J'abandonne.

Chroniques d'une fille aux cheveux rouges et d'un garçon aux jolis doigts

 

Il est temps d'y aller. Merde, c'est dur. Mais il est temps de rentrer.

 

L'aéroport grouille de monde, Léa se sent soudain très seule. Elle contemple ses tickets, et le vol direct qui la ramène en France. Elle pense que c'est comme arracher un pansement le plus rapidement possible, pas d'escale, pas d'hésitation, pas le temps de s'accoutumer à la douleur de la séparation. Il est tôt, trop tôt pour elle, et elle est trop fatiguée pour pleurer. Ou pas assez réveillée.

 

Elle soupire et se lève, jette un coup d'oeil à travers les grandes vitres de l'aéroport pour essayer d'attraper une dernière fois un fragment de ce pays, et le garder en mémoire. Mais les voies pour desservir les entrées du bâtiment sont les seules choses qu'elle peut contempler, alors son regard se perd au loin, replongeant dans les slendides montagnes qu'elle a traversées, et la foule grouillante de Seoul. Myeongdong. Hongdae. Itaewon. Hannamdong. Les quartiers défilent et elle essaie désespérement de retrouver les odeurs délicieuses des stands de rue, la douceur des cafés où elle s'est arrêtée de temps en temps, la chaleur de l'été et la fraîcheur de l'automne à Séoul.

 

Et elle regrette. Elle regrette d'avoir lézardé au lit certains matins, au lieu de capturer encore un peu plus ces images d'un monde qu'elle considère maintenant comme le sien. Revoir sa famille n'est pas une malédiction, mais qu'elle vive à neuf mille kilomètres de la ville que son coeur a choisi laisse un goût amer sur sa langue.

 

Elle lance un rapide regard derrière elle pour vérifier l'heure sur la grande horloge digitale du hall. Elle a bien une heure et demi d'attente devant elle, une demi heure à poirauter avant d'entrer. Dans dix minutes elle ira faire enregistrer sa valise. Léa laisse courir son regard sur les autres voyageurs, certains pressés, certains endormis.

C'est l'heure.

Elle prend sa place dans la queue et fait enregistrer ses bagages. Puis elles se retourne, les mains vides, l'esprit blanc, il y a comme un trou dans son coeur.

 

Elle erre un peu au hasard, avant d'apercevoir un café et de décider d'y entrer. Les sièges en cuir ont un style occidental, typiques : grands et froids.

Elle s'y assoit, après avoir brièvement commandé, et joue avec sa serviette, le menton posé sur sa paume.

 

Elle soupire, et vérifie l'heure sur son portable. Encore. Et encore.

 

Il reste quarante minutes. Il est temps de passer la porte d'embarquement. Léa reste un moment sans bouger, le regard fixé sur le siège d'en face. Son regard reste vague, mais son esprit cherche, elle cherche un nouvelle coincidence, la présence de celui qui n'a fait que resurgir dans sa vie pour mettre un peu plus de confusion dans ses sentiments. Comment est-elle passée d'une fantaisie à des sentiment bien réels ?

 

Elle fait rejouer dans sa tête ses premiers sourires timides, son embarrassement et son attention silencieuse envers elle.

Et son sourire. Son sourire si envoûtant.

 

Elle revient vite à la réalité, se lève et sort après avoir payé comme d'un seul mouvement. Quelques pas, puis elle s'arrête. Elle veut s'imprégner un dernière fois de l'air coréen avant le terrible passage de la porte d'embarquement.

 

Si seulement elle avait pu le revoir, elle aurait dû essayer, et lui dire, lui avouer qu'elle tient à lui comme elle n'a jamais tenu à personne.

Ce jour-là dans le magasin, ç'aurait été si simple de lui saisir la main, de l'arrêter avant qu'il ne franchisse cette porte pour disparaître dans le gouffre de la nuit.

 

Elle n'est pas prête. Elle ne veut pas partir et quitter celui pour qui elle est capable de sacrifier sa famille.

 

Son regard s'embue et elle inspire profondément pour ravaler la douleur qui monte dans sa gorge, dans ses yeux, dans son coeur.

 

Elle doit repartir, elle n'a pas le choix.

 

Le laisser derrière elle, c'est laisser une partie de son âme

 

Elle murmure :

 

 

"J'abandonne."

 

 

Ses épaules s'affaissent, et c'est comme si son propre monde s'effondrait. Elle porte une main à ses yeux pour effacer discrètement une larme, et une main se glisse dans la sienne.

 

Elle relève les yeux au contact étranger et étonnamment délicat. Un bras l'enferme dans une douce étreinte, et Léa se fige, une odeur qu'elle ne connait pas l'inonde - c'est le parfum d'une peau particulière, d'un corps plus grand et plus fort qu'elle.

Son coeur rate un battement et elle s'apprète à repousser l'étranger, aussi bon puisse-t-il sentir, mais ce dernier murmure contre ses cheveux :

 

 

"Please, wait..."

 

 

Puis comme s'il voulait se cacher, l'étranger enfouit sa tête contre elle.

L'étranger.

Elle reconnait la voix mais ça semble irréel. Alors doucement, elle lève la tête et ses yeux qui jusqu'ici reposaient contre son torse découvrent une gorge qu'elle ne reconnait que trop bien pour l'avoir embrassée tant de fois dans ses rêves.

Yongguk est là.

Il est bien réel, et elle aussi, enfermée dans ses bras. Elle dicerne un furieux rougissement sur ses joues, et elle ne peut détacher son regard de sa lèvre qu'il mord profondément pour cacher son embarrassement. Elle murmure son nom, et sans lui répondre, il se détache d'elle pour se saisir de sa main.

Doux mais déterminé, il l'entraine à l'écart des regards et du bruit, sa tête baissé et son pas hâtif trahissent son embarrassement.

 

Ils se contemplent sans rien se dire, Yongguk n'a pas laché sa main. Il ouvre la bouche comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose puis se ravise et baisse la tête.

 

Le coeur de Léa résonne jusque dans ses oreilles, et elle est presque sûre que Yongguk peut l'entendre, mais elle se penche un peu pour capturer son regard.

Il finit enfin par relever la tête, quelques secondes qui paraissent des heures, et Léa en a le souffle coupé.

Sa bouche reste scellée, mais ses yeux trahissent bien plus que de l'agitation. Son visage prend une expression peinée, et Léa est presque surprise quand finalement sa voix baryton ose quelques mots :

 

 

"You... you're leavin ?"

 

 

Léa acquièsce doucement, et de sa bouche ne sort qu'un murmure brisé :

 

 

"I'm going back to France..."

 

 

Le visage de Yongguk s'affaisse alors qu'il laisse échapper un "oh..."

Il fouille dans les poches de sa veste quelques secondes, puis il relève la tête, ses joues trahissant son émotion mais ses yeux étincellent de détermination.

Il prend sa main et y dépose délicatement un petit objet.

 

Sur sa paume, Léa découvre une bague en acier, joliment travaillée.

 

 

"Sorry, I... I got this for you... a long time ago..."

 

 

Léa rougit, plongeant une nouvelle fois son regard dans le sien, buvant toutes les émotions que Yongguk ne semble pas capable de transmettre.

Son sourire est sincère, un peu timide, et Léa ne peut s'empêcher de lui sourire en retour

 

 

"Thank you..."

 

 

Elle fait tourner la bague dans sa paume, la voix de Yongguk s'élève de nouveau, mais les mots qui franchissent ses lèvres trahissent sa peine :

 

 

"I... I wanted to see you... before you go... Will you... will you come back to Korea one day ?"

 

 

Sa voix grave résonne dans le corps de Léa, et elle se resaisit, souriant de plus plus belle.

 

 

"I have to go back home for a while... I will spend Christmas and New Eve in France, but I'll come back after for sure !"

 

 

Le visage de Yongguk s'illumine alors. Avant que Léa ne puisse s'en remettre, des lèvres pleines, rapides et douces, attérissent sur sa joue, presque sur le coin de ses lèvres.

 

Leur propriétaire a déjà tourné les talons et marche à grande vitesse, mais Léa réussit à saisir le pourpre de ses joues. Elle le regarde s'éloigner, le coeur battant et à deux doigts de se donner une claque.

 

Laisser Seoul derrière elle pendant un mois lui paraissait insurmontable, mais elle peut encore sentir les doigts chauds de Yongguk déposant la bague dans sa main.

Etrangement, partir n'est plus aussi terrible quand on sait que quelqu'un nous attend.

 


 

SURPRISE.

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Comments

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Koreaddict
#1
Chapter 4: Je te déteste en fait
Koreaddict
#2
Chapter 4: Je sais pas pourquoi je me torture encore et toujours en lisant cette perle pour la 56ème fois.
J'dois être un peu maso sur les bords c:
Koreaddict
#3
Chapter 4: HAAAAAAAA C'EST TROP BEEAAAAAUUUUUU ;0;
Koreaddict
#4
Chapter 4: Puta tu m'as trop prise au dépourvue

je te hais le con de toi

Ça m'a fait pleuré de joie
Omg meuf c'est juste trop parfait


ASDFGHJKL

MAIS

WHY DIS IS NOT DA REAL LIFE

FOCK Y'ALL

(i ing lub you ya )

*ravale ses larmes*
Koreaddict
#5
Chapter 3: UPDATE

CANICHE QUE TU ES
Koreaddict
#6
Chapter 3: Crying again.
WHY
DIS IS BEAUTIFUL

J'aimerais que ça soit vrai putain.
Phoque da life.

T'as interet d'updater vite là
J'deviens trop accro c'est un truc de fou meuf.
Koreaddict
#7
Fin jolis doigts ça reste à prouver.
Parc'qu'il a toujours les ongles plus longs que moi.
NO
Koreaddict
#8
Chapter 2: http://images6.fanpop.com/image/photos/32400000/Funny-Kpop-Gifs-kpop-32466600-250-124.gif
Koreaddict
#9
Chapter 2: http://media.tumblr.com/tumblr_lwnmr6eokg1r1ouef.gif
Koreaddict
#10
Chapter 2: http://i.minus.com/ilXiIawEXdtb0.gif