지울 수없는 (Ineffaçable) Partie 1 de 2.

지울 수없는 (Ineffaçable)
지울 수없는   (Ineffaçable)

Partie 1 de 2.- Chapitre bonus.

 

 

«Un grand café noir, s’il vous plaît.» 

 

Junmyeon ignorait que ces mots prononcés avec un accent intriguant allaient à jamais changer sa vie. Et pourtant, lorsqu’il croisa le regard de Yixing pour la première fois et que son pouls s’accéléra brutalement, il aurait dû s’en douter. 

 

Pendant un instant, il oublia la requête du jeune chinois, fasciné par ce sourire à une fossette qu’il lui offrait. Ce n’est que d’une voix légèrement tremblante qu’il trouva le courage de lui répondre. 

 

«O…oui…autre chose?»

 

Il lui lança un air interrogateur, ne semblant pas comprendre sa question. Alors, après un court silence perturbant et quelques coups d’œil indiscrets, Junmyeon dirigea son regard vers la caisse pour en déduire la somme dû et ainsi avoir l’opportunité de calmer son cœur en furie dans sa poitrine. Il n’osa pas regarder le jeune chinois à nouveau lorsqu’il lui demanda le montant exact pour son café. Chose qu’il sembla comprendre, car à peine 10 secondes plus tard, une main apparut dans son champ de vision. Cette dernière tenant quelques wons au bout de ses doigts longs et frêles. Junmyeon dut résister à la tentation d’y toucher, alors qu’il s’empara de l’argent pour le déposer dans le tiroir-caisse. Entre la remise de la monnaie restante et l’arrivée de Minseok avec la boisson du jeune chinois, une minute s’écoula. Mais pour le coréen, le tout sembla durer une éternité. Une éternité pendant laquelle ils se surprirent tous les deux à s’observer à plusieurs reprises, ignorants ce qui était déjà en train de se produire. Entre les battements inégaux de leurs cœurs et leurs respirations légèrement plus rapides qu’à l’habitude, même à l’époque et par cette rencontre brève, leur destin commun avait déjà commencé. 

 

Junmyeon regarda Yixing jusqu’au moment où ce dernier s’installa à une table proche de l’une des grandes fenêtres et à proximité de la caisse. Assez près pour lui permettre de continuer son observation et de trouver une réponse à cette fascination qu’il éprouvait envers l’autre jeune adulte. Yixing sortit des livres de son sac et il les plaça devant lui avant de les ouvrir. Junmyeon constata, même de là où il se tenait, que ces derniers ne semblaient pas être écrits en coréen, mais en mandarin. Par moment, alors qu’il changeait de page et tentait de se concentrer sur de la nouvelle matière, Yixing émettait un petit soupir de découragement et Junmyeon ne pût que sourire à chaque fois. Longtemps, le jeune coréen l’observa, même en servant quelques clients, ce qui était un peu indiscret. 

 

Mais il était incapable d’en faire autrement, il était subjugué, captivé par cette simple personne dont il ne connaissait rien. 

 

Deux heures plus tard, lorsque Yixing se leva pour partir, après avoir rangé ses livres et mit son sac à dos sur ses épaules, Junmyeon sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. 

 

Il part déjà?

 

Il n’arrivait pas à comprendre ce sentiment de déception qui envahissait son corps en entier, par le départ imminent de cet inconnu.

 

Mais alors qu’il déposa sa main sur la porte, prêt à l’ouvrir, Yixing se retourna pour offrir au jeune coréen ce sourire qu’il aimait déjà. 

 

«Merci, à la prochaine.»

 

Malgré qu’ils furent prononcés avec un accent important, Junmyeon comprit les mots du jeune chinois facilement. Son cœur manqua un dernier battement avec que la silhouette de Yixing ne disparaisse par la porte et qu’il n’ait le temps de répondre quoi que ce soit.

 

À la prochaine….?

 

Et c’est ainsi que Junmyeon se mit à appréhender son retour. À plusieurs reprises, alors que la cloche du café sonna pour annoncer l’arrivée d’un nouveau client, il n’arriva pas à détacher son regard de la porte et, par instinct, il observa cette dernière avec l’espoir de le revoir à nouveau. Ainsi, deux jours plus tard, un lundi soir alors que la semaine recommençait, il arriva. Pendant un instant, le coréen pensa qu’il hallucinait, mais il comprit rapidement que ce n’était pas le cas. Qu’il était bel et bien revenu.

 

Yixing lui offrit un sourire et Junmyeon tomba sous son charme, encore une fois.

 

 Il entra sa commande dans la caisse, la même que la dernière fois, et il constata que sa respiration était toujours aussi irrégulière en présence de l’autre. 

 

Ce soir là, alors que Yixing se leva pour partir et le remercia à nouveau, Junmyeon arriva à lui répondre d’une petite voix.

 

«Merci, à la prochaine.»

 

Le jeune chinois hocha doucement sa tête avant de lui répondre, replaçant une mèche de son toupet au passage et le coréen osa admirer les traits de son visage pour plus d’une seconde. Il était parfait. 

 

«Oui.» 

 

Et plus tard, lorsqu’on lui demanda quand il était tombé amoureux de Yixing, toutes les pensées de Junmyeon le ramenèrent à ce moment-là

 

Avec le temps ils se créèrent une certaine routine, chaque soir de la semaine, vers les alentours de 19hre, Yixing se présentait au café avec ses livres et la même demande. 

 

«Un grand café noir, s’il vous plaît.»

 

Et Junmyeon ne pouvait que prendre sa commande et apprécier son sourire. Il se surprit à toujours vouloir observer l’autre, à le chercher du regard. Malgré le fait qu’il était une personne entreprenante et sociale, il n’arrivait jamais à entrer en contact avec Yixing. Il le laissait sans voix, sans mots et avec un sentiment nouveau qui le déstabilisait complètement.  

 

Mais une journée, deux semaines après leur première rencontre, Junmyeon décida de prendre son courage à deux mains. Ainsi, lorsque Yixing arriva et lui demanda la même chose qu’à l’habitude, le jeune coréen ne détourna pas tout de suite son regard vers la caisse pour entrer sa commande. À la place, il redressa ses épaules, afficha son plus beau sourire et dégagea quelques mèches de ses cheveux qui bloquaient sa vision avec ses doigts. Puis, il lui demanda d’une voix confiante:

 

«Est-ce que vous désirez quelque chose d’autre?»

 

Comme la première fois, Yixing sembla confus. Il observa le jeune coréen avec un regard empreint d’un doute évident. Et Junmyeon en fût tellement ébranlé qu’il faillit en perdre l’équilibre alors qu’il se tenait sur une surface plane. Longtemps, ils se regardèrent, chacun essaya de trouver une réponse à ce qui se passait. C’est Yixing qui brisa le silence perturbant qui les entourait. Il s’approcha un peu plus du comptoir avant de prononcer ces paroles qu’il semblait avoir répétées à plusieurs reprises. 

 

«Pardon, je suis chinois. Je ne comprends pas.» 

 

Junmyeon détourna son regard immédiatement, embarrassé. 

 

J’aurais dû m’en douter. 

 

Il chercha au fond de sa mémoire ce qui lui restait de ses cours de mandarin qu’il avait suivis quelques années auparavant. Mais à part quelques mots de base, il ne trouva que des souvenirs embarrassants de ses deux premières années de collège. Pris par la panique de ne savoir quoi dire ou quoi faire exactement, il se mit à regarder autour de lui machinalement comme si la réponse apparaîtrait devant ses yeux. Il était en train d’observer intensément le comptoir lorsqu’une main, qu’il connaissait trop bien, apparut en avant de son visage, une petite machine au bout de ses longs doigts. 

 

Qu’est-ce que…?

 

«Un dictionnaire.»

 

Junmyeon sursauta lorsqu’il entendit la voix de Yixing si près de lui. Il hésita un instant avant de s’emparer du dictionnaire électronique, frôlant au passage la peau du jeune chinois. Elle dégageait une telle chaleur que ce simple contact fit trembler Junmyeon légèrement. Perplexe, il regarda la petite machine, incertain de ce qu’il devait en faire. Il observa une dernière fois Yixing à la recherche de réponses, mais il ne trouva qu’un petit sourire en coin encourageant (et déstabilisant). Ses pensées fonctionnaient si rapidement qu’il en fût étourdi, mais au final il finit par comprendre ce que l’autre voulait. Il entra sa question dans le dictionnaire et sélectionna «Traduction chinoise». Puis, lorsqu’il vit de nouveaux signes qui apparaissaient au détriment de son Hangul, il redonna la machine à Yixing qui s’en empara rapidement. Il relut à plusieurs reprises la question avant de dire quelque chose. 

 

«Oh oui.»

 

Il se dirigea vers le comptoir vitré à sa droite et spontanément il pointa un gâteau qu’il avait dû regarder auparavant. Junmyeon s’approcha de l’autre côté de la vitre et se pencha pour voir ce que l’autre désirait.

 

«Un shortcake aux fraises?»

 

«Quoi?»

 

Junmyeon se releva et s’assura que Yixing le regardait avant de répéter sa question. Il prit le temps de bien articuler chaque syllabe.  

 

«Un shortcake aux fraises?» 

 

Entre chaque mot, Yixing hocha doucement sa tête avant de le répéter, d’un simple murmure, ce qui lui avait été dit. À cette vue, Junmyeon était certain que son cœur allait briser sa cage thoracique avec ses battements forts et inégaux.

 

«Oui, un shaurtecakeu eaux fraisées.»

 

Presque. 

 

Junmyeon dut se pincer les lèvres pour ne pas rire, il ne voulait pas que l’autre pense qu’il se moquait de lui. Il prit une part du gâteau avant de revenir à la caisse et il le tendit à Yixing avant d’inscrire sa commande. Le jeune chinois regarda le montant qui s’afficha sur le petit écran avant de tendre l’argent à Junmyeon. Au moment où Minseok lui apporta son café, il ne partit pas s’assoir à sa table comme il le faisait normalement. Il leva sa tête et offrit à Junmyeon un sourire plus grand qu’à l’habitude, un qui serait à jamais gravé dans sa mémoire. 

 

«Merci…Junmyeon?»

 

Le regard du jeune chinois s’était dirigé brièvement sur la petite plaque métallique accrochée au tablier du coréen et où on pouvait y lire son nom. Il hocha doucement sa tête avant de lui offrir un sourire à son tour, lui faisant comprendre qu’il avait bien lu. Alors que Yixing partit à sa table habituelle, Junmyeon regarda chacun de ses pas et chacun de ses mouvements. Un seul souhait au bout de ses lèvres: lui parler à nouveau. Ainsi, il arriverait peut-être à contrôler ces frissons nouveaux qui traversaient son corps à chaque fois que leurs regards se croisèrent.

 

Mais Junmyeon constata que malgré les semaines qui passèrent, rien ne calmait les réactions physiques que Yixing lui provoquait par sa simple présence. Leurs interactions devinrent plus longues et le coréen passait ses journées de travail à attendre l’arrivée de l’autre. Pour lui, il s’agissait d’un remontant quotidien, d’une étincelle de bonheur temporaire inexplicable.   

 

Rien ne le rendait plus heureux que ce sourire familier à une fossette. Rien ne le rendait plus fier que lorsque Yixing tentait de passer une nouvelle commande, comme s’il lui faisait confiance. Qu’il savait que Junmyeon ne se moquerait pas de lui alors qu’il répétait, d’une voix de plus en plus confiante, les nouveaux mots que le coréen prononçait. 

 

Et rien n’était plus satisfaisant que l’idée de faire partit, ne serait-ce que minimement, de sa vie

 

Quelques mois après leur première interaction, Junmyeon observa Yixing de là où il se trouvait derrière le comptoir, comme à l’habitude. L’un des premiers couchés de soleil de l’été remplissait l’horizon et les quelques rayons orange et jaune reflétaient délicatement sur la peau du jeune chinois, à travers la fenêtre à sa droite. Il était encore et toujours occupé à regarder ses livres, ses yeux passant d’une page à l’autre avant de s’arrêter une fois de temps en temps pour écrire quelques notes dans un cahier. Junmyeon posa une main sur sa poitrine en y massant la peau, comme si le tout permettrait à son cœur de se calmer et ainsi chasser ses battements frénétiques qui résonnaient jusque dans ses pensées, mais rien n’y fit. Car lorsque Yixing leva sa tête brièvement pour lui sourire, son rythme cardiaque s’accéléra brutalement et il lui coupa le souffle. 

 

Encore une fois. 

 

Au plus grand bonheur de Junmyeon, Yixing resta plus longtemps cette soirée-là. Il semblait encore plus préoccupé par ses études et le coréen avait deviné qu’il devait être en train d’étudier pour des examens. En fait, Yixing était tellement concentré qu’il en oublia l’heure, car lorsque vint le temps de fermer le café, il était toujours présent. Junmyeon salua Minseok d’une main alors que ce dernier quitta par la porte principale et il ne manqua pas le regard encourageant qu’il lui lança en inclinant sa tête vers la gauche en direction du jeune chinois. C’était la première fois que Junmyeon se retrouvait seul avec ce dernier, les derniers clients et employés ayant quitté quelques minutes plus tôt. Il savait qu’il devait demander à l’autre de partir, pour lui permettre de fermer, malgré qu’il ne désirait pas vraiment son départ. Si Junmyeon pouvait prolonger son temps avec Yixing de n’importe quelle façon, il le ferait. 

 

Mais toute bonne chose à une fin. 

 

C’est d’un pas chancelant qu’il s’avança vers ce dernier, son cœur partagé entre l’anticipation et la crainte. Le jeune chinois ne s’aperçut de sa présence qu’au moment où Junmyeon s’arrêta juste à côté de lui. Ses mains tremblaient légèrement et il ne pouvait s’empêcher de jouer avec ses doigts de façon nerveuse. Il s’inclina, par respect, avant de prononcer ces paroles : 

 

«Je suis désolé, mais nous fermons.» 

 

 

Yixing sembla comprendre le début de sa phrase, mais pas la fin. Il regarda Junmyeon de la même façon dont il le faisait quand ce dernier prononçait des mots qu’il ne comprenait pas. Sans aucune hésitation, il tendit son dictionnaire électronique au jeune coréen qui le prit en sachant exactement ce que l’autre voulait. Il lui redonna après s’être assuré que sa phrase avait bel et bien été traduite. Yixing retourna son visage vers Junmyeon après avoir lu le tout. Il était embarrassé et ses joues rouges en furent une preuve convaincante. 

 

«Je suis désolé…»

 

Il prit un de ses livres et le montra à Junmyeon. 

 

«C’est la période des examens.»

 

Alors, j’avais bien deviné?

 

Et ce qui se passa après les surprirent tous les deux, Junmyeon ignorait si ce n’était qu’un brin de folie passager ou le retour d’un semblant de courage, mais sa réponse fût aussi spontanée qu’embarrassante.

 

«Je peux t’aider!»

 

Il mit sa main par-dessus sa bouche lorsqu’il réalisa ce qu’il avait dit. Le temps d’une seconde, il espéra que Yixing ne l’avait pas compris. Mais en voyant son sourire habituel remplacer son air embarrassé, Junmyeon sut qu’il était trop tard. 

 

«Oui, merci»

 

Yixing reposa son livre sur la table, avant de se tasser plus à la droite sur la banquette. Junmyeon devina qu’il s’agissait d’une invitation silencieuse. Timidement, il prit place à côté du jeune chinois en faisant attention pour ne pas l’accrocher. Ses mains étaient sur ses genoux et ses bras rapprochés le plus près possible de son corps. Yixing sembla sentir sa nervosité. Il avança sa main devant le visage de Junmyeon, de sorte qu’il fût certain que l’autre la voyait. Le jeune coréen oublia de respirer momentanément. 

 

«Je m’appelle Yixing.»

 

Junmyeon constata que la prononciation de l’autre s’était grandement améliorée depuis sa première visite. Le regard baissé, il avança lentement sa main à son tour pour s’emparer de celle de Yixing. Ce simple contact physique déstabilisa complètement Junmyeon et il dut y mettre fin avant que Yixing ne constate les frissons qui parcouraient son corps en entier, le faisant trembler violemment. Avant de perdre complètement tous ses moyens, il décida de porter attention aux livres ouverts sur la table devant eux.

 

«Comment je peux t’aider?» 

 

Yixing prit le temps d’observer les traits faciaux de l’autre avant de lui répondre. Il était magnifique. 

 

«J’ai de la difficulté avec la grammaire.»

 

Il s’approcha ne serait-ce qu’un peu plus près de Junmyeon avec l’un de ses livres et son cahier de notes. Le jeune coréen remarqua que ces dernières étaient soigneusement écrites et que Yixing avait dût s’y attarder pendant des heures. 

 

«Je ne comprends pas les accords de verbe.»

 

Junmyeon dirigea son regard vers une page en particulier que pointait Yixing en disant ses mots et il constata qu’il s’agissait de l’accord des verbes au passé, matière qu’il avait vue à plusieurs reprises auparavant. Rassuré de pouvoir vraiment aider l’autre, il releva ses épaules un peu plus confiant. 

 

«D’accord, je pense pouvoir t’aider.» 

 

Et une heure s’écoula ainsi, alors que Junmyeon expliqua au mieux de ses connaissances et de la façon la plus simple qui soit à Yixing de nouvelles notions sur la grammaire coréenne, les muscles de son corps se détendirent avec chaque minute qui passait. Le jeune chinois était amical, sympathique et il semblait fasciné par les explications que Junmyeon lui fournissait. Il hochait sa tête, faisait des petites remarques et n’hésitait pas à le dire lorsqu’il ne comprenait pas ce qui lui avait été dit. À l’occasion, il arrêta Junmyeon pour lui poser quelques questions sur lui, d’où il venait et depuis quand il travaillait au café, parfois en utilisant son dictionnaire pour faciliter les choses. Des sourires furent échangés et des fous rires aussi, tous les deux réalisant qu’ils étaient aussi maladroits l’un que l’autre, spécialement lorsqu’ils étaient nerveux.  Lorsque Junmyeon décida qu’il avait utilisé tous ses acquis, il se retourna vers Yixing, satisfait de ce qu’il avait accompli.  

 

«Est-ce que tu comprends mieux?»

 

Yixing releva son regard de ses notes pour se retourner vers Junmyeon. Ils n’avaient jamais été aussi près l’un de l’autre. Il sembla se perdre brièvement dans les yeux bruns du coréen avant de lui répondre avec des mots soufflés. 

 

«Oui, merci.»

 

Junmyeon se déplaça sur la banquette vers la gauche de façon à pouvoir se lever, mais il fût retenu par une main sur son poignet. Yixing le regardait, appréhensif. 

 

«Junmyeon je…»

 

Il ferma ses paupières et fronça ses sourcils. Le jeune coréen devina qu’il cherchait ses mots, comme il avait l’habitude de le faire. Désespéré, il s’empara de son dictionnaire électronique, défaisant son emprise sur Junmyeon au passage. Il tapa rapidement quelque chose avant de lui tendre la machine.

 

Merci beaucoup, j’espère ne pas t’avoir importuné. 

 

Junmyeon balança sa tête de gauche à droite de façon frénétique. 

 

«Non, ça m’a fait plaisir.» 

 

Et le sourire que lui offrit Yixing fut la plus belle des récompenses, il en fût paralysé. Alors que  le jeune chinois rangea ses livres dans son sac, Junmyeon s’empara du dictionnaire électronique pour lui écrire une dernière phrase. Il voulait s’assurer que Yixing comprendrait ce qu’il voulait lui dire. 

 

«Yixing?»

 

Le jeune chinois le regarda à l’appel de son nom et Junmyeon lui tendit la machine. Il lut la phrase à plusieurs reprises et dut se mordre les lèvres pour empêcher son sourire de devenir trop grand (et embarrassant).

 

Si tu as encore besoin d’aide, je suis là. 

 

Junmyeon pensa chacun des mots qu’il avait écrits, il souhaitait éperdument avoir la chance de revoir l’autre d’une façon aussi «intime» que ce qu’ils venaient de vivre. 

 

Il ignorait que ce moment n’était que le premier de plusieurs autres.

 

Durant la semaine qui suivit, Yixing attendit Junmyeon tous les soirs. Après la fermeture du café, ils passaient parfois deux heures à regarder ensemble de nouvelles théories alors que les étoiles se faisaient hautes dans le ciel. Le jeune coréen ne pensait pas pouvoir s’attacher aussi rapidement à Yixing, mais il avait tort. Car chaque seconde qu’il passait en compagnie de l’autre ne faisait qu’approfondir ce sentiment d’attachement qu’il ressentait envers le jeune chinois. Et Junmyeon savait déjà à l’époque qu’il était trop tard. 

 

Que Yixing avait laissé une trace en lui. Ineffaçable

 

Junmyeon s’attendait à ne plus revoir Yixing après la période des examens, mais il fût surpris lorsque la routine qu’ils s’étaient créée ne se brisa pas après quelques semaines. Oui, ils se voyaient moins régulièrement. Mais ces rencontres étaient différentes. Plus courtes, mais aussi satisfaisantes. L’été laissa place à l’automne et bientôt, Junmyeon se retrouva à court de nouvelle matière. Alors, les petits cours particuliers devinrent des discussions approfondies sur leurs vies. Le coréen de Yixing s’étant grandement amélioré, il était beaucoup plus facile pour eux de communiquer. Ainsi, il apprit que Yixing était venu étudier à Séoul après avoir reçu une bourse. Qu’il était un fanatique de danse et qu’il s’agissait de la raison principale qui l’avait poussé à partir de son village natal de Chine où il habitait avec ses grands-parents. Le jeune coréen trouva sa vie fascinante et il ne pouvait s’empêcher de répondre aux questions de Yixing de manière enthousiaste. Mais un vendredi soir, alors qu’ils se retrouvèrent seuls, installés sur la même banquette, Yixing posa une question que Junmyeon avait espéré éviter. Une qui lui glaça le sang et qui rendit sa respiration irrégulière. 

 

 

«En quoi étudies-tu Junmyeon?»

 

Le jeune coréen ravala sa salive et il observa intensément la tasse de café qui se trouvait entre ses mains. La chaleur provenant de cette dernière lui rappela que ce qui se passait était réel. 

 

«Je…»

 

Il soupira doucement, embarrassé. Mais il savait qu’il ne pouvait éviter la situation, qu’un jour il devrait dévoiler le tout à Yixing. Il espérait juste que ce ne serait pas aussi tôt. 

 

«Je…je ne suis plus à l’université. J’ai mis terme à mes cours, il y a plusieurs mois.»

 

Il se retourna vers Yixing avant de continuer, son regard perdu sur la noirceur qui envahissait la fenêtre derrière l’autre. 

 

«Mes parents m'ont forcé à suivre des cours en médecine, pensant que je suivrais le même chemin qu’eux. Mais ce n’était pas pour moi…Ils ne l’ont pas vraiment bien pris lorsque je leurs ai annoncé que j’avais décidé de quitter l’université…»

 

Junmyeon dirigea son regard sur le jeune chinois lorsqu’il sentit une main s’emparer timidement de la sienne. Yixing serra un peu cette dernière avec ses doigts, forçant Junmyeon à le regarder. Son sourire, normalement si apparent, avait disparu. Le jeune coréen eu peur de la réaction de l’autre et le seul moyen qu’il trouva pour détourner son attention de son visage triste fût de continuer son explication.

 

«Alors, j’ai déménagé et j’ai trouvé cet emploi. J’ai toujours voulu travailler dans un café. Éventuellement, j’aimerais en être propriétaire…si les choses se passent comme je l’espère.»

 

Il rit, nerveusement. Il observa le visage du jeune chinois à la recherche d’une réaction quelconque qui le calmerait, mais Yixing affichait une expression stoïque qui lui donna presque la nausée. 

 

«Et maintenant qu’est-ce qu’ils pensent de ce que tu fais? De tes projets?»

 

«Ils n’aiment pas vraiment l’idée. Ils trouvent le tout illusoire et sans avenir certain….On se parle rarement en fait.» 

 

Le jeune coréen enleva sa main de celle de Yixing lorsqu’il le vit afficher une expression sévère, si différente de celle qu’il abordait à l’habitude. Une qui lui fit craindre le pire et qui le laissa seul au détriment de ce sentiment de honte qui le narguait. 

 

«Je comprends leur appréhension face à mes projets…J’aurai probablement dû continuer l’université et faire médecine…Est-ce que j’ai eu tort?»

 

Car à la façon dont le jeune chinois le regardait avec ses yeux vides, Junmyeon pensait que c’était le cas. Il se sentait pathétique, honteux et si perdu. Sa vision commençait à s’embrouiller lorsque Yixing sortit de sa transe. Son expression faciale changea du tout au tout, réalisant la situation. Ses mains vinrent se placer sur les joues de Junmyeon, ses pouces caressant doucement ses pommettes pour le calmer. 

 

«Non.»

 

Yixing approcha doucement son visage du sien. 

 

«Non, Junmyeon.» 

 

Ses paupières se fermèrent instinctivement, libérant quelques larmes au passage. Yixing les enleva du bout de ses doigts. Alors qu’il s’apprêtait à les ouvrir, il sentit les lèvres de l’autre se poser sur les siennes, hésitantes. Junmyeon pensait que le jeune chinois ne pouvait lui provoquer des réactions physiques plus bouleversantes que celles qu’il avait ressenties auparavant, par de simples contacts physiques avec ce dernier.

 

Mais il s’était trompé.

 

Car lorsque Yixing bougea ses lèvres par-dessus les siennes, démontrant que le baiser était bel et bien réel, les frissons qui parcoururent son corps le laissèrent pantois. Des milliers de courants électriques longèrent sa colonne vertébrale lorsque le jeune chinois positionna sa tête de façon à approfondir le tout. Les mains de Junmyeon se retrouvèrent sur le chandail de l’autre, cherchant quelque chose pour se tenir, car il avait l’impression de se retrouver sur un nuage. 

 

Il se sentait léger et si bien. 

 

Lorsqu’ils détachèrent leurs lèvres un instant, à bout de souffle, le jeune coréen remarqua qu’une nouvelle étincelle se retrouvait dans les yeux de Yixing, il semblait heureux et satisfait. Cependant, il n’eut pas le temps de remarquer autre chose, car ce dernier rejoignit leurs bouches à nouveau et Junmyeon le laissa faire sans aucune résistance. L’une des mains de Yixing caressa le bas de sa nuque alors que l’autre se retrouva à sa taille, tentant de les rapprocher le plus possible. Chose qui ne fût pas évidente avec la table en avant d’eux, mais ni un ni l’autre ne sembla s’en soucier. À un moment, Yixing se mit à mordiller sa lèvre inférieure et Junmyeon dût appuyer sa bouche plus forte contre la sienne pour étouffer un petit gémissement qui tentait de sortir de ses lèvres, empêchant, par le fait même, le jeune chinois de continuer ce qu’il faisait. Yixing sourit à cette action et, à plusieurs reprises, il tenta de provoquer la même réaction chez le jeune coréen. Plus tard, lorsqu’une main se retrouva en dessous de son chandail, frôlant délicatement la peau sensible de ses côtes, Junmyeon dut se détacher de l’autre pour calmer son rythme cardiaque. Mais lorsqu’il leva son regard pour observer la personne devant lui, les battements de son cœur s’accélèrent de plus belle dans sa  poitrine. Yixing était tellement beau, ses joues légèrement plus rouges qu’à l’habitude allaient à la perfection avec ses lèvres abusées de la même couleur. Son torse montait et redescendait machinalement, Junmyeon devina que sa respiration était aussi irrégulière que la sienne.  

 

Il approcha le jeune coréen de lui et l’encercla de ses bras. Junmyeon répondit immédiatement à son étreinte. Yixing sentait le café noir et il dégageait une chaleur si invitante et réconfortante.

 

Junmyeon sut qu’il ne pourrait jamais s’en passer.

 

Le jeune chinois caressa lentement son dos avant d’émettre un petit bruit de satisfaction. Puis, il lui murmura doucement à l’oreille :

 

«L’important, c’est que tu sois heureux.»

 

Et, par ses mots sincères, Junmyeon comprit que Yixing venait d’entrer dans sa vie.

 

 

 

 

 

À jamais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comments

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lilith9999 #1
Chapter 2: Chapter 2: Je ne suis pas ta stalker, non, non. C'est juste que cette soirée là, je me suis perdue dans tes textes. J'ai d'abord voulu relire Inatteignable qui était dans mes bookmarks. Puis de fil en aiguille, j'ai regardé ce que tu avais écrit d'autres. Il y a tes histoires que j'avais déjà lues (et que je viens de relire par l'occasion), et celles que j'avais jamais lues et qui m'ont plu. Celle-ci par exemple. Merci. Tu n'écris plus sur ce site, à priori. Dommage.
itssmile #2
C'était juste parfait. Merci beaucoup pour cette histoire ** <3
JoHee_57 #3
Chapter 2: Une fic française sur AFF! Et pour du Sulay en plus *.* avant de dormir j'ai voulu chercher une fic Sulay sans grand espoir d'en trouver une nouvelle et là... SURPRISE! Et quelle fic! De 1, le Sulay, j'adooooore et de 2, c'est juste askafdjsinf *.* Juste trop beau et trop mignon et trop *O* juste ce qu'il me fallait là tout de suite. Tu m'excuseras pour le commentaire pas très constructif mais à cette heure là et après avoir lu une fic qui me donne autant de feels, mon cerveau ne peut pas vraiment faire des trucs cohérents.. x) Voilà juste pour dire que j'ai beaucoup beaucoup aimé, je me devais de laisser un petit commentaire :3
(en plus tu t'appelles aussi Marie alors voilà je suis contente hihi .-.)
Merci pour ce beau Sulay! ^.^ Bonne continuation, je ne manquerai pas d'aller voir tes autres écrits ;)