Chapitre 2 :

Un bruit retentit, perturbant le silence qui régnait dans la pièce plongée dans l’obscurité. Le jeune garçon, perturbé dans son paisible sommeil, tendit le bras pour éteindre la source sonore. A tâtons, il atteignit ce qui semblait être son réveil, avant de l’attraper et de le fracasser sur le sol. Il grogna. Il détestait être  réveillé. Renonçant à se rendormir, il attrapa son téléphone. Ce dernier afficha une heure déjà avancée dans la matinée.

« Aish ! » soupira le jeune.

Il se leva et s’ébouriffa les cheveux qui lui tombaient devant les yeux.  Il allait être une fois de plus en retard au lycée. Trainant les pieds, il attrapa son uniforme repassé dans son dressing. Il l’enfila avant d’attraper son sac à dos qu’il balança négligemment derrière son épaule. Il descendit les escaliers et tomba sur ses parents dans la salle à manger.

« Byunghun ! » S’écria sa mère, « tu n’es pas à l’école ?! »

Le dénommé Byunghun l’ignora et s’assit sur le bord des marches pour enfiler ses chaussures.

« Prends au moins quelque chose à manger, ne pars pas le ventre vide ! » insista la femme

« Pas faim »  répondit sèchement le garçon.

Mr. Lee leva les yeux de son journal, agacé par le comportement de son fils.

« Adresses-toi différemment à ta mère ! Dis-moi ce n’est pas la première fois que tu es en retard pour le lycée ! »

Byunghun soupira bruyamment.

« Et si tu continues à me faire la morale je vais être encore plus en retard. »

« Tu me parles sur un autre ton ! Ici, il y a des règles. Tes résultats sont plus que moyens et tu te permets d’arriver en retard et d’être insolant. J’aimerais que tu te concentres plus sur tes études, pour être en mesure de reprendre l’entreprise ! »

« Je ne veux pas la reprendre de toute façon »  marmonna le jeune.

« Byunghun ! Ne dis pas de bêtises ! » Intervint sa mère

Le garçon regarda ses parents d’un air blasé avant de saisir la poignée de la porte.

« Je vais au lycée si vous me le permettez. »

Sans attendre une quelconque réponse de ses parents, il sortit et claqua la porte derrière lui.

***

Je courrais à toute vitesse dans la rue, slalomant entre les gens. Pour la première fois de ma vie, j’étais en retard pour aller au lycée. Élève studieuse, je veillais toujours à me lever assez en avance pour pouvoir me préparer et réviser mes leçons. Seulement la veille au soir, je m’étais endormie devant mes révisions, épuisée par ma journée de travail. Je n’avais donc pas programmé mon réveil pour qu’il sonne ce matin et Mi Young était venue me réveiller, inquiète de ne pas me voir debout, car j’étais d’habitude toujours levée bien avant elle.  Levée, en panique, j’avais juste eu le temps d’enfiler mon uniforme, avant de partir en courant pour le lycée.

Malheureusement pour moi, je me trouvais en pleine heure de pointe, et les trottoirs étaient complétement bouché par les personnes se hâtant et se pressant pour aller au travail. Je n’avais pas d’autres choix que me fondre à la foule et suivre la vague humaine.

Après des minutes, qui me parurent l’éternité, d’attente, je pus enfin apercevoir la rue dans laquelle se trouvait mon lycée, puis courir pour l’atteindre avant qu’on ne me laisse plus rentrer.

Justement un surveillant se trouvait devant le portail d’entrée. Il était avec un élève. Je     me rapprochais, en marchant pour essayer de reprendre mon souffle, et ne pus m’empêcher d’entendre leur conversation.

«  Je ne peux pas vous laissez rentrez, Mr Lee, vous êtes trop souvent en retard et vous n’assistez qu’à la moitié de vos cours ! De plus vous n’êtes présent à aucunes de vos heures de retenues. Vous n’êtes pas conforme au règlement alors je suis contraint de ne pas vous accepter au sein de l’établissement. »

L’élève dont je ne voyais que le dos, se frotta la nuque et balança sa tête en arrière d’un air ennuyé.

« Ecoutez, je préfèrerais ne pas avoir recours à cette méthode, mais savez-vous qui est mon père ? Je crois qu’il serait fort ennuyé de savoir qu’on ne laisse pas son fils aller en cours. »

Le surveillant resta néanmoins de marbre, si bien que l’étudiant continua son discours.

« Si  vous ne me laissez pas entrer, tant pis, mais s’il m’arrive quelque chose, ce sera sous votre responsabilité, et cela ternirait la réputation de l’établissement, n’est-ce pas ? »

L’homme semblait peser le pour et le contre, puis finit par s’écarter pour le laisser passer.

« Mais vous passerez au bureau du principal jeune homme, imposa le surveillant »

Il ajusta son sac sur son épaule, et avait dû remarquer présence car il se retourna, et me dévisagea d’un air blasé, avant de passer son chemin. Maintenant que je le voyais de face, je reconnu ce garçon. C’était Lee Byunghun, mieux connu sous le nom de L.joe au sein du lycée. C’était un gosse de riche. Non pas que je m’intéressais à lui, mais il était assez populaire ici, et la moitié de mes amies fantasmaient sur lui. Pour ma part, je ne lui trouvais rien de particulier, mis à part qu’il avait l’air particulièrement antipathique et vantard.

«  Ouai c’est ça » l’entendis-je marmonner à l’égard du surveillant.

Ce dernier avait surement dû entendre à l’air découragé qu’il afficha. Il posa ensuite ses yeux sur moi.

« Qu’est-ce que vous faites là vous ? »

«  Je… J’ai eu une petite panne d’oreiller ce matin et… Je… Enfin… »

Il restait regarder me dépatouiller, les bras croisés. Puis il dut trouver une once de gentillesse au fond de son cœur de surveillant, car il me laissa également passer.

« Dépêchez-vous et que cela ne se reproduise plus ! » prévint-il

J’acquiesçais et me dépêchais d’aller en classe.

***

Malgré mon retard, la matinée se poursuivit calmement. Je rejoins le self avec mes amies, et leur racontais la raison de mon retard. Elles qui étaient habituées à ma ponctualité, s’étaient montrées très curieuses. Elles furent néanmoins déçues quand je leur annonçais que j’avais simplement été victime d’une panne d’oreiller. Elles se mirent alors à parler de leur sujet habituel, les garçons populaires du lycée, et en ce moment, L.joe. J’hésitais à leur parler de ce que j’avais vu ce matin, mais les connaissant, elles m’auraient questionné et torturé jusqu’à que je leur ai donné le dernier détail, et rien que cette perspective me fit changer d’avis. J’allais garder cela pour moi.

Trouvant leur discussion fort peu intéressante, je laissais mon esprit divaguer, et commença à faire mentalement la liste de ce qu’il y avait à faire ce soir au garage. Je n’étais pas forcée de venir au garage le soir, mais je venais toujours donner un coup de main à Minhyuk en soirée. Quelques fois, en prenant du recul sur moi-même, je me rendais compte que je n’étais pas vraiment comme les autres jeunes de mon âge. Rien qu’en observant mes amies. Elles étaient en train de parler de garçons, sujet tout à fait normal pour des adolescentes, alors que je me préoccupais déjà du travail qui m’attendait le soir.

J’en conclu que le fait d’avoir quitté la maison de mes parents tôt m’avait fait prendre en maturité et mes centres d’intérêt n’en étaient que plus adultes. Néanmoins, je restais quand même une adolescente. J’adorais sortir, faire la fête, et partager des fous rires avec mes amis. J’avais seulement plus les pieds sur terre.

Après la pause déjeuner, je me séparais de mon groupe. Je devais passer à mon casier avant d’aller en cours, pour récupérer quelques affaires.  La sonnerie retentit juste quand je refermai la porte de mon casier. Les bras chargés de livres, je pressais le pas pour le pas arrivé en retard. Tout en marchant, je vérifiais si je n’avais oublié aucuns manuels, si bien que je ne vis pas que quelqu’un arrivait face à moi. Je percutais la personne de plein fouet. J’entendis un bruit métallique retentir, puis je vis un portable glissant contre le sol.

« Je suis désolée !!! » m’excusais-je

Je posais ma pile de livre et me baissais pour ramasser le boitier. Je vérifiais qu’il était en état, avant de le rendre à son propriétaire.

« Il n’a rien » assurais-je en tendant le bras.

Ce ne fut que quand je levis les yeux, que j’aperçu à qui j’avais à faire. L.joe. Lee Byunghun. «  Oh non pas lui. Pas encore » pensais-je. C’était la deuxième fois que je le croisais dans la journée. Ça devait être mon jour de malchance. Il m’arracha pratiquement le téléphone des mains puis continua son chemin.

« Empotée », l’entendis-je grogner lorsqu’il passa près de moi.

Je crus d’abord avoir rêvé, puis après courte réflexion j’en déduis qu’il l’avait vraiment dit.

« Pardon ? » l’interpellais-je

Je n’étais pas du genre à chercher des histoires, mais je n’étais pas non plus du genre à me laisser marcher sur les pieds. Il se retourna, une expression neutre collée sur le visage. Il posa son regard sur moi, et me dévisagea de la tête aux pieds, sans aucunes gênes. Il soupira ensuite comme si je lui faisais perdre son temps et tourna les talons. Si je n’avais pas été pressée, je lui aurais donné une ou deux leçons de politesse. Puis en réfléchissant, je réalisais qu’il n’en valait pas la peine, et que je m’étais énervée pour rien.  

Je retrouvais mon calme et me dirigeais vers ma salle de classe.