▪Chapitre 1

Le nouveau

Sehyoon s'était toujours demandé comment c'était de vivre comme on l'avait toujours souhaité ? 

Quelle sensation la liberté lui procurerait-il s'il pouvait faire tout ce qu'il voulait ? 

Pourrait-il vivre dans un monde sans contrainte ni règle ? 

Arriverait-il à faire autre chose de sa vie que simplement survivre dans ce monde ? 

Lui aussi désirait être possédé par la passion, le goût de vivre, comme tous ces gens géniaux qu'il admirait secrètement, effectuer un métier qui pourrait enfin lui plaire, sortir avec des nouveaux amis et avoir une petite copine, mais, la réalité en elle-même était bien pire que ses magnifiques rêves qu'il pouvait faire sur une vie parfaite. 

« Tout n'est pas rose dans la vie » comme tous les gens lui disaient. 

D'ailleurs le noiraud ne supportait plus cette expression qu'il entendait beaucoup trop souvent, son existence en soi avait tourné autour, aussi, il ne pourrait compter le nombre de fois qu'on avait osé le lui dire, que ce soit de ses parents qui lui répétaient toujours que « chanteur n'était pas une profession », de ses "amis" qui se fichaient royalement de ses problèmes et lui sortait ces affreux mots pour se débarrasser d'un poids en plus qu'ils ne souhaitaient pas porter sur leurs épaules, ou bien de son patron désagréable à son entreprise de dessin lorsqu'il avait l'audace de se plaindre du surplus de travail qu'il osait infliger à ses collègues et lui. 

Le problème, c'est que ce dicton débile avait le don de le démoraliser et étant déjà quelqu'un de facilement déprimé, arborant la plupart du temps cet air glacial et sans expression qui restait collée à son joli minois même dans ses peu nombreux moments de joie, comme une mauvaise habitude qui aurait bien besoin d'être effacée, ce genre de propos sans intelligence n'arrangeait pas la sauce. 

Seulement, le noiraud, âgé de 24 ans, n'a jamais réussi à trouver un sens à sa vie qu'il considère comme minable à ses yeux, il exerce un métier qu'il préfère qualifier de détestable, au mieux, d'horrible et qu'il ne lui plaît que pour la paie qui le fait vivre chaque mois. Quant aux 3 pauvres amis qu'il lui reste ce sont ses mauvaises fréquentations du lycée qui, heureusement pour lui, ne le voit qu'une fois tous les trois mois uniquement quand messieurs en avaient envie. 

Pour lui, ils étaient odieux, du moins, Sehyoon trouvait ce mot beaucoup trop faible pour les décrire, car, malheureusement, même les quelques synonymes qui se trouvaient en dessous dans le dictionnaire ne pouvaient rien y changer. 

C'était en partie à cause d'eux qu'il aimait souvent dire que sa vie n'était pas "rose", mais qu'elle se retrouvait plutôt entre le gris et le noir, pourtant, elle n'a pas toujours été terrible, loin de là, le noiraud a eu une enfance agréable, des parents aimant, des centaines de petites copines au collège et lycée et des étoiles plein les yeux jusqu'à l'âge de 18 ans, ce n'est qu'après, lorsqu'il avait dû se décider dans quelle branche il voulait s'orienter que tout avait dégénéré. 

Ses parents avaient refusé qu'il intègre une agence de musique, ses fameux amis lui avait ri au nez lorsqu'il avait osé dire qu'il brûlait d'envie de chanter devant des millions de gens et ses professeurs avaient trouvé ça dommage de gâcher son potentiel intellectuel en se trémoussant sur une scène. 
Il avait alors tout abandonné, comme un crétin et surtout jeune et paumé qu'il était à l'époque. Il n'avait pas été soutenu, avait perdu confiance et en était même venue à se demander d'où venait ce rêve incroyablement irréaliste qu'il avait eu.

Au jour d'aujourd'hui, 6 ans plus tard, un diplôme de graphiste dans les poches, cela lui importait peu, ce considérant trop inexpérimenté pour s'inscrire en tant que trainee et peut-être, dans 5 ou 6 ans débuter dans un groupe d'idoles. Sa vie ne lui plaisait pas pour autant, mais la routine en faisait un quotidien moins désagréable que sa façon d'en penser. 

En attendant qu'une chose miraculeuse arrive et vienne bouleverser ses journées plus qu'ordinaires, Sehyoon ruminait ordinairement seul dans son coin à l'arrière de ce bus bondé qui le prenait à son arrêt habituel et qui semblait en piteux état du jour au lendemain. 

Par ailleurs, il ne serait décrire cette ambiance morose qui se trouvait à l'intérieur de cette vieille bicoque, à croire que tous les gens dans le même état d'esprit que lui empruntaient le même chemin direction la descente aux enfers tous les soirs après le travail et qu'à chacun de leurs passages ils laissaient une empreinte de dégout et de mépris qui s'émanait de leur histoire désastreuse, venant, sans le savoir, s'imprégner sur les vieux sièges crasseux du bus n°3. 

Étais-ce bête de dire qu'à force de sentir ces auras noircies de fléau autour de lui le noiraud en était venue à se demander par pure curiosité, pour changer de son train-train quotidien, qu'elle pouvait être les problèmes de chacune de ces personnes présente avec lui chaque jour à l'arrêt d'Hak-dong. 

Étant un très grand observateur, Sehyoon avait su remarquer la présence de cet homme, d'une cinquantaine d'années, très modestement vêtus, toujours assis sur le tout premier siège du bus, le regard vide de sentiment étudiant la route sans grande conviction. Ses chaussures, totalement troués, trahissaient le fait qu'il n'avait pas beaucoup d'argent et un emploi sûrement fatigant et ennuyant. 

Il lui provoquerait presque de la pitié si seulement le noiraud savait déchiffrer une once de ses sentiments envers les gens. 

La deuxième personne qui montait avec eux la plupart du temps était une femme âgée et fatiguée par le temps. Il ne saurait déchiffrer que faisait cette pauvre personne de ses journées, mais le panier remplit de légumes et l'œil au bord noir qu'elle trimballait avec elle tous les soirs lui faisait comprendre que ses petits problèmes de rêve brisé n'étaient rien comparés à la détresse que cette dame pouvait émaner d'elle. 

Sehyoon avait voulu l'aider à un moment donné, mais vivant dans un monde où seul l'individualisme règne, il avait laissé tomber, ses propres problèmes lui suffisaient. 

Ce qui restait vraisemblablement une énigme pour notre jeune homme était que le bus avait beau être pratiquement toujours vide, il réussissait perpétuellement à se perdre entre les quelques personnes qui restaient encore à déchiffrer, comme ces deux adolescents boutonneux de e différent qui s'attardait sûrement à penser que la vie ne valait pas la peine d'être vécu alors qu'ils n'avaient expérimenté qu'un quart de leur existence, une femme égocentrique et dépensière qui râlait toujours derrière sa barbe qu'elle n'avait plus d'argent alors qu'elle portait sur elle des vêtements de marque que même le monsieur simple du premier rang aurait bien voulue, une jeune femme de son âge qui devait surement traîner nuit et jour à boire dans un bar, de plus en plus soûl chaque jour et un couple pénible qui passaient leur temps à s'engueuler sur des sujets qui lui étaient incompréhensibles. 

C'était plutôt ironique, aucune once de joie dans les parages et pourtant l'ambiance mélancolique plaisait à notre cher noiraud. Sachant toujours à quoi s'attendre en montant à l'intérieur l'atmosphère était comme une mélodie que l'on écouterait en boucle qui n'était ni douce, ni agréable, mais qui, comme une habitude, finissait par ne plus gêner personne. 

Inopportunément, ce fameux soir, comme une mauvaise nouvelle qui vient gâcher votre journée, il avait fallu que le scénario habituel auquel il pouvait faire face en débauchant de son travail ne ce passe pas comme prévu et vienne plomber son humeur déjà macabre à cause de ce temps d'hiver plus que déplaisant pour lui. 

À son plus grand bonheur, pour le premier jour de décembre, une nouvelle tête s'était ajouté à la liste des gens pitoyables qui empruntaient ce trafic pour rentrer chez eux et la première chose qui lui avait traversé l'esprit était « pourquoi venait-il bouleverser tout ce qu'il s'était construit ? »

Qui était cet étrange être humain qui n'avait peut-être rien à faire entre tous ces gens malaisant ? 

Ce petit homme avait réussi, pour la première fois depuis un bout de temps, à attiser son intérêt envers quelque chose d'autres que ces "habitués" du véhicule et c'était surement une mauvaise chose. Souvent obsessionnelle et buté il ne comprenait pas pourquoi du jour au lendemain le nouveau venait se démoraliser avec eux, à croire que nul autre que ces personnes auxquelles il s'était familiarisé n'avaient l'autorisation de rentrer "dans le bus des dépressifs" comme il aimait le surnommer. 

Le noiraud, totalement dérangé par sa présence à ce moment-là, n'avait pas pu s'empêcher de le dévisager de la tête aux pieds, et ceux, jusqu'à ce qu'il ait fini par en apprendre un peu plus sur lui grâce à son jugement souvent infaillible plusieurs jours plus tard. 

Pour commencer, il était jeune, plus que Sehyoon, mais beaucoup moins que les deux adolescents lycéens. Il était blond, avait, pour le malheur du noiraud, un visage de bébé, semblait gentil, heureux et ne se fondait en aucun cas dans la masse d'individus présents dans le vieux débris, au contraire, on aurait plutôt dit un agneau perdu entre un troupeau de vaches ou encore mieux, une aiguille dans une boîte de foin. 

L'adulte qu'était notre cher jeune homme trouvait ce gamin beaucoup trop mignon et gai, c'était un rayon de soleil qui ne savait rien faire d'autre qu'aveugler ses pauvres petits yeux qui ne connaissaient que le noir, de plus, il puait le bonheur, comme si être simplet ne lui suffisait pas. Sa voix, il ne voulait même pas en parler, ses oreilles n'oublieront pas cette mélodie fatigante qu'il avait fredonnée tout le long du trajet la première fois qu'il était monté dans le bus, pourrissant la "mauvaise" humeur de tout le monde. 

Sehyoon s'amusait à l'identifier à un chewing-gum qui se retrouvait perdu au fond d'un sac, à un vieux jouet d'un enfant qui ne servait plus à rien ou bien à un ancien tee-shirt gris qui n'avait plus aucune utilité. C'était sa façon de l'imaginer, au beau milieu de tous ces gens qui avait doublement plus de problèmes que lui.  

Comme s'attendait le noiraud, de jour en jour, son innocence, sa pureté et son côté enfantin lui tapaient sur les nerfs, il avait même fallu qu'un soir, alors que la pluie se faisait forte, que l'humeur désastreuse de tout le monde soit encore pire que d'habitude et que le silence régnait dans l'immense brique il est osé venir s'installer à ses côtés alors qu'une trentaine de places étaient pourtant vides. 

Bizarrement, Sehyoon avait eu une envie soudaine de l'étrangler lorsque les personnes assissent devant eux avaient enfin trouvé une chose intéressante dans leur soirée et que cette imbécile qui s'était retrouvé à sa gauche n'arrivait même plus à enlever ce sourire totalement débile qui était accroché à sa gueule d'ange. 

La seule chose qui lui avait plu était qu'il ne lui avait pas parlé, et ceux, pendant un moment, s'étant simplement contenté de lui lancer des regards que le noiraud n'avait pas compris et n'avait surtout pas voulu croiser, admirant simplement et tout bonnement la vue de Séoul de nuit ainsi que les gouttes d'eau dévalant délicatement la vitre, tout en ronchonnant, comme à son habitude, jusqu'à ce que le bus se soit soudainement arrêté à cause de son appel et qu'il lui ait tapé sur l'épaule la mine en colère. 

"- Je m'appelle Kim Byeongkwan, je ne suis pas débile et je te prierais de bien vouloir arrêter de me regarder aussi froidement, sur ceux, je te souhaite une mauvaise soirée."

Étonnamment, à ce moment-là, il n'avait pas compris un seul mot de ce que ce blond avait bien pu lui dire, il ne l'avait pas traité d'imbécile, ne lui avait surement pas demandé son prénom et puis n'avait rien fait d'autre à part divaguer dans ses pensées, il n'arrivait donc pas à déchiffrer comment il avait fait pour le mettre en rogne. 

Le jeune homme était descendu juste après sa courte tirade, laissant sur ce fait un Sehyoon complètement ahuri et, à son plus grand étonnement, avait étrangement pris le soin de s'arrêter à l'extérieur, pile devant la fenêtre du noiraud, tout ça, juste pour lui montrer son plus beau et incompréhensible doigt d'honneur, un sourire narquois pendu aux lèvres jusqu'à ce que le tas de ferraille redémarre. 

Depuis ce temps-là, Sehyoon ne s'était plus demandé comment serait la vie si elle avait pris un autre tournant pour lui car depuis son arrivé, sans qu'il ne s'en rende compte, elle était déjà entrain de changer, seulement, la seule chose qu'il ne pouvait cessé de se répéter encore et toujours n'était autre que « pourquoi diable, de tous les bus de Séoul, avait-il fallu qu'il emprunte celui-ci ? »

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Thank you!
Donglisa
Parce que je sais que beaucoup de personnes comme moi lisent sur ce genre de site, même en étant française ^^

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