AFRAID

Description

2018. Des scientifiques mènent des expériences clandestines consistant à jumeler des gênes animales à celle des humains pour créer une nouvelle race supérieur.

2040. Le monde entier est en pleine anarchie. Les hybrides ont pris le dessus sur les humains, la lois du plus fort domine et les plus faibles sont vulgairement piétinés, asservies. Jiyeon est ce qu’on appelle une défaillante, une expérience ratée, une tentative. Elle s’est enfuit après que le centre ait été renversé et essaie depuis de vivre par elle-même. Jusqu’au jour où elle tombe sur un hybride qu’elle aurait préférée évité.

Foreword

Les lumières rouges clignotent avec un rythme affolant, une voix féminine semblant sortir des murs répète inlassablement encore et encore les mêmes mots « ALERTE PROBLÈME MAJEUR ». Un liquide chaud glisse sur mon front et recouvre mon œil. Je tourne lourdement la tête vers la vitre dénuée de rideaux. Ma vision est floue mais je distingue des silhouettes blanches qui se déplacent avec furie dans les couloirs.

La voix ne cesse de résonner dans mes oreilles. Je sais qu’il faudrait que je fasse quelque chose, qu’ils ne m’ont pas emmené dans cette pièce pour vérifier mon état de santé, que je dois faire quelque chose avant qu’ils ne reviennent, mais il m’est impossible de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Ils m’ont injecté un calmant, quelque chose qui se sert quand on est trop agité.

Il y a une lumière rouge, elle est vive et aveuglante. Le bruit d’une vitre qui se casse m’arrache un faible sursaut. Une deuxième vitre se casse. Les bruits se rapprochent, jusqu’à ce que le bruit de verres cassés se fasse plus distinct. Une odeur familière me caresse les narines, mais je n’ai pas le temps d’identifier l’individu qu’il presse un tissu sur mon nez et mon œil ensanglanté. J’entends le son de sa voix qui accompagne celle de la femme mais je ne comprends pas ce qu’elle me dit. Il est si proche de mon visage que je peux sentir sa sueur perler sur mon nez.

Je cligne plusieurs fois des paupières quand il me tire par le bras pour me faire grimper sur son dos. Je m’y accroche avec toute la force dont je peux être capable dans mon état. Mon visage niché dans le creux de son cou je peux enfin mettre un nom sur son odeur. Quand on sort de la pièce, des cris d’hommes et de femmes me transpercent les tympans. Je sais pertinemment ce qui est en train de se passer et je me bats de toutes mes forces pour que les calmants ne me gâchent pas ce moment tant attendu.

Les bras encerclés autour de sa gorge je tente de redresser la tête pour admirer le respectable, malheureusement je ne vois que du coton. Tout est aussi flou que de la buée. Le sang continue de couler de mon oreille que j’imagine en piteux état, mais je remercie les calmants de ne m’avoir rendu invincible à la douleur pour quelque temps.

Un objet lourd, peut-être un fauteuil nous heurte de plein fouet mais JungKook ne tombe pas malgré le poids supplémentaire qu’il doit supporter. Je sens sa queue trop lourde fouetter ardemment les airs, tapant quelques fois sur mes fesses. On suit quelqu’un, ou plutôt un groupe à en juger l’immense vague noire face à nous. Une femme crie mais cesse dans la minute suivante.

Soudain, JungKook se met à courir, vite, beaucoup trop vite pour ma tête qui ne va pas tarder à exploser. Ses ongles s’enfoncent dans la chair de mes cuisses, je sais que si je n’étais pas dans un état second j’aurais sûrement gueulé ou pleuré de douleur à ce contacte. Je crois même que ça saigne. Ma prise autour de son cou se défait à cause de la vitesse mais il ralentit un instant pour que la resserre.

On est entouré de grognements, de cris, de l’odeur du sang, de peur et de la voix cassante de la femme dans les hauts-parleurs. Je sens JungKook grogner, sa respiration est haletante et son rythme cardiaque bien trop élevé. Il n’est pas en panique, mais plutôt excité par la situation. C’est comme un jeu pour lui. Comme les jeux de labyrinthe qu’ils nous donnaient après chaque piqûre pour tester notre raisonnement. JungKook était toujours excité après avoir fini de tracer son chemin sur le papier, parce qu’il avait toujours raison lui, il savait tout.

 

Je tourne les yeux de l’autre côté au bruit d’une vitre qui se brise, quand mon regard est attiré par une porte noire dont le mot « DANGEREUX » est peint en rouge. C’est là où ils mettent les autres, ceux qu’on a vu qu’une fois, pendant leur arrivée et qui ont été jugé trop dangereux pour se mêler aux autres. Je déglutis difficilement mais JungKook passe devant sans même la regarder.

 

Un haut-le-cœur m’arrache les tripes au moment où il reprend la course. J’enfouis mon visage dans mes bras en sentant les effets des calmants se dissipaient. Mon oreille me pique et ma poitrine se contracte violemment. Ils ont été plutôt radins au niveau de la dose cette fois, ils ont dû jugé ma mort à moins de cinq minutes.

- On y est presque.

Je passe un coup de langue sur mes lèvres où mon sang dégouline. Le tigre accélère la cadence au fur et à mesure qu’on approche de la sortie. Je peux déjà sentir le vend hivernale sur ma peau, nue. Je sens l’air happé ma peau sans qu’on ait besoin d’être dehors. Je n’avais même pas remarqué que je ne portais que de la vulgaire chemise qu’ils nous ordonnent d’enfiler avant de nous piquer, celle qui s’attache qu’avec un petit ruban dans le dos.

Sa queue tape si fort contre mes fesses qu’elle va sans aucun doute me laisser des marques. Tout le monde se met soudainement à crier, des cris de joie qui font vibrer les oreilles tâchées et poilues de JungKook devant mon nez. Ma bouche s’ouvre pour les mordre ou les lécher mais je me rétracte de peu. Ce n’est pas le moment de se laisser distraire, et il s’énerverait à coup sûr en plein milieu du désordre.

La porte de sortie se présente enfin devant nous. Il me tient toujours fermement, ses ongles enfoncés dans ma peau dont je ressens désormais la douleur qui, malheureusement ne dépasse pas celle de mon oreille. Trois hommes s’affairent à la briser et à l’ouvrir.

Mais au moment où le vent nous fouette le visage, plusieurs détonations résonnent.

Deux, trois, sept coups de feu.

Prise de panique, j’enfouis mon visage dans le creux de son cou que je mordille sans le vouloir. Des cris et des coups de feux résonnent dans les airs, puis des grognements et des hurlements de bêtes. JungKook se remet à courir. Il couine, sûrement à cause de mes morsures mais ne dit rien. Puis sans prévenir, mes genoux tapent violemment le goudron froid et mon front claque contre le crâne de mon sauveur. Je me redresse vivement, les membres rapidement engourdies par le froid insupportable de l’hiver.

Je donne un coup sur son épaule mais il ne répond pas. Je recule, les oreilles baissées et les sens en alertes, quand je remarque mon pied recouvert de sang. De son sang. Ses sourcils sont froncés et sa bouche entre-ouverte mais il ne dit rien.

- Kookie ?

Son sang forme une flaque sombre sur le goudron. Je glisse ma main dans ses cheveux en répétant son nom encore et encore. Ses oreilles sont basses et la grimace sur son visage laiteux semble disparaître au fil des secondes. J’ouvre la bouche pour mordre son oreille, quand, la voix menaçante d’un gardien m’ordonne de ne pas bouger. Il se rapproche avec sureté, un fusil de chasse à la main.

- JungKook…

Il ne répond pas. Même après avoir tiré sur son oreille avec mes dents il n’a aucune réaction. Rien. Une fille louve s’enfuit en courant à quatre pattes, accompagné d’un rat et d’un homme crocodile qui perd ses écailles. J’aspire longuement, et envoie un dernier regard à JungKook avant de les rejoindre.

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