CHAPITRE 7

Blue Butterfly

The mere fact of hear your voice carry me away in a gust of wind. The sole sound of your voice make me flying. If, one day, you had to end up mute, I will never forgive me for that. It will hard to accept to see you in such silence. Express yourself with the melody of your piano is so nice to see, but if it's the only thing that's left you maybe, one day, I'll not be able to understand what you trying to telling me.

 

Déjà sur le chemin du lycée, elle pense à SangGi. Elle ne sait pas son âge, ni rien d’autre de lui. Depuis leur rencontre, l'attention qu'il porte envers Axelle a l'air importante et c'est bien ce qui la tourmente. Elle ne comprend pas pourquoi un tel garçon, banal et sans différence à vue d'œil, se met à prendre part de sa situation, à s'inquiéter. Dans un sens, cela lui donne l'envie d'en découvrir plus à son sujet, mais, s'il n'était qu'un manipulateur ?

 

D'ailleurs, Axelle pense qu'il ne vit ici que depuis peu. Son visage typé comme celui de YoonGi, son accent aussi similaire, comme l'autre, il doit être étranger. A vrai dire, plusieurs choses lui rappellent son voisin de classe, principalement ses yeux. Sauf à une exception, l'un parait joyeux et sympathique, compréhensible et ouvert, et l'autre est juste mort et impassible, indescriptible et seul.

 

Elle est arrivée, parcourant les casiers quelques secondes, un frisson parcoure son corps entier. Elle se sent trembler jusqu'à ses ongles, repensant au pire. « Je n'en prendrais plus jamais », Pense-t-elle violemment. Si faible...

 

Son premier cours commence. C'est quand un seul pied traverse cette frontière que sa respiration s’arrête. Les élèves bruyants sont tous déjà rentrés, pas de professeur en vue. Elle va s'installer, un vide comble la place d'à côté. Une seule personne n'est pas là, YoonGi. Elle souffle discrètement.

 

Les autres ne se gênent pas pour faire monter les décibels.

 

" Alors Axelle, bonne journée, hein ? Tu t'amuses comme une folle avec nous, n'est-ce pas ? " Entend-elle.

 

Elle n'ose même pas l'affronter juste une seule seconde, ce garçon, elle sait qu'il n'est pas venu pour rien.

 

« Tu ne me regardes pas quand je te parle ? Provocatrice. »

 

Il presse les deux joues d'Axelle entre ses doigts pour pouvoir relever son visage. Plus Axelle tente de se libérer, plus il l’empoigne fortement. Pendant que ses yeux disent « aux secours », « pitié », ceux de l'adversaire disent « Souffrance » et « plaisir ».

 

Il enroule son autre main autour de la gorge de la jeune, déjà trop paniquée.

 

" Alors, ce n'est pas mieux comme ça, regarde cette connexion entre nous. "

 

La poigne sur le cou de la victime ne se laisse pas prier. L'air se raréfie toujours plus. Il ne veut quand même pas la tuer ? Quel sociopathe. Aucune compassion, pitié, douceur ne se lit sur son visage, de toute façon, elle perçoit de moins en moins l'agresseur. Pessimiste, elle se voit déjà ne plus exister. Enfin... Elle n'était pas capable de disparaître d'elle-même, dans ce cas, que quelqu'un d'autre s'en occupe à sa place. Elle ne veut plus exister. Il lui arrive de vouloir tout effacer, tout faire disparaître, que toute sa personne disparaisse...

 

Pourquoi n'y arrive-t-elle pas ? Parce qu'au fond, elle entend cette sale conscience lui dire qu'elle ne mérite en rien ce sort, qu'elle doit vivre pour ceux qui n'en ont pas eu la chance. Vivre car chaque petite branche de sa jeunesse formeront un bel arbre majestueux. Vivre pour casser l'œuf et détruire ce monde. Vivre pour comprendre ce qu'elle est. Vivre pour attendre le renouveau.

 

De loin, par ses pensées, comme à son habitude, elle crie à l'aide. Les regards se sont tous braqués sur le duo, certains même sourient. Axelle voit ce ring et elle perd... Encore...

 

Pendant qu'elle agonise, elle se voit presque ailleurs. Sa vue se troublant, l'air se raréfiant, elle commence à pleurer inconsciemment. Puis, plus rien. Plus aucune pression, ni sur son coup, ni sur ses joues. Elle tombe à terre violemment, retrouvant son oxygène subitement. Elle ne veut plus rien voir ou savoir, elle veut juste reprendre toute l'air qui lui manque et vite.

 

Pendant qu'elle hyper ventile, sa vue revient doucement, brouillée encore par quelques gouttes d'eau. Elle reprend ses repères et ne comprend plus ce qu'il se passe... Les autres ne disent plus un mot. Ce blanc sans fin, elle entendrait les oiseaux chantés, même des bruits de vagues inexistantes. YoonGi est scruté, il n’y fait pas attention. Il s'assoie sur la chaise comme s'il était dans un autre monde. Tout devient si calme… Comme si un vent immense avait tout dérobé sur son passage et faisait virevolter les rideaux, détruisait les vitres. Un vent aussi violent que YoonGi.

 

Alors que la jeune fille se calme, elle tente de retrouver son espace. Elle laisse son dos se renverser sur le dossier de la chaise, encore à bout de souffle.

 

" Tu as encore des marques autour de ton cou, penses-y " L'alerte une voix.

 

Son voisin, qui ne la regarde même pas, l’avertie. Ses doigts parcourent le long de sa gorge. Elle glousse en imaginant le contact de la chaire sur sa pauvre peau abîmée, la vision d'une main se resserrer encore et encore. Elle prend peur, de toute façon elle ne peut pas les voir...

 

Pendant tout ce temps, l'inexpressif a tourné les yeux vers elle. Il l'observe pendant qu'elle ne fait pas attention à lui, quand elle se préoccupe plus de ses dite traces apparentes. Il en profite, il observe plus en détail.

 

Il apporte son index vers le cou d'Axelle, sur une de ses petites marques. Il se surprend lui-même d'avoir cette pulsion soudaine. Celle-ci, sentant le moindre petit morceau de peau inconnu l'effleurer, panique et laisse son cœur s’emporter.

 

" Tu en a une là... " Dit YoonGi froidement, son index sur la trace.

 

Axelle se paralyse face à ce touché, elle ne respire même plus. YoonGi continue à glisser son doigt fin.

 

" Et là..." Il rajoute.

 

Elle trouve sa voix tellement envoutante. Elle n'ose pas générer un mouvement, le regard fixe, son corps tendu.

 

Elle craque et pousse rapidement la patte de l'autre. Il reprend ses esprits et glousse de gêne. Il dévie simplement ses pupilles et pense à autre chose.

 

Le professeur arrive, Axelle se perd. Il se dépêche de sortir ses documents.

 

" Excusez-moi pour ces 10 minutes de retard. "

 

Seulement 10 minutes, Axelle aurait dit 20. Elle doit retirer tout cela de ses pensées, si c'était si simple... A chaque fois qu'elle replonge dans les abysses de son âme, elle revoit toute cette scène jusqu'à ressentir encore son cou étranglé.

 

Les yeux de YoonGi passent sur son visage de temps à autre. Il la voit désespérée. Elle ne s'en rend même plus compte. Il amène ses rétines vers le tableau en soufflant, Il ne cligne pas des yeux, sans un geste, comme s'il était parti, envoler vers d'autres cieux. Il parait mort malgré qu'il se tienne droit, sa respiration est comme coupée, ses yeux encore ouverts, son visage comme un mur infranchissable. Il est comme sorti de son corps.

 

Axelle se demande pourquoi cet adolescent étrange c'était mis à entreprendre ce contact physique avec elle. Avait-il réfléchi ?

 

La pendule blanche au-dessus de l'étagère lui indique encore quelques minutes à survivre dans cette salle.

 

Elle enchaîne les cours et finit sa matinée. Elle va à la petite boulangerie la plus proche et commande un repas avec le peu d'argent qu'il lui reste. Elle remarque que d'autres étudiants sont là, ils parlent, rient. Elle cherche un banc libre ou même une petite borne où s'asseoir.

 

Elle commence à manger. Pendant ce temps, elle observe le paysage qui défile, triste. Elle espère voir une différence à sa routine, au monde, mais sa boucle est toujours la même. Elle se retrouve coincée dans une boucle infernale.

 

Elle aime ses moments de solitude, ils la rendent si morose mais c'est là qu'elle se sent le mieux. Elle n'a personne.

 

Mais il y a bien des différences entre être seul et se sentir seul…

 

La solitude lui tend les bras, elle les ouvre de façon à s'y jeter dedans rempli de désespoir, pensant qu'une solution se trouve au creux de sa grande étreinte. Parfois sa chaleur est douce et réconfortante mais elle peut aussi jouer avec vous contre toutes attentes. Peut-être à part le garçon du petit café, ils ont tous poussés Axelle dans les gigantesques bras de cette dame qu'on appelle « solitude ». Ses bras sont si forts qu'elle ne peut s'en dégager, « solitude » est tellement présente qu'elle est sa deuxième mère, sa vraie mère.

 

Elle retourne vers le lycée passant par les toilettes. L'envie de boire lui prend alors, elle délaisse son sac sur le côté du lavabo, apporte ses mains vers ses lèvres une fois celle-ci rempli d'eau, profitant pour arroser la totalité de son visage.

 

Elle croise son regard à travers la glace juste un peu plus haut. « Qui vois-tu dans le miroir ? », une voix résonne dans sa tête. Cette petite voix, peut-être est-ce « solitude » ?

 

C'est alors que ses yeux tombent sur son cou. L'autre n'a pas mentis. « Alors, qui vois-tu à présent ? », cette voix revient. Elle saisit son crâne entre ses paumes et eu envie de crier. « Je ne suis qu'une pauvre voix dans ta tête, je ne suis que toi-même. ». « Stoppe... », Lâche-t-elle faiblement et tremblante, elle en deviendrait folle.

 

Devant la porte de sa maison, le soir, elle s'apprête à ouvrir. Des cries se font entendre de l'autre côté, elle se met à hésiter. Une fois ouverte, elle ne pourra plus l'ouvrir une fois de plus et elle sera condamnée à entendre ses parents se disputer. Face à cette image, elle part soudainement, son cœur palpitant.

 

Elle rejoint le petit parc dégagé, ses pieds la conduisent automatiquement jusqu'ici. Elle songe, quelques mètres plus loin, à son endroit de paradis. Elle se rapproche un peu plus. Une silhouette se différencie dans le noir. Axelle ne voit que son dos, ses genoux regroupés auprès de sa poitrine.

 

Intriguée, elle avance peureuse, vers cet inconnu. Jamais personne n'est venu avant, alors qui est-ce ?

 

Arrivant au pied de la personne, aucune remarque de sa part ne traverse le son du silence. Ses cheveux courts qui dansent, ses épaules plus larges, un homme.

 

Ses écouteurs dans les oreilles, il ne l'a pas entendu, ni vu, celui-ci fixant l'horizon. Elle recule avant qu'il ne se tourne stupéfait. Leurs cheveux secoués par le doux vent, ils se croisent, ébahit. Son visage, sa peau, elle le reconnait bien. Sa bouille blanche, surprise. Il retire un écouteur de son oreille.

 

" Que fais-tu là ? " Questionne-t-il surpris.

 

C'est son endroit...

 

" Je croyais que tu ne viendrais plus... " Marmonne-t-il d'un son quasi inaudible.

 

Axelle serre les poings, sa mâchoire se contracte. Elle souffle et part s'allonger plus loin. Elle prend ses écouteurs et les démêle avec rage. Elle garde une certaine distance avec lui, passant ses bras derrière son crâne. Elle scrute le ciel.

 

" YoonGi ? " Elle appelle doucement.

 

 On discerne un son grave venant du fond de sa gorge.

 

" Pourquoi m'as-tu aidée ? "

 

Elle n’ose pas l’affronter plus que cela. Mais après tout… Elle a déjà fait un grand pas.

 

" Je t'en pose des questions moi ? " Rétorque-t-il sans émotion.

 

Elle ne trouve rien à redire... Un rire s'échappe de ses lèvres, lui, qui d’habitude est si morose. Elle glisse juste dos à lui et devient sourde.

 

" Tu ne mérites pas autant de haine. "

 

C’est comme si ces mots devaient être entendus, ils resonnent tel un écho dans son esprit. Rien ne peut plus l’émouvoir que cela, jamais on ne lui avait avoué de telle choses… Alors, derrière ses yeux clos, elle retient quelques larmes. Sa présence se rapproche doucement d’elle. Axelle distingue les moindres bruits de chaussures écrasant l’herbe fraiche. Il la rejoint, tout près, alors qu’elle étend ses paupières.

 

Il place un écouteur dans l’oreille d’Axelle. Son souffle est rapide, plus vif que la tempête, mais comme la première fois quelle l’avait rencontré ici, une aura chaleureuse émane de lui.

 

Il effleure le bouton « play » de son écran tactile. Du rap, une langue étrangère traverse le silence. Le rap n’est pas forcement sa tasse de thé et pourtant, celui-ci a tout ce qu’il faut. Il a une véritable force, une histoire. Même sans comprendre une seule parole, son cœur se serre. Entendre simplement le son de sa voix est une vague qui détruirait tout sur son passage, une vague inondant son visage de milles couleurs.

 

L’émotion que transmet cette musique redonne différentes teintes à sa vie. Jusqu’à ce qu’elle se finisse, son univers est bien changeant. On aurait dit un amour profond.

 

" - Qui est-ce ? Demande-t-elle.

 

- Moi. »  Explique-t-il simplement.

 

Surprise, elle ouvre grand ses yeux.

 

« YoonGi ? »

 

Elle l'interpelle une fois de plus.

 

« Tu as un don. » 

 

Elle le voit esquisser un léger sourire. C'est la première fois qu'elle est, non seulement aussi proche de lui, mais c'est aussi la première fois qu'elle voit ses lèvres amusées. Elle commence à s'intéresser beaucoup à ses musiques.

 

" - Quelle est cette langue ?

 

 - Du coréen, je viens de Corée du sud. "

 

Axelle en apprend aussi sur lui. Elle se surprend à vouloir poser tant de question.

 

« De quoi parle ta musique ? »

 

Il fixe Axelle et pour une fois, son regard est teinté de milles nuances.

 

« De mon amour pour la musique. Je parle de mon enfance et tout ce que j'ai enduré jusqu'à maintenant et j'ai même osé abandonnée. La musique est mon premier amour. »

 

Un deuxième silence se fond dans les bruits nocturnes qui commencent à venir. Elle verrait presque des larmes au coin de ses yeux. Elle ne veut pas partir, elle trouve, étrangement, l'ambiance agréable.

 

" J'adore la musique aussi. Si je suis encore ici, c'est à cause de cette petite voix dans ma tête qui me dit de vivre et de continuer. J'ai pourtant tellement envie de disparaître parfois... J'ai si peur... Alors pourquoi suis-je encore ici ? À courir pour rien et voir les autres évoluer sans moi. Pourtant j'essaye de les rattraper mais je me sens toujours terriblement seule comme si personne ne pouvait m'aider ni me comprendre, comme si je n'avais rien à découvrir du monde, le monde lui-même ne me comprend pas. " Dit-elle, les larmes déferlant sur ses joues.

 

YoonGi l'observe avec peine et compréhension.

 

" - J'aimerais disparaître seulement quelques instants du monde, que je ne sois personne. J'aimerais que tout disparaisse, que toute ma personne disparaisse. Reprend-t-elle.

 

 - Alors, disparaissons ensemble. » Affirme-t-il.

 

Elle ose à peine le confronter.

 

" As-tu d'autres compositions ? " Dit-elle, évitant le sujet.

 

Il jette un œil sur son smartphone. Il choisit une musique qu'il n'a pas terminée, du moins c’est ce qu’il avait précisé.

 

Ses chansons sont toutes aussi belles les unes que les autres. L'émotion n'est pas seulement dans les paroles mais aussi dans le tempo et la voix. Il explique que cette chanson parle d'un garçon qui abandonne son rêve car il se laisse envahir par les horreurs de la vie, il se laisse envahir par les paroles des autres plutôt que les siennes, ou encore par l'échec.

 

Mais il rajoute qu'il ne trouve pas la fin... Il veut quelque chose d'explosif, qui fait réfléchir et redonne de l'espoir, il se sent juste incapable de trouver l'inspiration sur un tel sujet actuellement.

 

" - Tes chansons parlent de toi ? Elle questionne.

 

- J'écris pour relâcher toute ma tristesse, ma colère, mes problèmes... "

 

Il glisse sur le dos, portant son écouteur vers l’oreille opposée. Axelle s'assoupit doucement sans même s'en rendre compte. Sur les compositions de YoonGi, elle s'endort, elle voudrait pouvoir dormir ici éternellement.

 

C’est à ce moment précis, ce moment où la musique l’envahit, qu’elle sent sa vie commencer. Elle sait que ce moment-là était fait pour être vécu. Cette musique allait la faire vivre une fois pour toute.

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