▪Chapitre 2

Le nouveau

Une semaine était passée depuis la fameuse scène qui s'était déroulé dans le bus et plus aucun signe de vie provenant du blond depuis, Sehyoon ne l'avait pas revu et avait trouvé cela extrêmement étrange.

Étais-ce sa faute s'il ne venait plus prendre ce trafic ?

Le noiraud se tuait à se répéter qu'il ne l'avait pourtant pas traité d'imbécile devant lui, même si l'envie fulgurante lui prenait beaucoup trop souvent et qu'il ne savait rien faire d'autre que juger par-derrière, sans embêter qui que ce soit, alors pourquoi ? Pourquoi ce jeune homme qui était venue chambouler le planning quotidien de râle, de soupire et de sanglots, ramenant sa bonne humeur désagréable pour tout le monde en était arrivé à faire une chose aussi peu catholique à Sehyoon sans aucune bonne raison.

Il ne lui en voulait pas, pour le doigt d'honneur, ni pour le fait qu'il lui avait crié dessus devant beaucoup de monde, le rendant extrêmement gêné pendant un moment, il l'avait simplement trouvé courageux, bizarre et franc sur le moment.

Pourtant, maintenant, la seule chose qu'il souhaitait été de le voir débarquer dans le bus, son sourire d'idiot collé au visage, l'entendre fredonner une mélodie encore plus agaçante que les précédentes et le voir s'asseoir à sa place favorite deux sièges avant le noiraud juste pour pouvoir enfin lui poser la question qui lui brulait les lèvres.

« Depuis quand un imbécile sait qu'il en ait un ? » 

C'est vrai, ce n'était sûrement pas la meilleure chose à faire, mais se sentir humilié le poussait, lui et ses pensées débile, à vouloir l'affronter d'une façon stupide et impulsive comme un gamin qui ferait un caprice.

C'était pour cette raison, qu'en ce soir du 6 décembre, alors que la neige avait décidé de tomber à Séoul, Sehyoon avait fini le travail plus tôt que prévu, s'était assis sur le petit banc de l'arrêt de bus avec plus de 15 minutes d'avance et avait bêtement attendu qu'un dénommé Byeongkwan daigne venir.

Le problème était qu'il avait attendu longtemps, beaucoup trop, assez pour voir toute la petite bande arrivait ainsi que le bus, qui lui, n'avait pas la patience de rester quelques minutes de plus. Le noiraud était alors monté à l'intérieur, bredouille et en colère pour changer et avait marmonné dans sa barbe des mots que lui-même ne comprenait pas, surement des insultes peu jolies sur le fait qu'il s'était caillé dehors simplement pour cet abruti.

Ce n'est qu'alors, comme si Dieu lui en voulait d'être toujours aussi grognon, qu'un jeune, blond et petit garçon était monté juste derrière lui et avait eu le malheur d'entendre ce que Sehyoon avait sorti comme absurdités.

"- À ce que j'entends tu dis toujours tout haut ce que tu penses en silence, ça fait plaisir et dire que je voulais m'excuser pour l'autre jour, quels abrutis je suis comme tu sais si bien le dire."

Tandis que Sehyoon demeurait perdu, son sac de boulot dans les bras, toujours en train de grelotter de froid debout devant sa place, le blondinet lui, avait crié au chauffeur qu'il voulait descendre au plus vite et était parti en courant juste après.

Le noiraud n'avait rien compris, il s'était une nouvelle fois retrouvé dans une situation délicate et totalement horrible et la vue d'un jeune homme en colère à l'extérieur du bus lui faisait prendre conscience des pensées blessantes qu'il pouvait avoir.

Sehyoon regrettait toujours ses gestes, c'était un fait qui ne pouvait lui être enlevé, mais ce n'était malheureusement jamais au bon moment et beaucoup trop tard, car ce qui venait de se passer pour la deuxième fois était entièrement de sa faute, il le savait et s'en voulait déjà énormément.

Pendant ce qu'il lui avait paru des heures, assis le regard dans le vide contre la dernière fenêtre du bus, attendant patiemment qu'il arrive à son arrêt, il avait réfléchi, s'était creusé la tête jusqu'à ce qu'une migraine le prenne, cherchant simplement comment revoir le blond, comment lui expliquer ce quiproquo devenue totalement énervant.

Il n'avait pas abouti à grand-chose, sachant pertinemment que Byeongkwan ne voudrait encore plus venir emprunter cette ligne qu'il ne prenait déjà plus il y a de cela une semaine par sa faute et qu'il ne connaissait ni le boulot, ni l'adresse du blond. Il était coincé, totalement, nageant dans une mare de regret et plongeant tête la première dans celle d'à côté, l'imbécilité.

Ce qui était drôle dans toute cette histoire c'était que Sehyoon n'était pas du tout du style à se faire du remord pendant longtemps, il regrettait sincèrement, peut-être pendant une heure ou deux, mais ne se rendait jamais malade pour une chose aussi futile, seulement, maintenant, c'était totalement différend.
Cet homme l'obsédait, littéralement, il ne pouvait s'empêcher de penser à lui, à ses mimiques, ses habitudes affreuses qu'il adoptait dans le bus et son air joyeux qu'il abordait tel un enfant qui déballerait ses cadeaux de noël au quotidien.

Le noiraud se mit à rire seul dans le bus à cette pensée, tandis que son cœur froid et dur comme la pierre se mettait à battre frénétiquement sans sa bénédiction.

C'était bien la première fois que Sehyoon l'entendait taper aussi fort contre sa poitrine au simple songe d'un petit blond, c'était bizarre, dérangeant, et ça lui filait la nausée.

Sehyoon ne remarquait simplement pas que l'aiguille de l'horloge de sa vie s'était remise à tourner tranquillement, il préférait ce voiler la face, cacher ses sentiments débiles qui n'avaient, selon lui, aucun lieu d'être, au plus profond de lui et refouler le fait que même lui, homme extrêmement froid, déprimé, avait tout autant le droit d'aimer que n'importe quelle autre personne.

Il détestait ça pourtant, avoir des sentiments, ce n'était pas fait pour lui, mais pour tous ces jeunes gens qui savaient, au contraire de Sehyoon, croquaient la vie à pleine dent.

Alors que le noiraud ruminait toujours dans son coin, ce goût amer de ne pas savoir quoi faire avec le petit homme, il ne s'était pas aperçu que les personnes autour de lui, toute celle qu'il avait jugée auparavant, en faisait maintenant de même avec son cas depuis que Byeongkwan l'avait ridiculisé une deuxième fois.

Trop concentré à essayer d'arranger la sauce seul dans son coin, les gens qu'il appelait "misérable" auparavant le jugeaient en papotant entre eux.

Cette fameuse dame qui râlait à longueur de journée commérait maintenant avec la jeune fille qui n'avait pas bu une seule goutte d'alcool aujourd'hui, se demandant quelle relation ils pouvaient entretenir et réussissait même à oublier son argent qui l'a possédé tant le temps d'un trajet en bus.

Le monsieur fatigué souriait devant cet imbécile qui se tirait les cheveux à l'arrière et pensait à la façon dont il avait réussie à courtiser sa femme alors qu'elle avait autant de caractères que ce jeune homme qui n'avait pas la langue dans sa poche et était rentré tout heureux chez lui.

Grâce à Sehyoon et Byeongkwan, ce couple qui ne savait rien faire d'autre que se disputer depuis des mois s'était enfin calmé, avait arrêté leurs querelle amoureuse et totalement inutile pour se consacrer à l'écoute de l'un et l'autre en apercevant les deux jeunes hommes ayant du mal à communiquer.

Les deux adolescents qui ne se parlaient jamais, allant pourtant à la même école, s'étaient souri en cette soirée un peu spéciale, rigolant ensemble du " grincheux du fond" et se rapprochant curieusement de l'un et l'autre.

Étonnement, en ce premier jour de neige, l'ambiance du bus qui n'était autre que silencieuse et morose d'habitude avait fini par changer, tout le monde s'en était aperçu, sauf peut-être une personne, une tête noire, particulièrement beau garçon, mais carrément trop grognon, qui ne s'en était pas rendu compte.

Sehyoon avait préféré penser à Byeongkwan ce soir-là, encore et encore, loupant son arrêt de bus par la même occasion, marchant dans le froid jusque chez lui, n'arrivant même plus à voir autre chose que la tête du jeune homme en permanence et se tapant finalement le front, en arrivant dans son petit appartement, sur le rebord de sa table en se disant que s'était beaucoup trop fatigant pour lui de vouloir essayer de recoller les morceaux avec cette petite tête blonde.

*


Après ce qui lui semblait une longue semaine de grippe, maladie qu'il avait sûrement attrapée en restant pendant plus de 20 minutes dans le froid à cause de lui et de son idiotie,  Sehyoon retournait finalement au travail, vraiment très heureux, enfin, de ce qu'il essayait de faire croire, car, étrangement, le confort de son appartement lui paraissait plus agréable que les chaises en plastique du bureau.

Pendant un court instant dans sa rêverie, l'idée de revoir Byeongkwan aujourd'hui à cet arrêt lui avait traversé l'esprit.

Serait-il toujours en colère ?
Qu'allait-il lui dire ?
Voudrait-il lui parler ?

Sehyoon râlait déjà en vue des questions irritantes qui essayait de débattre dans sa tête,  ce n'était ni le moment ni l'endroit de songer à cet infini joyeux duquel il n'avait pu s'ôter de la tête même lorsqu'il n'était pas dans son état normal et devait plutôt se concentrer sur son nouveau projet de graphisme que son horrible patron grassouillet lui avait imposé de faire dut à son absence.

En arrivant devant l'abri de bus le noiraud remarquait la présence de toutes ces fameuses personnes qui, il devait se le dire, lui avait quelque peu manqué, s'ennuyant à mourir tout seul chez lui et répondait étonnamment à leur bonjour plutôt souriant par un simple coup de tête.

Venait-il de voir des sourires sur le visage de tous ces gens ?

Tous ces abominables petits lutins déprimés qui respiraient le désespoir au quotidien étaient maintenant heureux ?

Pour Sehyoon s'était impossible, la fameuse ambiance désastreuse du bus de l'enfer ne pouvait pas changer aussi vite en son absence, du moins, c'était ce qu'il pensait avant que le bus n'arrive et que son nouveau occupant favoris aussi, comprenant la raison et la cause de cette joie de vivre totalement inhabituel pour lui.

Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour remarquer qu'il s'était fait une nouvelle couleur, rousse, lui allant, comme s'y attendait Sehyoon, un peu trop bien et, l'espace d'un instant, alors que Byeongkwan venait de s'apercevoir qu'il était ici, il l'avait trouvé magnifiquement beau grâce à cette teinte carotte ressortant de ce blanc immaculé qui trainait un peu partout en ville.

Tandis que toutes les personnes qui grelottaient de froid depuis plus longtemps que lui montaient dans le bus, le noiraud reprenait ses esprits et les suivait, montant le dernier. Il fut agréablement surpris en rentrant à l'intérieur de voir que tout le monde discutait ensemble, semblant incroyablement content, rigolant, chantant presque, laissant Sehyoon abasourdi par cette vue auquel il n'aurait jamais pensé voir un jour et auquel il ne voudrait sûrement jamais s'habituer et restait scotché debout devant l'entrée, son sac de travail dans ses bras, de la même manière qu'il s'était tenu lorsque Byeongkwan s'était énervé contre lui et de la même manière qu'il se tenait simplement lorsqu'il était sous le choc.

En parlant du loup, celui-ci se léchait les babines tranquillement en observant Sehyoon de sa place, cette place où seul le noiraud s'asseyait, le regardant comme un mets succulent dans lequel il aimerait bien croquer.

"- Tient, te revoilà, remis de tes émotions petit chaton ? Disait Byeongkwan, le sourire narquois pendu aux lèvres.

Le noiraud bougonnait, s'agrippant à la barre en face de lui alors que le bus démarrait, pour le simple fait que cet ancien blond l'est appelé comme un bébé chat.

Ses pensées d'excuse, de faire la paix, d'essayer de stopper cette guéguerre qui avait commencé à cause de lui s'étaient bizarrement envolées et cette envie de rentrer dans son jeu stupide flambait dans son for intérieur.

- Primo, je ne suis pas ton chaton, deuxièmement,  je m'appelle Sehyoon, Kim Sehyoon et troisièmement j'ai très envie de...

- De quoi ? M'insulter ? Lui coupait-il la parole. Si ce n'est pas déjà fait, plus d'une fois même.

Le plus vieux des deux soupirait, agacé, mais notamment épuisé de ces discussions sans queue ni tête qu'il pouvait avoir avec ce jeune homme.

Inexplicablement, Byeongkwan l'imitait, visiblement dans le même état d'esprit, avant de l'inciter quelques secondes plus tard à s'assoir à ses côtés, chose à laquelle Sehyoon refusait et le roux insistait.

- Il faut vraiment qu'on parle. Assieds-toi s'il te plaît. Avait-il dit le plus calmement possible.

Le noiraud râlait de nouveau, n'aimant vraiment pas se faire commander, tandis que son cerveau lui essayait de déchiffrer cette situation qui lui semblait anormale.

Qui dans ce monde chercherait un moyen d'embêter l'autre en une seule phrase pour au final lui demander de s'assoir pour discuter avec lui tranquillement ?

Visiblement, seul Kim Byeongkwan pouvait passer du coq à l'âne en une fraction de seconde.

Sehyoon en venait même à se demander, alors que le plus jeune des deux attendait patiemment que le noiraud vienne à ses côtés et sorte de ses pensées, qu'il ne connaissait pas vraiment la personnalité du roux et que son jugement infaillible était pour une fois peut-être faux.

- Ce n'est pas que pour une fois, tu as faux, du début à la fin, sur tous ces gens présents ici.

C'était la cerise sur le gâteau, en plus d'être quelqu'un d'incompréhensible pour lui, il venait maintenant d'entendre une de ses pensées qu'il avait sûrement dites à voix haute et se permettait de le mettre en doute.

Sehyoon, totalement perdu, se laissait guider par ses pieds, qui eux, l'emmenaient vers ce lieu qui était habituellement le sien et qui empestait maintenant le parfum de Byeongkwan.

Il s'asseyait à sa gauche, près du couloir, posant son sac sur ses genoux et se sentant tout d'un coup mal à l'aise.
Il n'avait pas l'habitude d'être aussi proche de quelqu'un d'autre que sa famille et se sentait gêné de sentir non seulement leur bras, mais aussi leurs jambes, se frottaient ensemble alors qu'ils étaient collés l'un à l'autre.

Après ce qu'il lui paraissait des minutes vraiment très longue où seul le bruit sonore des autres personnes autour résonnait dans la vieille bicoque, que Byeongkwan regardait par la fenêtre et Sehyoon ses jambes incroyablement intéressante aujourd'hui, le roux prit la parole, disant des mots que le plus vieux ne pensait pas entendre.

- Tu sais, je comprends mieux pourquoi tu t'assois tout le temps ici.

Sehyoon relevait finalement la tête vers lui, intéressé et ancrait son regard que qualifiait le petit jeune "d'étrange" dans les siens, l'incitant à continuer, ce qu'il fit, après s'être perdu dans ses prunelles quelques instants.

- Tu peux tout observer, du monde extérieur comme des personnes présentes ici. Tu es caché, enterré dans ton coin. 

Le noiraud ricanait.

-C'est vrai, mais je suis surtout seul et c'est ce que j'apprécie le plus.

À cet instant, sans que personne ne sache comment l'un avait fait avec l'autre, Kim Sehyoon s'était mis à sourire et Kim Byeongkwan était perdu dans la beauté de l'homme à ses côtés.

- Tu es étrange. Avait finalement dit le roux.

Cette phrase qu'il avait rêvé de lui dire depuis longtemps maintenant était enfin sorti de sa bouche et il trouvait sa réaction plutôt intéressante.

- Ça ne date pas d'aujourd'hui.

Le plus jeune se mit à rire.

- D'accord Sehyoon, tu es bizarre et tu le sais, mais ça n'arrange pas le fait que j'attends toujours des explications sur ton comportement.

Le noiraud se mit à paniquer, qu'allait-il lui dire ? Qu'il était un abruti fini qui ne savait rien faire d'autre que ne pas savoir retenir ses pensées ?

- C'est déjà un bon début.

Sehyoon déposait son regard choqué sur la petite tête carotte.

- J'ai encore parlé à voix haute ? Demandait-il, regardant Byeongkwan hochait la tête en rigolant.

- Ça t'arrive souvent, par exemple, lorsque tu es énervé et que tu marmonnes à voix haute comme la dernière fois, d'ailleurs désolé de t'avoir crié dessus, lorsque tu es gêné, intimidé ou bien en panique.

- Tu t'excuses d'une drôle de manière tu sais, enfin là ce n'est pas le sujet, comment tu peux savoir autant de chose sur moi ?

Sehyoon était curieux, avait-il collecté des informations sur lui ? 

Non, ça ne pouvait pas être ça, personne d'autre à part lui n'était au courant de ce genre de choses, même pas ses parents.

- Je t'ai observé Sehyoon, comme toi tu l'as fait sur moi tout ce temps. Eh oui, tu n'es pas le seul à t'intéresser à la vie des gens et poser des conclusions hâtives sur leur vies, je l'ai faits aussi, sur toi.

Le noiraud se sentait perdu, trahi, mise à nu, il ne pensait pas qu'un autre être aussi débile que lui pouvait faire une chose pareil.

- Pourquoi ? Je veux dire, pourquoi moi ? Osait-il lui demander.

- Parce que tu m'intéresses. Depuis le début."

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Thank you!
Donglisa
Parce que je sais que beaucoup de personnes comme moi lisent sur ce genre de site, même en étant française ^^

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