Une brise fraîche se frayant un chemin dans une chevelure légèrement décoiffés, des reflets lumineux d'une vie nocturne se reflétant dans une eau glacée, un ensemble de sons ressemblant à un brouillard de musique et de bavardages.

Des marionnettes.

Jeon Wonwoo était assis au bord de cette flotte sombre possédant une profondeur remplie de secrets, secrets que personne ne cherchait à découvrir. Le déroulement quotidien d'une vie aquatique, rapide, violente, vraie. Dans un même monde, une barrière s'était formée entre la terre et l'eau, entre les humains et les animaux, entre la vérité et le mensonge.

Il était là, sans comprendre pourquoi les humains se noyaient dans une marre contraire à la sincérité. Cet endroit était différent, représentant pour lui une certaine limite entre ces deux mondes bien trop compliqués pour vouloir s'y confronter. Devant lui se dressaient des dizaines, des centaines de visages souriants, pleurants, certains marchaient simplement sans émotions, d'autres fumaient sans arrêt, aspirant des bouffées de cancer chaque seconde. Ils pensent être uniques, mais ce ne sont que des humains. Les uns comme les autres, une seule et même société qui leur a lavé le cerveaux depuis leur naissance. Ils apprennent à marcher, puis à parler sans jamais se demander pourquoi, sans se rendre compte qu'ils sont tout simplement des marionnettes de la vie. Certains pensent qu'ils ont leur propre avis, qu'ils sont différents, mais en fin de compte leur critères ont été influencés depuis leur tendre enfance, photocopiant petit à petit les avis différents de leur entourage.

Les notes de musique résonnaient doucement dans les oreilles du jeune homme, lui rappelant qu'en théorie il faisait partie de cette société sans s'en être rendu compte. Dépenser une somme d'argent impressionnante pour s'habiller à la mode, acheter du maquillage qui lui permettait de se voiler la face un peu plus chaque jour. Ça commence lentement lorsqu'on entre à l'école, étant confronté à une masse étouffante d'humains qui se comparent les uns aux autres. Au fil des années on doit respecter bon nombres de critères pour ne pas être à l'écart : être beau, avoir une mâchoire prononcée, une peau légèrement bronzée, un corps musclé mais pas trop non plus...Certaines filles se sentent obligées d'avoir une taille de poitrine au dessus de celles de leurs amies, des jambes fines et un ventre plat. Puis vient la période à laquelle un visage naturel ne fait plus le poids, le teint trop pâle attendant d'être recouvert d'un blush, des cils trop peu visibles étant condamnés à être maltraités quotidiennement avec une brosse de mascara, quelques fois des boutons ou des rougeurs rapidement recouverts par un fond de teint faisant mourir petit à petit les dernières respirations de leurs corps.

Lorsque le soleil se couche, le démaquillant gomme lentement les mensonges qui déforment la beauté naturelle de toutes ces personnes. Le jean et le pull ayant coûtés un demi salaire tombent au sol, laissant derrière eux une simple peau, un tissu qui tient en place tout ces sentiments incompréhensibles qui s'étaient imprégner dans leur subconscient pendant la journée.

Un léger sourire en coin étirait le visage de Wonwoo au moment où il s'imaginait les cordes fines et invisibles tirant sur chaque centimètre carré des humains devant lui. Le mystère autour de la logique, du subconscient et de l'imagination l'intriguait. Pourquoi un simple buisson pouvait nous effrayer une fois que l'ombre ait recouvert sa couleur naturellement vive ? L'imagination. Pourquoi avoir prit l'habitude de se retourner par automatisme lorsqu'on marche seul dans la rue, ayant l'impression de sentir des regards sur nous ? Le subconscient. Pourquoi les forêts nous terrorisent une fois la nuit tombée ? Le noir. Mais le noir ne fait pas peur, l'inconnu si.

Le jeune homme se relevait doucement en se poussant sur ses mains moites, inspirant longuement une dernière brise agréablement froide. La ville s'était réveillée en quelques heures seulement, la musique et les bavardages devenant de plus en plus forts et encombrants. Wonwoo n'a jamais aimé les endroits bruyants, ni même les personnes bruyantes ou n'importe quel humain qui suivait toutes les règles que la société lui imposait. Depuis qu'il savait lire et écrire ses parents savaient que leur fils était de nature solitaire, réfléchis et calme. Aucun anniversaire n'a été fêté, aucun cadeau n'a été offert ni accepté. Il vivait sa propre vie à l'écart des autres, les suivant toujours sur un chemin parallèle. Les autres fêtaient ici depuis des heures, brûlant leur gorge de plus en plus avec un alcool dont ils ne connaissaient même pas le nom pendant que Wonwoo, lui, observait leur comportement du côté opposé de la flotte bien trop polluée.

Les mains dans les poches, Wonwoo avançait lentement dans les rues, un sourire léger cousu dans son visage.

Il est l'heure.

Son esprit et ses pensées n'appartenaient plus à la société et ses défauts, mais à la personne qu'il allait rejoindre. Cette seule et unique personne qui fait battre son cœur comme personne d'autre, celle qui va à l'encontre de tout ses principes.

Le chemin n'était pas long, alors Wonwoo se laissa le temps de profiter du bruit agréable que faisait les feuilles aux vents, des grattements de ses chaussures sur le trottoir et de la musique estompée qui résonnaient dans la ville nocturne. C'était paisible, c'était beau. Ses yeux parcouraient les arbres enfuis dans l'ombre qui donnaient l'impression d'être eux même effrayés par cette réalité qui leur volait la vie chaque jour un peu plus. Certaines personnes auraient peut être laissé jouer leur imagination en voyant toute sorte de créatures surgir du noir, ou différentes scènes effrayantes qui auraient pu arriver à n'importe quel moment, mais Wonwoo non. Ses yeux ne voyaient qu'un banc ou une maison presque invisible dans cette obscurité, mais il les savait là, et il savait qu'il n'y avait que ça. Pas de créatures surnaturelles, pas de violeur ni de tueur en série.

Ses pas se pressaient de plus en plus, voyant la silhouette de cette personne au loin. Son sourire s'élargissait d'avantage plus la distance entre eux diminuait. Même s'il aimait la solitude, il donnerait n'importe quoi pour passer un peu de temps avec cette personne qui lui faisait perdre les moyens.

Encore quelques mètres, et il était arrivé.

Des cheveux bruns coiffés vers le haut, une tête légèrement incliné au dessus de son téléphone tout en vérifiant s'il n'avait pas reçu de message qui lui dirait d'attendre encore un peu. Ça ne faisait aucun doute. C'était lui.

Wonwoo détestait le contact physique venant de n'importe qui, n'ayant jamais eu d'affections de ce genre venant de ses parents. Ça ne l'empêcha pourtant pas de se réconforter encore une fois dans les bras chaud de son petit ami, enfouissant son visage dans son cou. La seule personne dont la chaleur corporelle n'était pas repoussante, mais attirante. La seule personne qui avait le dont de retourner son cerveau d'une seconde à l'autre. Ses bras se resserrent lentement autour de la taille de son partenaire qui lui, affichait un sourire adorablement surpris. 

-Je pensais que t'allais être en retard..

Lorsque Wonwoo s'éloigna légèrement de cette chaleur agréable en riant, ils savaient tout deux qu'aucun ne s'était permis d'arriver ne serait-ce qu'avec une seule minute de retard. Le nez légèrement retroussé du plus petit dénonçait une joie immense. Wonwoo glissa sa main dans celle de son copain, le tirant à sa suite.

-On va faire un tour à la fête en ville ??

Le grand brun souri fortement en balançant légèrement leurs mains comme le ferait un enfant de bas âge.

-Vraiment ? Je pensais que t'aimais pas trop y aller avec tout ce monde !

-T'aimerais y aller toi, pas vrai ?

Des petites dents pointus qui mordillaient nerveusement ses lèvres, c'était généralement le signe d'une réponse qui ne pouvait être que positive.

Souriant, Wonwoo emmena son petit ami dans la foule bien trop bruyante à son goût, mais après tout, c'était pour lui. Il ferait tout pour lui. Depuis maintenant plusieurs mois, le grand brun représentait sa petite boule de bonheur. Il était différent des autres, pas dans le même sens que lui, mais différent tout de même. Il adorait les animaux, passait énormément de temps dans la forêt ou à chasser des insectes. Nombreuses étaient les fois où Wonwoo lui a parlé de la société, mais son petit ami ne comprenait pas le sens figuré du terme. C'est certainement pour cette raison qu'il ricana bêtement en s'inclinant légèrement pour pouvoir chuchoter à l'oreille du plus petit.

-Toutes ces personnes là, elles ont aussi des ficelles qui les font bouger ?

Wonwoo acquis, se retenant de sourire encore plus. Clairement, son copain n'était pas comme les autres ; il ne comprenait ni le point de vue de son partenaire, ni celui des gens normaux. Les yeux du grand brun s'agrandirent d'un coup, laissant l'étonnement emprisonner les traits de son visage.

-Moi aussi j'en ai ?? Tu crois que quelqu'un me contrôle aussi ?!

Il essaya de lancer un regard par dessus ses épaules pour vérifier, mais n'y arrivait pas vraiment.

Wonwoo se mit à sourire bêtement devant l'air perdu de son petit géant.

-Non, toi t'en n'a pas !

Le plus grand pencha la tête, ne comprenant pas pourquoi il n'était pas comme les autres.

-Pourquoi.. ?

Se hissant sur la pointe des pieds, Wonwoo déposa un baiser rapide sur les lèvres de son amoureux, continuant son chemin en souriant sincèrement, les joues légèrement rosées de bonheur.

Parce que toi t'es différent, Kim Mingyu.

Parce que toi, je t'aime.