CHAPITRE 6

Blue Butterfly

This night, I had a dream. You were flying just like a butterfly, so far away. That far where I couldn't touch you.

 

SangGi vient de partir depuis plusieurs minutes maintenant. Axelle l'a regardé jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'une simple tâche sous l'éclairage des lampadaires.

 

Elle a l'impression d'être perdu dans le temps. Elle prend son portable, le déverrouille doucement. Il est 16h45... « Le temps s'écoule donc si vite... », Se met-elle à penser.

 

N'ayant pas envie de rentrer, elle se pose quelques instants sur les marches au pas de sa porte. Les genoux recroquevillés contre sa poitrine, elle attend. Elle observe les autres passants, imaginant leur vie, leurs pensées.

 

Le froid recommence à la saisir. Elle souffle et se lève, accompagné d’un lourd grognement. Elle pousse la porte sur ses gardes. La lumière est encore éteinte, surprenant. Son père travaille un peu, il n'a pas de revenues énormes ou bien suffisants.

 

Elle cherche l'interrupteur du salon à tâtons. Elle sent un léger relief sous ses doigts. La lumière fuse. Elle s'enfonce un peu plus dans la pièce. Sa mère dans la pénombre apparaît, tenant une photo dans sa main. Axelle s'approche lentement. Elle fixe le cadre, le déchiffre, elle aperçoit son père, sa mère, son frère et elle. Une veille photo de famille. Si veille, qu'elle était encore joyeuse, qu'elle était encore plus petite que sa mère, que son frère était là, que ses parents s'entendaient bien, qu'elle n'était pas dans l'indécision.

 

Elle connait bien la tension entre ses parents, elle ignore pourquoi mais elle le sait, il se passe quelque chose.

 

Elle monte dans sa chambre, sur sa route, elle s'arrête, hésitant à demander à sa pauvre mère démunie où est son mari. Regardant le visage apeurée et déprimée de sa maman, elle y renonce et continue.

 

Son dressing déjà ouvert, elle marche à grand pas vers celui-ci. Elle s'enfouie encore sous sa grosse couverture avant de fermer les yeux.

 

Le soleil l'aveugle. En descendant, elle aperçoit son père allongé sur le canapé, au milieu du salon. Il n'a qu'une simple couverture de voyage sur le dos et elle devine qu'il dort. La situation l'inquiète d’autant plus. Elle finit sa routine et part, la tête remplie de mauvaises images.

 

Devant les grandes portes de son école, elle se dirige vers son casier qu'elle n'utilise que rarement. Elle commence à organiser ses affaires, rangeant tout ce dont elle n'a pas besoin dans le compartiment. Ses cahiers s'envolent soudainement.

 

Quelqu’un l'a bousculée d'un coup d'épaule. Ses pauvres livres piétinés, étalés sur le sol froid... Un léger rictus apparaît sur le visage d'Axelle mais elle préfère ne pas se confronter à l’agresseur, ne voulant pas rentrer dans son jeu.

 

Elle s'agenouille près de son matériel, s'apprêtant à le ramasser, avant d’entrevoir une cascade marronnée couler devant ses yeux ébahis. Elle goutte sur ses affaires déjà assez abîmées. Quelques gouttelettes chaudes viennent s'écraser sur ses mains sales. Elle reconnait l'odeur, la chaleur du café noir sans sucre, qu'elle n'aime pas. 

 

Avec audace, elle se met à fixer intensément le coupable. Elle a beau l'observer de plus bas, son regard est pour une fois défiant de toutes hontes. Avant de voir son visage... A lui... Ses yeux. Tous ses muscles se relâchent face à ce tableau... Le tableau dans lequel YoonGi est encore le personnage principal, celui au centre, celui le plus haut, celui qui tient ce gobelet de café.

 

Axelle n'arrive tout de même pas a décollée son regard du siens, comme d'habitude elle ne peut plus sans dégager. A chaque fois, il lui donne l'envie de lire chaque petite parcelle de ses pensées rien que dans le blanc de ses yeux.

 

Pendant qu'ils nagent dans le noir de la prunelle de chacun, YoonGi lâche son récipient cartonné dans la satanée flaque de café pur. Il asperge de nouveau Axelle, pour finalement voir fuir celui à la peau cadavérique.

 

Elle finit enfin sa tache avant de refermer le casier. « Merde ! », bougonne-t-elle. Elle n’a plus la force qui lui permet de continuer, alors, elle s'adosse contre les casiers bleus et se laisse glisser, l'aire perdu. Elle attend 8 heures, et la sonnerie retentit.

 

" Pourquoi moi ? " Souffle-t-elle silencieusement.

 

Elle marche jusqu'à la salle de cours, épuisée, tout en pensant à jeter le gobelet vide dans une poubelle.

 

L'heure de cour passe lentement. Elle ne trouve rien de changé, elle reçoit une boulette de papier sur sa table, elle l'ouvre sachant très bien qu'elle y trouverait une insulte ou des menaces. « Tu ne tiendras plus longtemps. »

 

Qui peut bien écrire ce genre de chose... Ses doigts n'osent plus bouger, Ils tremblent et se resserrent sur la feuille. Puis, YoonGi rapproche son regard vers l'écriteau, la voyant si crispée, il est curieux. Il ne ressent pas de la haine envers elle, loin de là. Mais alors pourquoi agit-il comme cela ? Lui-même ne le sait pas, il comprend de moins en moins et ne trouve plus aucunes solutions afin de se défaire de ces mensonges, tellement, que sa tête est pleine de choses qu'il ne considère plus à lui. Nous sommes tous des perdants face à ce ring.

 

" YoonGi ! Au tableau ! " S'écrit le professeur.

 

Il obéit pendant que les ongles d'Axelle trouent le texte. En entendant son prénom, sa jeune voisine retourne à la réalité. Elle redécouvre ce prénom pour la seconde fois, elle, qui ne l'avais pas retenu. Ce prénom lui est si étranger, elle se promet de s'en souvenir cette fois.

 

L'homme de marbre revient à sa place sous les remerciements de l'enseignant.

 

Axelle voit les cours se terminer heures par heures. Bizarrement, le petit café au coin de la rue lui manque. Elle s’y sent libre. Le garçon d'hier, SangGi, elle se demande si elle le reverrait, si elle veut vraiment le revoir.

 

Elle s’est décidée d'une traite. Elle ne veut plus hésiter, elle n'en sent plus le besoin, voulant surmonter ses peurs une bonne fois pour toute et accepter la vie. Pourquoi ? Aucune idée, c’est comme si son cœur lui disait d’avancer.

 

Elle se positionne devant l’entrée de la boutique. 18h30, elle glousse, souffle une dernière fois. Elle s’en sent capable, elle a le courage... Elle ouvre la porte sans réfléchir. Elle distingue au loin SangGi, sa gorge s’emmêle, elle peut à peine respirer normalement.

 

Elle s'assoit, tentant de ne pas se faire remarquer. Il vient vers Axelle, un grand sourire sur ses lèvres. Sa chair vibre et esquisser ne serait-ce qu'un petit sourire est compliqué.

 

" - Hey ! Comment vas-tu ? Dit-il, la voix enjouée.

 

- Bien... et toi ? " Répond-t-elle d'un ton faible et paniqué.

 

Il penche la tête sur le côté.

 

" Je ne te crois pas, il y a quelque chose ! "

 

Elle ne peut plus sortir un mot, ses paroles restent coincées au fond de sa gorge. Elle craint de dire une bêtise, quelque chose qu'elle regrettera. Pourtant, elle aimerait tant pouvoir crier, hurler jusqu’à ne plus avoir de voix.

 

Il soupire en passant ses doigts dans ses cheveux.

 

" Encore un chocolat chaud... " Annonce-t-il doucement.

 

Il part et Axelle a honte... Elle peine alignée une phrase. Quelques minutes après, il revient le plateau et le chocolat chaud à la main.

 

« Un chocolat ! »

 

En le détaillant un peu plus, elle le trouve plutôt mignon. Ses manières et ses traits fins le rendait charmant. Il dépose la tasse encore fumante sur la table en face de la cliente.

 

Elle se perd encore dans le tourbillon du chocolat, elle médite.

 

Elle le finit, le fameux serveur revient pour la note. Elle paye, mal à l'aise en sa présence. Une fois fait, elle se dépêche de se couvrir. Elle se retourne vers SangGi.

 

« Excuse-moi... »

 

Puis, elle déguerpit. Elle file vite jusqu'à sa maison, congelée par le froid. Elle ne tarde pas pour se changer et s'enfouir dans les draps.

 

Axelle rêve... Elle rêve, d'une longue route sinistre, sombre, pleine de flaques, inondée... Elle ne sait où aller, cherchant son chemin, la peur se lisant sur son visage. Elle se place au milieu de cette route où elle ne voit pas le bout. Le papillon apparaît devant ses yeux, toujours de son bleu éclatant. Elle commence à courir, espérant pouvoir l'attraper. Dans un élan soudain, elle court aussi vite qu'elle peut. Elle voit le papillon au loin lui échapper encore. Déterminée, elle heurte un grillage. La route est barrée. C’est ici, qu’au loin, le papillon s’éloigne éternellement, pendant qu’elle était incapable d’avancer, à souhaiter être aussi petite que les trous de cette grille.

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