Chapitre 3

Le Moulin Bleu

 

Chapitre 3 :

 

Byunghun venait de frapper à la porte du petit appartement du 3ème étage. Détaillant le couloir, il évalua la taille du logement auquel il se rendait. De la peinture marron qui s’écaillait des murs, une odeur à la fois de renfermé et d’humidité s’échappait. Son regard se posa sur un petit insecte qui courrait le long du mur près duquel il se trouvait, et il esquissa un rictus de dégout. Il frissonna, et se demandant ce qu’il avait fait pour en arriver là, se remémora la scène de la veille.

Il venait de rentrer des cours, et il vit son père et sa mère, debout, les bras croisés dans le salon. Evaluant que cela ne  présageait rien de bon, il essaya de se faufiler discrètement dans sa chambre, mais son père le rappela.

-        Assis-toi Byunghun, nous avons à te parler, commença son père.

Le garçon leva les yeux au ciel, mais s’exécuta. Il préférait éviter toute confrontation avec son père.

-        Le proviseur nous as encore appelé aujourd’hui, pour nous parler de tes notes, de tes retards, et de tes nombreuses absences…

-        Je… intervins le garçon.

-        Laisse-moi finir. Je suis très déçu de ce comportement de la part de mon fils, et j’ai ainsi décidé de reprendre ton éducation en main.

-        C’est-à-dire ? demanda Byunghun. Il avait l’habitude des remontrances de son père, mais aujourd’hui ce dernier paraissait vraiment énervé.

-        Ma mère et moi avons décidés de t’envoyer dans une école privée réputée, qui se trouve en Angleterre. Tu y apprendras la médecine et le management. Quand tu reviendras, tu auras pris de la maturité et tu pourras reprendre  l’entreprise.

-        Même pas en rêve, répliqua le garçon, je ne vais nulle part, et je ne reprendrais surement pas l’entreprise ! Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas !

-        Byunghun ! Intervint sa mère

Celui-ci se leva brusquement de son siège, et se dirigea vers sa chambre, énervé qu’on fasse des choix à sa place.

-        Je n’accepterais pas sous mon toit un garçon se comportant comme un enfant pourri gâté !!! Est-ce bien clair Byunghun ?! hurla son père depuis le rez-de-chaussée.

« Très clair » marmonna Byunghun une fois qu’il fut seul dans sa chambre. Prenant au pied de la lettre l’avertissement de son père, il commença à préparer ses bagages. Puisque son père ne l’acceptait plus sous son toit, il allait partir.

 

« Byunghun ? Mais qu’est-ce que tu fous là ? Il est tard ! »

Minsoo, réveillé à presque une heure du matin, se tenait sur le pas de la porte, se frottant les yeux pour rester éveillé.

« Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça ! Je peux m’installer ici pour quelques jours ? demanda L.joe »

Sans attendre de réponse, il poussa son ami, entra et posa ses affaires. Ses yeux firent rapidement le tour de l’appartement. C’était ridiculement petit. Du moins pour lui qui avait l’habitude de dormir dans une chambre mesurant trois fois la superficie de ce studio. Il se demanda comment des gens pouvaient vivre dedans. C’était la première fois qu’il se rendait chez son ami, car ce dernier avait toujours refusé qu’il y vienne. Maintenant L.joe comprenait pourquoi. Mais il allait s’en contenter, car il n’avait pas d’autres choix.

« C’est juste pour quelques jours, rassura-t-il son ami, en s’installant devant la tv. C’est juste le temps que mon père se calme. Une fois que l’idée lui aura passé, je pourrais rentrer, c’est toujours comme ça avec lui. »

Minsoo, trop fatigué pour riposter et connaissant son ami, préféra ne rien dire et retourna se coucher.

 

***

 

« Allez Minhyuk ! C’est l’heure ! »

Je tirais mon meilleur ami par le bras pour lui faire comprendre qu’il était temps de fermer boutique. Certains jours de la semaine, après le travail au garage,  nous nous rendions à l’école de danse. Les propriétaires nous prêtaient une salle pour nous entrainer, en échange de cours de danse que nous donnions pour les enfants, occasionnellement le weekend. 

Minhyuk, ennuyé par mon comportement enfantin, finit par céder et lâcher ses outils. Il alla chercher ses affaires et nous pûmes fermer le garage. Je souris, fière de moi. J’arrivais toujours à obtenir ce que je voulais de mon meilleur ami. 

Nous marchâmes vers le centre-ville, là où se trouvait l’école. Nous passâmes au détour d’un quartier devant un petit marchand de ramens. Minhyuk se tourna vers moi, et sans avoir besoin de me poser la question, il lut sur mon visage que je mourrais de faim. Il sourit, leva les yeux au ciel et alla acheter deux portions. Puis il revint et me tendit le bol fumant. Même si nous étions en été et qu’il faisait chaud, je ne disais jamais non à des ramens, et mon ami le savait. Nous reprîmes alors le chemin de la salle, tout en mangeant et discutant. J’adorais les moments comme ça. Les moments de bonheur simple avec mes amis.

 

Nous atteignîmes bientôt le bâtiment, encore allumé. Nous saluâmes un des professeurs qui était resté travailler. Il y avait des soirs ou l’école était déjà vide et fermée, mais nous avions un double des clés au cas-où.

Nous passâmes aux vestiaires pour nous changer rapidement, puis nous installâmes dans notre salle de danse habituelle. Je veux dire, celle dans laquelle nous nous entrainions toujours. Il brancha son iPod à la chaine Hifi, puis nous commençâmes à nous échauffer. Puis comme d’habitude, nous faisions la compétition sur qui étais le plus souple. Comme d’habitude je gagnais, effectuant sans effort un grand écart parfait. C’était un des domaines ou j’étais meilleure que lui, comme lui avait des facilités à des endroits où je n’en avais pas. Cela nous permettait de nous entraider et ainsi nous progressions.

Nous essayions de diversifier nos chorégraphies, et pour cela nous avions appris plus ou moins seuls plusieurs styles de danse. Ainsi, nous pouvions pratiquer aussi bien des danses de salon que des danses latines. Mais notre style de prédilection était le hiphop. C’était d’ailleurs cette discipline qui nous avait permis de nous rencontrer puis de nous rapprocher.

Je lassais mes chaussures quand j’entendis de l’agitation de l’autre côté de la salle de danse. Les enfants de mon cours étaient rassemblés autour d’un garçon avec les cheveux en bataille que je ne connaissais pas. Je l’ignorais et commençais à m’étirer. 

Puis le cours commença et nous répétâmes la chorégraphie que nous avions appris le cours précédent.  J’avais toujours tendance à rester à l’écart des autres, jugeant qu’ils ne se concentraient pas assez sur le cours et étaient assez immatures.

La musique commença et chacun effectua l’enchainement. Alors que je me concentrais sur le mien, j’entendis des chuchotements vers l’arrière. Agacée par le comportement des élèves, je me retournais pour leur demander de se taire, et c’est alors que je le vis. Le garçon aux cheveux ébouriffés. Il exécutait la chorégraphie comme si il la connaissait depuis des mois alors qu’il l’avait appris quelques minutes plus tôt. En le regardant, on aurait pu croire que cet enchainement était si facile que n’importe quel débutant aurait pu la faire, alors que j’avais dû travailler de longues heures avant de pouvoir enchainer tous les pas.

A la fin de la musique, tout le monde applaudit, le professeur compris. Ils se rassemblèrent tous autour de lui pour le couvrir de compliments. Je serrais les poings. J’avais toujours été la meilleure de ce cours avant que ce garçon n’arrive. Je n’avais que ça, la danse. C’était le seul domaine dans lequel je pouvais me différencier des autres, et voilà que ce garçon venu de nulle part venait me le prendre.

J’étais contrariée, mais je ne pouvais pas dénier qu’il était extrêmement bon. Il devait être un peu plus vieux que moi, mais dansait avec autant de passion que je le faisais.

Le professeur demanda de se rassembler par groupe de deux pour s’entraider. Je détestais quand on le faisait. Comme je n’étais proche de personne, je finissais toujours avec la personne sans partenaire, qui était la plupart du temps plus intéressée pour discuter avec les autres que de travailler.

Sans surprise, tout le monde se jeta autour du nouveau pour faire équipe avec lui. Je m’éloignais d’eux et en profitais pour aller chercher une bouteille d’eau dans mon sac. Je bu une gorgée quand on tapota sur mon épaule.

-        Tu veux danser avec moi ?

 

 

 

-        Youhou tu dors ? demanda Minhyuk en m’assenant une pichenette sur le front.

 

-        Aïe, fis-je en portant une main à mon front, non, je pensais.

 

Il leva un sourcil, l’air étonné.

 

-        La petite Rin est capable de penser ? Incroyable, se moqua-t-il avec un air faussement impressionné.

 

Je levais les yeux au ciel et lui frappais le bras pour toutes réponses. S’il avait aujourd’hui atteint sa majorité, il restait toujours pour moi le même petit garçon aux cheveux en bataille.

Nous répétâmes chorégraphies sur chorégraphies pendant plusieurs heures, jusqu’à être complétement essoufflés, et nous effondrer par terre.  Puis comme il était tard, et que j’avais cours et lui travaillais le lendemain, nous dûmes rentrer.

Comme à chaque fois que l’on rentrait tard, il tenu à me raccompagner jusqu’à devant chez moi, de peur qu’il ne m’arrive malheur. Même si je refusais, je savais qu’il le ferait quand même, alors je ne disais rien, même si je me sentais complètement capable de rentrer toute seule.

-        Ne te couche pas trop tard, dit-il m’ébouriffant les cheveux.

Je levais les yeux au ciel. Avec lui, j’avais toujours l’impression d’avoir 5 ans. Je lui répondis qu’il n’était ma mère, et il ria en s’en allant de son côté.

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Comments

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HanNah28
#1
Omg-- enfin une fic en français!! J'ai cru que je n'en croiserai aucune ici!
naeyah #2
Oh mon dieu un lecteur *_*
Merci à toi, j'espere que la suite te plaieras :D