(Pré)début d'un amour

(Pré)début d'un amour

Assis dans un coin de la cour cerclée d’immeubles, un jeune homme attendait. Devant lui des enfants jouaient. Il se contentait de les observer, un faible sourire sur les lèvres. En temps normal, il aurait joué avec eux, les aurait pris dans ses bras, aurait cajolé le plus casse-cou, celui qui tombe tout le temps du toboggan et qui pleure devant son petit genou éraflé. Mais non, pas aujourd’hui. Une dispute avait éclatée dans l’appartement. Ses parents avaient haussé le ton, il avait du mal à le supporter. Il a seulement fallu une parole trop vive de sa sœur ainée pour qu’il claque la porte et aille se lover dans un coin de macadam. Il resta là, posant de temps en temps ses poignets contre ses yeux pour en effacer toute trace de larmes, attendant de réunir assez de courage pour remonter chez lui. Le courage ne lui vint pas. Puis les enfants rentrèrent avec leurs mères, la cour se fit vide, le soleil tintant l’environnement d’un doré apaisant. Taekwoon se leva, engourdi, et marcha jusqu’à la porte d’un immeuble plus loin sur sa droite. Il ne rentrera pas chez  lui ce soir. Il irait demander l’asile politique chez Jaehwan.

Arrivé devant la porte de l’appartement n°12 du cinquième étage, il décida d’envoyer un texto à son ami pour le prévenir de sa présence. C’était plus discret que de sonner, ou même toquer. Après quelques minutes, la porte s’entrouvrit enfin. Derrière elle, le jeune homme chuchota :
« Taekwoon ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? »
L’interpellé baissa la tête pour seule réponse. La porte s’ouvrit davantage, laissant seulement assez d’espace pour un corps pour s’y glisser.
« Entre, mais pas de bruits. Mes parents sont dans le salon. »
Une fois la porte fermée, ils se réfugièrent dans la chambre de Jaehwan. Là, ils pouvaient parler sans trop se soucier de la présence des parents. Jaehwan fit asseoir Taekwoon sur son lit tandis qu’il allait s’installer sur sa chaise de bureau.
« Depuis le temps que je te connais, c’est bien la première fois que je te vois dans cet état… Et à ma connaissance tu n’avais pas de petite amie, donc une salope au cœur de pierre ne peut pas être mise en cause… »
Taekwoon soupira, tête baissée :
« Je peux rester pour la nuit ? ….Sans en parler à tes parents ?
- Euh je… Ben… Ouais, bien sûr, tu peux ! Mais… Mais ça va être un peu chaud, là… Tu vas pas pouvoir aller dormir dans le salon, mes parents t’y trouveraient, et là j’ai pas de deuxième matelas…
- On dormira ensemble.
- Ou-ouais, si tu veux… Si tu veux vraiment… D’accord… »
Après avoir laissé un temps, voyant que Taekwoon restait stoïque, Jaehwan repris :
« Qu’est-ce qu’il y a, Kwoonie ? Qu’est-ce qui se passe pour que tu me demandes de dormir chez moi sans qu’on puisse en avertir mes parents ?
- Si tes parents savaient que je suis là, ils appelleraient les miens.
- ...Tu… Tu as fugué ?
- J’ai déserté. Nuance. »
Jaehwan se leva et alla s’asseoir à côté de Taekwoon, passant un bras réconfortant autour de ses épaules, quand une voix de femme se fit entendre à travers la cloison, appelant l’enfant à table.
« Tu veux que je te ramène quelque chose ? Un morceau de pain ?
- T’occupe pas de moi, j’ai l’habitude de sauter des repas. »
Jaehwan se leva, regarda son ami tristement, puis le laissa.
Quand il revint dans la chambre peu de temps après, il avait deux bols de ramen dans les mains. Taekwoon n’eut pas ouvert la bouche que déjà l’autre s’expliquait, murmurant tant que la porte n’eut pas été totalement fermée.
« J’ai prétexté avoir du travail à faire pour le lycée, alors j’ai eu l’autorisation de venir manger dans ma chambre !
- Et le deuxième bol ?
- Ah non, ça c’est comme d’habitude… Je mange beaucoup. Par contre, faudra qu’on se partage mes baguettes… Je suis pas ambidextre, donc une seule paire me suffit, malheureusement… »
Taekwoon décoinça un petit sourire. Il avait décidemment beaucoup de chance de pouvoir compter sur un ami comme lui…
Assis côte à côte sur le lit, ils alternaient l’usage des baguettes à celui de leurs doigts, ce qui les amusait. Une fois les bols finis, Jaehwan les posa sur son bureau.
« On va se coucher, maintenant ?
- Il est tôt…
- Je sais, mais que veux-tu qu’on fasse ? Aller regarder la télé laisse tomber… Dommage, l’inkigayo d’aujourd’hui promettait d’être sympa, avec les comebacks qu’on a eu… Et mon ordi, c’est mon frère qui l’a…
- Alors dormons. »
Taekwoon laissa tomber ses chaussures sur le sol et s’allongea sur le lit. Jaehwan sourit et fit de même, se faisant le plus petit possible, autrement il tombait.
« Serre-toi un peu contre le mur, l’espace me manque ! » dit-il en riant. Arborant un visage plus que neutre, Taekwoon posa ses mains sur le torse de sa victime, laquelle atterrit quelques fractions de secondes plus tard sur le sol de la chambre.
« Eh doucement ! D’accord on joue, mais fais en sorte de faire moins de bruit ! Je suis plus lourd qu’une plume, quand je tombe sur le sol  ça s’entend ! »
Il retourna sur le lit, et pour éviter toute mauvaise blague se colla de tout son long au corps de son réfugié qui s’était couché sur le flanc dos à lui. Jaehwan passa ses bras autour de lui, posa sa tête contre sa nuque et ferma les yeux. Sous ses mains qu’il avait croisées sur le ventre de Taekwoon, il pouvait sentir sa respiration lente et calme. Il était prêt à s’endormir quand son nounours occasionnel se redressa.
« Hmpfh, qu’est-ce que tu fais ?
- Tu dors habillé, toi ? 
- … Aiiishh… Je sais même pas si j’ai un pyjama à t’offrir !
- Laisse tomber ça, on en a pas besoin. »
Il retira son T-shirt, dévoilant sa musculature d’athlète, et invita Jaehwan à en faire d’autant avant de s’attaquer  à son pantalon. Troublé, Jaehwan s’exécuta, honteux de son petit corps chétif comparé à celui du dieu grec qui s’exhibait devant lui. Une fois débarrassés de tout superflu, gardant uniquement leurs sous-vêtements, ils prirent quelques secondes pour se regarder. C’était inévitable, c’était la première fois qu’ils se voyaient en de telles circonstances. Leurs regards se croisèrent, lançant un électrochoc et chauffant leurs joues. Rapidement Jaehwan dégagea les couvertures et ils se lovèrent dans le petit lit, bien trop petit pour que deux personnes eussent pu être en pleine possession de leur liberté de mouvement. Eviter le contact avec la peau de l’autre était impossible, aussi abandonnèrent-ils l’idée de passer une nuit isolés de toute chaleur humaine trop proche.
« Taekwoon… Tu peux me dire, maintenant, pourquoi tu es là ?
- En quoi ça te regarde ?
- … Ben… Je… Je suis ton hôte pour la nuit, j’ai peut-être quand même un peu le droit de savoir…
- Quand tu vas à l’hôtel tu te justifies ? »
Jaehwan se redressa violemment. « Un hôtel ? Tu déconnes, là ? Tu crois qu’ici tu peux venir comme bon te sembles ? Je partage mon lit avec toi, je partage mon repas, je m’arrange pour que personne ne te trouves… Je te rends service ! Et tu dis que tu viens à l’hôtel ! »
Taekwoon se redressa lentement, replia ses jambes sous le drap et calla sa tête entre ses genoux, ses bras entourant ses jambes. Il murmura un petit « pardon » qu’une oreille non habituée à des mots aussi faiblement prononcés n’aurait pas entendu. Jaehwan se radoucit alors. Restant sous le drap, à genoux, il enjamba les pieds du pauvre jeune homme et entrepris de le prendre dans ses bras. Taekwoon pleurait alors. Le cœur de Jaehwan se serra. Le réfugié d’un soir releva légèrement son front pour le poser contre la clavicule de son ami, et le pris dans ses bras de même. Manquant d’équilibre, Taekwoon bascula en arrière lentement, accueillant son hôte sur son corps étendu. Leurs peaux se touchaient, leurs joues étaient voisines, leurs larmes se mêlaient. Ils restèrent longtemps dans les bras l’un l’autre. Le sommeil les emporta.

Puis on était lundi matin. Voyant que son enfant ne sortait pas de sa chambre, la mère de Jaehwan décida d’aller le presser un peu et pénétra dans sa chambre. Elle ne vit que deux corps à moitié nus se cajolant. Elle ne s’en remit jamais.

Plus tard, la famille Lee déménageait. Les Jung, eux, se séparaient et se disputaient la garde des enfants.

Bien des années plus tard, envers et contre tous, les deux garçons se retrouvèrent par hasard passant des auditions pour un groupe de pop. Le hasard faisant bien les choses, ils intégrèrent tous deux le groupe. Par peur d’être à nouveau séparés, ils taisaient leur affection aux yeux de tous. Mais leur amour n’était décidemment plus à prouver et, enfin, ils pouvaient réellement s’aimer.

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Comments

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EffieH
#1
Chapter 1: oooooooohh c'est trop mignon *_________*
J'adore ton caracteres ils sont parfait, mais est-ce qu'il y a la suit? Moi, je demande une belle histoire de l'amour en groupe XD
Vihanna96
#2
Chapter 1: I'm going to try reading this to improve my French reading skills! ^^
(My teacher must be proud of me XD)