DoReMiFa ,
 Schizophrenia.

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-730-

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Il avait toujours aimé cet instrument. Datant du 18 ème siècle, orné de touches blanches et noires, allant du grave à l'aigu, le piano l'avait toujours attiré. BaekHyun était né pour produire les sons si harmonieux qui en ressortaient à la minute où ses doigts fins se posaient sur la matière. Ses parents au départ réticents à l'idée que leur fils unique ne devienne musicien, avaient par la suite fini par l'encourager, voyant la passion dévorer l'âme si pure de leur enfant. Le jour comme la nuit, il composait, sachant pertinemment quelle sorte de mélodie produire. Il avait eu la chance de se voir offrir une place dans l'une des plus prestigieuses écoles de musique du pays, et avait ainsi vu son talent ainsi que sa popularité s'accroître. Ce n'était cependant pas la seule passion de BaekHyun. En effet, cet enfant n'était pas seulement passionné de musique, il était également animé par un désir d'aider. Plus qu'un désir, c'était par la suite devenu un réel besoin, si bien qu'il finit par vouloir en faire son métier, à l'instar de la musique. Cela étant, et, fruit de nombreuses recherches, il finit par intégrer une académie spéciale. Alliant ses deux passions, il s'agissait d'un centre médical où de jeunes personnes, souffrant de maladies mentales diverses, se faisaient aider par un art très spécial : la musique. Il se sentait très chanceux, car ce genre d'instituts spéciaux étaient rares dans le pays. Certains cherchaient à démentir l'efficacité d'une telle science ; Mais BaekHyun ne les écoutait pas, persuadé que cette forme de thérapie pouvait bien plus aider une personne souffrante que des gélules prescrites par un médecin. Bien évidemment, on ne guérissait pas une maladie quelconque uniquement par la musique, il le savait, mais le simple fait d'aider et de soulager les personnes atteintes l'appaisait. Il aimait comparer ça à ce que l'on appelle l'équithérapie, méthode ancestrale - mais approuvée depuis peu de temps - où les patients ont la possibilité de sortir de leur mutisme grâce à une confiance mutuelle avec un cheval. Comme un appui, une base solide, c'est un compagnon avec lequel ils peuvent enfin s'exprimer. La musicothérapie serait donc sa manière de tendre la main à d'autres personnes dans le besoin. Et, même si le jeune homme se faisait parfois gentiment taquiner au sujet de sa vocation auprès de ses amis, il était sûr de son choix ; son art, son don, allait pouvoir aider toutes ces personnes malades. Il voulait leur transmettre son amour pour la musique et instaurer cette confiance qu'il avait depuis toujours avec les instruments auprès de ces personnes en souffrance.

 

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« J'entends des voix autour de moi, pourtant je continue d'être seul. Je suis seul. Je ne ressens rien. Je ne suis pas triste. Qu'est-ce que la tristesse ? Je ne suis pas en colère. Qu'est-ce que la colère ? Je ne ressens rien. Je suis seul. »
-3-

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Le centre avait toujours été très animé à cette heure de la journée, beaucoup de personnes venant retrouver l'aide dont ils avaient besoin, d'autres venant pour la première fois. Depuis plusieurs années déjà, les capacités de l'établissement n'avaient jamais failli, améliorant la sociabilité de certains, aidant même autrui à retrouver une certaine joie de vivre, parfois même un but. Voix, Percussions et autres instruments divers, tout cela veillait au bon rétablissement social, physique et mental des patients, mais le centre devait également sa renommée à l'excellent travail dont faisaient preuve les employés. En effet, outre l'aide musicale, les patients bénéficiaient de l'écoute. Non pas d'une écoute professionnelle, comme celle que pouvait apporter un psychologue, mais d'une oreille amicale, d'une épaule sur laquelle pleurer si besoin était.
Et c'était ce centre, cette aide, cet espoir que KyungSoo était venu chercher. Non par pour lui, mais pour un être cher, un être si cher qu'il avait sacrifié bon nombre d'années à s'occuper de lui, prendre soin de lui.. Sa seule famille, son grand frère.
...
Assis sur le banc de son piano, ses doigts ne faisaient qu'effleurer le clavier, montrant à la jeune fille à côté de lui sur quelle touche appuyer. Il n'avait jamais regretté son travail, il apportait du réconfort, du soutien. De la joie.
« - J'aime le son du piano, il est doux.
- Tu es douée SooYeon, peut être qu'un jour tu deviendras célèbre.
- Je veux jouer avec BaekHyun Oppa. Tu es le seul avec qui je veux jouer.
- Alors nous jouerons ensemble. »

Elle lui prit la main, la regardant avec attention. BaekHyun lui sourit et caressa sa joue, un regard doux posé sur elle. Oh oui, il aimait son métier, c'était indéniable.

« - Baek', un jeune homme vient d'arriver, tu pourrais t'en occuper ou je demande à Luhan de le faire ?
- Non, je vais y aller, on a beaucoup joué aujourd'hui. SooYeon devrait aller se reposer, n'est-ce pas ? »

Il se tourna vers elle, lui souriant tendrement, attendant une réponse qui, il le savait, ne viendrait pas. En revanche, il savait parfaitement qu'elle se lèverait et l'étreindrait avant de partir. Il la connaissait par coeur. Il avait intégré le centre il avait 3 ans de cela, et SooYeon venait régulièrement depuis désormais 1 an et demi. Il s'était toujours occupé d'elle, refusant qu'un autre employé du centre ne fasse ses séances.
Il se leva à son tour, se rendant dans le hall, où un jeune homme attendait, le regard vide de toute émotions.

« - Bonjour, je m'appelle BaekHyun, je peux vous aider ? »

L'homme leva les yeux vers lui. Son coeur se serra à la seconde où leurs yeux entrèrent en contact. Comment était-il possible de ressentir autant de souffrance dans le regard d'une personne ?

« - Aidez-le. Je vous en prie, aidez-le ! »

BaekHyun écarquilla les yeux, son estomac se tordant face à la douleur du garçon lui faisant face. Ce dernier ne put retenir plus longtemps ses larmes, tombant à terre, ne supportant plus son propre poids. Un cri de détresse déchira l'air paisible du centre.

« - AIDEZ-LE ! »

"Aidez-le, aidez-le". Aidez qui ? Aidez pour quoi ? BaekHyun ne chercha guère de réponse, tombant à son tour à genoux face à l'inconnu, le serrant de toute ses forces dans ses  bras fins.

...
« - Je suis désolé pour la scène de tout à l'heure.. Je me sens vraiment honteux. Je m'appelle KyungSoo. »

Il passa sa main sur son visage fatigué, les larmes avaient séchées, ses yeux encore rouges et gonflés montraient clairement l'état duquel il venait de sortir. BaekHyun n'avait pas essayé de le calmer. Il s'était contenté de le serrer, de caresser son dos. De pleurer avec lui. Pour une raison encore inconnue, il avait pleuré avec cet homme qu'il rencontrait seulement pour la première fois. Il avait pleuré sincèrement, la douleur de KyungSoo était si puissante que le coeur pourtant habitué de BaekHyun avait été transpercé, si violemment..

« - Ce n'est rien.. Je me permets de vous demandez de qui parliez vous lorsque vous m'avez demandé de l'aider.
- Mon grand frère. Je me suis renseigné sur ce centre, vos capacités et manières de faire, et je sens que vous pourriez l'aider, je vous en prie.. »

Sa voix trembla, laissant échapper un sanglot. BaekHyun lui prit la main, la serrant dans la sienne. Sa gorge était serrée. Il sentait qu'en acceptant de s'occuper de cette personne, sa vie ne serait plus jamais comme avant. Il le savait au fond de lui.

« - Je vais aider votre frère KyungSoo, je vais le faire. »

Il le savait. Il en était sûr. A partir de maintenant, il avait changé.

 

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« Je me souviens du jour où j'ai eu droit à une étrange visite. Un étrange petit homme. Est ce étrange de ressentir l'envie de le revoir ? Est ce étrange venant de moi ? Moi, un simple fou. »
-587-

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Il ouvrit la porte blanche, entrant dans la pièce aux murs blancs, le lit blanc, la chaise blanche, même les vêtements qu'il portait étaient blancs. Tout était blanc. Il referma la porte, allant à sa rencontre. Il se tenait debout, contemplant le paysage extérieur. Il était grand, si grand que BaekHyun se sentit tel un insecte.
Ils avaient longuement parlé avec KyungSoo. Discutant de sa personnalité, de son caractère. De sa maladie. Il n'avait que 23 ans. Il était schizophrène. Il était actuellement hospitalisé, KyungSoo lui ayant expliqué qu'il était entré depuis quelques mois dans un état catatonique. Il ne bougeait pas. Jamais. Il restait devant cette fenêtre. Les docteurs le couchaient le soir, le lendemain, le repositionnaient devant cette vitre, seule source de lumière. De liberté.
KyungSoo ne pouvait pas s'en occuper dans cet état. Même si son frère était sous traitement, il voulait garder espoir en ce centre, en cette thérapie. En BaekHyun. Il voulait croire que le jeune homme arriverait à sortir son frère de son mutisme. Clignerait-il peut-être des yeux ? Bougerait-il peut-être un doigt ? Il voulait y croire. Et même si cet état de catatonie n'était pas définitif, il voulait croire que BaekHyun serait plus rapide que les médicaments. N'avait-il pas le droit d'y croire ? Ne pouvait-on pas lui accorder cette chance ? Quelle chance ? La chance n'existait pas. La vie n'épargnait pas. Alors lui, lui se contentait de quelque chose de vrai. La confiance. La confiance qu'il avait donnée à BaekHyun pour qu'il sorte son frère de cet état pitoyable.
Il n'avait que 23 ans. Il était schizophrène. ChanYeol. Son nom était ChanYeol.
...
« - Bonjour ChanYeol. Je m'appelle BaekHyun. »

Il ne s'attendait pas à une quelconque réponse, il savait qu'il ne recevrait rien. C'était bien trop tôt, ce n'était que la première qu'ils se rencontraient. BaekHyun savait que cela ne serait pas facile, mais il voulait y arrivait, il le devait. Pour KyungSoo. Pour ChanYeol.
Il avait repéré un piano dans le grand hall. Les patients avaient besoin de réconfort durant leur dur séjour à l'hôpital, et bien souvent, comme les clowns pour les enfants, des musiciens, amateurs ou professionnels, venaient occuper le banc du piano, le temps d'une heure ou deux.

« -ChanYeol, allons faire un tour, je voudrais te montrer quelque chose. »

Déposant ses mains sur les bras puissants du plus grand, il le tourna face à lui. Leurs yeux ne se croisèrent pas, ChanYeol regardant devant lui. En revanche, BaekHyun le voyait parfaitement, il l'observait, le contemplait. Il était beau, si beau. Il ne vit cependant aucune lueur dans ses yeux, rien. Un corps sans âme. Une poupée.
Il lui prit la main, tirant doucement dessus afin que les grandes jambes de ChanYeol ne bougent enfin. Tel un mécanisme se mettant en route, il posa son pied droit, puis le gauche. Ils marchèrent doucement, BaekHyun ne lâchant la main du plus grand. Ils arrivèrent après une dizaine de minutes silencieuses. Le petit brun réussit à asseoir ChanYeol sur le banc, non sans peine. Il prit place à ses côtés, souriant, le regard rivé sur les touches du clavier.

« - Je suis pianiste, c'est un instrument très intéressant, tu sais. Ce n'est pas vraiment compliqué à apprendre, il faut juste être patient. Je suis sûr que tu pourrais être doué, je vais te montrer quelque chose de simple, regarde bien, tu feras la même chose après ! »

Il laissa échapper un petit rire, heureux de montrer son talent. Ses doigts glissières sur la matière, c'était si naturel pour lui, il savait où appuyer, il savait quel son produire. Il aimait le piano. Il aimait encore plus partager sa passion. Après un enchainement de touches blanches et noires simple, BaekHyun se tourna vers son ''élève''.

« - Tu as bien regardé ? A ton tour, ChanYeol ! »

Il laissa cinq minutes s'écouler. Le temps s'était-il arrêté ? Il ne bougeait plus. Observant le grand brun à ses côtés, immobile lui aussi. BaekHyun le savait. Il n'avait pas attendu de réaction physique de la part de ChanYeol, il avait peut-être espéré un regard. Il était trop tôt pour attendre une quelconque attention.
Il prit la main du plus grand, la positionnant sur le clavier. Il appuya doucement sur les doigts de ChanYeol, laissant entendre la douce mélodie de l'instrument. Il était bien. Il se sentait bien.

« - Je sais que tu entends. Je sais aussi que tu comprends parfaitement. Écoute, écoute simplement. C'est beau, n'est-ce pas ? »

Rien. Aucune réponse. De la musique. Seulement de la musique. Une larme également. Une larme s'écrasant telle une vague contre le roc. Une larme douloureuse, dure. Une larme mourante, sur le dos de la main de BaekHyun. Une larme de ChanYeol. Le plus petit leva les yeux, ne cessant de jouer avec la main du brun sur le piano. Il n'avait pas bougé. Son visage était toujours aussi fermé, le dos droit, regardant l'horizon. Pourquoi cette unique larme, alors ? BaekHyun n'était pas en mesure de se fournir une réponse ; il avait simplement remarqué que dans les yeux de ChanYeol, ses yeux si vides, ne reflettant aucune âme, quelque chose s'était allumé. Personne n'y fera certainement attention, mais lui, lui savait que quelque chose venait de se passer. Lui avait vu, lui avait senti. C'était sur lui que cette unique larme venait de tomber.

 

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« J'ai aimé ce jour-là. C'était agréable. C'était doux aussi. Ce n'était pas de la tristesse. C'était vraiment bon, cette sentation dans mon coeur. »
-15-

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Il se rappellerait toujours le jour où ChanYeol lui avait adressé la parole pour la première fois. Cela s'était passé deux mois après qu'il ne lui rende visite pour la première fois. Il s'était contenté de le voir au départ deux fois par semaine. Le plus grand n'avait plus pleuré : il avait retrouvé son visage de porcelaine, sans vie. BaekHyun continuait de parcourir les touches du clavier avec les longs doigts de ChanYeol, lui jouant parfois ses propres compositions. Il avait par la suite, sans en comprendre la raison, décidé de s'y rendre 4 fois par semaine. Puis tous les jours, week-end compris. Il aimait venir jouer avec ChanYeol. Pour ChanYeol. Il voulait le sortir de ce mutisme infernal, de cet état déplorable, il le voulait tellement..
Oh oui, il se rappellerait toujours de ce jour.. Il était arrivé à l'hôpital et avait trouvé le grand brun installé face au piano. Il pouvait entendre des sons, des notes. Il écarquilla les yeux, ne croyant pas ce qu'il se passait à quelques mètres de lui. Avait-il réussi ? Il se déplaça rapidement, se positionnant derrière ChanYeol. "Do, Ré, Mi, Fa". Ce jour là, il n'avait cessé de jouer ces quatre notes. Puis il s'était tourné, regardant BaekHyun dans les yeux, et lui avait alors dit, d'une voix grave, calme. Apaisée.

« - Je joue pour toi. »

Ce jour là, BaekHyun avait pleuré, prenant ChanYeol dans ses bras, le remerciant. Merci de quoi ? Merci pour quoi ? N'était-ce pas à ChanYeol de le remercier ? Non, il lui avait fait confiance.

« - Merci ChanYeol. »

 

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« Je me souviens d'un jour. C'était douloureux. Ne pleure plus. »
-221-

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KyungSoo avait pu, après 4 mois, ramener ChanYeol chez eux. Il ne vivait pas dans un grand appartement, mais ils n'avaient pas besoin de plus grand. Suite au diagnostic de la maladie de ChanYeol, leurs parents l'avait renié, le laissant livré à lui même. KyungSoo n'avait pu le supporter, s'inquiétant de la santé de son frère. Il avait alors décidé de stopper ses études, travaillant dans un restaurant comme serveur, ses revenus lui avaient permis de trouver rapidement un appartement plutôt agréable et chaleureux. Il était cependant devenu difficile pour KyungSoo de s'occuper de ChanYeol lorsqu'il était entré en état de catatonie. Il avait senti son coeur exploser littéralement. Son frère, il ne lui restait que son frère. C'est pourquoi il avait fait de longues recherches et avait ainsi eu la chance de prendre connaissance de l'existence du centre dans lequel BaekHyun travaillait. BaekHyun. Il ne le remercierait jamais assez. Après deux mois de visite, il avait réussi à sortir son frère de son misérable état. Il lui devait tout. Sans exagération, il lui était réellement reconnaissant. Bien évidemment, ChanYeol n'était pas guéri, on ne guérissait pas la schizophrénie, on la soignait, on la calmait. Il prenait son traitement correctement, KyungSoo y veillant. BaekHyun continuait malgré tout à venir le voir. Il s'était simplement attaché à ChanYeol, et ne souhaitait plus le voir en tant que professionnel, mais en tant qu'ami. Juste un simple ami. Un jour, les deux frères firent une surprise à BaekHyun, lui rendant visite au centre. Le pianiste leur avait alors joué ses plus belles compositions. Ce jour là, il fit la promesse à ChanYeol de lui composer une mélodie, juste pour lui.

 

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« N'oublies pas que malgré tout, je ne suis qu'un fou. »
-365-

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Une année était déjà passée. ChanYeol n'avait plus été hospitalisé depuis sa rencontre avec BaekHyun. Tout deux se voyaient réguliérement, l'un allant chez l'autre, et vis versa. Une réelle complicité était née entre les deux jeunes hommes, plus qu'un soutien, ils étaient devenus un besoin l'un pour l'autre, faisant de leur relation quelque chose de particulièrement ambigue.
BaekHyun était arrivé à l'appartement des deux frères, KyungSoo travaillant jusqu'à tard, lui avait proposé de passer la nuit chez eux, gardant par la même occasion un oeil sur ChanYeol. Le pianiste n'avait pas hésité une seule seconde et avait accepté avec une joie non dissimulée. A peine eut-il frappé un coup contre la porte en bois que celle-ci s'ouvrit sur le grand brun. A croire qu'il l'avait attendu derrière cette porte. BaekHyun entra, souriant de toutes ses dents. C'était agréable, cette sensation dans son coeur.

« - ChanYeol ! Es-tu heureux de me revoir ? Pour toute la soirée en plus de cela ! »

Le plus grand esquissa un sourire, refermant la porte derrière BaekHyun. Il s'empara du sac de ce dernier, allant le déposer dans sa chambre. Le petit brun savait qu'il n'était pas bavard, loin de là, mais il essayait, entamant des discussion, ci et là, ChanYeol ne le répondant que brièvement. Mais il répondait, et BaekHyun s'en contentait.
Ils avaient dîné ensemble, sur le canapé. BaekHyun s'était chargé de la préparation du repas, tandis que ChanYeol avait choisi les films qu'ils regarderaient. Ils avaient ainsi passé le début de soirée à manger, devant un film comique. BaekHyun remarqua bien le désintérêt de ChanYeol face au film, mais ne le releva pas. Il se contenta de les débarasser, ramassant les assiettes et couverts et les apportant dans la cuisine.

« - ChanYeol ! Je vais laver la vaisselle, mets le film sur pause s'il te plaît, je vais tout rater sinon! »

Il ne perçut aucune réponse, le film tournant toujours dans la pièce d'à côté. BaekHyun soupira, essuyant ses mains et se tourna. Son coeur manqua de s'arrêter. ChanYeol était là. Le fixant depuis l'embrasure de la porte. Son regard était sombre, profond. Le plus petit respira silencieusement. Il savait comment se passerait la suite. ChanYeol partait quelques fois dans de drôles de délires, totalement incompréhensibles. Il s'imaginait des choses complétement folles que BaekHyun n'arrivait pas à cerner, mais il restait avec lui, essayant de le résonner. Il savait comment s'y prendre, il ne s'inquiétait pas. Il ressentait seulement cette peine, ce retour à la réalité. Car malgré tout, ChanYeol était toujours malade.

« - ChanYeol, que se passe-t-il ?
- Tu sais très bien ce qu'il se passe.
- Non, non je ne vois pas, qu'est-ce que tu veux dire ? »

ChanYeol se mit à rire, d'un rire menaçant. Ses yeux était sombres, électriques presque. BaekHyun avait passé bien des moments avec ChanYeol, et les petites passes délirantes n'avaient pas été rares. Seulement, c'était la première fois que le petit brun voyait cette lueur dans les yeux de ChanYeol. Il en était presque effrayant.

« - Qu'est-ce que tu veux bordel ?! Je vois bien ce que tu manigances !
- ChanYeol, je ne manigance rien, ne dis plus de chose pareille.
- TA GUEULE ! JE SAIS PARFAITEMENT QUE TU NE CONTINUES A ME VOIR QUE POUR MIEUX ME FAIRE SOUFFRIR ! Alors quoi ? Depuis le temps, tu devrais avoir les informations nécessaires pour mettre ton plan à exécution, non ?
- ChanYeol.. »

BaekHyun sentit son coeur se serrer horriblement. C'était la première fois qu'il haussait le ton de cette manière, l'agressant presque verbalement. Bien sûr, il avait déjà passé des moments délirants aux côté de ChanYeol, mais il avait toujours réussi à le calmer. Ce jour là, le grand brun faisait une sorte de crise. Paranoïa ? Hallucination ? BaekHyun ne savait pas, il avait seulement mal, de petites larmes silencieuses dévalant ses joues.

« - ChanYeol ! Tu ne sais pas ce que tu dis, arrête maintenant ! Je ne suis pas là pour te faire du mal, je tiens à toi et tu le sais !
- Ne me dis pas ce que je dois faire ! Je ne suis pas fou, je sais très bien ce qu'il se passe ! »

BaekHyun le regarda tristement. Était-il fou ? Non, bien sûr que non. Mais la folie était-elle là ? Il laissa échapper un sanglot, s'approchant de ChanYeol. Il le regarda, leurs yeux ne se lâchèrent plus. Les doigts, longs et fins de BaekHyun glissèrent sur les joues du plus grand, jusqu'à s'accrocher à son tee-shirt.

« - Non ChanYeol, tu ne l'es pas, tu n'es pas fou.. ChanYeol, ChanYeol, écoute-moi, tu n'es pas fou ! Tu ne l'es pas.. »

Le plus grand baissa la tête, regardant le visage boulversé de BaekHyun. Il sentit son estomac se tordre, le coeur au bord des lèvres. Ses jambes flageolantes ne le soutinrent plus et il se retrouva rapidement par terre, le petit brun contre lui, l'ayant suivi dans sa chute. Et ils pleurèrent. Tout deux pleurèrent dans les bras l'un de l'autre.
Cette nuit avait été particulière pour ChanYeol et BaekHyun. L'un était schizophrène, l'autre pianiste. Cela faisait un an qu'il se connaissait. Tout semblait les opposer, mais malgré tout, ils réussirent à s'avouer des sentiments crus impossibles. Cette nuit-là avait été particulière pour ChanYeol et BaekHyun. Ils avaient pleuré durant de longues heures, s'avouant leurs peines, leus souffrances, mais également leurs joies et leur amour.
Cette nuit là, il avait beaucoup pleuré, mais il s'était surtout aimé.

 

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« Tu sais, je n'aurais jamais cru pouvoir un jour, mais aujourd'hui, je sais. Je sais que je t'aime. »
-602-

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Cela faisait deux ans qu'ils se connaissaient, et durant ces deux dernière année, ils avaient passé 366 jours à s'aimer. Un amour mal vu par les uns, respecté par les autres. En effet, ChanYeol et BaekHyun formaient un couple des plus atypiques, l'un atteint d'une maladie mentale, l'autre musicien, pratiquant la musicothérapie dans un centre spécialisé. Malgré tout, ils n'avaient jamais cessé de s'aimer durant ces 366 jours. Bien que cela ne fut pas tout les jours facile, le bonheur que l'amour pouvait provoquer avait rendu leur vie si belle, leur coeur étaient désormais apaisés, légers.

« - ChanYeol, j'ai quelque chose à te donner.
- Quoi donc ?
- Je voulais te l'offrir hier, pour notre premier anniversaire, mais je ne l'avais pas terminée.. Tu te souviens le jour où je t'ai promis de composer une mélodie, rien que pour toi.. Je sais que ce n'est pas grand chose, mais je l'ai terminée, ChanYeol. »

BaekHyun se tenait face à son petit ami, lui tendant une partition.

« DoReMiFa, Schizophrenia »

ChanYeol releva les yeux, les posant sur le plus petit, après avoir lu le titre de la mélodie.

« - La première fois que tu m'as parlé, tu ne cessais de jouer les notes do, ré, mi et fa. Cette mélodie est pour toi, à toi. C'est ton histoire, mais également la mienne. Notre histoire.
- Joue la moi, j'aimerai l'entendre, BaekHyun.
- Non non non ! On avait prévu de retourner à l'hopital aujourd'hui, de jouer ensemble pour les patients. Je te la jouerai en rentrant, promis. »

BaekHyun sourit de toute ses dents, un air taquin collé sur le visage. ChanYeol ne put réprimer un petit rire et embrassa son amour avant de se préparer.
Ils sortirent mains dans la main, le vent caressant leur visage. Ils connaissaient tout deux la route sur le bout des doigts. Ils avaient parcouru cette route tant de fois. Tous les moments qui en ressortaient, les souvenirs.. Ils s'étaient rencontrés entre ces murs. Ils devaient beaucoup à cet hôpital. C'était la raison pour laquelle ils revenaient régulièrement y jouer du piano, tout les deux.
A peine franchirent-ils les murs que des cris les interpellèrent. Le hall était vide. Des cris les avertirent qu'ils ne devaient rester là.

« ChanYeol, viens partons ! »

ChanYeol avait toujours eu un temps de réaction plutôt long à cause de sa maladie, l'empêchant de capter clairement ce qu'il se passait autour de lui.

« - CHANYEOL ! »

C'est cette maladie qui les avait fait se rencontrer. C'est entre ces murs que tout avait commencé.

« - Oh mon Dieu.. ChanYeol.. CHANYEOL ?! CHANYEOL, S'IL TE PLAÎT, RÉPOND-MOI ! »

C'est cette maladie qui les avait séparés. C'est entre ces murs que tout s'était terminé.

...

« Un dangereux patient de l'hôpital psychiatrique de Séoul a été intercepté alors qu'il tentait de s'enfuir, après avoir poignardé un jeune homme au sein de l'établissement. Après avoir été transporté aux urgences, la victime n'a pas survécu, succombant à ses blessures. »

Il ne savait pas combien de fois il avait entendu ces mots. 10 fois ? 50 fois ? 100 fois ? Il ne savait pas. Il n'avait retenu qu'une chose. ChanYeol l'avait quitté. Leur relation avant duré 2 ans. 730 jours.

 

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« N'as-tu pas été effrayé ?  L'as-tu supporté ? N'était-ce pas difficile ? Pourquoi ? Comment ton coeur a-t-il battu ? Le mien a simplement battu. Pour la première fois, mon coeur a battu. Pour la première, j'étais en vie. Je ne suis pas fou. Je suis en vie. »
- 1 -

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