléphone à Kiji qui fouilla à l'intérieur quelques secondes avant de le poser sur la table, l'enregistreur vocal prêt.

  • Où en étais-je ? Demanda-t-il, prêt à déclencher l'enregistreur.

  • Au moment où tu la retrouvais dans la rue alors qu'elle était ivre.

  • Ah oui, dit-il avant d'enclencher l'enregistreur. C'est ça qui est important : je la rejoins dans sa rue et la prend contre moi, lui promettant que je ne l'abandonnerai pas, qu'elle ne doit pas se sentir seule, que je suis là pour elle … Au fond, j'ai toujours été un type assez solitaire, et voilà que c'était soudain différent. Grâce à Seiyeon, je me sentais comme faisant parti d'une entité, d'un grand tout. Lorsqu'elle rentrait chez elle, que je ne la voyais plus pendant une journée, il y avait une terrible sensation de manque que je n'avais jamais ressentie avant : comme si, à présent entrée dans ma vie, mon monde ne pouvait plus tourner sans elle. Je savais que mon bonheur passait par elle, mais j'étais également conscient qu'elle et moi, c'était tout à fait impossible. Ce soir-là, je l'ai ramené chez elle, la portant dans mes bras. Je me battais contre l'envie mordante de la ramener à mon appartement pour pouvoir prendre soin d'elle, mais c'était impossible. Si je le faisais, jamais je ne pourrais m'éloigner d'elle et nous protéger de mes sentiments. Alors je suis resté un moment assis à côté de son lit, lui caressant le visage comme pour encrer ma mémoire de chacun de ses traits. Je l'ai regardé de longues minutes et je suis parti, en espérant qu'elle se réveille, juste assez pour un murmure, juste assez pour me dire de rester. Mais il n'y eu aucun bruit et je suis rentré chez moi, seul. Il fallait que je me la sorte de la tête, je ne pouvais pas continuer comme ça. Je devais oublier Seiyeon. Alors, en grand génie, j'ai décidé que je me rapprocherai de Dakota.

  • Attends … tu es en train de me dire que tu as essayé d'oublier ma sœur dans les bras de Dakota, celle qui s'envoyait en l'air avec n'importe qui ?

  • Elle-même. Aujourd'hui elle est morte, flinguée par un mec qui ne supportait pas qu'elle ne lui appartienne pas, qu'elle soit un peu à tout le monde. Mais à l'époque, c'était une très jolie fille. Un peu débridée, certes, insupportable aussi, mais pas si méchante que ça. Tu sais, elle voulait faire carrière dans la chanson, être une idole. Elle en parlait souvent. Quitter le Boys to Men pour entrer à la YG. Elle avait tout ce qu'il fallait pour le faire : le talent de danseuse, la voix mais aussi le physique. Mais elle ne s'est jamais donnée les moyens de le faire. Elle est restée au club à danser pour des ers qui la baiseraient ensuite dans leur voiture ou un coin de ruelle. Au final, elle se sera faite baisée toute sa vie et jamais personne ne l'aura aimé. Sa faute : on a la vie que l'on choisi après tout.

  • Tu pense donc que c'est de sa faute si elle s'est faite tuée ?

  • Oui et non. Les gens sont des connards de nos jours, il n'y a plus de respect, plus rien. Mais des fois je me dis que si elle avait choisi la chanson plutôt que la bite, elle serait peut-être encore là et bien plus heureuse qu'elle ne l'a jamais été.

 


 

Mercredi 23 novembre 2011


 

Depuis l'arrivée des hommes de Yongguk au Boys to Men et la note de Mademoiselle Lee, il fallait à Koo Moonbuyl, plus connu sous le nom de Dakota, plus d'une heure et demi pour se préparer chaque jour. Elle avait vu en eux une telle possibilité de sortir d'ici, qu'elle était tombée amoureuse de Yongguk le premier jour où elle l'avait vu. Jamais auparavant, elle n'avait ressenti pareilles sensations : il était son héros, son sauveur. S'il avait choisi le Boys To Men c'était pour elle, pour la faire sortir d'ici. Elle le savait. Il était celui qu'elle attendait depuis toujours. Chaque fois qu'elle le voyait, appuyé dans un coin du club, elle s'imaginait leur vie ensemble : leur fuite main dans la main, leur amour triomphant par le mariage et leur vie couronnée de richesse. Ils achèteraient une maison d'été sur une île, investiraient dans l'immobilier et elle parcourait le monde entier qui applaudirait ses chansons. Il était celui qui l'emmènerait loin de ce club ; elle n'aurait plus jamais à côtoyer ces péquenauds qui ne pensaient qu'avec leur e. Elle ferait carrière à la YG et on parlerait de leur couple dans tous les journaux.

Elle n'inventait rien. Il était évident qu'il se passait quelque chose entre Yongguk et elle. Lui aussi était amoureux d'elle, sinon pourquoi viendrait-il tous les soirs au Boys To Men ? Tous les soirs ! Et les regards qu'il lui lançait, leur conversation dans l'ombre ! Elle aimait tant qu'il lâche son téléphone exprès pour elle afin de bavarder un peu. Il était différent de tous les autres qui ne venaient que pour reluquer les filles. Mademoiselle Lee avait donné des consignes, il ne fallait pas déranger ces hommes, leur parler ou les distraire s'ils n'en montraient pas l'envie, et il était arrivé qu'elle dispute Dakota parce qu'elle jugeait son comportement inadéquat envers Yongguk. Il était évident qu'elle le dérangeait avec sa robe moulante et son décolleté outrageusement plongeant. Mais Mademoiselle Lee ne comprenait rien, elle ne voyait pas que Yongguk l'aimait au point de vouloir l'emmener loin d'ici. C'était pour cela qu'il était toujours au téléphone ! Il préparait tout.

Cela faisait plusieurs jours qu'elle se doutait de son amour : elle en eut la certitude ce soir-là. Yongguk arriva avec les autres au Boys To Men aux alentours de vingt-trois heures trente, soit quelques minutes après l'ouverture du club. Il était rare qu'ils arrivent si tôt, en principe ils arrivaient quand un ou deux spectacles s'étaient écoulés. À peine installé dans son coin habituel, il se mit à pianoter sur son téléphone de façon frénétique. Parfois il s'arrêtait et il la regardait longuement. Elle faisait semblant de ne rien remarquer, continuant ses danses sur les cuisses de ses camarades satisfaits de ce qu'ils voyaient, mais elle savait qu'il la dévorait des yeux. Lui aussi voulait la voir danser sur lui sauf qu'ensuite, il voulait lui faire l'amour avec douceur et romantisme, pas comme ces idiots qui lui faisaient autant de mal que de bien. Non, Yongguk était quelqu'un de doux, elle le savait. C'est peu avant une heure du matin qu'elle comprit qu'il l'aimait. Oui, elle, Koo Moonbuyl. Bang Yongguk était amoureux d'elle. Elle en fut certaine quand elle le vit soupirer et faire les cent pas alors qu'elle dansait contre Kiji, cet idiot qui en pinçait pour Seiyeon. En voyant l'expression de Yongguk, elle sentit une immense excitation l'envahir et saisi l'occasion pour le rendre un peu plus jaloux. Elle se trémoussait contre Kiji qui, complètement soûl, prenait un grand plaisir à poser ses mains sur elle. Mais lorsqu'elle le vit quitter le club de rage, elle stoppa tout et quitta les genoux de Kiji en remettant correctement sa robe pour courir après son tendre.

Il avait passé la journée à convaincre Kiji de ne pas faire cette erreur, ne pas courir entre les jambes trop facilement ouvertes de Dakota. Mais cet abrutis n'avait rien écouté. De plus, il devait gérer des problèmes de livraisons dans certaines agences et un problème territorial. Lorsque, fatigué d'entendre sa musique électronique ainsi que son atmosphère uelle, il quitta le club pour prendre l'air il n'espérait qu'une chose : qu'on le laisse tranquille avec sa cigarette. Il n'y avait pas un chat dans cette rue sombre, quelques rats qui faisaient les poubelles. La rue était perpendiculaire à un grand axe piéton de la ville, mais jamais personne ne faisait attention aux petites rues, jamais personne ne regardait ce qu'il s'y passait. Elles étaient invisibles. Il entendit alors la lourde porte métallique du club s'ouvrir et il roula des yeux. Pourvu que ça ne soit pas Dakota.

  • Oppa ? Fit la voix stridente de Dakota.

Raté.

  • Oppa, qu'est-ce que tu as ?

  • Je suis juste un peu préoccupé, dit-il poliment.

  • Tu travailles trop Oppa.

  • C'est tout à fait possible.

  • Tu devrais te détendre un peu, je peux t'aider si tu veux.

  • Non Dakota, ça va merci, dit-il en repoussant ses mains.

Elle lui esquissa un sourire complice pour lui faire comprendre qu'elle savait tout à propos de son amour pour elle.

  • Tu sais Oppa, tu n'es pas obligé de le cacher, je le sais moi, roucoula-t-elle en se blottissant contre lui.

  • De quoi est-ce que tu parles ?

  • Je sais ce que tu prépares, murmura-t-elle à son oreille, mais il faut que tu te détendes un peu Oppa, tu es un gentleman mais tu as le droit de profiter aussi.

Elle lui sauta aussitôt au coup, plaquant ses lèvres charnues sur la bouche de Yongguk tout en collant son corps au sien, ses mains s'activant sur son pantalon. Elle stoppa tout lorsqu'elle ne sentit rien. Rien du tout. Elle se recula légèrement, incompréhensive et honteuse. Pourquoi n'avait-il aucune érection ? Pourquoi ne lui avait-il pas rendu son baiser ? Pourquoi la regardait-il avec cet air désolé ?

  • Dakota, dit-il tout en arrangeant sa tenue, tu es une jolie fille, il n'y a pas de doutes, mais je ne suis pas intéressé et je ne le serais jamais.

  • Mais … je croyais … Pourquoi ? Elle était au bord des larmes, son sein dénudé par sa robe à la bretelle tombante.

  • Les femmes ne m'intéressent pas, je pensais que c'est de ça dont tu parlais, ce que tu savais, ajoute-t-il en remettant la bretelle à sa place pour cacher le mamelon de la use.

Elle prit la fuite dans le club, se cachant dans une antichambre pour éclater en sanglots. Comment avait-elle pu penser qu'il l'aimer ? Il était évident qu'il n'était pas intéressé, sinon il aurait donné davantage de signes ! Et puis de toute manière, un homme comme Yongguk ne voudrait jamais d'une pauvre use comme elle ! Elle était d'une telle imbécillité ! Tous ses rêves s'effondraient un à un et elle continua de pleurer jusqu'à ce que la porte de l'antichambre ne s'ouvre.

  • Dakota ? Mais qu'est-ce qui t'arrive ? S'inquiéta Kiji en venant s'asseoir à côté d'elle.

  • Je suis une idiote !

  • Pourquoi tu dis ça ?

  • Je suis tombée amoureuse de quelqu'un qui ne pourra jamais être avec moi ! Sanglota-t-elle, le mascara coulant sur ses joues.

  • Oh, je vois, nous sommes deux dans cette situation, sourit-il avec compassion.

Le visage de Dakota s'illumina alors : quelle idée merveilleuse venait de lui traverser l'esprit ! Oublier Yongguk dans les bras de Kiji et lui faire oublier sa douce par la même occasion. D'un revers de main elle retira le mascara sur ses joues et changea son regard de petite fille désespérée pour celui de la femme fatale qu'elle était.

  • On pourrait partir tous les deux, là, maintenant. On n'irai pas très loin mais on pourrais les oublier, être juste tous les deux.

  • Je ne sais pas si c'est une très bonne idée Dak', je suis un peu soûl.

  • Raison de plus !

Sans qu'il ne puisse se débattre elle lui prit la main pour quitter l'antichambre et traverser le club, attrapant une bouteille du bar au passage. C'était interdit, aucune fille n'avait l'autorisation de se servir dans le bar et quitter le club avec. Ce qui était compréhensible. Mais à ce moment-là Dakota s'en foutait, elle voulait seulement oublier Yongguk dans les bras de son meilleur ami. Ils passèrent devant lui et sans un regard en sa direction montèrent les escaliers de secours pour rejoindre l'appartement de la danseuse qui se trouvait trois étages plus hauts.


 

*


 

  • Tu ne te souviens de rien ? Demanda Jinhwan.

Kiji ne lui répondit pas immédiatement. Il se gratta l'arrière de la tête en ayant un sourire légèrement honteux. Finalement il lui répondit :

  • Je ne savais pas ce que je faisais, j'étais soûl et Dakota en a profité. Moi, tout ce que je voulais, c'était essayé d'oublier Seiyeon mais c'était impossible je voulais la voir, tout le temps. Dakota était une gentille fille, mais elle n'était pas Seiyeon. Être en compagnie de Seiyeon, c'était vivre complètement. Je ne saurai pas te l'expliquer autrement. Elle vivait en moi, littéralement. Alors ce soir-là, j'imagine que Dakota m'a utilisé pour essayé d'atteindre Yongguk, ce qui ne marchait pas vraiment puisque comme tu t'en doutes, il s'en battait royalement les couilles. Elle m'a donc conduit chez elle et sans surprise nous avons baisé. Elle voulait à tout prit que ce soit à proximité de sa fenêtre pour que Yongguk puisse entendre à quel point elle hurlait et à quel point elle n'avait pas besoin de lui. Je trouvais ça pathétique mais je m'en fichais, je l'étais aussi et à ce moment-là tout ce que je voulais c'était la baiser de toutes mes forces pour m'épuiser et tout oublier par la suite. Malheureusement je n'ai jamais oublié notre petite sauterie, ni même celles qui ont suivi puisque comme tu t'en doute, Dakota ne s'est pas contentée d'une seule fois et je n'ai pas réussi à lui dire non. Elle me disait que je l'aidais à oublier Yongguk et que contrairement aux autres, je ne pensais pas qu'à mon plaisir. Je savais qu'elle couchait avec d'autres mecs, d'autres membres du gang. La légende dit même qu'elle aurait couché avec trois d'entre eux en même temps. Mais je m'en foutais, je ne l'aimais pas. C'est cruel mais Dakota n'était qu'un ensemble de trou que j'adorais remplir. Cette histoire de cul me permettait d'oublier ta sœur quelques heures, mais quand je revenais le lendemain soir et que je la voyais derrière le comptoir je m'en mordais les doigts. Qu'étais-je en train de faire ? Je parlais joyeusement avec elle, essayant de la séduire et la convaincre que je n'étais pas un connard et une demie heure plus tard j'étais en compagnie de Dakota. Je suis très vite arrivé à un stade où je ne supportai plus cette situation, je dirai une semaine peut-être. Alors j'ai tout simplement tout abandonné et je n'ai remis les pieds qu'une seule fois au club. Dakota n'avait aucun moyen de me joindre alors j'étais tranquille. Cependant, je me faisais beaucoup de souci pour Seiyeon. J'avais tellement envie de la voir … Alors même si je n'entrais plus au club, je me rendais dans cette rue délabrée et je grimpais sur le toit de l'immeuble d'en face et j'attendais. J'attendais de la voir apparaître au travers de la fenêtre de son petit studio et je l'observais. La voir me rendait plus vivant, plus heureux. Elle était si belle. Puis j'attendais encore de la voir quitter son studio pour descendre par les escaliers en métal pour ensuite rentrer dans le club. La voir me rendait heureux, mais me faisait tout autant mal au cœur. Je la vois dépérir dans cet endroit, elle ne portait plus ce sourire si beau lorsque nous nous parlions. Quelques fois des hommes la poursuivaient dehors, ces hommes qui voulaient absolument un plus que Dakota, elle, vendait au plus offrant. Seiyeon n'était pas comme ça mais ils ne le comprenaient pas. Alors ils la poursuivaient dehors jusqu'à ce que Yongguk, toujours posté à l'entrée, ne les attrape par le cou pour leur expliquer deux ou trois choses. J'étais jaloux de Yongguk. Il pouvait être en bas, avec elle et lui parler sans ne rien avoir à craindre. Jamais il ne tomberait amoureux d'elle, jamais il ne serait un danger pour elle. Alors je les regardais et j'attendais qu'elle rejoigne son appartement pour descendre et demander des nouvelles à Yongguk.


 

*


 

Samedi 17 décembre 2011


 

Il était un peu plus de deux heures du matin quand Kiji descendit de son perchoir pour rejoindre Yongguk dans la ruelle. Cigarette entre les lèvres, son patron l'observa arriver avec un air mi affligé, mi amusé. Depuis que Kiji avait décidé de disparaître de la vie de Seiyeon, il n'y a jamais été aussi présent.

  • Qu'est-ce qu'elle a dit ?

  • Tu sais que tu es ridicule ? Lui fit Yongguk en crachant sa fumée. Elle te déteste d'être parti comme un lâche, de t'être tapé de nombreuses fois Dakota alors que tu l'as dragué en parallèle et … oh tu lui manque quand même mais ça elle le dira jamais parce qu'elle est trop fière. On peut rentrer maintenant Batman ? Y'a un peu trop de vagins en chaleur pour moi là.

Quelques mètres au-dessus d'eux, Seiyeon les observait par sa fenêtre, silencieuse. Elle savait que Kiji venait tous les soirs, elle savait qu'il la surveillait et posait d'innombrables questions à Yongguk. Mais elle n'arrivait pas à lui pardonner ce qu'il avait fait avec Dakota, c'était la preuve même qu'il n'était vraiment pas un homme pour elle. Quand elle les vit partir en direction de la berline stationnée à l'entrée de la ruelle, elle ferma ses rideaux et parti se coucher.

De son côté, Kiji se tenait derrière le volant dont il tapotait le cuir, le cerveau bouillant d'idées. Il voulait sortir Seiyeon d'ici, mais il savait qu'elle ne voudrait pas de lui. Alors il continuait d'agacer Yongguk avec ses tapotements sur le volant.

  • Je vais te les faire couper, siffla-t-il.

  • Comment je pourrai te défendre si je n'ai plus de doigts ?

  • Tu utiliseras ta tête et pis, je sais très bien me défendre tout seul.

  • J'ai vu ça, oui, souris Kiji. Il y a des choses au programme pour demain ?

  • Pour toi non, pas temps que tu agiras ainsi.

  • Comment ça ?

  • T'es beaucoup trop tête en l'air en ce moment, alors pour le moment tu restes tranquille chez toi. Tu continues d'écrire ton bouquin ? Demanda-t-il après un moment.

  • Oui, ça avance bien.

  • De quoi est-ce que ça parle ? D'amour j'imagine ?

  • Pas seulement, c'est surtout une réflexion sur les travers de la société moderne, de l'homme et de la façon dont nous traitons autrui.

  • Oh, gros roman. Tu me feras lire ?

  • Peut-être.

  • Tu lui fera lire ? En tant que muse elle devrait avoir le droit de lire.

  • Comment tu … Ah tu m'énerve. Mais non, je doute qu'elle le lise un jour, pour la simple et bonne raison que je ne pense pas un jour la revoir.

  • Et si je te disais que j'avais réussi à négocier avec Nugu pour qu'on puisse la sortir du club pour l'avoir avec nous, mais pas en tant que prostituée, en tant que membre du groupe.


 

*


 

  • Yongguk est gay ?! S'étonna Jinhwan en prenant une bouchée de pizza quatre fromages.

  • Je te parle d'amour impossible et toi, tout ce que tu retiens c'est que Yongguk est gay. C'est affligeant, soupira-t-il.

  • Non mais … c'est surprenant. J'veux dire, il est quand même le boss de gangsters.

  • Oh je vois, sourit Kiji, tu pensais que parce qu'il était gay il ne pouvait pas nous diriger correctement ?

  • Non, je pensais que vous ne vous laisseriez pas diriger par un gay.

  • Nous ne sommes peut-être pas des saints Jinhwan, mais nous ne sommes pas des monstres non plus. Contrairement à la majorité des gens « normaux » nous savons que l'amour n'est pas un choix, mais quelque chose qui te tombe sur la gueule sans te prévenir. Alors ouais, Yongguk préfère les bites aux vagins, mais ça n'empêche pas que c'est un très bon leader, qu'il connaît chacun de nous à la perfection et que si quelqu'un a un problème avec lui, il lui règle son compte rapidement. Ou alors nous nous en occupons.

Jinhwan étira un vague sourire, frustré de voir que ses propres parents n'avaient pas supporté sa biualité quand des gangsters, des hommes recherchés par la police, défendaient leur patron homouel. Il était peut-être idiot, mais Jinhwan pensait l'inverse plus logique : des gangsters homophobes et des parents défenseurs. Mais non, visiblement il s'était trompé et cela lui fit un léger pincement au cœur. Il regarda alors à nouveau Kiji, si doux dans son pull en laine. S'il postait une photo de lui sur les réseaux sociaux à ce moment précis, les filles commenteraient probablement quelque chose comme « boyfriend material ». Il pensa alors à ses dires précédents et arqua un sourcil.

  • Tu écrivais un livre sur elle ? Demanda-t-il soudainement.

  • Elle m'inspirait. Chacun de ses pas, chacune de ses respirations. Elle était la source d'inspiration la plus grande que je n'ai jamais connu et c'est grâce à elle que j'ai pu terminer mon premier livre. Malheureusement elle n'aura jamais pu le lire.

  • Je pensais qu'elle te volait tes manuscrits ?

  • Elle le faisait, mais elle n'avait pas tout prit, seulement les premiers chapitres. Elle voulait le lire tu sais, c'était son plus grand souhait. Je l'ai terminé quelques jours avant sa mort, le manuscrit était posé à droite de ma machine à écrire. Le jour où vous êtes venu manger ici, le jour de ton anniversaire, je voulais le lui donner mais il avait disparut. Deux ans de travail disparut en même temps que ta sœur.

  • Tu pense que quelqu'un l'aurai volé ?

  • C'est évident, mais qui ? Ça ne peut pas être l'un d'entre nous, personne n'a la clé de notre appartement et jamais Yongguk ne se le serait permis. Non. J'ai pensé au fait qu'elle aurait pu le prendre avec elle le jour de sa mort, mais ça m'étonnerait.

  • Et si … attends. Est-ce que tout ça pourrait avoir rapport avec ton bouquin ?

  • Qu'est-ce que tu racontes encore ?

  • Et bien, et si on l'avait tué parce qu'elle avait ton bouquin sur elle ou quelque chose dans le genre ?

  • Jinhwan, on n'est pas dans un roman d'amour policier ou bien un film d'adolescente. Ta sœur était une tueuse et on l'a tué parce qu'elle avait des informations concernant on ne sait quoi.

  • Alors pourquoi voler ton livre ? C'est insensé !

  • Exactement Jinhwan, cette histoire est insensée et tout ce qu'il faut retenir c'est que ce monde est pourri jusqu'à la moelle. Rien d'autre.

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Comments

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tt_9800 #1
Chapter 4: Chapter 4: Très intriguant!! Merci beaucoup!! ?