Chanson d'accompagnement (vous en aurez besoin) : Jason Mraz - I won't give up on Us

+ la version d'Onew (sublime) Here !

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"Lâches-moi idiot !"

       Nul ne sait comment la vie décide des tours qu'elle joue. Nul ne sait si tout ceci est la volonté d'un quelconque dieu, d'une parodie du destin ou de ce que les aveugles appellent le hazard ... Nul ne sait à sa naissance ce que cette étincelle lui réserve. Nul ne sait quand cette étincelle s'éteindra ... Cette lueur de vie, ce qui nous fait respirer, rire, pleurer ...  Ce qui nous maintient debout, cet espoir d'un lendemain, ce coeur qui bat en chacun de nous ... En cet instant ... Ce coeur t'appartient Kibummie. Au bout de mes doigts, ta vie défile, au bout de mes doigts, ton souffle est court, au bout de mes doigts ... Tu peux mourir.

       Pitié, ne me demandes pas de te lâcher. Ce serait comme me perdre moi-même, me planter un couteau en pleine poitrine, m'ouvrir les veines et me vider lentement de mon sang jusqu'à ce que la dernière goutte de vie ait daigné quitter ce corps qui ne désirera même plus vivre ... Autant sauter tous les deux.

       Kibum. J'aurais dû t'écouter. Ne pas faire le pitre, ne pas te distraire sur une route aussi dangereuse, ne pas chanter, ne pas te taquiner et te donner envie de m'embrasser ... J'aurais dû résister à ta tentation, j'aurais dû voir ce taré arriver et te le dire, nous protéger ... Kibum. Je sais que tu ne crois en aucun dieu mais ... Crois-tu que j'ai été punis ? Avons-nous été punis, frappés par la foudre des damnés que le ciel renie ? Cet amour qui ne franchira jamais les portes d'une église ... Cet amour ... Aides-moi à le sauver.

"I won't give up .. on .. us .."

"Je ne nous abandonnerais pas .."

       Je sais que tu aimes la vie, Kibummie. Je sais aussi que ton coeur est fait d'or, alors ne penses même pas à te sacrifier pour moi, n'oublies pas qu'il n'y a pas de moi sans toi, n'oublies pas tous ces moments passés ensemble, nous, tes amis, ta famille, tes passions, tes rêves ... toute cette vie que tu as si durement construite .. Ne l'abandonnes pas. Ne m'abandonnes pas. N'oublies pas ce que tu vois dans mes yeux. Cette douceur, cette tendresse, ce sourire ... Ils ne sont que pour toi. Ce que tu vois dans mes yeux Bummie ... C'est tout l'amour que je te porte. Ce sourire que je t'adresse n'est qu'un écho du tien. Ce rire que tu sais si bien faire naître n'est que le fruit du bonheur de notre idylle. Ces yeux qui te scrutent te connaissent par coeur ; ils ne t'ont pas quitté depuis la première fois ... Tu ne peux pas mentir. Surtout pas à moi.

"Jjong ..."

"Even if the sky gets rough ..."

"Même si le ciel devient rude .."

       Les veines des muscles de mon bras sont si apparentes qu'elles semblent sur le point d'éclater alors que je mobilise tout ce qu'il me reste d'énergie pour tenter de te remonter, serrant les dents alors que la sueur perle mon front et que je sens ma main devenir moite. Je maudis cette vaine tentative, maudissant ce sang qui coule le long de mon bras, ce même sang qui s'écoule également de ta tempe comme la vie qui semble s'éloigner un peu plus de nous seconde après seconde ...

"Putain ..."

"Jjong .. Tu ne tiendras plus très longtemps, lâches-moi .." gémis-tu.

       Comment pourrais-je te laisser au vide et à cette mort certaine alors que ton visage pâle est sur le point d'être inondé de larmes ? Comment pourrais-je laisser ces lèvres tremblantes, ce triste regard et ce doux visage ? Quel être pourrait être assez cruel ... ?

"I'm giving you all my love ..."

"Je te donne tout mon amour ..."

"Je préfère sauter avec toi plutôt que de ..."

"Idiot ! Tu crois vraiment que ça ne suf- ?!"

"C'est toi l'idiot !! Je t'aime putain, tu peux comprendre ça ?!"

"I'm still looking up ..."

"Je continue de regarder en l'air ..."

       Ne me regardes pas de tes grands yeux surpris ... Ne me donnes pas envie de te serrer dans mes bras alors que tu es suspendu au bord d'un précipice ...

       Nous allions rejoindre nos amis pour ton anniversaire. Nous discutions gaiement, tout excités d'enfin pouvoir revoir Onew, Minho et Taemin. Nous imaginions ce qu'ils étaient devenus en deux ans de séparation, ce à quoi ils aspiraient à présent, s'ils étaient heureux, s'ils s'étaient reconstruit depuis la dissolution des SHINee, il y a de cela trois ans ... Après un an de procès avec la SM Entertainment, toi et moi avions décidés de partir pour l'étranger afin de panser nos blessures, en cette Angleterre que tu chérissais tant, laissant à nos trois amis le soin de reconstruire leurs univers sans que notre présence puisse leur rappeler de mauvais souvenirs ... Tu te demandais souvent s'ils nous avaient pardonné ... Mais mon ange, il n'y a rien à pardonner.

"Cause even the stars .. they .. burn .."

"Car même les étoiles brûlent .."

       Ce que nous avons fait il y a quatre ans ... Je ne regrette rien. Rien, pas même une minute, pas une seule seconde je n'ai regretté que nous nous soyions exposés malgré les interdits, que nous ayons déclaré au monde entier nos sentiments réciproques ... Je savais que nous étions arrivés au point de rupture, au bout de ce que nous étions capables de supporter. Tu allais débuter We Got Married avec cette femme que j'avais appris à détester, et nous nous voyions de moins en moins souvent à cause de cette promotion que l'on m'envoyait faire aux quatre coins de la Terre ... SHINee n'était plus que l'ombre de nous-même, nous ne faisions que nous croiser, et cela nous blessait tous, perdant nos sourires pourtant si innocents ... Alors ...

"Si je t'ai enlevé le 23 septembre 2015, ce n'est pas pour t'abandonner maintenant, Kim Kibum."

       Je suis à bout de souffle. Je tente de caler mes pieds quelque part, derrière un rocher, une racine, quelque chose, afin de pouvoir utiliser mes deux mains pour te remonter, mais le sol semble aussi lisse qu'une patinoire, me faisant jurer entre mes dents, maudissant cette impuissance si peu familière. Mes yeux ne quittent pas les tiens, plongeant dans ces pupilles noires où je me suis si souvent noyé, priant pour que cet échange émotionnel ne soit pas le dernier, priant pour avoir la force de sauver cet ange avec qui j'ai tout traversé ...

       Malgré les gouttes de sueur mêlées au sang au niveau de ta tempe, ton visage semble encore si doux, un sourire flottant sur tes lèvres alors que tu me lances un regard que je ne connais que trop bien ; c'est celui que tu as après l'amour ... Ce genre de regard qui me fait fondre, me fait sourire comme un imbécile heureux, te faisant rire, de ce rire si précieux ... Mon ange ...

"Some even fall to the Earth .."

"Certaines tombent même sur Terre .."

       S'il te plaît ... Ne t'envoles pas ... Ou emmènes-moi ...

"Jonghyun ..."

       Je sais que tu as mal et que tu luttes pour respirer correctement. Je sais que tu as peur ; le vertige n'aide pas. Je sais aussi que tu crois en moi tout en souhaitant mon unique bien, mais s'il te plaît Kibum, penses aussi à toi ... Ta vie est précieuse ...

".. Je t'aime .."

       Je cligne des yeux quelques secondes avant de réaliser que ce n'est ni une blague, ni un rêve. Tu n'es pas la genre de personne à dire ça très souvent ... J'allais sourire et te répondre mais me fige lorsque je vois ta seconde main tenter de desserrer mon emprise sur la première. Aussitôt, je te crie d'arrêter, mais tu ne m'écoutes pas .. Cette main pâle que j'ai si souvent serré semble persister malgré mes prières.

"Ne me fais pas ça Kibum, je t'en prie, tu ne peux p-"

"Je ne veux pas que tu meurs !"

       Ton cri vient du plus profond de ton âme et je sens mon coeur se briser à l'écoute de ta voix vacillante et rauque. Ce regard implorant si bouleversé que tu me lances ... Je ne l'avais jamais vu. Pas même dans les pires moments où le monde semblait nous prendre pour cible, où notre vie entière était exposée jusque dans les moindres détails, où la confiance était devenu un euphémisme, quelque chose venant d'un autre monde .. de notre monde ... A aucun moment je ne t'ai vu baisser les armes, vaciller, t'écrouler ...

       Je sens les larmes troubler ma vue et je secoue la tête, tentant de chasser ce voile humide qui me cache ton visage. Je sens ta main glisser et je gémis tout en agrippant un peu plus ta main des miennes, rompant instinctivement le rempart qu'était ma main droite, celle qui était fermement plantée dans le sol il y a encore quelques secondes afin que je ne sois pas entraîné par ta chute datant d'il y a quelques minutes ou peut-être quelques heures ...

       Tu cries alors que tu nous sens happés par le vide, et je crois me résigner à notre triste sort en sentant mon corps glisser en avant, attiré tel un aimant vers ce tragique destin, me disant que peu m'importe de mourir, si c'est dans tes bras ...

       In extremis, mes pieds se bloquent dans quelque chose que je ne parviens pas à identifier, trop occupé à tendre chaque muscle de mon corps afin de ne pas te lâcher sous le choc brutal qui arrête notre chute. Instinctivement, j'avais fermé les yeux. Je les rouvre, plongeant une nouvelle fois dans ton regard tout aussi choqué que le mien, tes deux mains à présent étroitement reliées au miennes. Mon buste est à présent dans le vide.

"We've got a lot to learn .."

"Nous avons beaucoup à apprendre .."

       L'instinct est probablement un des atouts de notre histoire. L'instinct ne se ment pas, l'instinct ne se trompe pas. Il ne doute pas et n'évite rien, n'a pas besoin de mots ou de faux-semblants pour exister. L'instinct est à l'origine de la sincérité, de la pureté, de la liberté ... Kibum. Je veux encore tout connaître de toi. Tout ce que je ne sais pas encore, ton premier amour, l'école à laquelle tu allais, pourquoi tu as commencé le ski nautique, le moment où tu as su que tu m'aimais ... Je veux tout savoir, alors vivons Bummie, survivons d'une manière ou d'une autre et réalisons nos rêves ensemble ... Je t'ai vu rire et pleurer, tu m'as protégé et je t'ai réconforté, même quand tu persistais à dire que tout allait bien. Je t'ai écouté, tu m'as percé à jour, j'ai répliqué, tu m'as touché ... en plein coeur.

"God knows we worth it ..."

"Dieu sait que nous en valons le coup .."

"Jjong ... J'entends une ambulance."

       Je ne peux retenir un sourire, le soulagement me submergeant, l'espoir brillant comme jamais, mes yeux perdus dans la contemplation de ton bonheur réciproque, bref, pour faire court, j'étais tout excité.

"Vraiment ?!"

       Tu as toujours eu une ouïe plus développée que la mienne ; un vrai chaton. Mon chaton. Lorsque je te vois hocher faiblement la tête, n'osant presque pas y croire, tes yeux pétillants, mon coeur rate un battement alors que je ris doucement, tentant de me contenir.

"Tu vois, je te l'avais dis !"

"Quand ça ?! Idiot !" répliques-tu, en riant de la manière la plus mignonne qui puisse exister en ce monde.

       Je savoure cet instant où suspendu dans le vide, nous rions comme des gamins, sentant la force couler à nouveau dans nos veines, sentant l'attente se raccourcir et enfin ... Enfin la libération lorsque je sens des mains m'agripper, des voix s'affairer autour de nous alors que quelques secondes plus tard, nous nous retrouvons sur la terre ferme, placés dans une ambulance, une couverture sur nos épaules alors qu'une infirmière nous soigne sommairement tout en nous posant diverses questions. Les soins ne prennent pas longtemps ; le temps de nettoyer nos plaies et de coller quelques pansements par-ci par-là : la suite se fera à l'hôpital. Nos mains ne se quittent pas, se serrant lorsque l'un de nous souffre sous les désinfectants ou points de suture provisoires ...

       Après avoir finit de nous examiner, la femme part faire le point avec les policiers, et les autres ambulanciers. J'appuis alors lentement ma tête sur ton épaule et je sens la tienne s'appuyer contre la mienne. Je me redresse alors un peu, déposant un baiser sur ta joue, tout fier de moi comme un enfant ayant goûté au plus délicieux des bonbons. Tu souris puis colle tes lèvres aux miennes, retrouvant cette douceur que j'aime tant, cette douceur que j'ai faillis perdre ... Bien vite le baiser s'intensifie, avide, désespérément avide, comme des drogués en manque, renouant avec la plus belle des drogues qui m'ait été donné de savourer ; tes lèvres. Nous finissons par nous détacher après quelques secondes, le souffle chaud, presque haletants, mais ne rompant pour rien au monde le contact visuel, avant de finalement s'appuyer tête contre tête, côte à côte, main dans la main, serrés l'un contre l'autre, vaincus par la fatigue accumulée.

       Alors que nous profitons allègrement de cette délicieuse chaleur humaine enfin retrouvée, je fredonne doucement au creux de ton oreille ...

"No, I won't give up on us .."

"Non, je ne nous abandonnerais pas .."

       Et ton sourire Kibummie ... Ton sourire n'a pas de prix.