La falaise et le sortilège

Your house will always be Hufflepuff

La falaise et le sortilège 

 

Sana ne collait pas vraiment à l'image gentille et naïve qu'on aurait pu facilement lui attribuer. Elle avait ces traits tous droits modelés de la main des Dieux, des yeux bruns très clair qui pouvait charmer les Hommes et un sourire, qui sans autant de malice, aurait pu faire des dégâts dans les cœurs de pierre. 

Mais si vous l'aviez croisé dans le train, lors de la première année, vous auriez pensé que tout était déjà tracé pour elle, que le Choixpeau après un bâillement exagéré l'aurait dépêchée de rejoindre les bancs de Poufsouffle. C'était sûrement sa curiosité naturelle pour tout ce qui pouvait bien passer dans son champ de vision. Sa gourmandise, son rire étrange et cette apparence lumineuse qui ne correspondait à aucune autre maison. L'étonnement fut donc présent lors du grand jour, quand le Choixpeau lui décerna la couleur verte, créant la surprise parmi les anciens et nouveaux élèves. Persuadée de terminer chez Poufsouffle ou Serdaigle, Sana eut de la peine à accepter ce choix, il n'y eut aucune explication, qu'un vague sentiment de déception et de peur. Allait-elle survivre parmi les rusés ? L'image néfaste qu'elle avait de cette maison ne l'aidait en rien à retrouver la détermination de devenir une sorcière.  

La première année fut presque un désastre. Elle n'avait pas la meilleure des réputations. Ses retards répétés, sa maladresse et ses lunettes beaucoup trop grandes qui ne cessaient de lui tomber du nez était source de moqueries. Porter les couleurs de Serpentard était une tâche lourde, elle n'avait pas encore ce mordant et cette présence intimidante. Était-elle rusée ? Ambitieuse ? Elle rasait les cachots chaque soir pour retourner au dortoir, les murs semblaient lui parler, lui dire quelque chose mais ce n'était certainement que son esprit. Peut-être aurait-elle dû naître moldu et vivre une vie parmi ceux qui n'ont pas un destin tout tracé.  

Cependant le destin a lancé ses dés une seconde fois, les cartes ont changé pour le meilleur ou pour le pire. La deuxième année fut un tournant décisif pour Sana. Les Minatozaki furent rattrapés par un passé qui aurait mieux fait de rester oublié. Normalement couverts de jaune ou de bleu, cette nuit-là le vert vint teindre les murs de la famille. Pour la première fois, Sana fut confrontée à la vérité de ses couleurs, de ce choix que fut Serpentard lors de sa première année et qui fut source de chagrin dans son entourage. 

La porte s'était ouverte dans un grand fracas lors de cette nuit froide. Pas une étoile éclairait le ciel, les ténèbres semblaient manger chaque centimètre d'espoir et de vie. Avant même de reposer sa joue contre son oreiller, Sana avait ressenti comme une étrange présence qui l'attirait et l'oppressait contre son matelas. L'impression d'être dévorée et de ne plus pouvoir bouger fit naître un sentiment de panique si fort que le son de sa voix ne put faire écho contre les murs. Des murmures de plus en plus présents se mirent à raisonner dans son esprit, son corps se tordait contre son lit, des mains venues des noirceurs de ses rêves tiraient son corps en direction des enfers. Seul son souffle rapide et angoissait sifflait dans la chambre baignée dans l'obscurité. 

Au même instant des pas raisonnèrent dans l'escalier exigu, aux milles portraits mouvants. Ces silhouettes s'étaient cachées à la venue de l'étranger, Sana était sous l'emprise de cette présence maléfique, ses cris toujours comprimés au fond de sa gorge sèche.  

Son regard vitreux rencontra celui de la présence masculine qui venait de faire irruption. La baguette magique de Sana était beaucoup trop loin pour qu'elle puisse l'attraper et encore moins étant donné qu'elle était privée de tout mouvement. 

"On doit s'en aller, maintenant !" Ce n'était pas une voix familière mais elle lui paraissait étrangement douce. Une lumière forte vint l'éblouir puis elle fut libérée de ce songe ou de cette réalité qui l'avait dévorée. Sana prit sa baguette qui dormait sur sa table de chevet et la pointa avec maladresse en direction de l'intrus. 

"Qui êtes-vous ?!" Cette question ne fut jamais répondue et fut perdue dans une spirale d'événements qui bouleversèrent le courant de sa vie en tant que Minatozaki. Des images de la nuit noire, des cris lointains qu'elle semblait reconnaître et des lumières vertes étaient les seuls souvenirs qui ne furent pas effacés. Sana ne savait pas encore si son esprit avait oublié l'horreur de cette nuit volontairement ou si parmi ces lumières vertes quelqu'un avait en partie effacé sa mémoire. Le nom de ses parents lui paraissait maintenant imprononçable, comme si sa langue lui brûlait rien qu'au souvenir de ces lettres qui s'emmêlaient si facilement avant que la tragédie ne change tout.  

Après une absence qui fut étrangement brève, ses pas foulèrent les couloirs de Poudlard une nouvelle fois. Le vert lui collait désormais à la peau, la couleur brune de ses cheveux avait cédé au blond et son expression était devenue moins lumineuse. C'est avec une aura sombre que les années filèrent entre ses doigts, ses pas étaient devenus aussi discrets que ceux d'un félin. Sa voix ne trahissait plus aucune hésitation, ses connaissances avait pris de l'ampleur et son habilité à manier les sorts était devenue excellente. Une détermination illuminait son regard mais si on y regardait de plus près, une douleur profonde teignait ses orbes fuyantes.  

 

 

 

Assise sous le pont couvert, Sana observait les sapins verts qui émanaient une odeur réconfortante à cause de l'humidité. Devenue peu bavarde, Sana n'avait pas perdu sa curiosité et sa maladresse ne s'était pas évanouie avec son ancien souffle de joie. Un contraste que peu de personnes avaient pu observer lors de sa première et deuxième année. Son dos appuyé contre l'une des poutres, Sana laissait pendre dans le vide son collier formé de triangles. Ils s'enchevêtraient les uns dans les autres, tournant sous la brise légère afin de scintiller sous le paysage brumeux.  

"Je ne voulais pas te déranger mais il me semble que tu ais oublié : ceci." Sana n'eut pas besoin de tourner son visage pour reconnaître la jeune femme. Un léger sourire vint fendre ses lèvres, bien sûr qu'elle avait oublié de prendre son foulard et bien sûr que Jihyo allait s'inquiéter. La Serdaigle savait toujours où la trouver, comme si une carte du Maraudeur secrète lui permettait de la suivre à la trace.  

"Tu ne me déranges jamais." Le murmure de Sana vint couper le silence qui entourait le pont couvert. Elle sauta sur ses pieds, rangeant son collier dans la poche de sa longue robe noire. 

"Tant d'honneur de faire partie de cercle très fermé des amis de Minatozaki." Jihyo vint nouer l'écharpe autour des épaules de Sana. La différence entre leur taille n'était pas énorme mais assez pour que Jihyo se sente rassurée par la carrure de la plus âgée. Alors que ses doigts délicats glissaient sur le tissu gris et vert, le regard de Sana se perdait à aimer les traits ronds du visage de la Serdaigle. 

"Disons que tu es la seule qui ose m'approcher maintenant." Dans ses mots, Sana n'y versa aucune émotion contrairement à son regard qui s'adoucissait. Jihyo tapota ses mains contre les épaules de Sana, fière de son nœud parfaitement effectué et puis fronça les sourcils. 

"Tu n'es pas obligée de subir tout ça.." Les mains de Jihyo se crispèrent contre la longue robe de Sana, tenant ses épaules dans un mouvement de compassion. La blonde ferma les yeux, frissonnant à cause de la brise qui devenait plus froide. Ici les murmures ne pouvaient l'atteindre, donnant du répit à ses pensées traversées par des mots empoisonnés. 

"Si j'en parle on risque de me chasser, j'ai déjà perdu ma famille. Albus m'a à l'œil, j'ai été poursuivie, mon corps souffre encore.. Jihyo, je ne peux pas agir." Sana fut apaisée par le geste tendre de Jihyo. Les doigts glissés dans ses longs cheveux fins, un sentiment de culpabilité lui fit déglutir. Si seulement elle pouvait se souvenir de leurs visages mais ces souvenirs reposaient au fond d'un lac brouillé par la pluie. Il lui était impossible d'y voir le fond ou d'y plonger, la froideur de l'eau réprimant son envie de courir après son passé. 

"Je pense que tu devrais avoir confiance en Albus et Minerva. Ils sont au courant que tu es tourmentée, combien de fois ont-ils essayé de te venir en aide malgré que tu n'oses pas en parler ? A mon avis il va falloir y réfléchir." Tout en peignant les cheveux de Sana, Jihyo tentait de faire changer d'avis la Serpentard. Son pouce se frottait contre la joue de la plus âgée, peut-être que son inquiétude allait la faire raisonner.  

"Laisse-moi encore un peu de temps. Je sens que quelque chose va arriver.. Et je saurai quoi faire." Sana inspira l'odeur des sapins, la chaleur de la main de Jihyo contre sa joue calmait ses pensées noircies par la trace des chuchotements envahissants. Il allait bientôt pleuvoir, l'air était lourd et la brume commençait à s'épaissir. Il était temps de retrouver les murs de pierre de Poudlard. 

 

 

 

La première fois que Jihyo lui vint en aide, Sana était au bord d'une falaise creusée par les vagues. Elles n'étaient pas à Poudlard mais au Nord de l'Angleterre. Malgré qu'elles ne se soient pas connues avant de mettre un pied dans l'école de magie, elles vivaient toutes les deux dans le Nord Anglais, là où les nuages ne se dissipent jamais. Le vent était fort, les pieds de Sana faisaient tomber du gravier dans la mer et rien, pas même la force de la tempête, semblait pouvoir lui faire reculer.  

"Sana Minatozaki, l'exemple en chair et en os d'une parfaite lanceuse de sortilèges. Pourquoi choisir la mort alors que tu as pris tant de temps à apprendre comment te protéger ?" La voix de Jihyo bravait le vent, c'était un cri, une voix rauque tombant malade à cause du froid. Sana avait tourné son visage, ses cheveux blonds se battant avec le vent.  

"Quelqu'un a-t-il oublié de me prévenir que j'avais un ange gardien ?" Sana n'avait pas haussé le ton de sa voix mais Jihyo l'avait entendue. Cette dernière se rapprochait de la Serpentard, ses pieds écrasant les restes d'herbes mortes et le gravier. 

"Ai-je l'air d'un ange ?" Un rire vint raisonner contre les oreilles de Sana et celui-ci était loin d'être moqueur ou sarcastique. Jihyo s'était assez approchée pour ne plus avoir besoin d'hurler dans le vent, elle se racla la gorge en levant son regard sur Sana qui était sur le bout de la pente douce comparé au dénivelé de la falaise rocailleuse.  

"Je n'allais pas sauter." La blonde recula d'un pas, ses épaules effleurèrent celles de la plus jeune qui tremblait dans son pull en laine rouge.  

"Cela m'en avait tout l'air." Ce n'était pas une accusation mais Sana ne put s'empêcher de ravaler un rire amer. On ne pouvait savoir si la nuit allait tomber avec ces nuages de plus en plus gris, presque noirs et sans pluie. La mer se fracassait contre la roche, se retirant pour réitérer son attaque avec toujours plus de violence. 

"Et si c'était le cas, qui es-tu pour m'en empêcher ?" Ce n'était pas vraiment une question mais Sana l'avait demandé à haute voix sans vraiment attendre une réponse. 

"Quelqu'un que tu ne connais pas encore mais si je suis là, c'est pour tenter de faire les choses bien. Tel est mon rôle." Il n'y avait aucun jugement, ce qui avait tendance à agacer Sana chez les autres, n'était pas présent dans la manière dont Jihyo avait de s'exprimer. Ce n'était ni le rôle d'une mère, ni d'une sœur mais comme un guide.  

"Un rôle que l'on t'a attribué ?" Curieuse, Sana avait laissé échapper cette simple question. Son regard s'était penché sur l'étrangère qu'elle avait parfois croisé dans les couloirs de Poudlard. L'avait-elle déjà réellement remarqué ? Avait-elle prêté attention aux âmes du château ? Elle se rendit compte qu'elle n'avait passé que trop peu de temps à observer, préoccupée par ses peurs et les murmures déroutants dans la langue du Mal. La bulle venait d'éclater, lui ouvrant les yeux sur un tableau flou. Un monde existait en dehors du sien, Jihyo venait-elle peut-être de lui tendre sa main ? 

"Peut-être ?" Jihyo avait tourné son visage pour croiser le regard de Sana. Il n'y avait aucune hostilité dans cet échange, Jihyo ne la craignait pas et elle-même ne sentait pas cette suffocante envie de la repousser. Au contraire, un parfum apaisant vint tranquilliser ses pensées douloureuses, et ce parfum venait dorénavant d'être associé à la Serdaigle.  

"Je me demande parfois si le rôle que l'on joue est sincère. Est-ce pour avoir une image qui colle à nos fantasmes ? Où est-ce notre réelle nature ?" Si Jihyo était intelligente, cela ne lui empêchait pas de montrer une expression de surprise. Ce n'était pas la question qui vint la perturber mais plutôt l'esprit ouvert de Sana, lui posant une question personnelle et dévoilant son questionnement sans crainte. La blonde n'était pas du genre à ouvrir la bouche pour confier ses pensées, dans les couloirs de Poudlard ou lors des cours, même en tendant l'oreille, vous seriez plus susceptible d'entendre le bruit du vent que la voix de la Serpentard.  

"Il y a un peu des deux je pense. On aspire tous à devenir quelqu'un et refléter cette image.. Et puis il y a notre vraie nature qui s'imbrique." Jihyo haussa les épaules, encore toute frémissante à cause du vent qui venait les balayer par rafale. Ses oreilles étaient devenues rouges, le froid mordait sa peau, des oiseaux noirs se faisaient emportés par le vent, les ailes gonflées, sans jamais atteindre la falaise.  

"Qu'est-ce qui est juste au final.." Sana avait baissé son visage et sorti sa baguette au bois de bouleau. Elle était par endroits blanche, comme l'écorce de l'arbre. Très droite, lisse, aux très zébrés d'un brun foncé et de ce blanc cassé, Sana l'appréciait particulièrement malgré les regards jaloux de certains sorciers. Ce n'était pas le bois le plus courant pour les baguettes magiques. 

"D'après l'Homme c'est le bien et à mon avis, notre vraie nature et nos aspirations ne suffisent pas pour être parfait.." Jihyo fut contrainte de tourner son corps en direction de la plus grande. Il lui était presque impossible de respirer correctement, sa chair était de plus attaquée par le froid envahissant, qui trouvait un chemin au travers de la laine rouge de son pull. Sana quant à elle n'en ressentait qu'un sentiment d'adrénaline, une douleur recherchée, comme une souffrance méritée pour faire palpiter son cœur dans la torture.  

"Qu'est-ce que tu fais ici, dis-moi la vérité." Sana regardait Jihyo de biais. Son intuition avait été forte dès les premiers instants. Les hasards avaient beaux existés, les mots et les encouragements dit avec sincérités ne pouvaient être l'œuvre d'une bonté naturelle. C'était ce qu'elle avait appris au fur et à mesure du temps, il était bien facile de céder au négatif et Sana avait ouvert ses bras à ce monde-là, celui de la méfiance.  

"Je n'ai pas menti jusqu'ici. Je suis là, c'est ainsi. Je ne peux pas m'en aller." En voyant la détresse de Jihyo, un sentiment de culpabilité vint se coincer dans la gorge de Sana. Comme un vieux souvenir, trop vague pour s'en rappeler mais trop puissant pour entièrement l'oublier. Peut-être qu'à ce moment-là, elle avait compris. Elles avaient toutes les deux une mission, quelque chose qu'il fallait accomplir et c'est pour cela que le destin les avait réunies au bord du gouffre. Pour qu'elles se souviennent de la tempête, des oiseaux noirs et de la consolation d'une voix familière. 

 

 

Après leur rencontre sous le pont couvert, Jihyo se sentait davantage tendue. Sana semblait absente, absorbée par un conflit intérieur comme si à tout moment elle allait plier bagage et partir afin de régler le problème qui la rongeait. Pas plus d'une semaine ne s'était écoulée entre leur brève conversation et la nuit étrange sous l'œil de Mars.  

Jihyo avait eu comme un pressentiment au travers des vagues réponses de Sana. Tout au long de la journée, son regard était rivé en direction de la forêt interdite. Quelque chose se tramait, bon ou mauvais elle ne pouvait le dire mais la détermination dans le regard de la plus âgée trahissait une action imminente.  

Ses pas rapides écrasaient les feuilles sèches. Il n'y avait pas de printemps, d'automne ou d'été dans la forêt interdite, c'était un temps suspendu où seul la neige venait parfois apporter sa couleur. Mais son duvet blanc n'allait pas arriver de sitôt et Jihyo pressait le pas après avoir vu la Serpentard s'enfoncer parmi les arbres menaçants. La nuit paraissait bleue, et cela n'était pas plus rassurant. Sans Lumos, il lui était possible de distinguer les arbres, percevoir le danger de loin n'était pas sa principale préoccupation. Peut-être n'était-elle pas encore assez perdue parmi les branches démesurées pour ressentir une angoisse suffocante. 

Aucune trace de Sana, aucune lumière de baguette.  

Peut-être que Sana l'avait semée en sentant sa présence, cela n'aurait pas été la première fois. Devait-elle tenter de l'interpeller ? Elle était sur le point de prendre une bouffée d'oxygène pour appeler la Serpentard quand elle fut propulsée en arrière, tombant brutalement dans un tas de feuilles. Une gerbe de couleurs illumina la forêt, des éclats colorés jaunes, verts et bleus vinrent siffler proche de ses oreilles sans qu'elle ne puisse comprendre ce qui était en train de lui arriver. 

Jihyo, après avoir massé son crâne douloureux, pu percevoir la robe noire et verte de Sana marcher d'un pas déterminé à quelques mètres de sa position. La Serpentard déviait chaque sortilège d'un coup de baguette sec et assuré, contre-attaquant avec des éclairs qui frappaient les arbres pour chasser sa cible. Quelques mèches masquaient son visage sombre. La baguette levée, le traits fermés et le bras tendu en direction de la silhouette qui filait dans les ténèbres, Sana réverbérait parfaitement l'image de la maison de Salazar.  

"On t'aura un jour ! Tu n'es qu'un pion ! Tu vas mourir au nom de personne, personne ! Tu entends !" Criait encore la voix masculine et déchirée de ce qui semblait être un jeune homme. D'après la peur dans sa voix, il venait certainement de perdre un combat acharné face à Sana. Que s'était-il réellement passé dans cette forêt ? Elle semblait garder dans la légère brume ses secrets. 

"Qu'est-ce que tu fais ici ?! Tu n'as donc toujours pas compris ?" Après s'être assurée que le jeune homme soit parti, Sana s'empressa de venir donner un coup de main à Jihyo. La chute fut lourde et son mal de crâne n'allait pas s'évaporer tout de suite. 

"Je vais finir par croire que tu es toi aussi mêlée à tout ça." Ce n'était pas dans son intention que d'incriminer Jihyo dans cette histoire qu'elle gardait mystérieuse mais l'irritation de la voir au mauvais endroit au mauvais moment la rendait nerveuse. Elle n'avait donc pas remarqué que ses mots blessèrent la Serdaigle. 

"Mêlée à quoi Sana ?!" Jihyo montrait son inquiétude mais aussi une certaine forme de férocité. Elle venait d'assister à quelque chose qui n'était pas anodin. Sana semblait être pourchassée, menacée et surtout seule face à un danger que Jihyo ne comprenait que trop mal. Le regard de Sana s'assombrit puis se concentra plus loin, sur un arbre.  

"Il vaut mieux que l'on parte d'ici." Sana ne quittait pas l'arbre du regard, comme persuadée que quelque chose s'y cachait. Jihyo tournait son visage pour regarder par-dessus son épaule, seul la brume qui léchait les feuilles semblait avancer tel un serpent. Elle fut envahie d'un frisson. Cette forêt portait bien son nom, personne ne devrait y mettre les pieds, ton âme se voyait presque aspirée, mangée par ce climat mort et soutenu par le silence. Jihyo hocha de la tête, se mit debout sans l'aide de Sana tout en époussetant ses mains sales et blessées. Elle suivit la plus grande au-travers de la forêt, la lumière du ciel guidant leur pas jusqu'à pouvoir à nous respirer. Elles étaient proche de la cabane d'Hagrid et devaient se dépêcher de regagner Poudlard. Sana faisait de grandes enjambées, sa baguette en main ainsi que son manteau noir survolant le sol comme un mauvais présage. Jihyo ne pouvait attendre de comprendre. Le monde magique était hostile, faire du mal était à portée de tout celui qui en avait l'ambition.  

"Dis-moi une chose Sana." Avant même qu'elles ne puissent franchir les voûtes du château, Jihyo avait attrapé la manche de la blonde. Elle fit volte-face avec un air agacé, quelque chose qui déplaisait fortement à la Serdaigle. Sana pouvait prendre tout le monde de haut mais pas elle, pas celle qui l'écoutait et acceptait ses mystères. 

"Nous n'avons pas de temps pour bavarder.." Mais étrangement, la voix de Sana ne se fit pas agressive. Il y avait comme du désespoir et de l'inquiétude. 

"Mais je t'ai promis de te protéger et si je ne sais rien.. Que puis-je faire pour toi ?" Presque résignée, Jihyo se devait de lui montrer qu'il était temps de lui confier toute cette histoire qui hantait ses nuits. D'un pas de félin, dans l'ombre des couloirs, sous le duvet clair de la nuit, Jihyo avait cheminé derrière Sana pour elle aussi, affronter cette menace qui lui était encore floue. Des personnes lui voulaient du mal, mais qui ? Et pourquoi ? 

"Tu ne peux pas comprendre, tu veux tout savoir alors que tu ne me dis même pas la vérité." D'une voix piquante, Sana vint appuyer son doigt là où ça faisait mal. Jihyo ne pensait pas que ce jour arriverait, où elle aussi devra se dévoiler, lui dire son rôle. Elle bafouilla, démasquée un peu trop tôt à son goût. 

"Toi aussi, tu n'en es pas capable.." Cela ne devait pas sonner comme un reproche mais on ne pouvait détourner la nature de ses mots. Sana reprit son chemin, laissant derrière elle une Jihyo troublée. Dans son esprit, des souvenirs vinrent éveiller de vieilles cicatrices et des paroles encore vivent vinrent enflammer sa peau. Elle ouvrit sa main, resserrant ensuite ses doigts dans un geste remplit d'amertume. Un destin volé ou un hasard ? Dans son cœur, une rancune restait endormie. Contre qui devait-elle se battre ? Avait-elle un choix ? Des images se bousculaient dans son esprit, une douleur intense parcouru son bras et pourtant, il n'y avait aucun lien entre la réalité et ce souvenir lointain. 

 

 

 

 

 

Jihyo était née courageuse contrairement à Sana. Intrépide et intelligente. Plus rusée que les autres enfants et studieuse, elle était la recette parfaite selon ses parents. Née dans une famille départagée entre Serdaigle et Poufsouffle, elle avait hérité de la gentillesse et l'intelligence malgré son côté têtu. Elle était la première à tendre la main, à être présente en cas de danger, que ce soit pour sauver un ami d'une chute ou d'une araignée, la taille du danger importait peu. Si des regrets devaient être faits, cela aurait peut-être été son assiduité. Le hasard n'existe que pour ceux qui se font bercer par les autres, qui restent invisibles et qui obéissent alors qu'une fois remarquer, une fois que notre présence devient un pilier, là entre en jeu l'échiquier. C'était une Reine encore peu modelée quand elle fut choisie dans la boîte familiale.  

Il faisait jour, l'automne ne voulait pas faire ses adieux. La morosité avait réussi à rendre les murs encore plus gris, les visages encore plus neutres et l'angoisse de la solitude encore plus forte. Sana ne se montrait que lors des cours, le reste du temps il était rare de la croiser dans les couloirs. Jihyo avait perdu son flair, il lui était impossible de retrouver ne serait-ce que la trace du parfum de Sana. Cela lui donnait le vertige. Ses pas étaient guidés par l'angoisse, son regard n'était plus concentré et elle reporta même son rendez-vous hebdomadaire avec le club de lecture.  

Quelque chose allait arriver, c'était quelque chose d'imprégné sur tous les visages. Jihyo pressait le pas dans les couloirs, passant devant McGonagall qui venait d'annoncer un couvre-feu d'urgence. Les lumières du château s'éteignirent une à une, les élèves se pressèrent dans les escaliers mouvants pour rejoindre les dortoirs alors que Jihyo courait en sens inverse. Elle repoussait des mains cette marée humaine et paniquée, elle n'entendait que le bruit de sa respiration, risquant d'être emportée plus d'une fois par un élève plus costaud. Une fois devant la porte de la grande salle, elle put se mettre à courir, la baguette en main. Rusard l'interpella. Il était trop tard, Jihyo le savait enfin, Sana était en danger.  

Seul un être qui ne craint pas la mort saura la protéger ! 

Le temps ne lui permit pas d'accepter cette fatalité mais elle était encore là, à courir en direction de son devoir. Rien ne pouvait l'arrêter, c'était dans ses veines et dans son cœur. Ce n'était ni du courage, ni de la stupidité mais autre chose, cela ne l'avait pas loupé. Bien qu'on lui eût volé tout choix d'avenir, Jihyo était elle-même tombée dans le piège qui lui poussait à sauver Sana, coûte que coûte.  

Le pont de pierre se trouvait droit devant. Le vent se mit à soulever les feuilles mortes qui râclaient le sol, apportant avec lui des nuages chargés de colère. Au loin, Jihyo pu apercevoir la chevelure blonde de Sana, son bras étant levé en direction d'une silhouette au centre du pont. Albus Dumbledore observait depuis l'une des tours, Jihyo avait aperçu un bref instant sa présence en levant son visage en direction du château. Elle ne saisissait ni l'ampleur des événements, ni ce qu'il se passait réellement.  

"Je te l'ai dit qu'on te tuerait !" Intervint soudainement une voix avec un air beaucoup trop malin pour la situation. C'était celle du jeune homme qui avait fui dans la forêt. Il avait certainement attendu le signal et s'était détaché de l'un des piliers qui entourait la cour face au pont.  Sana ne souhaitant pas se laisser déconcentrer par un faux gamin rusé, restait silencieuse, la baguette pointée en direction de l'homme qui traversait le pont sans montrer signe de ralentissement. Jihyo cessa de courir, attestant à la scène en n'ayant aucune idée de ce qui allait se produire. Elle avait un mauvais pressentiment. Le ciel était presque devenu noir sous les nuages gris, qui filaient avec la force du vent dans le ciel en emportait avec lui la nature morte.  

"Alors ça fait quoi, hein ? De se sentir piégée ? Tu faisais la maline, hein ?" Le jeune homme au nez pointu et fin, avait un air rusé mais cela n'était qu'une apparence. La manière dont il tenait sa baguette trahissait son caractère lâche. Trop obnubilé par son rôle de pion, il ne vit pas Jihyo atteindre les piliers après avoir contourné le chemin qui menait au pont. La Serdaigle saisit cette occasion, lui arrachant des mains sa baguette. 

"Mais-"  

"Tu n'es pas venue seule ? Pourtant tu vantais ton grand courage." Le grand homme avait atteint plus de la moitié du pont mais sa voix semblait être portée par les ténèbres. Son rictus arracha un frisson à Jihyo, Sana s'était vraiment jetée dans les bras du loup. Le jeune homme aux couleurs de Serpentard s'était lui aussi tu avant de reprendre le dessus, arrachant sa baguette des mains de Jihyo pour la lui planter au niveau de sa gorge. Elle eut presque le souffle coupé. Elle ne pouvait plus assister à la scène derrière elle, sa seule stratégie étant de lever à son tour sa baguette pour menacer le garçon aux cheveux châtains. La sueur perlait sur son visage, il n'avait pas confiance, lui aussi avait peur, ce n'était certainement qu'un pion. Jihyo le regardait droit dans les yeux avec un air de défi, si elle reculait il risquait de faire une bêtise, il semblait bête comme ses pieds. 

"Je ne l'ai pas demandé d'intervenir. Elle est venue seule." Jihyo pouvait entendre la voix de Sana quelques mètres derrière. La blonde l'avait remarquée du coin de l'œil mais aucune pensée ne vint perturber son esprit. Au loin, McGonagall se tenait sous les voûtes avec la plupart des professeurs. C'était un champ de bataille à en devenir. 

"Mais là ne réside pas le problème, il faut croire que les professeurs de Poudlard aiment se mêler de ce qu'ils ne leur regardent pas." L'homme releva son visage pour croiser le regard d'Albus perché dans sa tour. Il lui fit un signe de la main, presque amical. Albus quant à lui se contentait de ne rien dire, juste de regarder la scène sans pouvoir prédire la suite des événements. Sur le visage de l'homme, un rictus naquit. Il était si à l'aise, il venait de rouvrir une porte qu'il avait certainement déjà franchie par le passé et ne s'était pas gêné de s'essuyer les pieds sur le porche.  

"Tu me dois la vérité maintenant !" Sana hurlait ses mots, le vent ne l'aidait pas à rester stable. Sous le pont il y avait une vallée, la violence de la nature n'avait aucune barrière et se déchaînait au gré de ses envies. Peut-être criait-elle à la guerre.    

"Tu penses pouvoir accepter ton sort ?" L'homme retira sa baguette de son long manteau noir. Elle était creusée dans un bois foncé, Sana n'en connaissait pas la nature. McGonagall qui assistait à la discussion depuis les voûtes, eut comme un mauvais pressentiment. L'envie d'intervenir se faisait de plus en plus présente, quelques élèves s'étaient tassés aux fenêtres longiformes et regardaient la bouche ouverte les deux silhouettes sur le pont.  

"La seule chose que je souhaite en retour est la vérité, je t'avais promis une vengeance et je suis là. As-tu peur de faire le premier pas ?" Sana tremblait. Peut-être que les autres ne l'avaient pas perçu, mais l'homme qui lui faisait face rit face au courage déraisonnable de la Serpentard. Son rire fendit le bruit du temps lourd, faisant suer Sana. Sa main devenait moite mais elle ne fléchissait pas. 

"Trêve de discussion !" L'homme fit jaillir une première gerbe d'éclairs bleus de sa baguette, Sana para sans grande peine. Jihyo allait se mettre entre les deux mais McGonagall qui s'était entre-temps rapprochée, l'attrapa par les épaules. Voir Sana se mettre en danger face à quelqu'un d'expérimenté et de détestable ne pouvait pas la rassurer. 

"Vous comptez faire quelque chose ?! Elle va mourir !" Jihyo hurlait tout l'air dans ses poumons. McGonagall la tenait fermement, gardant ses yeux rivés sur le combat qui venait de débuter. Le jeune homme qui avait attaqué Sana dans la forêt était déjà loin, un peureux, comme Jihyo l'avait prédit. Sana fut la prochaine à attaquer, murmurant des mots pour jeter des sorts parfaitement maitrisés. Ses pas s'accélérèrent sur le pavé, évitant les contre-attaques vertes qui illuminaient son visage pale. L'homme en face ne faisait que jouer, c'était seulement une fois que Sana arrivait à sa hauteur, qu'il lui lança un sort qui percuta la Serpentard de plein fouet.  

"Sectumsempra !" Les larmes dévalaient les joues de Jihyo quand elle vit Sana se faire éjectée contre le muret en pierre. Ses cris n'atteignaient que les élèves pressés derrière les vitres, créant de l'agitation dans le château. 

Sana se tenait les côtes. Son habit noir était maintenant recouvert d'une fine couche de poussière, d'herbe et de débris. A ce stade il était évident qu'elle n'avait aucune chance face à l'étranger. Pourquoi personne ne venait l'aider ? Savaient-ils quelque chose qu'elle ne savait pas  ? C'était irréaliste, un cauchemar dont Jihyo voulait se réveiller. 

Avec la force de l'un de ses bras et de ses mains blessées, Sana pu se relever. Une fois droite, l'homme fut frappé par sa détermination. La baguette en main, elle relevait lentement son bras en direction de celui qui avait causé tous ses maux. Cette nuit-là, il avait assassiné sa famille et était reparti en rêvant d'anéantir la dernière survivante de ce massacre. Sana avait gardé ce secret beaucoup trop longtemps pour elle et même si le directeur avait comme devoir de protéger Sana, il ne pouvait aller à l'encontre de son désir de vengeance. 

Peut-être que je dois mourir, mais je ne peux pas vivre sans l'avoir fait souffrir. 

Et Albus ne pouvait que comprendre, même si sa réputation allait être ternie si la mort venait faucher la vie de l'un de ses élèves.  

Sur le pont, l'homme avait un air mauvais. Il enfonça son chapeau sur ses cheveux noirs et brandit sa baguette une nouvelle fois, prêt à se défendre.  

"Bombarda Maxima !" Mais Sana fut plus rapide. Déviant de sa trajectoire pour sauter sur un bout du muret, elle revint à la charge. L'angoisse s'était emparée de Jihyo, elle ne pouvait la laisser mourir et se jeter par fierté dans la gueule du loup. Elle ne pouvait pas mourir! McGonagall ressentait sa détresse, sa poigne faiblissait jusqu'à laisser filer la Serdaigle qui s'était rapprochée du combat. 

"Expelliarmus !" Un nouvel éclair jaillit de la baguette de Sana, atteignant l'homme qui lâcha sa baguette. Un sourire victorieux vint combler les lèvres de la Serpentard qui s'empressa de réduire les quelques mètres qui les séparaient. Une fine pluie se mit à tomber du ciel chargé. Prise d'adrénaline, Sana vint écraser par surprise son poing contre la mâchoire de l'homme, mais son avidité de vengeance lui fit perdre son avantage. L'homme lui saisit la gorge. Un gémissement étouffé quitta ses lèvres, ses pieds ne touchaient plus le sol, il fallait réagir au plus vite. 

Trop concentré à presser sa main puissante contre la gorge de Sana, l'homme ne vit pas Jihyo qui avait couru jusqu'à en perdre haleine. Dans un élan désespéré, elle fit jaillir de sa baguette un sort qui le fit tomber en arrière, relâchant ainsi son amie. Le souffle court et le corps lui causant des douleurs atroces, Sana ne pouvait se relever immédiatement. Des pas rapides se rapprochèrent mais elle savait qu'il s'agissait de Jihyo, sa main réchauffant alors son dos venait apaiser sa soif de sang. Aveuglée par ce sentiment noir, Sana avait risqué sa vie et maintenant Jihyo était elle aussi en danger.  

"Partez d'ici ! Arrêtez !" La voix de Jihyo se brisait et l'homme s'en nourrissait, jusqu'à s'en moquer. Il s'était relevé, époussetant son costume avant de pousser un soupir, comme satisfait.  

"Il faut croire qu'elle n'est pas vraiment ton amie. Tu n'es donc pas au courant ?" Jihyo ravalait sa salive face à la confiance de l'homme. Effectivement, elle ne savait rien. Elle n'avait aucune idée de ce qui avait mené à ce combat. Pourquoi aucun professeur ne venait s'opposer à ce jeu dangereux dans lequel Sana s'était expressément lancée ? Tout en secouant son visage, Jihyo vit la foudre fendre l'air à quelques kilomètres de là, dans la forêt. Ce n'était pas rassurant, Sana craignait l'orage et cela allait la pénaliser.  

"Et bien sache.. Qu'en échange de sa vie, je n'ai pas le droit de faire du mal à ta famille Miss Park." La pluie mouillait le pont et les vêtements maintenant trempés des silhouettes qui respiraient sous la pluie. Jihyo cherchait ses mots, son cerveau ne semblait pas totalement associer ce qu'il venait d'énoncer. Cela n'avait aucun sens.  

"Q-Quoi..?" La voix de Jihyo était si faible qu'elle en faisait presque pitié. Son regard se posait finalement sur Sana qui affichait un sourire fatigué, elle avait trop menti. La blonde secouait ses cheveux humides, se redressant en baissant la garde. Elle n'était plus à l'aise avec la foudre qui s'approchait.  

"Et bien tues-moi maintenant. Qu'on en finisse mais avant.. Dis-moi pourquoi ?" Un frisson vint déstabiliser la Serpentard. Le tonnerre grondait, son cœur cognait fort dans sa poitrine et l'angoisse refaisait surface. 

"Car tu es l'héritière.. de ça !" Il était assez proche pour glisser sa main contre la poitrine de Sana et lui arracher son collier. La réaction de la Serpentard fut immédiate, elle cogna son pied contre la poitrine de l'homme qui recula d'un pas, lâchant l'objet précieux. Le cœur des trois sorciers fit un bond. L'objet métallique avait glissé jusqu'au bord du muret, c'était une chance qu'il ne soit pas tombé dans la forêt boueuse juste en-dessous.  

"Idiote !" L'homme se mit à courir mais ne put faire plus d'un pas sans être frappé par un sortilège. Grâce à Jihyo, Sana put le devancer et attraper le collier triangulaire.   

"Je l'ai !" Soulagée, elle le rangea au fond de sa poche. Son flanc droit lui brulait après sa lourde chute provoquée par le précédent puissant sortilège mais il y avait plus important que la douleur. L'héritage, son seul souvenir. Jihyo gardait l'homme à l'œil mais manquant d'expérience, elle ne put contre-attaquer son Expelliarmus.  

"Sana ! Retourne-toi !" Mais il était encore une fois trop tard, la dextérité du sorcier et sa rapidité frappèrent plus vite. A peine Sana s'était-elle retournée que le sortilège vint écorcher sa joue blanche. Une fine coupure vint brûler sa peau, arrachant un cri de douleur à Sana qui ne pouvait s'empêcher de fermer un œil sous la souffrance.  

"J'espère que tu as eu le temps de lui dire aurevoir." L'homme avait déjà mêlé son geste à la parole, murmurant le maléfice d'une voix démoniale, ses pupilles se dilatant sous le plaisir non caché que de mettre fin à ces années de recherches.  

"Avada Kedavra !" Ni Albus, ni McGonagall ne contrèrent le sort depuis leur position. Dans un éclair rouge, le sortilège atteignit sa cible qui malheureusement ne fut pas celle espérée. Jihyo fut expulsée contre le corps de Sana, le souffle coupé. Elle ne pouvait respirer sans avaler son propre sang. Seul le bruit de sa détresse raisonnait sur le pont, ses yeux étaient grands ouverts alors que Sana agrippait le vêtement ensanglanté de Jihyo. 

"Non.. Non, non, non ! Non !" Les mains rouges de Sana tenaient fermement Jihyo. Il n'y avait aucun sort pour sauver son amie qui luttait pour survivre. Le sol était baigné par le sang aussitôt effacé par la pluie. L'homme riait, au final ce n'était pas plus mal pour lui. Peut-être était-ce le meilleur scénario possible. En détournant les deux jeunes femmes il prit le collier qui était tombé de la poche de Sana dans un élan de panique et put même se permettre de chercher du regard Albus. Mais son expression victorieuse fut vite remplacée par la surprise quand sa baguette fut expédiée dans les airs pour retomber dans la forêt sous le pont.  

"Tu viens de causer ta propre perte.." Albus pointait sa baguette en direction de l'homme qu'il ne connaissait que trop bien. Un maître dans l'art du déguisement, Gregor n'avait même pas dupé l'œil du fameux sorcier. Dumbledore s'était empressé de quitter sa tour en voyant la tournure parfaite cette vendetta. 

"Alors c'était donc ça.. Une mort pour une vie." Lâcha Gregor en sentant une présence derrière son dos. Sana tenait fermement Jihyo contre sa poitrine, la plus jeune haletant pour essayer d'avaler de rares bulles d'oxygène.  

"Que c'est mignon, que c'est pathétique aussi.." Dit le magicien meurtrier. Albus donna le signal à Sana qui dans toute la détresse qui pouvait déchirer son cœur, hurla dans la cour le maléfice ultime, ôtant la vie de Gregor. Un nouveau bain de sang. Les élèves aux fenêtres s'étaient tus. McGonagall fut la première à attraper Jihyo qui survivait à peine. La pluie ne s'arrêta pas ce jour-là. 

 

 

 

 

Les images défilèrent si vite qu'elle aurait voulu presser sur stop pour sélectionner un souvenir. Ses pupilles réussissaient à peine à suivre le rythme dans le tourbillon d'images aléatoires qui traversaient ses globes. Puis soudain, elle bascula en avant, atterrissant dans un événement du passé qui ne lui appartenait pas.  

Bien qu'elle sache que cet événement était immuable, Sana avait décidé d'assister à la scène cachée, derrière l'une des portes qui donnait accès à un salon. Tout ne semblait que parure. Il n'y avait rien d'utilitaire, que des livres, des globes, des antiquités et surtout : des sorciers.  

"Jihyo.." Murmurait-elle, sa voix n'atteignant aucune oreille, même pas la poussière. Quelqu'un de grand tenait Jihyo par les épaules. Quand celui-ci se mit de profil, Sana senti comme un vertige. 

C'était l'homme qui lui avait sauvé la vie la nuit de la mort de ses parents.  

"J'aimerai que vous compreniez qu'il s'agit de quelque chose de très important. Vous scellez un destin qui ne vous appartient pas et je ne sais pas si elle est apte à comprendre.." Fit un autre grand homme, dos à la porte. Ses cheveux longs est gris trahissaient tout autant son âge que sa voix grésillant. Il triturait sa baguette de ses doigts fins et véreux de vieillesse.  

"Nous n'avons pas le choix. Il s'agit de sauver la.. Serpentard. Vous savez comme nous qu'elle nous sera indispensable dans l'histoire de notre civilisation !" Supplia l'homme qui tenait Jihyo par les épaules. Quel âge avait-elle ? 7 ans ? Sana ne l'avait jamais vue si jeune.  Le regard perdu, Jihyo ne semblait pas comprendre jusqu'à ce qu'une femme s'agenouille face à elle.  

Sana senti comme son cœur se faire transpercer par une lame. Un haut le cœur s'ensuivit, ses yeux vacillèrent et une douleur intense vint se resserrer autour de sa gorge. 

Il s'agissait de sa propre mère.  

"Ecoute, il n'y a que toi qui puisse le faire. Tu entreras à Poudlard en même temps que ma fille, Sana et tu es la seule qui pourra l'aider.." C'était sa voix, son visage, l'image identique de Sana. Elle reconnaissait ses yeux tendres mais elle n'avait encore jamais entendu autant d'urgence dans ses mots. 

"Et pour l'aider tu dois nous promettre.. Que tu la protègeras, même au prix de ta vie, d'accord ?" Jihyo saisissait enfin à quel point c'était une mission importante.  Les larmes sur les joues de la Minatozaki, elle les avait déjà vues ailleurs. Ses parents étaient très émotionnels, il n'était pas rare de les voir pleurer de joie, de colère ou de tristesse. Et cette fois-ci, elle y voyait énormément de désespoir et de peur, comme la fois où sa mère l'avait sauvé des griffes d'une créature en Roumanie. 

"Cela veut dire que je vais mourir ?" La voix de Jihyo était si jeune. Sana avait envie de vomir. Comment pouvait-on dire ça à une enfant ? Ses doigts s'étaient crispés contre la porte. 

"Pas forcément ma chérie, tu dois juste.. Prendre soin d'elle et t'assurer qu'elle aille bien. Mais il est vrai que.." La voix de la mère de Sana allait se briser, il était évident que demander une telle tâche à une enfant était cruel. Bien que dans le monde des sorciers cela ne soit pas si rare de sceller des promesses, l'innocence de Jihyo était trop présente pour qu'on lui souhaite un tel sort. A cet instant précis, Sana vit l'hésitation s'emparer de sa mère. Elle allait abandonner, elle devait abandonner. Sana avait tendu sa main au-travers de la porte, comme pour apporter un signe d'espoir, que tout cela n'était qu'une mauvaise farce, une mauvaise idée qui n'allait pas aboutir. Mais ses espoirs furent écrasés.  

"Il est vrai que si elle est en danger de mort.. Ce sera à toi de te sacrifier." L'homme qui tenait ses épaules regardait droit devant lui. Était-ce son père ? Est-ce que cet homme oserait jeter sa fille dans un avenir si sombre ?  

"Papa..?" Jihyo se mit à trembler, de tout son être. Le regard rivé sur son père, elle projetait un message d'à l'aide. Elle ne connaissait pas Sana, elle ne savait même pas quels étaient les dangers du monde. On l'avait malgré tout choyé, alors pourquoi devait-elle prendre soin de quelqu'un ? Qui allait être son propre ange gardien ? Pourquoi elle et pas quelqu'un d'autre ? 

"Tu sauras quoi faire, tu es intelligente. N'ai pas peur.." Son père n'arrivait pas à la regarder dans les yeux. Quel lâche ! Sana avait hésité à rentrer dans la pièce et à interrompre quelque chose qui la concernait particulièrement. Si seulement elle le pouvait. Les images devenaient de plus en plus floues, c'était comme si son visage était plongé dans un aquarium. Le son étouffé parvenait jusqu'à ses oreilles de justesse. 

"Tends le bras chérie.." Le bras de Jihyo était tendu et tenu par la main ferme de son père. La mère de Sana vint attraper son bras de sa main tremblante, désolée de devoir lui faire subir ses peurs. Car les angoisses qui l'habitaient allaient à tout jamais faire basculer le destin d'une innocente. 

Le vieil homme n'avait que d'autres choix que de se plier aux désirs des deux sorciers. Après un soupire las, il leva la baguette et des filaments de feux s'échappèrent pour entourer les bras de la mère et de l'enfant. La mère de Sana pleurait, la sentence allait tomber, c'était comme couper la tête à un enfant pour le destin d'un autre.  

"T'engages-tu, Park Jihyo, à veiller sur Sana Minatozaki lorsque le danger toquera à sa porte ?" 

"Je m'y engage.." La voix fragile de Jihyo fit fermer les yeux de Sana et sa mère. Une expression similaire venant bouleverser les deux femmes. 

"T'engages-tu à te sacrifier à sa place ?" La voix de l'homme avait faibli ou alors Sana était dorénavant trop loin, perdue entre le monde du souvenir et de la réalité. Son corps flottait dans les abysses des souvenirs, sa main étant tendue avant qu'elle n'entende Jihyo sceller le sortilège.  

"Je m'y engage.." 

 

 

 

 

 

Le retour à la réalité fut violent. Sana était presque retombée en arrière, Dumbledore savait qu'en lui montrant ces séquences du passé, qu'une certaine rage allait naître chez Sana mais aussi beaucoup d'admiration envers Jihyo. Quel était son but? Sana était essoufflée. Son cœur cognait fort dans sa poitrine. Tout prenait du sens, Jihyo avait pour mission de la protéger. Sa propre mère avait sollicité son aide, ensemble ils avaient scellé un serment inviolable et Jihyo s'y était tenue.  

"Nous avons des nouvelles de l'infirmerie pour vous." Dumbledore avait posé sa grande main sur l'épaule de Sana. Elle s'en dégagea rapidement, courant dans les couloirs sous le regard du directeur de Poudlard. Ses pas résonnaient, son souffle était rapide. A chaque virage, ses pas glissaient sur le sol brillant jusqu'à pousser les grandes portes de l'infirmerie.  Il y avait déjà une petite foule dans la grande salle, ils s'étaient tous entassés autour du lit de Jihyo. Sans prêter attention aux autres, Sana se fraya un chemin jusqu'à arriver au chevet de la Serdaigle. Encore prise dans les souvenirs et dans ce sentiment d'empathie, Sana se mit à genoux pour attraper la main de Jihyo. 

"Je suis là.." Plusieurs personnes peinaient à cacher leur surprise. Sana n'avait plus montré autant d'inquiétude et de sentiment tout court, depuis bien longtemps. Ce mur qu'elle avait hissé entre les autres et elle-même n'existait plus, les larmes menaçaient de dévaler tandis que Jihyo respirait, lentement, mais c'était bel et bien là. La vie ne l'avait pas quitté. 

"Je t'avais promis, que je n'irai nulle part sans toi." La voix de Jihyo était si faible que Sana dû se pencher. Elle avait murmuré ces mots au creux de son oreille. Les élèves furent chassés par l'infirmière qui avait tiré le rideau pour leur donner de l'intimité. Le sourire de Sana revenait enfin. Pendant des jours et des nuits, elle avait craint le pire. Jamais personne ne survivait au sortilège de la mort, alors pourquoi Jihyo ? Que s'était-il réellement passé ? 

"J'ai eu si peur.. J'étais persuadée que tu allais me laisser, que c'était terminé.. Je ne comprends pas.." Sana tenait toujours la main de Jihyo et cette fois, elle pleurait. Il n'y avait plus aucune retenue. Jihyo puisait dans ses forces pour relever son bras libre, glissant sa main couverte d'entailles encore rouges contre la joue blanche de la Serpentard. Son pouce effleurait sa peau, son regard bien que presque éteint, brillait. Elle n'allait pas tarder à laisser les larmes prendre le dessus. 

"Tout va bien maintenant. On y réfléchira plus tard, reposes-toi.." C'était ironique car celle qui avait le plus besoin de repos c'était bien elle. Sana hocha la tête. Elle n'allait en tout cas pas obéir mais Jihyo pouvait toujours essayer, c'était son rôle et c'était devenu son choix.  

"Seulement si tu me laisses une place.."  Un faible sourire s'était frayé sur les lèvres de Sana. Cette dernière vint se blottir contre Jihyo, ses bras un peu plus grands enlaçant la plus jeune. Le dos de Jihyo pressé contre Sana, lui donnait un soudain sentiment de sécurité. Pour une fois, c'était à elle d'en prendre soin. Elle n'allait pas échapper à cette tâche. Sana avait émis des doutes durant des années sans jamais réellement chasser le brouillard de son esprit, tout prenait sens.  

"Je suis désolée de t'avoir embarquée là-dedans, si j'avais su.. Si j'avais compris, je n'aurai peut-être pas fait les choses de cette manière." La voix basse, Sana glissait ses doigts dans les longs cheveux de Jihyo. Avec douceur elle les peignait. Un soupire quitta les lèvres de Jihyo qui était sur le point de s'assoupir.  

"C'est fini maintenant.." Ses murmures étaient accompagnés de baisers contre la chevelure de Jihyo. Elle ne pouvait pas voir les larmes de Sana couler le long de ses joues mais elle les avait devinés. Elle entrelaçait leurs doigts, son dos se pressant davantage contre le corps chaud de la Serpentard puis elle se contenta de retenir son chagrin. Jihyo aurait pu s'effondrer, hurler, faire sortir tout ce qui serrait son cœur à l'entente des mots de Sana, mais elle devait se rétablir. Les forces lui manquait. 

 

 

 

Les rayons du soleil commencèrent à percer les nuages. Il était presque impossible de lever les yeux au ciel tant il était clair. Sana avait le sourire aux lèvres. C'était un jour particulier. Pour la première fois après plus de deux semaines, Jihyo retournait aux cours. Le danger avait cédé sa place au calme. Même s'il était encore difficile pour Sana de croiser Albus et Minerva dans les couloirs, son esprit était uniquement rempli de pensées positives et de questions prêtes à être répondues. Sana trépignait.  On ne l'avait plus vue ainsi depuis sa première année à Poudlard.  

Son regard affectueux ne quittait plus sa collègue. En classe, sur le terrain de Quidditch, à la bibliothèque, si bien que Jihyo s'était arrêtée de marcher au milieu de la cours. Il y avait des statues fièrement dressées en cercles, la grande façade du château offrait une faible ombre et les voûtes offraient des couloirs extérieurs et surtout : à l'abris du soleil. 

"Puis-je te poser une question ?" Quelques bandages couvraient les bras de Jihyo. Sa chute avait été lourdes et des entailles prenaient du temps à guérir. Le monde des sorciers permettait une remise sur pied plus rapide, certes, mais il y avait des limites. Ils n'étaient pas surhumains, ils métrisaient une magie mais n'avait pas un métabolisme surdéveloppé.  

"Bien sûr, je t'écoute." Sana avait toujours ce sourire accroché au coin des lèvres. Ses mains étaient liées derrière son dos, le ruban dans ses cheveux volait avec le vent. Jihyo se reconcentrait sur ses mots puis brisa le silence qui venait honorer la beauté indubitable de Sana. 

"Qui était-il ? Cet homme. Je ne veux pas t'embêter mais je n'ai trouvé aucun moment pour en parler avec toi." Il n'était pas sujet de gâcher une si belle journée mais Jihyo avait suffisamment attendu. Cette question lui brûlait les lèvres. 

"Je pense que ce n'est pas la bonne question.." Sana proposa à Jihyo de s'asseoir sur un banc, sous l'une des voûtes. La verdure derrière elles brillait. Les arbres frémissaient sous une brise légère, quelques élèves bavardaient tandis que quelques battements d'ailes pouvaient se faire entendre. 

"Il y en a plusieurs des comme lui. La seule différence entre Gregor et les autres, c'est qui lui sait que cet objet est en ma possession." Le collier que Sana portait autour de son coup était le centre de diverses légendes. Sa mère lui en avait parlé, son père encore avant et quelques secrets furent entendus dans les couloirs. Mais Sana n'en connaissait pas encore son usage, ni quelle légende croire. Elle sortit le collier de son t-shirt, car elle ne portait plus les vêtements de son école, il faisait trop chaud pour cela et c'était en dehors des heures de cours. 

"Et quels sont les secrets que renferme ce collier ?" Jihyo était curieuse. La vérité était maintenant à portée de main mais elle se retenait de faire crouler Sana sous ses questions. 

"ça je n'en sais rien. Certains disent qu'il protège de la mort, d'autres qu'il renforce le lien avec notre patronus.." Sana caressait les triangles métalliques. Un soupire quitta ses lèvres. 

"Je n'ai jamais rien entendu une histoire de la sorte." Jihyo avait passé des journées à la bibliothèque mais rien ne lui venait à l'esprit. Pas un conte, pas un bref article, ni aucune légende à ce sujet. Dans tous les cas, il était certain qu'il fallait garder cela secret, d'autant plus que ce collier était apparemment très recherché. 

"Tu sais, j'ai pu voir.. Le passé." Tout rangeant son collier sous son t-shirt, Sana avait reporté son attention sur Jihyo. Elle vint replacer une mèche derrière l'oreille de la Serdaigle qui lui offrit un sourire timide. Sana avait redoublé son attention pour elle depuis l'accident et c'était si naturel qu'elle ne pouvait s'empêcher de sourire.  

"Le passé ?" Jihyo s'était un peu penchée en avant, ses deux mains posées sur le banc. Leurs visages étaient proches, assez pour que Sana soit déstabilisée. Elle recula légèrement, les joues roses et se racla la gorge. 

"Dumbledore m'a apporté quelques réponses lorsque tu étais à l'infirmerie. Il m'a montré pour le serment.. C'est comme ça que j'ai su." Le sourire de Jihyo s'était terni. Son devoir était de garder cela secret de peur que Sana juge ses intentions.  

"Tu as donc vécu la fameuse expérience de la Pensine, je t'envie.." Mais Jihyo était également un peu déconcertée. Il n'était jamais bon et très sain de revivre un souvenir et encore moins quand il ne nous appartient pas. Cela avait certainement troublé Sana. "Je suppose que tu as alors vu.. Ta mère, n'est-ce pas ?" Sa voix était douce, pour ne pas brusquer la Serpentard. 

"J'avais presque oublié ses expressions. Je n'ai que des photos, la voir si.. Vivante.." Sana fit une pause. "Je voulais simplement savoir la vérité. Tu as été choisie, tu n'as pas eu ton mot à dire. Je m'en veut terriblement.." Sana avait ramené ses jambes contre sa poitrine. Dans cette position, il y avait quelque chose de réconfortant. Peut-être un vague souvenir des bras de sa mère, ou quelque chose de moins net mais là, présent quelque part. 

"Tu sais que le serment inviolable peut être annulé ? J'aurai pu." Les mots de Jihyo restèrent suspendus dans le silence. Une légère brise vint caresser les joues de Sana, elle était chaude, réconfortante. 

"Mais je ne l'ai pas fait." Jihyo aurait voulu utiliser la Pensine, choisir un souvenir et faire plonger Sana dans cet instant qui avait tout changé. Il y avait tant de secrets, tant de choses qu'elle ne savait pas encore. Pourquoi Serpentard ? Pourquoi était-elle celle qui détenait ce collier ? Jihyo ne connaissait pas toutes les réponses mais le sorcier qui s'approchait avec calme, pouvait quant à lui résoudre quelques parts d'ombres.  

"Je ne voulais pas vous déranger mais il est temps de te remettre ceci." Albus tendit une lettre à Sana. Elle décroisa ses jambes pour s'asseoir en tailleur et prit entre ses mains une lettre qui dégageait un parfum particulier. Elle le connaissait : du citron. Sa mère avait cette odeur légère, il ne lui en fallait pas plus pour avoir une boule au ventre. 

"Tu comprendras certaines choses, je l'espère. Ces mots n'appartiennent qu'à toi. Les souvenirs sont les choses que l'on a de plus précieuses." Dumbledore s'était déjà éloigné. Sa voix résonnait encore dans les oreilles de Sana alors que Jihyo nourrissait un sentiment étrange envers Dumbledore. Sauver ou faux saint ? Jihyo avait survécu par miracle et ce n'était en tout cas pas grâce à son aide inexistante. Son esprit fut accablé par des vifs souvenirs, des lumières vertes puis rouges. Une douleur transperça son ventre mais elle n'en dit rien, Sana tremblait face à elle, la lettre dépliée et les joues mouillées. 

"Sana..?" Jihyo la vit craquer, froissant presque la lettre entre ses mains. Sans hésiter, ses bras vinrent l'enlacer. Elle ne voulait pas savoir le contenu de la lettre, ni si c'était des larmes de tristesse ou de joie. Pour l'instant Sana devait tout sortir, toutes ces larmes restées trop longtemps enfouies. Une fragilité était ressortie depuis les événements sur le pont en pierre. Sa force d'âme têtue fut remplacée par cette douceur infinie qui l'avait toujours comblée. Sana ne pouvait plus repousser ces sentiments qui la faisait suffoquer. Ce n'était certainement pas la dernière fois qu'elle aurait besoin des bras de celle qui la protégeait depuis tout ce temps. 

"Je suis une idiote.."  

 

 

 

La journée s'était terminée sous une note nostalgique. Sana n'eut pas le courage de partager ses pensées et tous ces secrets qui s'était démystifiés. Jihyo gardait un œil sur son amie, inquiète de savoir ce qui la tracassait. La seule chose qui la rassurait était les quelques sourires qu'elle gagnait à chaque fois que Sana tournait son visage dans sa direction. Elle lui envoya même un avion en papier, des cœurs s'évaporant dans les airs une fois ce dernier réceptionné. C'était ridiculement mielleux. Une attention qu'elle n'avait jamais reçue, quelque chose qu'elle se voyait apprécier au fil du temps. Ces événements avaient fait ressortir tout l'amour dont Sana débordait. Mais quelque chose manquait encore. 

"Je dois te montrer quelque chose." Sana avait attrapé la main de Jihyo et les avait précipitées en haut d'une tour. L'escalier en colimaçon donnait légèrement le tournis mais Sana semblait plus immunisée que quiconque à cette sensation. Il n'y avait personne. La lumière jaune du soleil filtrait au travers du vitrail quand elles s'engouffrèrent dans la salle de divination.  

"On est obligées de venir ici ? On va nous attraper et-" La porte fut refermée derrière une Jihyo un peu inquiète. Elle fut à nouveau embarquée parmi les tables habillées de soie violettes, les boules de Crystal brillant d'une aura mouvante et embrumée. Sana l'avait emmené proche de l'une des grandes baies après avoir poussé un rideau lourd et poussiéreux. Elle s'assit, Jihyo prenant place en face d'elle. Là, on ne pouvait pas les apercevoir, il y avait beaucoup trop de bizarreries qui barraient le passage. Leurs visages étaient proches, l'espace poussait à l'intimité et aucun son extérieur ne pouvait percer le vitrail.  

"Ouvre ta main." Jihyo n'avait pas encore prononcé un mot, Sana semblait si confiante que lui couper la parole lui semblait maintenant hors de question.  

Sana déposa son collier aux trois triangles dans la paume de Jihyo. Ce geste était lourd de sens, elle ne s'en séparait jamais. Ses traits avaient pris une expression plus sérieuse. Les doigts délicats de Sana effleurèrent ceux de Jihyo, refermant avec délicatesse le collier dans la paume de celle-ci. 

"J'ai compris beaucoup de choses. Certaines que je garderai pour moi.. Et d'autres que je veux que tu saches." Le cœur de Sana pulsait fortement dans ses veines. Son regard avait trouvé celui de Jihyo, ses yeux clairs réfléchissaient la lumière du soleil tandis que la Serdaigle peinait à ne pas trouver Sana extrêmement belle.  

"Tu es sûre que tu veux m'en parler ?" Tenta Jihyo qui pourtant brûlait d'envie de savoir tous ces secrets. Sana se rapprocha un peu plus, sa main touchait dorénavant celle de Jihyo posée sur la pierre, là où elles étaient assises. 

"J'en suis sûre." La détermination pouvait se lire sur le visage de Sana.  

"Alors je t'écoute.." Jihyo avait l'oreille tendue. Elle sentait un courant électrique la traverser à chaque fois que la main de Sana touchait la sienne par inadvertance. Elle qui voulait connaître tous ses secrets, devait étonnement beaucoup se concentrer pour écouter la Serpentard. 

"Si tu as survécu cette nuit-là, c'est en partie grâce à ce collier." Sana posa son regard sur la paume fermée de Jihyo. Est-ce que la lettre avait délivré la vérité quant à l'utilisation de ce collier ? Certainement. Ou alors Sana s'était entretenue avec Albus. 

"En partie ?" Jihyo se mordit la lèvre pour ne pas laisser sa curiosité prendre le dessus mais c'était déjà pari perdu. 

"Il faut quelque chose de plus pour que son.. Pouvoir fonctionne." Sana reprit délicatement son collier pour ouvrir la chainette. Elle vint l'attacher autour du cou de Jihyo. Cette dernière pouvait sentir son parfum, il était fleuri, léger. Il y avait comme un semblant d'été rien que dans son odeur. Sana recula son visage pour observer les triangles autour du cou de la Serdaigle puis afficha un sourire.  

"Et c'est quoi ce quelque chose ?" Jihyo vint effleurer le métal de son pouce avant de regarder dans les yeux la plus âgée. Sana ne dit rien. Elle avait l'impression qu'un rire allait quitter ses lèvres à tout moment, comme sous l'effet de la nervosité.  

"C'est quelque chose de magique." La main de Sana vint entièrement se poser sur celle de Jihyo. Elle était à peine plus grande que la sienne mais plus blanche. Son touché était un peu froid mais cela ne manqua pas de faire frémir Jihyo pour des raisons qu'elle commençait à comprendre.  

"Comme un sortilège ?" Jihyo prit l'initiative d'enlacer leurs doigts sous la lumière chaude du soleil. Ils s'enlacèrent, les uns après les autres dans un geste plein de douceur. Jihyo n'avait pas besoin de regarder Sana pour deviner son sourire, elles étaient toutes deux timides, là assise dans la salle de divination.  

"On peut dire ça comme ça." Le pouce de Sana vint caresser le dos de sa main. Le regard de la Serpentard ne la quittait plus. Sana fit un geste inattendu de rapprochement, Jihyo sentait son corps cogner contre sa poitrine. Elle n'avait peut-être pas encore tout enregistré mais quand les lèvres de Sana se pressèrent contre les siennes, elle ferma les yeux, serrant un peu plus fort sa main. C'était un simple baiser et pourtant, Jihyo sentit des feux d'artifices faire vibrer son esprit, sa peau, son propre cœur. Un second baiser un peu plus intense prit place, la main de Sana vint se glisser dans les cheveux de Jihyo, comme pour s'agripper à quelque chose et ainsi l'empêcher d'atterrir sur la lune. C'était d'une douceur à en ralentir le temps, Jihyo se laissait bercer par ses désirs, ses envies qui prenaient enfin sens. Ses phalanges agrippaient la jupe de Sana, soupirant contre les lèvres de celle qui devait encore délivrer sa recette magique. Cette recette qu'elle avait au bout de la langue et sur le bout de ses doigts. 

"Ce collier protège ceux que l'on aime." Ce murmure lui suffit pour sentir les larmes la submerger. Jihyo avait passé tant d'années à protéger Sana dans l'ombre, elle apprit à l'aimer mais comprit aussitôt que ce n'était pas un choix que d'avoir des sentiments. Tout cela était maintenant évident, ses larmes témoignaient de toute cette frustration. 

"Je ne t'aurai jamais laissée seule, jamais." Jihyo fini par articuler, son visage dorénavant niché contre le creux du coup de Sana. Cette dernière se mordait la lèvre, consciente de cette révélation, de sa chance que de posséder un tel pouvoir entre ses mains mais maintenant, c'était à Jihyo d'hériter de ce collier. C'était à son tour d'affronter ses propres dilemmes, de faire son chemin et d'arrêter de veiller sur elle.  

"Ma mère m'avait donné ce collier mais je sais, que je ne pourrai pas avancer sans toi à mes côtés. Alors prends en soin, d'accord ?" Sana avait posé ses mains sur les joues de Jihyo pour la regarder dans les yeux. La lumière lui donnait une impression irréelle, comme une image dans un rêve et pourtant, les mains froides de Sana lui rappelaient à l'ordre. Elle n'était pas seule. 

"Je te promets de vivre, un peu plus pour moi du moins." Jihyo se mit à rire, car elle savait qu'il lui était impossible de totalement renoncer à protéger Sana.  

"Merci, merci d'essayer." Sana vint poser son front contre le sien, restant ainsi figée. Ils n'y avaient qu'elles deux, quelques parts d'ombres et beaucoup de ciel bleu. 

 

La lettre 

Tu es et tu seras toujours une Poufsouffle, comme ta mère. 

Cherche au fond de ton cœur, regarde dans ses yeux et tu sauras. 

Je t'aime infiniment. 

 

Maman 

 

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Comments

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Bizutage
#1
Chapter 2: Wow
kenl13 #2
Chapter 1: I love much this story ???