Six.

CHAOS

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre Six :

Dancing Queen

 

« Ne baisse jamais les bras Jinny. Sois ferme et sage. Bats-toi, parce que

ce monde est cruel. Tu peux apporter la paix, aussi petite soit-elle,

juste avec ton sourire. Alors ne cesse pas de sourire Jinny. Jamais. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

  • Tu dois arrêter d'enquêter Jinhwan, laisse les autre le faire.

Ce furent les premiers mots de Jihyo lorsqu'il retourna au travail le lendemain matin. Il avait réfléchit toute la nuit à cette histoire de bouquin volé et l'histoire entre Kiji et Dakota. Il avait eu espoir que Jihyo puisse l'éclairer un peu, lui expliquant comment elle avait rencontré les garçons et pourquoi est-ce qu'elle en était venu à les traiter comme ses fils. Jihyo n'était pas si vieille, une petite quarantaine d'années. Elle semblait sage et maternelle. Ce type de femme qui n'a jamais pu avoir d'enfant et qui donc se rabat sur des jeunes qu'elle prend en affection.

A la radio, on évoquait l'incendie du garage.

  • Pour quelles raisons devrais-je arrêter ? Rétorqua-t-il en plaçant des canettes dans le réfrigérateur.

  • Parce que je suis inquiète pour toi, tu passes ton temps à y penser, je suis sûre que tu ne vois même plus tes amis !

  • Mes amis, rit-il, mes amis se sont absentés toute une matinée quand j'avais besoin d'eux. Ils ont disparu durant les trois jours de deuil et je ne sais pas où ils sont allés. Peut-être à la plage, peut-être au parc d'attraction. J'en sais rien, mais ils étaient pas là. Je n'ai même pas eu un seul message depuis leur départ de l'île. Pas un seul « Tu vas bien ? » rien du tout. Alors je n'arrêterai pas de chercher tant que je n'aurai pas compris ce qui s'est passé.

  • Tu es insupportable Jinhwan, aussi buté que Yongguk.

  • J'imagine que c'est un compliment.

Elle étira un sourire avant de servir deux femmes d'affaires en tailleur. Il se passa quelques minutes avant que la boutique ne soit à nouveau vide. Durant ces minutes Jinhwan observait Jihyo qui s'occupait des clients pendant que lui nettoyait les petites tables qui avaient été utilisées. Un instant plus tard il se trouvait appuyé contre la caisse, dos à la porte d'entrée et observait sa patronne en se frottant les mains dans un torchon quand soudain elle lui demanda :

  • Qu'est-ce que tu fous avec Yongguk Jinny ? Tu n'as pas dans l'idée de le rejoindre ?

  • Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

  • Mon intuition. Elle fit une pause et reprit après un souffle triste. Tu sais Jinny, Yongguk est un bon gars. Il n'est pas aussi cruel que les informations peuvent le montrer lorsqu'ils parlent de ces affaires de gangs. Je pense qu'il est même plus juste que la justice elle-même. Mais il n'en est pas moins un criminel. Je sais qu'il ne lâchera pas le morceau pour ta sœur, il veut découvrir qui a fait ça et le lui faire payer. S'il doit en payer de sa vie, il le fera. Il l'a toujours fait jusque ici. Mais … tu es si jeune, si beau et si innocent. Ta place n'est pas dans cette face du monde, tu devrais être dans la lumière, tu devrais être révélé au monde entier pour ton talent, pas parce que tu es un voyou. Tu n'en n'es pas un. Tu es le gentil Jinhwan qui adore chanter et danser, ce garçon qui veut réaliser un rêve avec ses amis. Mais je sais que tu ne m'écouteras pas, ajoute-t-elle. Ne me dis pas non, je le sais. J'ai vu tellement de jeunes comme toi qui ont fini dans ses bras croyant y trouver un refuge, une aide à se sortir de leur situation. Mais tout ce qu'ils ont trouvé c'est le confort d'un cercueil. Il pourra t'en parler si tu le force, parce qu'il n'en parle jamais, cela lui brise le cœur de voir des jeunes se faire tuer parce qu'ils ont prit à la légère le monde qu'ils avaient choisi, ce qu'il leur a dit. Tu sais, quand il a apprit pour ta sœur, il est aussitôt venu ici. Il voulait voir si tu étais là, il s'inquiétait pour toi. Il était là, au comptoir, à me demander où tu te trouvais. Je lui ai dit que tu ne reviendrai pas avant la fin des trois jours de deuil et il est aussitôt parti à l'hôpital pour te voir, il savait déjà que c'était terminé pour Seiyeon mais il ne voulait pas te le dire parce qu'il te connaît. Même si vous n'avez jamais parlé auparavant il sait beaucoup de choses sur toi, Seiyeon lui a tout dit. Elle lui parlait beaucoup, beaucoup de toi tu sais. Alors, tu ne devrais pas douter de sa sincérité, de sa façon de voir les choses et de te parler de ta sœur ou même de sa vision. Mais s'il te plaît Jinny, ne lui fais pas encadrer ton portrait dans sa chambre.

  • Encadrer mon portrait dans sa chambre ? Répéta Jinhwan, confus.

  • Oui. À chaque décès de l'un de ses membres il récupère une photo et l'encadre dans sa chambre, comme pour lui rappeler qu'à un moment ou à un autre il a merdé quelque part. Il est sensible tu sais. Il ne te l'a pas montré, mais il a dû beaucoup pleurer pour Seiyeon, il l'aimait vraiment beaucoup, tu peux me croire.

  • Je ne sais pas, je sais pas ce que c'est que d'aimer …

  • Je crois que si Jinhwan, je pense que tu le sais.

  • Parles-moi de lui, s'il te plaît … comment tu les a rencontré ?

Elle sourit tristement.

  • Oh … Et bien, à cette époque il devait avoir environ dix ans. C'était un très gentil petit garçon. Il venait toujours accompagné de son jumeau, Yongnam. Ma mère, qui à l'époque tenait la boulangerie, les aimaient beaucoup. Ils avaient les yeux brillants d'espoir et un large sourire scotché sur le visage. La plupart du temps ils étaient accompagnés par leur sœur, légèrement plus âgée. Même s'ils étaient jeunes ils refusaient de laisser Natasha sortir toute seule. C'était une jolie jeune femme avec de belles jambes, une poitrine généreuse et un visage angélique. Tous les hommes et garçons la regardaient et ça, ils le savaient. J'étais un peu jalouse d'elle d'ailleurs. J'avais déjà trente-et-un an, mais jamais je n'avais été aussi belle qu'elle alors j'étais un peu jalouse. Comment une gamine de quinze ans pouvait être aussi belle ? C'était injuste. Et puis un jour ils sont revenus ici mais leurs yeux étaient bien moins brillants, je compris que quelque chose n'allait pas. Quelques heures plus tard, alors que je rangeais la boutique pour la fermeture, ma mère est venue me voir. Nous avons parlé quelques minutes et quand je lui ai expliqué avoir vu les garçons et qu'ils semblaient bien moins heureux, elle m'a alors averti de ce qu'il s'était passé et ce fut atroce. Ils appellent ça la Nuit Rouge dans les médias et entre eux. Mais tu devrais demander à l'officier Dong, il t'en parlera mieux que moi, sourit-elle en saluant l'officier qui venait d'entrer.

  • De quoi est-ce que je parle mieux que toi ? Demanda-t-il en souriant à Jihyo.

  • La Nuit Rouge, répondit aussitôt Jinhwan en servant un café à l'officier qu'il avait fut auparavant.

  • Oh … C'est une sale affaire ça gamin, une sale affaire.

Il s'installa à une table, faisant signe à Jinhwan de le suivre puis poussa un long râle, sa veste posée à côté de lui, son café fumant. Il observant un instant par la fenêtre avant de commencer son récit :

  • Je n'étais qu'un jeune officier à l'époque, tout beau, tout frais, tout droit sorti de l'école. Je me disais encore que le monde était beau, que rien de trop grave ne pouvait arriver ici et que j'étais un assez bon flic pour résoudre toutes mes affaires. Un soir, alors que j'étais de garde, on a reçu une tonne d'appels, tous provenant du même endroit et tous disaient la même chose : il y avait une attaque de gang dans l'immeuble. Au départ je pensais que je pourrais résoudre ça très rapidement, j'étais un bon flic, en bonne santé et je n'avais pas peur, mais quand je suis arrivé sur les lieux … Ah je crois que personne n'est un jour prêt à voir ce genre de chose.


 


 

*


 

Dimanche 14 mai 2000.


 

L'appartement 210 de la famille Bang sur Noksapyeong-daero, était très agité ce soir-là. Il était vingt-et-une

  • Où on va ?! Piailla Yongguk qui fronçait les sourcils.

  • Vous emmerdez les parents, donc on va manger une glace, dit-elle d'un ton ferme. J'espère que vous êtes contents parce qu'à cause de vous je n'ai pas pu finir d'écouter la dernière chanson d'Eric.

  • Mais j'ai pas envie de glaces ! Grogna Yongnam. J'aime pas ça vous savez bien !

  • Arrêtes de grincher et avance.

Pendant que son frère jumeau se plaignait de ne pas vouloir de glace, Yongguk avançait les mains dans les poches, acceptant son sort avec satisfaction. Il se voyait déjà, un cornet de cinq boules chocolat vanilles dans les mains. Il suivait la route, faisant attention aux piétons et cyclistes et observant les voitures. Certaines attiraient son attention : elles étaient belles, sportives et luxueuses. Sûrement des idoles. Mais il y eut tout un troupeau de voitures qui attirèrent son attention lorsqu'ils s'engagèrent dans la rue piétonne. Toutes le même modèle de BMW, la même couleur et la même vitesse. Tournaient-ils un film ? Il les suivit du regard jusqu'à ce que Natasha ne le pousse un peu pour qu'il avance.

Quand ils quittèrent le glacier, Yongguk avait du chocolat tout autour des lèvres et ne pouvait s'empêcher de se caresser le ventre, ravis de ce qu'il venait de manger. De son côté Yongnam, insatisfait de ne pas avoir mangé de dessert parce qu'il n'aimait pas la glace, avançait en traînant les pieds derrière son jumeau et leur sœur. En le voyant Yongguk se sentit coupable d'avoir prit autant de plaisir à manger sa glace quand son frère n'avait rien eu. Il attendit alors un peu que Yongnam n'arrive à sa hauteur et lui prit les épaules en souriant.

  • Tu pourras garder le manga si tu veux, lui dit-il en lui souriant.

  • J'm'en fiche de ce manga, il est tout pourri, moi j'voulais des bonbons ….

  • Tu la ferme Nam', gronda Natasha qui attachait ses cheveux.

Ils virent alors une dizaine de camions de pompiers poursuivit par autant de voiture.

  • Ce doit être une grosse intervention, ajouta Natasha en se tournant vers les garçons. Bon vous avancez ?

Quand ils arrivèrent dans la grande rue où se trouvait leur appartement ils se firent rapidement bloqués par des barrières de policiers, leurs véhicules et les camions de pompiers en travers de la route qu'ils avaient barré. Yongguk lâcha alors son frère pour courir au travers des voitures pour rejoindre leur immeuble. Il échappa au policier qui essaya de lui bloquer le passage et lorsqu'il se retrouva en face de son immeuble il ne put plus faire un pas. Personne ne sortait de l'immeuble si ce n'est des pompiers transportant des brancards recouverts d'une bâche. Rattrapé par un policier et ses frères et sœurs, Yongguk réussi une nouvelle fois à s'échapper pour passer entre quatre pompiers et grimper au second étage, le cœur battant la chamade. Sur les murs du sang. Au sol du sang. Il y en avait de partout. Des traces de mains ou simplement des éclaboussures. Quand il arriva devant la porte du 210, il vit que celle-ci était grande ouverte avec de nombreux coups de hache dans le bois. Il entra à l'intérieur mais fut vite intercepté par un officier qui se trouvait sur place. Il le serra si fort contre lui que Yongguk fut incapable de faire le moindre mouvement alors il regardait. Il regardait le sang au sol et projeté sur les murs. Il se secoua pour sortir des bras de l'officier, mais rien n'y fit.

  • C'est fini mon garçon, lui dit le policier en le tenant un peu plus contre lui, tu ne peux plus rien faire, c'est trop tard.

Des pompiers passèrent alors avec des brancards recouverts de bâche blanche couverte de sang. Ses parents étaient en dessous. Il voulut les voir, les toucher, mais ses doigts furent retenus tant bien par sa peur, que par l'officier Dong qui le lui déconseilla en le serrant un peu plus contre lui.

Une demi-heure. Il avait suffit d'une demi-heure pour que lorsqu'il revienne, ses parents se soient fait tuer par des sauvages. Il ne laissa qu'une seule larme couler, la cachant des yeux de l'officier qui ne le lâcha que lorsqu'ils furent tous les deux dehors. Yongnam et Natasha se trouvaient assit dans le coffre ouvert d'une voiture de police, une couverture sur les épaules et l'air décomposé. Quand ils virent Yongguk revenir, du sang sur les chaussures et le bas de son pantalon, ils se ruèrent contre lui pour le serrer et qu'ils pleurent tous ensembles. Mais Yongguk ne pleura pas. Il resta impassible devant tant de monstruosité. Il suivait simplement du regard l'officier Dong qui le regardait un peu plus loin, l'air inquiet. Qu'allaient devenir ces enfants ? Il refusait de contacter un orphelinat, ils pourraient être séparer et ce n'est pas ce qu'il voulait. L'officier Dong demanda alors la permission à son chef de les ramener chez lui, il s'en occuperait le temps de trouver une solution.


 

*


 

  • C'est comme ça que vous l'avez rencontré ? Fit Jinhwan à l'officier Dong qui tournait son café.

  • Une bien triste rencontre n'est-ce pas ? Sourit-il tristement. Je me souviendrai toute ma vie de cette nuit-là. Toute ma vie. Et dans les moindres détails. J'étais un jeune officier, je n'étais pas prêt à quelque chose comme ça.

  • Je crois que personne n'est prêt à voir ce genre de chose, fit Jihyo en lui amenant ses croissants.

  • C'est sûr. Mais le petit, Yongguk, il a été incroyablement courageux. Personne n'a réussi à l'empêcher de rejoindre sa maison, il a grimpé les escaliers comme une flèche avant de découvrir tout ça. C'était terrible. Il est entré, ses yeux encore plein d'espoir de voir ses parents sains et saufs, et puis tout à basculer. Je l'ai vu, j'ai vu son visage se transformer, devenir aussi froid que ce qu'il n'est maintenant. C'était peut-être un gamin de dix ans mais il était terrifiant à ce moment-là !

  • Qu'avez-vous fait ensuite ?

  • Je les ai ramené chez moi, tous les trois. Bien sûr avec mon salaire de l'époque je ne pouvais pas avoir un appartement de grand standing alors nous étions un peu serrés mais je prenais soin d'eux. Je refusais catégoriquement qu'ils aillent à l'orphelinat. Ce que je faisais était complètement illégal, mais je m'en foutais. Ces gosses venaient de perdre leurs parents je ne pouvais pas ne rien faire. Alors je les ai gardé quelques temps, Yongnam et Natasha m'aidaient beaucoup avec les tâches ménagères. Ils faisaient les courses et essayaient de rendre la vie à quatre plus agréable. Je pense que c'était surtout pour ne pas penser à ce qu'ils voyaient à la télévision, à ce qu'ils étaient en train de subir. Toutes les chaînes parlaient de la Nuit Rouge, absolument toutes. Tu pouvais pas allumer la télévision sans en entendre parler, et ça à durer des jours et des jours !

  • Et Yongguk ?

  • Lui … ah Gukkie … Insupportable gosse. Il ne supportait plus de vivre en appartement, il ne supportait plus d'être enfermé alors il passait son temps dehors, sur le toit de l'immeuble. Il se mettait là avec mon clavier et il faisait de la musique. Enfin … il faisait de la musique quand il savait que j'allais monter le chercher. Autrement je suis certain qu'il broyait du noir, du matin jusqu'au soir. Quand je rentrais je le voyais au loin faire le tour du toit comme un lion en cage. J'étais inquiet, il était renfermé sur lui-même, ne parlait ni à son frère ni à sa sœur, encore moins à moi. Il était un peu l'ombre de l'appartement. Je ne dirai pas qu'il n'essayait pas de s'en sortir, mais je ne pense pas qu'il le faisait de la bonne façon. Quand il a commencé à descendre de l'immeuble pour avoir un semblant de vie normale, il a commencé à fréquenter des gars peu fréquentables. Il avait une bonne mentalité, vraiment. Mais des fois une bonne mentalité n'est pas suffisante pour se défaire de ptits cons. Alors il les a côtoyé pendant des jours puis un jour il a disparut. Nous n'avons pas eu une seule trace de lui pendant une semaine. Et lorsqu'il est revenu il avait entre les mains une somme d'argent faramineuse. C'est là que j'ai compris qu'il était tombé entre les mains des gangs et là, je ne pouvais plus rien faire. J'ai essayé, je t'assure que j'ai essayé. J'ai passé des heures à discuter avec lui sur le toit ou même au salon, jamais il n'a changé d'idée. Il voulait retrouver qui avait assassiné ses parents et le lui faire payer. Il se foutait de la police, il se foutait du fait que je pouvais le coffrer quand je voulais, il n'avait plus peur.

  • Vous ne l'avez pas mis en garde à vue ?

  • Pour quel motif ? Je n'avais absolument rien contre lui. Il n'avait jamais de drogue sur lui, jamais d'arme à feu, rien. Il était toujours très clean. Un garçon très intelligent, vraiment très intelligent. Et puis il était de moins en moins présent, je ne le voyais quasiment plus. Puis un jour, autour de ses quinze ans, je l'ai croisé au coin d'une rue. Il avait les mains dans les poches et il me lança un sourire, un simple sourire pour me rassurer sur le fait qu'il allait bien, et je le croyais. Natasha et Yongnam l'ont rapidement rejoint quand ils ont vu à quelle vitesse ils pouvaient faire de l'argent et être bien mieux lotis que chez moi. Avec son talent de dessinatrice Natasha est devenue la tatoueuse du groupe, c'est grâce à elle qu'ils ont commencé à en avoir. Yongnam, je crois qu'il n'a jamais été dehors comme Yongguk l'été. Je ne sais pas ce qu'il est devenu aujourd'hui, je ne le croise pas souvent, mais d'après Yongguk ils sont tous les deux au même niveau. Donc j'imagine que lui aussi est très important pour le groupe.

  • Vous ne les avais jamais arrêté ?

  • Jamais. Attends … si une fois, Yongnam. Cet idiot s'était senti pousser des ailes et il a essayé de braquer une Lambo, la lambo de Yang Hyun-suk, un génie. Il a fait deux jours de trou mais on l'a vite sorti de là, non pas parce que ce n'était pas un gros crime, mais on évite de coffrer des membres de gang s'ils ont pas fait de crimes aussi grave qu'un meurtre, ils sont assez violents et surtout si t'en coffre un, y'en a quinze qui arrivent pour le sortir de là, ça fait un joyeux bordel donc on évite. Et puis Yongnam qui fait un vol … c'est comme si Benoit XVI faisait un Holocauste, ça existe pas.

L'officier Dong raconta à Jinhwan à quel point il s'était prit d'affection pour les trois enfants et à quel point il était ravi de les savoir encore en vie avec la vie qu'ils menaient. Jinhwan comprit alors que depuis douze ans l'officier Dong éprouvait une si forte sympathie pour les Bang qu'il les considérait comme ses enfants, au même niveau que Jihyo.

  • Officier, selon vous, si on ne compte pas Yongguk et Kiji, qui pourrait m'en apprendre le plus sur ma sœur ?

  • Sans compter les garçons ? Je dirai Mademoiselle Lee, ouais, Mademoiselle Lee du Boys To Men, évidemment.

Mademoiselle Lee. Évidemment.


 


 


 

Dans la nuit du samedi 23 février 2013, Jinhwan rencontra pour la première fois Mademoiselle Lee. C'était une de ces soirées hivernales où Séoul est pourtant bien active. Les rues étaient bondées de monde, il y avait des touristes de partout et des spectacles de rue dans tous les coins. Des spectacles que l'on ne pouvait trouver qu'à Séoul : mélange entre tradition et modernisme. Le Boys To Men était dans une petite rue perpendiculaire au Bongwang-Ro, au cœur d'Itaewon. Le club n'avait, paraîtrait-il, pas changé depuis des années. Deux vitrines entourées une porte métallique. Elles étaient noires et entourées de néons rouges vifs. Au-dessus l'enseigne tout aussi lumineuse. Sur les murs en béton la marque de nombreuses dégradations qui donnaient une certaine allure à l'endroit.

À son arrivée, Jinhwan remarqua la présence de deux filles à l'entrée, accompagnées par un garde du corps qui devait mesurer deux Jinhwan et faire dans les quatre-vingt-quinze kilos. Un beau bébé. Timidement Jinhwan s'avança vers eux, observant le mur et les dégradations qu'il avait subi. La plupart était des numéros suivi de déclarations d'amour aux filles qui travaillaient là. Dix secondes plus tard il sentit une présence en face de lui, il se tourna alors pour faire face à une bimbo : une très belle rousse avec deux couettes volumineuses et une tenue légère. Elle devait avoir froid.

  • Tu viens ? Lui dit-elle en lui prenant la main, séductrice.

  • Je ne suis pas venu pour ça, se défendit-il.

  • Alors pourquoi t'es venu gamin ? Lui fit le vigile en se dressant de toute sa hauteur pour surplomber Jinhwan.

  • J'aimerai parler à Mademoiselle Lee, au sujet de Kim Seiyeon, c'était ma sœur.

  • C'était ? Répéta le vigile en haussant un sourcil, la deuxième fille au bras.

  • Elle a été tuée.

  • Oh le pauvre petit … firent les filles.

  • T'es de la police ? Demanda le vigile sans prendre en compte la réaction des filles autour de lui.

  • Non, un simple employé de Paris Baguette.

  • Très bien. Tu devrais aller t'asseoir et boire quelque chose, Mademoiselle Lee te rencontrera peut-être.

Il le fit entrer par la porte métallique : le couloir sur lequel elle débouchait était entièrement tapissée de moquette et de nombreuses LED avaient été installées pour créer une ambiance érotique. La musique, provenant de la salle principale qui était le cœur du club, était électrique et bien propice à l'endroit. Il vit une grande scène avec trois avancées qui tombaient pile entre les tables où se trouvaient la plupart des hommes : tous en costume avec la cravate défaite et un verre à la main. Ils observaient une danseuse sur scène, incroyable danseuse qui attira le regard de Jinhwan jusqu'à ce qu'elle ne dévoile ses seins. Là il dériva son regard sur un bar, plus discret qu'il ne l'imaginait. Il n'y avait pas grand monde à son comptoir et derrière, une jeune femme aussi discrète que l'avait été Seiyeon. Il fit une légère moue, sensible au fait que ça sœur ait été dans cet endroit, à cette place précise. Il se dirigea alors tout droit sur le bar et prit place sur un tabouret, aussitôt la serveuse lui jeta un coup d’œil et étira un sourire.

  • T'es un peu jeune pour te retrouver ici, non ? Lui demanda-t-elle.

  • J'ai dix-neuf ans, sourit-il.

  • C'est bien c'que je dis. Qu'est-ce que je te serre ?

  • Un soda s'il vous plaît. Dites, vous savez dans combien de temps je pourrai rencontrer Mademoiselle Lee ?

  • Mademoiselle Lee ? Répéta la serveuse, surprise. Je n'sais pas, habituellement elle ne rencontre personne d'autre que ses partenaires.

  • On m'a dit que je pourrai la voir.

  • Qui ça ?

  • Le mec à l'entrée. Je lui ai dit que j'étais le petit frère de Seiyeon et que j'aimerai lui poser quelques question.

  • Tu es le petit frère de Seiyeon ? Jinhwan ?

  • C'est bien moi, vous l'avez connu ?

  • Pas longtemps malheureusement, elle s'est envolée dans les bras de ce gangster quelques semaines après mon arrivée, je n'ai pas trop eu le temps de devenir amie avec elle mais elle a été vraiment gentille avec moi. Tu lui feras un bisou de la part de Wendy.

  • Elle est morte, affirma Jinhwan dans un regard désolé.

Ladite Wendy se figea un instant, analysant ce que venait de lui dire Jinhwan. Elle posa ensuite le torchon qu'elle tenait et se laissa tomber contre le meuble derrière elle. Jinhwan comprit alors que peu de monde avait été tenu au courant de la mort de sa sœur.

  • Quand est-ce arrivée ?

  • L'accident sur la Ligne 16, dans la nuit du sept au huit.

  • Je suis sincèrement désolée !

  • Merci. Vous pourriez m'en dire plus sur votre relation avec elle, comment elle était ?

Tout en lui servant un Scwheppes agrumes elle lui sourit de façon chaleureuse.

  • J'étais terrifiée à mon arrivée ici, j'étais certaine que je devrais vendre mon corps et prendre de nombreuses drogues pour supporter le tout. Mais ta sœur a été un ange pour moi. Elle m'a expliqué que si je ne voulais pas, je n'avais pas à le faire. Je ne devais pas voir cet endroit, ce métier, comme l'enfer. Certes les jours ne seraient pas toujours roses mais mon corps m'appartenait, il n'était pas propriété du club, alors quand je ne voulais pas, je ne voulais pas. Depuis le temps, beaucoup de filles m'ont dit que pour gagner plus, je devrais utiliser mes attributs mais Seiyeon m'a toujours dit que je n'avais pas besoin de ça, que je ne serai pas heureuse ainsi. Elle avait raison. Et puis ces filles, elles n'aimaient pas beaucoup ta sœur je crois.

  • Qui étaient-elles ?

  • Je ne me souviens que d'une seule, Dakota je crois. Elle a été tuée il y a quelques mois …

  • J'en ai entendu parler oui.

  • Elle était très jalouse de Seiyeon parce que avant que ta sœur ne franchisse la porte du club, c'était elle la plus belle, la plus aimée, la plus désirée. Mais ta sœur est arrivée et les clients ont commencé à se diriger vers elle. Ils trouvaient dans sa timidité, sa maladresse et son intelligence l'excitation qu'ils désiraient à présent. Alors Dakota a commencé à devenir jalouse parce que les mecs ne s'intéressaient plus à elle. Quand Seiyeon n'était pas là, ils demandaient même à Dakota quand est-ce qu'elle reviendrait. C'est à ce moment que Dakota a commencé à offrir son corps au client, s'ils n'étaient pas contents parce que Seiyeon n'était pas là, elle en profitait pour leur dire qu'elle pouvait s'occuper d'eux et qu'ils auraient même le droit à un plus gratuit qu'ils n'auraient jamais avec Seiyeon. Pauvre fille, elle n'avait rien pour elle.

  • Jusqu'où est allée cette jalousie ?

  • Oh pas très, très loin. C'est surtout des histoires de gamines et puis, Seiyeon avait toujours Kiji pour la défendre. Lorsqu'il a arrêté de venir, je me souviens que Seiyeon était très triste et Dakota en jouait beaucoup. Elle se faisait un plaisir de donner tous les détails des ébats qu'elle partageait avec le garçon, tout ça pour rendre jalouse Seiyeon qui, une fois que toutes les filles partaient, qu'il ne restait que nous deux, se mettait à pleurer. Elle était tellement amoureuse de lui … c'était beau à voir, mais douloureux aussi parce qu'elle refusait de le lui dire, tout ça parce que c'était un gangster. Mais tu sais, je pense qu'il y a plusieurs style de gangsters. Kiji était gentil, un peu spécial, mais gentil. J'espère qu'il va bien.

  • Aux dernières nouvelles ça peut aller. Tu pense que Dakota aurait pu lui faire du mal ?

  • A Seiyeon ? Non, jamais de la vie. Dakota avait une grande gueule mais ça s'arrêtait là. Elle était assez trouillarde et jamais elle n'aurai attaqué Seiyeon, surtout en sachant que Kiji était derrière elle avec tous ses amis. Non, Dakota était juste jalouse à en crever. La preuve, c'est la jalousie d'un homme qui l'a flingué.

Jinhwan étira un faible sourire, pas beaucoup plus avancé qu'il ne l'imaginait. Il observa Wendy servir d'autres gars et bavarder un peu avec eux. Elle semblait si jeune, peut-être à peine plus âgée que lui. Alors que faisait-elle là ? Pourquoi travaillait-elle comme danseuse et barmaid ici ?

Quelques minutes plus tard il remontait sur sa 125 pour prendre la route en direction de chez lui. Il avait attendu presque trois-quart d'heures au comptoir à attendre de savoir s'il pouvait oui ou non rencontrer Mademoiselle Lee, finalement il avait abandonné l'idée et était parti. Néanmoins, il avait pu rencontrer Wendy, la barmaid qui avait pu l'éclairer un peu sur la situation au club.

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Comments

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tt_9800 #1
Chapter 4: Chapter 4: Très intriguant!! Merci beaucoup!! ?