"je te protègerais toujours."

"Je te protègerais toujours."

« Tu me protégeras toujours, hein Daehyun ?

- Oui Hayi. »

 

 

 

 

Dans une petite rue de Busan, un enfant jouait avec une petite voiture dans son jardin, avant de s’arrêter pour admirer le bolide grandeur nature qui se garait dans l’allée voisine. 

Deux puissants coups de klaxon et une portière qui s’ouvre. Deux petits pieds flottants dans le vide dépassèrent alors de derrière la porte du luxueux véhicule avant de sauter à Terre, accompagnés du reste du corps de la petite fille à qui ils appartenaient. Ses cheveux brillants retombèrent encadrer ses joues rondes d’un même mouvement, accompagnant sa robe légère et fleurie. Ses yeux timides toisaient la maison qui lui faisait face, sa bouche tordue dans un sourire hésitant. En quelques secondes, un homme vint rejoindre le petit bout qui ne devait pas avoir plus de six ans, lui attrapant fermement la main qu’elle lui tendait. La porte d’entrée de l’humble demeure s’ouvrit sur une vieille femme rayonnante qui accueillait les nouveaux venus avec de grandes exclamations, les bras ouverts, le sourire chaleureux.

Le petit Daehyun observa la scène avec curiosité de l’autre côté de la barrière de bois qui séparait son jardin de celui de Madame Lee, serrant son jouet dans ses bras. Il attendit que les individus disparaissent, pour lui aussi rejoindre sa maison en courant. Il agrippa avec ferveur de sa petite main la poignée de la porte d’entrée et entra en trombe dans le salon où ses parents discutaient sur le canapé. 

Monsieur Jung en bon commerçant, lisait le cours de la bourse dans le journal, feignant d’écouter ce que Madame Jung lui racontait à propos du prix de l’école de leur fils. Quand ce dernier débarqua sans prévenir, elle se tue et fit mine de s’intéresser au tricot qu’elle tenait entre ses doigts.

« Maman ! Maman ! Y a des gens riches dans une belle voiture qui viennent voir Madame Lee ! » s’exclama le garçon.

Elle leva des yeux dédaigneux sur son enfant.

« Des gens riches tu dis ? Depuis quand Madame Lee a-t-elle des connaissances dans la bourgeoisie ? » elle se tourna vers son mari : « Tu le sais-toi ? »

Il ne prit même pas la peine de répondre, refusant de prendre part aux commérages de son épouse.

« Elle a appelé le Monsieur “mon fils“ … je savais pas que Madame Lee avait un fils … Pourquoi on l’avait jamais vu avant ? » continua Daehyun avec une bienveillance que seule l’innocence et la pureté de l’enfance permet.

« Ah, son fils … Ça fait des années qu’elle nous en parle de son fils si riche, mais en attendant on en avait jamais vu la couleur de son argent jusqu’ici ! » racontait-elle de sa voix aigrie par l’adversité de la pauvreté. « Je pensais que c’était encore l’un de ses bobards … mais il faut croire que c’était vrai. »

La dureté dans la voix de sa mère poussa Daehyun à monter dans sa chambre, préférant éviter de supporter un peu plus de son amertume. 

Une fois en sécurité dans son antre personnelle, le petit garçon rejoignit sa fenêtre pour observer de loin, les retrouvailles entre sa voisine, son fils et sa petite fille.

 

Depuis ce jour là, le petit Daehyun ne revit plus le fils de Madame Lee ni la petite fille à la robe à fleures, mais la belle voiture de sport rouge était toujours garée dans l’allée. Jusqu’à ce qu’il parte jouer au foot avec deux amis sur un petit terrain de jeu un peu plus haut, surplombant la ville, trois semaine après l’arrivée des étrangers. 

Elle était là : au milieu des autres enfants, sagement mais tristement assise sur une balançoire que personne ne poussait pour elle. Ses yeux étaient fixés avec espoir sur le dos de son père, des mètres plus loin, qui passait un coup de téléphone surement très important. Daehyun fit comme si de rien était et joua pendant près d’une demi-heure avec ses amis. Quand il fini par relever à nouveau les yeux vers elle, elle n’avait pas bougé, son père téléphonait toujours. Il ne pu s’empêcher d’éprouver de la colère contre cet abominable individu qui portait si peu d’intérêt à sa fille. Mais ce n’était pas ses affaires alors il retourna à sa partie de foot. Ils jouèrent jusqu’à ce que le soleil soit bas dans le ciel, se préparant à aller se coucher. Quand il fut l’heure de rentrer, Daehyun jeta un regard curieux vers la balançoire, pensant la voir vide depuis le temps. Mais non, la petite fille fleurie y était toujours. Ses bras nus commençaient à trembler de la fraîcheur dans laquelle l’ombre des arbres l’enveloppait. Il tourna ses yeux vers l’homme qui téléphonait toujours : il criait presque dans le combiné, utilisant des mots compliqués du monde des affaires qu’un petit garçon ne peut pas comprendre, semblant avoir oublié que sa fille attendait toujours sur sa balançoire que son père vienne la pousser.

Pendant que son attention était fixée sur le fils de Madame Lee, le petit Daehyun ne s’était pas rendu compte que deux gamins étaient allés embêter la petite fille sur sa balançoire. Ce n’est qu’en entendant de fortes exclamations dans son dialecte maternel qu’il pu remarquer les deux silhouettes devant elle. Son instinct le poussa à aller voir ce qu’il se passait.

« Répond je te dit ! Dis quelque chose ! » Le garçon poussa de la main l’épaule de la fillette pour la faire réagir, la faisant tomber de son assise instable sans le vouloir. 

Elle ne prit même pas la peine d’ouvrir la bouche, regardant ses deux bourreaux avec des yeux peureux, aux bords des larmes. Elle se releva quelque peu, tâchant sa robe à fleurs, à présent poussiéreuse, du sang de petits coudes blessés. Daehyun intervint immédiatement. Il attrapa dans chaque main les épaules des enfants et les écarta violemment.

« Laissez-la tranquille, elle est pas d’ici, elle comprend pas ce que vous dites, ça serre à rien de lui crier dessus vous ne faites que l’effrayer. »

Daehyun connaissait ces garçons, ils étaient plus jeunes que lui et ils avaient déjà vu ce dernier se battre, il savait se défendre. Donc, ils ne demandèrent rien de plus et rentrèrent gentiment chez eux.

« Ils ne sont pas méchants, faut pas leur en vouloir, ils sont juste un peu stupides. » La petite le regarda avec curiosité mais la peur avait quitté son visage. Elle ne parlait toujours pas. Il s’accroupit pour se mettre à sa hauteur et lui tendit une main, proposant de l’aider à se relever, qu’elle accepta sans un mot. « Je m’appelle Daehyun, Jung Daehyun. Je suis le voisin de Madame Lee, ta grand mère je crois … et toi, c’est quoi ton nom ? » Demanda-t-il avec un sourire chaleureux.

« Lee Hayi. » Murmura-t-elle dans un souffle tout juste audible.

« Enchanté, Lee Hayi. » Le petit garçon salua de façon formelle la petite fille qui lui rendit son salut en abaissant faiblement et timidement sa tête. « Tu as quel âge ? »

À nouveau elle murmura, mais avec un peu plus d’assurance : « Six ans. »

« Moi j’ai dix ans, ça veut dire que j’ai quatre ans de plus que toi … tu es petite, tu dois m’appeler oppa alors ! » À ces mots les joues joufflues de la petite se tintèrent de rose ce qui décrocha un sourire au garçon, fière de son impression. « Il est tard, il est peut-être temps que tu rentres chez toi. » En disant cela, il se tourna pour chercher du regard le père de sa nouvelle amie. Il balaya l’endroit du regard et bien qu’il commence à faire sombre, il semblait bien que ce dernier avait disparu et était parti sans sa fille. En s’en rendant compte, Hayi commença à paniquer, de grosses larmes montèrent à ses yeux, coulèrent le long de son visage d’enfant et s’écrasèrent en silence sur le sable du terrain de jeu à présent désert. Quand il le remarquait, Daehyun s’empressa de la calmer.

« Mwo ? Ani ! Ottoke … Ne pleure pas ! Il a du partir un peu plus loin, le réseau passe mal ici parfois. Je-je … Je vais aller chercher ton papa ! » Dit-il à toute vitesse. Il fit un pas mais fut retenu par deux petites mains pleines de force agrippant fermement son avant bras. Il se retourna, lui lançant un regard interrogateur. Elle lâcha aussitôt son bras, mais avait le regard suppliant. Après un silence, à contre-coeur, elle ouvrit la bouche et s’expliqua : « Ne me laisse pas toute seule. » Ses yeux avaient retrouvé leur regard plein de peur. Le coeur serré, Daehyun attrapa la main de Hayi et l’entraîna avec lui faire un tour des environs, mais son père était introuvable. Alors, en silence, les deux enfants rentrèrent jusqu’à leur maison, main dans la main. En arrivant devant la voiture rouge significative, les pas de la petite fille se stoppèrent et elle leva les yeux sur son chevalier servant. Il s’arrêta à sa hauteur et attendit sans un mot. Elle ouvrit la bouche puis après quelques secondes demanda de sa petite voix :

« Tu me protégeras toujours, hein Daehyun ? » Ses mots exprimaient autant de peur que de confiance et ils surprirent l’intéressé. Il ne répondit pas tout de suite mais fini par prononcer dans un sourire réconfortant : « Oui Hayi. »

Hayi était rentrée chez elle, refusant d’un signe de la tête que Daehyun ne la raccompagne jusqu’à la porte. Ce dernier avait de son côté ouvert la porte d’entrée de sa propre maison avec précaution, s’attendant à se faire réprimander pour l’heure tardive à laquelle il rentrait. Mais, de toute évidence, ses parents ne réalisèrent même pas qu’il était parti et revenu. Ils ne lui demandèrent pas non plus ce qu’il avait fait de sa journée au diner et il était content d’échapper à une bonne baffe, alors cette fois-ci, il apprécia le lourd silence qu’il y avait autours de la table qu’avait dressé sa mère et ne fit pas de remarques aux coups de pieds que son grand frère lui donnait sous la table, cherchant à ne pas attirer l’attention sur lui. Il alla dormir tout de suite après, se couchant tôt ce soir là.

En regardant le plafond rongé par l’humidité de sa petite chambre, il pensa à sa nouvelle amie Hayi. Il se dit qu’elle ne parlait pas beaucoup, mais que quand elle le faisait, ce n’était pas pour rien. Il prit cela pour une qualité et attendit avec impatiente sa prochaine rencontre avec la petite fille, curieux d’en connaître plus sur elle.

Cependant, il n’en eu pas l’occasion cet été là, ni les cinq suivant. Car à son réveil le lendemain, la voiture rouge avait disparut et ne revint pas avant l’été de ses 16 ans.

 

 

 

 

 

Le petit Daehyun avait bien grandi depuis l’été de ses dix ans, il était dans l’âge ingrat de l’adolescence mais celui où l’on commence à tracer son avenir également. Il avait décidé de passer une audition pour devenir trainee dans la Nataraja Academy de Busan afin de faire de sa passion du chant, sa profession. Il ne restait que quelques jours avant la date de l’audition et pour évacuer son stresse, comme d’habitude, le jeune homme avait pris son vélo et était allé faire un tour. Mais plutôt que de prendre son parcours habituel, son instinct le poussa à changer sa route et monter vers le vieux terrain de jeux désaffecté où il avait l’habitude d’aller jouer au foot étant petit. Il était en cours de démolition : le parking d’un immeuble allant être construit par dessus. En arrivant à la hauteur du lieu il jeta un oeil au triste spectacle des jeux d’enfants rouillés, du sol troué de larges tranchées, des arbres déracinés … éclairés par les derniers rayons de soleil de la journée. Il mis un pied à terre un moment pour mieux observer les ruines qui enfermaient encore des souvenirs flous de son enfance. C’est à ce moment là qu’il aperçue une silhouette, assise sur une balançoire cachée par les rares arbres encore debout dont les branches se penchaient pour venir embrasser le sol. Daehyun avança de quelques mètres pour mieux voir. Il s’agissait d’une jeune fille portant une longue robe aux couleurs douces ainsi qu’une fleur fraîchement cueillie posée au dessus de son oreille. Même si Daehyun avait du mal à lui donner un âge, il était évident que la demoiselle était plus jeune que lui. Et pourtant le rouge de ses lèvres et l’aura de tristesse qui enveloppait sa figure lui donnait une maturité et une féminité sans pareil. Elle était immobile à fixer le sol poussiéreux du terrain, comme attendant quelque chose, ou peut-être quelqu’un. Sans savoir pourquoi, la situation donna au garçon une impression de déjà-vue, mais il n’y fit pas attention. Il se rapprocha encore un peu plus et l’appela :

« Yah ! » Elle ne réagit pas. « Yah ! Yah ! Toi ! » Elle leva la tête, eu une seconde d’hésitation puis soudain se leva précipitamment avant de s’arrêter à nouveau et d’observer Daehyun avec insistance, comme retenant son souffle. « Yah ! Toi ! Reste pas ici, c’est dangereux ! Si tu tombes dans l’une de ses tranchées tu n’en sortiras pas indemne. En plus il commence à faire sombre, reste pas là ! » Il criait à moitié ces mots depuis la limite du terrain de jeux la plus proche d’elle pour qu’elle puisse l’entendre sans qu’il ai à s’aventurer à l’intérieur. La mystérieuse jeune fille, aussitôt, vint le rejoindre en sautillant entre les obstacles du terrain chaotique. Arrivée juste à côté du garçon, il ne pu s’empêcher de baisser les yeux face à la beauté, encore marquée par l’enfance, de la fillette. Alors qu’elle au contraire, dévisageait Daehyun sans parler. Puisqu’elle restait à ses côtés semblant ne pas vouloir bouger, il ouvrit la bouche le premier sur la défensive :

« Mwo ? » Elle eu un petit sourire hésitant qui sembla familier au jeune homme.

« Tu en as mis du temps, Oppa. »

Le garçon sursauta de surprise : tout d’abord au son grave et suave de la voix qui sortait d’un corps si délicat et si jeune, puis à la façon familière avec laquelle cette étrangère lui parlait.

« Pa-pardon ? On se connait ? » La déception s’éprit de son visage alors qu’elle entendait sa réponse.

« Je t’ai attendu toute la journée, et maintenant tu me dit que tu ne te rappelles pas de moi Daehyun ? Jung Daehyun … » À ce moment, le garçon eu un flashback : il se rappela un soir d’été de ses dix ans qu’il avait complètement oublié depuis. Il revit la petite fille de Madame Lee qu’il avait raccompagné jusqu’à chez elle, la figure qui se tenait devant lui aujourd’hui n’avait plus rien à voir et se rapprochait plus de la jeune femme que de l’enfant malgré ses douze ans. 

« Hayi ? » Elle hocha silencieusement la tête. 

Le garçon ne savait pas quoi dire. Cela faisait six ans maintenant qu’il ne l’avait pas vue, il avait presque oublié sa rencontre et à présent elle était devant lui, l’attendant et semblant espérer quelque chose de lui. Alors, comme il la savait peu bavarde, il ne trouva pas d’autre idée que de lui sourire timidement et de se remettre en route, marchant doucement à côté de son vélo, sachant qu’elle l’accompagnerait là où il irait. Ils s’arrêtèrent un peu plus haut, à un endroit qui surplombait la ville offrant une des meilleures vue, abrité sous un arbre semblant centenaire. Il s’assirent et restèrent silencieux un long moment avant que Daehyun n’engage la conversation. Ils rattrapèrent le temps perdu, se racontant ce qu’ils étaient devenu depuis le temps. Daehyun parlait beaucoup alors qu’Hayi très peu. Elle avait réussi à lui raconter les six dernières années répondant à ses questions avec peu de mots mais surtout beaucoup de regards, parfois refusant gentiment de répondre proprement, ne lui laissant qu’un sourire pour déchiffrer ses pensées. Mais cela suffisait au garçon qui semblait la comprendre sans qu’elle ai à parler.

Il lui parla de tout et de rien, de son passé, de ses projets et de son audition pour la Nataraja Academy. Ses yeux s’ouvrirent un peu plus grands quand elle entendit qu’il voulait devenir chanteur. Et quand il lui demanda pourquoi elle n’était pas revenue avant à Busan, elle répondit avec un sourire triste qui semblait dire « j’aurais aimé revenir avant ». Car tout deux s’entendaient d’un regard que leurs vies avait bien changé pendant ces six ans, qu’ils n’étaient plus ces enfants qui étaient rentrés main dans la main un soir d’été et que malheureusement, il semblait que leurs vies prenaient des chemins contraires.

Ils se revirent tous les jours en dessous du même arbre jusqu’au jour de l’audition et après encore en attendant les résultats de cette dernière. Quand le jour de les recevoir vint, Hayi et Daehyun se retrouvèrent au point de rendez-vous habituel pour ouvrir ensemble l’enveloppe enfermant la lettre qui déterminerait du futur du jeune homme. 

La jeune fille avait soutenu le garçon tout au long des semaines qui venaient de passer, le faisant répéter, le conseillant dans son choix de chansons, supportant ses sautes d’humeur liées au stresse. Alors, quand il entreprit de déchirer le haut de la précieuse enveloppe, elle retint son souffle tout autant que le concerné. Il sorti le papier, le déplia et lu.

Quand elle le vit la mention « admis » écrite en grosses lettres au milieu, elle ne put empêcher son coeur de se serrer.

« J’ai été reçu ! J’ai été reçu ! Après une seule audition ! généralement ils t’en font passer plusieurs ! C’est génial ! »

Daehyun tourna son visage illuminé de joie vers son amie, exposant un sourire indescriptible. Mais bien qu’elle était heureuse pour lui plus qu’elle ne l’avait jamais été pour elle même, elle ne pu lui répondre que par un faible sourire, masquant avec peine sa tristesse. Aussitôt le garçon perdit le sien et se pencha vers elle, attrapant son bras avec douceur.

« Qu’est-ce qu’il y a Hayi ? Tu ne te sens pas bien ? » Elle retenait tant bien que mal les larmes qui lui montaient aux yeux. 

« Tu … Tu avais promis que tu me protègerais toujours … » Surpris, cette fois-ci le garçon ne comprit pas où elle voulait en venir.

« Ou-oui … mais ne t’inquiètes pas Hayi-yah, je te protègerais- » Elle le coupa, ce qui jusque là n’était jamais arrivé et qui le surprit.

« Tu mens ! Quand tu seras un chanteur tu n’auras plus de temps pour moi. Tu ne penseras plus à moi, tu m’oublieras comme tu m’as oublié pendant ces six années. » Les larmes coulèrent le long de ses joues aussi surement qu’elle dévoilait pour la première fois ses véritables pensées et frustrations à Daehyun. « Moi je t’ai jamais oublié. Pendant six ans j’ai continué à penser à toi, à m’inquiéter pour toi, à espérer pouvoir venir te voir … » Elle avait dit ces derniers mots plus fort avec agressivité et un air de reproche. Daehyun pour une fois ne disait rien, il était choqué et la regardait en essayant d’assimiler ce qu’elle disait pour la première fois. « Et maintenant que je peux te voir, je vais te perdre à nouveau. Dès que tu vas devenir trainee ça redeviendra comme avant, tu vas m’oublier, tu ne sauras plus qui Lee Hayi est, il n’y aura plus de Lee Hayi dans ta vie. » Elle attendit des reproches qui ne vinrent pas, alors elle continua alors que son doux visage se déformait sous ses pleures. « Et je sais que ça peut paraître idiot, que j’avais que six ans, qu’on s’était parlé que le temps d’une soirée et qu’entre temps six autres années sont passés. Mais je ne t’ai pas oublié et maintenant que je te connais, je ne veux encore moins t’oublier. » Elle essuya avec rage d’un geste du bras les larmes sur ses joues, arrêtant de pleurer, un regard convaincu sur le visage. « Tu m’as volé six années de ma vie Jung Daehyun, six années où je t’ai attendu, tu dois prendre tes responsabilités. Tu ne peux pas m’abandonner maintenant ! »

Daehyun était sans voix, et c’était bien la première fois. Il ne comprenait pas comment la douce et silencieuse Hayi avait pu se transformer ainsi en un instant. Il ne comprenait pas ce qu’elle lui reprochait, il ne comprenait pas quelles « responsabilités » il devait prendre, il n’avait rien fait … Son coeur battait fort dans sa poitrine sous le poids de l’anxiété soudaine. Alors, toujours sans parler, il se leva, fit trois pas trébuchants en arrière avant de se retourner et de partir en courant. C’était tout ce qu’il pouvait faire : au fond il n’était qu’un enfant.

Elle avait douze ans et pourtant sa mentalité, sa maturité faisait que personne de son âge ne la comprenait. Et même parfois les plus vieux non plus ne la comprenaient pas. Daehyun était un garçon de seize ans, immature, pas prêt à endurer des tourments d’adultes. Alors la seule solution qui s’était offert à lui avait été de fuir. Et quand son souffle commença à lui manquer, que ses côtes lui faisaient souffrir le martyr, il s’arrêta de courir et essaya de remettre ses pensées en ordre. Tout ce qu’il savait, c’était que Hayi avait fait un retour en trombe dans sa vie, il avait appris à la connaître, il l’avait décryptée et s’était fait à elle. À vrai dire, l’idée de ne plus la voir tous les jours le rendait très triste et lui donnait l’impression de suffoquer. Elle était une sorte de petite soeur pour qui il ressentait constamment l’envie, le besoin de la protéger. Alors, ne plus être là pour veiller sur elle était douloureux à envisager. Mais pourtant, à présent, la seule chose à laquelle il voulait se consacrer, c’était la chanson. Et non la petite fille de Madame Lee. Alors oui, elle avait raison, à partir du moment où il serait trainee, il n’aurait plus de temps pour elle, aussi triste que cela pouvais paraître, aussi forte était son envie de rester avec elle.

Après avoir soufflé, il s’en voulu d’être parti ainsi, alors, il revint sur ses pas et retourna sous leur arbre, mais Hayi avait disparu. Elle était retournée à Bucheon sans laisser aucune trace, aucun mot. 

 

 

 

 

 

« Aller Daehyun, dépêches-toi, on passe à l’antenne dans cinq minutes. » Yongguk était stressé, comme avant chaque émission. Il était un leader doux et affectueux mais également exigeant et perfectionniste. Pourtant c’était un équilibre qui allait parfaitement à Daehyun qui du haut de ses vingt ans était un jeune homme mature et responsable. Cependant, c’était toujours le membre le plus nerveux de B.A.P et à cet instant il était en train de faire des exercices de respiration avec Youngjae pour évacuer la pression du tournage d’une émission en directe.

« Et maintenant accueillons les B.A.P ! »

À cet appelle, le garçon n’eu pas le temps de reprendre un dernier souffle mais fut directement embarqué sur scène par ses membres. Heureusement, Youngguk répondait à la plupart des questions du MC, comme à son habitude le maknae Zelo était assez sollicité pour réagir avec un esprit jeune aux démonstrations des fans à l’égard du repackage de Crash qu’ils avaient sorti déjà un mois auparavant. Youngjae était assez bavard ce qui laissait peu de temps de parole à Himchan, Jongup et Daehyun, ce qui n’était pas pour déplaire ce dernier. Le fait d’être présent pour cette interview alors que leur dernière activité datait d’un mois était seulement due au fait que l’artiste qui aurait du venir à leur place avait du décommander faute de possibilité dans son agendas bien remplie. Une chose qui ne dérangeait pas le leader, toujours prêt à sortir le groupe en publique pour faire plaisir à leurs fans, mais qui agaçait Daehyun qui n’aimait pas être un deuxième choix.

« Nous n’avons pas pu accueillir Lee Hi pour l’interview de ce soir car elle a dut décommander pour des raisons familiales, mais nous allons quand même vous passer le mv avec lequel elle a fait ses débuts en solo ce mois-ci, 1.2.3.4. Youngjae, que pensez vous de cette jeune artiste fraîchement sortie de la YG Entertainment ? »

Daehyun n’avait aucune idée des derniers rookies qui venaient de débuter, n’ayant pas eu le temps de s’intéresser aux petits nouveaux sur le marcher de la musique. Il n’avait aucune idée de qui était cette Lee Hi et doutait que Youngjae en sache plus long au sujet de cette chanteuse.

« Et bien j’ai beaucoup aimé son titre. À vrai dire je l’avais déjà beaucoup aimé dans Kpop Star. Sa voix m’avait vraiment étonné au début. C’est une voix très grave, très soul pour une jeune fille de seize ans. Mais pourtant ça lui va très bien. »

Au début, il avait cru que son dongsaeng bluffait, faisant semblant de connaître la chanteuse, mais il fut étonné de constater que Youngjae avait réellement suivit les débuts de cette jeune artiste. Daehyun se tourna donc, curieux, vers l’écran qui commença à passer le mv de cette dernière. Le titre de la chanson s’afficha, le nom de l’artiste et celui de la YG le tout accompagné des débuts de la musique qui paraissaient pas mal du tout. Puis la caméra commença à descendre tandis qu’une voix grave et suave se fit entendre. Elle attira l’attention du jeune homme, lui paraissant familière. Une porte s’ouvrit sur une jeune femme et là Daehyun cru s’étrangler : c’était Lee Hayi. Aussitôt le garçon entra dans un état second, son cerveau semblant ne plus vouloir répondre correctement. Il était hypnotisé par les images qui défilaient sous ses yeux et par les questions qui traversaient sa tête. Il ne put s’empêcher de constater qu’elle avait énormément changé. Elle avait grandi, certes, légèrement grossi, son visage, quoique toujours bambin, avait pris les traits d’une femme, et son regard … il abritait toujours cette aura froide et triste d’une maturité prématurée mais également une assurance sans pareil qu’il ne lui avait jamais soupçonné. C’était bien elle et pourtant, c’était quelqu’un d’autre. Ses cheveux étaient teints, ses yeux maquillés, elle était habillées de façon y laissant au placard ses robes fleuries de petite fille.

Quand le clip prit fin, Daehyun reprit ses esprits mais était toujours déstabilisé par cette découverte. « Alors Hayi s’est lancée dans la chanson … » murmura-t-il pour lui-même mais assez fort pour que Jongup à côté de lui entende.

« Tu la connais hyung ? » Le MC et le publique s’étaient tous tournés vers son visage confus. Il se rappela qu’il était en directe et reprit de la consistance. Il raccrocha un sourire à son visage et prit un air détaché.

« Hum … Oui, Hayi venait en vacance dans la maison de sa grand-mère qui était ma voisine. Je ne savais pas qu’elle avait débuté dans la chanson. C’est une sacré coincidence qu’on se soit connu dans notre enfance, je ne manquerais pas de la féliciter la prochaine fois que je la rencontrerais. »

Il afficha un sourire chaleureux complètement faux mais crédible pour les fans, tentant de masquer son malaise. Le reste de l’interview se passa sans la participation de Daehyun, trop choqué pour parler. Ses membres le connaissant suffisamment pour comprendre qu’il n’était pas en état de répondre, prirent toutes les questions à sa place. Sur le chemin retour il eu le droit aux regards inquiets de son meilleur ami. Youngjae ne l’avais rarement vu si soucieux et se permis de le questionner.

« Cette fille, Lee Hi … tu la connais bien ? » Il hocha la tête, indécis, sans vraiment répondre. Puis marmonna à nouveau avant de prendre son portable, tapant un numéro de mémoire.

« Yeobbosseo ? Omma ? … Yeh … Yeh … Dis moi, notre voisine, Madame Lee … ah ? … Oh je vois … D’accord, merci. » Il raccrocha et eu un air triste. Puis il se tourna vers son leader. « Hyung, avons nous des apparitions publiques ce week-end ? » Il hocha la tête négativement. « Alors, est-ce que je peux rentrer à Busan pour deux jours ? »

Yongguk eu l’air d’abord surpris mais finalement lui donna l’autorisation.

 

Daehyun prit un avion et retourna à la maison de ses parents. Il embrassa sa famille, posa ses valises et n’attendit pas plus longtemps avant de faire le tour du jardin pour rejoindre la maison qui juxtaposait la sienne. Il frappa trois coups à la porte et fut accueillit par une femme inconnue mais qui de toute évidence le reconnut et l’autorisa à entrer sans même poser de question, semblant effarée qu’une célébrité vienne la visiter. Il y avait une vingtaine de personnes pressées les unes contre les autres dans la petite demeure qui ne semblait n’avoir jamais changé. Daehyun reconnu le fils de Madame Lee, dans un coin de la pièce,  le même air froid et indifférent, des cheveux gris et quelques rides en plus. Il frottait le dos d’une jeune femme, qui semblait être sa nouvelle épouse, avec compassion tandis qu’elle essuyait une petite larme au coin de ses yeux qui fixait la silhouette la plus triste de toute la salle. Le deuil assombrissait ses cheveux blonds noué en un chignon serré et son front apparent. Ses lourdes paupières cachaient son regard ne laissant échapper que des larmes silencieuses le long de ses joues rondes pour tomber sur des lèvres roses tremblantes. Elle était là, vêtue de noir, assise sur une chaise à l’écart de tous, pleurant les yeux fermés, comme voulant disparaître de cet endroit morbide. Alors, Daehyun ne réfléchit pas deux fois et s’avança vers elle, il s’agenouilla à sa hauteur, prit la main d’Hayi et lui dit : « Je suis là, je te protège. » Elle ouvrit les yeux et sans surprise lui fit ce petit sourire triste qu’il connaissait bien. Il attendit avec elle que la maison se vide peu à peu. Il alla présenter ses respects devant le portrait de la vieille dame décédée qui trônait au milieu de la pièce. Puis il entraîna la jeune fille dehors pour lui faire prendre l’air et calmer son chagrin. Ils allèrent jusqu’au vieil arbre sous lequel ils avaient eu l’habitude de se retrouver jadis et observèrent la vue de Busan, sans parler.

« Tu m’avais jamais dit que tu aimais chanter … » Daehyun finalement brisa le silence ne pouvant cacher un certain agacement dans sa voix.

« Ne t’inquiète pas, si au début c’était pour toi, je ne suis pas devenue chanteuse pour te retrouver … c’était pour elle. Elle disait qu’elle aimait m’entendre chanter. Au moins, elle m’aura vu débuter avant sa mort, comme elle le voulait. » Il se senti coupable. « J’ai abandonné l’idée de te revoir depuis bien longtemps Jung Daehyun quand j’ai vu que quand je revenais à Busan tous les étés, tu ne prenais même pas la peine de visiter ta mère pour son anniversaire ou le tien. » Il sursauta de surprise. « Elle parle tout le temps de toi tu sais ? Elle collectionne les articles qu’elle trouve à ton sujet et si elle pouvait acheter tous les goodies à ton image, elle le ferait. » Il ne dit rien, honteux. « À son anniversaire, elle a demandé à ton père de lui acheter tes mini-albums, il n’a pas voulu alors c’est moi qui l’ai fait … tu aurais pu au moins en envoyer un exemplaire de chaque à ta famille. »

Il était choqué. D’abord parce qu’il n’avait jamais autant entendu Hayi parler autant sans crier. Ensuite parce qu’il n’avait aucune idée de tout ça. Il ne savait pas qu’Hayi avait rendu visite aussi souvent à ses parents depuis ses débuts, ni que sa mère portait un quelconque intérêt à sa musique, elle qui ne l’avait jamais supporté dans son projet. Il se sentait si honteux d’avoir tant manqué d’attention et de coeur envers elle quand lui vivait son rêve à l’autre bout de la Corée du Sud. Il la regarda d’un air désolé, comme voulant se repentir, mais elle avait le visage fermé et dur.

« Ne crois pas que ta présence aujourd’hui changera quelque chose. Pour moi, tu as brisé ta promesse le jour où tu es devenu trainee et es parti. Je ne veux plus te revoir. Si on se croise, fais comme si tu me connaissais pas. »

Elle se leva et parti. Il rentra à Séoul le plomb dans l’âme.

Plus tard il comprit qu’une part de la chanson de débuts de Hayi lui était destinée. Il suivit son évolution de loin sans l’approcher, la protégeant à distance par la pensée. 

 

 

 

 

 

 

« La dernière fois que nous avons reçue les B.A.P sur notre plateau, Daehyun a avoué vous connaître, que vous étiez voisins dans votre enfance …

- Oui, j’ai vu l’émission … mais malheureusement, je suis désolée, je ne me souviens pas de lui … »

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Comments

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mimikissme4ever
#1
Chapter 1: ahh! j'aime beaucoup! c'est chouette d'avoir quelques fanfics en français :)